Génocide au Rwanda: des rescapés veulent relancer l'enquête sur l'armée française

Dans cette photo prise le 7 avril 2021, les crânes des victimes sont exposés au Mémorial du génocide de Kigali à Kigali, au Rwanda. (AFP)
Dans cette photo prise le 7 avril 2021, les crânes des victimes sont exposés au Mémorial du génocide de Kigali à Kigali, au Rwanda. (AFP)
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Publié le Vendredi 23 avril 2021

Génocide au Rwanda: des rescapés veulent relancer l'enquête sur l'armée française

  • Les associations Survie, Ibuka, Fidh et six rescapés de Bisesero, parties civiles, demandent aux juges d'instruction du pôle Crimes contre l'humanité du tribunal de Paris de relancer leurs investigations
  • Depuis 2005, les plaignants accusent la force militaire française Turquoise, déployée au Rwanda sous mandat de l'ONU pour faire cesser les massacres, d'avoir, pendant trois jours, sciemment abandonné aux génocidaires des centaines de Tutsi réfugiés

PARIS : Des associations et des rescapés du génocide au Rwanda s'appuient sur le cinglant rapport Duclert, qui a pointé "l'échec profond" de la France lors des massacres de Bisesero en juin 1994, pour réclamer un procès en "complicité de génocide" contre des officiers généraux et l'entourage du président François Mitterrand.

Les associations Survie, Ibuka, Fidh et six rescapés de Bisesero, parties civiles, demandent aux juges d'instruction du pôle Crimes contre l'humanité du tribunal de Paris de relancer leurs investigations, alors qu'un non-lieu se profile depuis trois ans pour cinq officiers généraux qui dénoncent en retour "l'inanité de ces accusations ignominieuses".

Depuis 2005, les plaignants accusent la force militaire française Turquoise, déployée au Rwanda sous mandat de l'ONU pour faire cesser les massacres, d'avoir, pendant trois jours, sciemment abandonné aux génocidaires des centaines de Tutsi réfugiés dans les collines de Bisesero (ouest).

La commission d'historiens conduite par Vincent Duclert sur la politique française au Rwanda entre 1990 et 1994 a conclu en mars à des "responsabilités lourdes et accablantes" de la France dans la dérive ayant abouti au génocide des Tutsi.

Selon l'ONU, les massacres ont fait plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement au sein de la minorité tutsi.

Le rapport, qui a conduit à un net réchauffement diplomatique entre Paris et Kigali, fait en particulier une analyse sévère de l'épisode de Bisesero.

"Charges nouvelles" 

Tout en pointant des "contraintes lourdes" de l'armée - "intégration défaillante du renseignement, capacités militaires limitées, souci du respect des ordres reçus du pouvoir politique" - le rapport confirme que Turquoise avait connaissance dès le 27 juin 1994 de la présence de Tutsi réfugiés dans le secteur de Bisesero et menacés par des milices extrémistes hutus. L'armée n'interviendra qu'à partir du 30 juin, constatant les massacres de centaines de personnes tuées dans l'intervalle.

Pour les parties civiles, le rapport Duclert révèle "des charges nouvelles" qui "n'ont pu être soumises" à l'examen des magistrats.

Ces derniers ont terminé leurs investigations à l'été 2018 sans prononcer de mises en examen, ouvrant logiquement la voie à un non-lieu qui n'a toutefois pas encore été prononcé.

Les associations demandent aux juges de réinterroger deux des cinq officiers témoins assistés dans l'enquête: le colonel Jacques Rosier, chef des opérations spéciales présent à Bisesero, et le général Jean-Claude Lafourcade, commandant de Turquoise.

Elles insistent surtout pour que les magistrats interrogent pour la première fois l'état-major de l'époque - l'amiral Jacques Lanxade et son adjoint Raymond Germanos - ainsi que l'entourage du président François Mitterrand: son chef d'état-major particulier Christian Quesnot, son conseiller Afrique Bruno Delaye et le secrétaire général de l'Elysée Hubert Védrine.

L'audition de l'ancien ministre de la Défense François Léotard est aussi réclamée.

Confusion 

Mais les juges, confirmés par la cour d'appel, ont déjà refusé plusieurs fois de convoquer des représentants du sommet de l'Etat, estimant n'être saisis que des responsabilités des militaires sur place.

Pour Me Eric Plouvier, avocat de Survie, "nous constatons un hiatus entre la commission Duclert, qui met en cause la hiérarchie politico-militaire, et les juges qui n'ont pas daigné faire d'autres investigations que sur les hommes de terrain".

"Le drame humain de Bisesero et l'échec profond qu'il constitue pour la France ne résultent pas seulement de responsabilités de terrain", selon le rapport Duclert, "mais découlent en grande partie de la volonté de maintenir un équilibre entre les parties, de la crainte qu'ont les forces françaises de se trouver confrontées au FPR (la rébellion tutsi, ndlr) et à une réaction violente de sa part".

Pour Me Plouvier, les juges doivent interroger "les personnes qui ont entretenu une confusion entre la mission officielle humanitaire de Turquoise et une mission officieuse qui était de contrer le FPR et maintenir le pouvoir génocidaire".

Dans un communiqué publié mercredi, quatre des cinq officiers mis en cause, Jacques Rosier, Jean-Claude Lafourcade, Marin Gillier et Etienne Joubert, estiment que "le rapport Duclert corrobore en tous points la relation des faits que nous avons développée" devant la justice.

"L'opération Turquoise a sauvé de très nombreuses vies, protégé et soigné les victimes d'une situation qui échappait à l'entendement", se défendent-ils, sans commenter les événements de Bisesero.


Explosion dans un centre commercial à Taïwan: quatre morts, la piste du gaz évoquée

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  • Quatre personnes ont été tuées par une puissante explosion dans un centre commercial jeudi à Taïwan et une autre est "sans signe de vie", ont annoncé les pompiers, qui suspectent un drame provoqué par une fuite de gaz
  • Vingt-quatre personnes ont également été blessées dans l'explosion qui s'est produite dans l'espace de restauration au 12e étage du centre commercial Shin Kong Mitsukoshi, dans la ville de Taichung (centre), a annoncé l'Agence nationale des incendies

TAICHUNG: Quatre personnes ont été tuées par une puissante explosion dans un centre commercial jeudi à Taïwan et une autre est "sans signe de vie", ont annoncé les pompiers, qui suspectent un drame provoqué par une fuite de gaz.

Vingt-quatre personnes ont également été blessées dans l'explosion qui s'est produite dans l'espace de restauration au 12e étage du centre commercial Shin Kong Mitsukoshi, dans la ville de Taichung (centre), a annoncé l'Agence nationale des incendies.

Le site était fermé pour cause de travaux au moment de l'explosion, a précisé l'agence.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent le moment de l'explosion. On y voit d'importants débris tombant dans la rue et de la poussière s'échappant de l'intérieur du bâtiment.

"Je travaillais dans le bâtiment de la mairie vers 11H30 (03H30 GMT) et, comme il se trouve juste à côté du grand magasin Shin Kong Mitsukoshi, j'ai ressenti une secousse", a indiqué la maire de la ville, Lu Shiow-yen.

"L'explosion est très grave et les secours sont en action", a-t-elle ajouté.

Au total, 56 véhicules de pompiers et 136 personnes, un chien et un drone ont été mobilisés pour les opérations de recherche et de sauvetage, a indiqué l'agence.

Le chef des pompiers de Taichung, Sun Fu-you, a déclaré aux journalistes que l'explosion semblait avoir été causée par du gaz, mais qu'il n'était pas certain qu'elle était liée aux travaux de construction.

Les pompiers ont demandé à la population de rester à l'écart du site de la catastrophe.

Comme un "tremblement de terre" 

"Il y a eu une secousse et mon lit tremblait", raconte Liao Yu-fu, 26 ans, habitant proche du lieu de l'explosion.

Le jeune homme a raconté à l'AFP que le bruit de l'explosion l'avait réveillé d'une sieste et qu'il avait cru qu'un "avion s'était écrasé sur une maison". "Le son a duré longtemps et j'ai eu peur".

Une femme qui se trouvait au sixième étage du magasin à ce moment-là a déclaré qu'il y avait eu une "très forte secousse" et que des débris avaient commencé à tomber.

"Au début, nous avons cru à un tremblement de terre", a déclaré cette femme à la chaîne de télévision locale TVBS.

"Lorsque j'ai descendu les escaliers, il y avait des bris de verre à tous les étages, à l'entrée de l'ascenseur. Tous les étages sont touchés".

Selon le maire, l'explosion a touché une vaste zone et au moins un passant figure parmi les victimes.

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre de gros morceaux de métal et des débris éparpillés sur le trottoir devant le grand magasin et les rues avoisinantes.

On peut voir au moins deux personnes allongées sur le sol et une autre qui semble recevoir des soins de la part des sauveteurs. Une autre vidéo montre des dégâts considérables à l'intérieur du grand magasin.

 


Donald Trump va rencontrer Vladimir Poutine en Arabie saoudite

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  • Le président américain : La date de la rencontre "n'a pas été fixée", mais elle aura lieu dans un "avenir assez proche"

RIYAD : Le président américain Donald Trump rencontrera son homologue russe Vladimir Poutine en Arabie saoudite pour leur première rencontre depuis son entrée en fonction en janvier.

L'annonce de M. Trump est intervenue après une conversation téléphonique de près de 90 minutes avec le dirigeant russe, au cours de laquelle ils ont discuté de la fin de l'offensive de Moscou en Ukraine, qui dure depuis près de trois ans.

"Nous nous attendons à nous rencontrer. En fait, nous nous attendons à ce qu'il vienne ici, que j'aille là-bas, et que nous nous rencontrions aussi probablement en Arabie saoudite la première fois, nous nous rencontrerons en Arabie saoudite, pour voir si nous pouvons faire quelque chose", a déclaré M. Trump à la presse dans le bureau ovale.

La date de la rencontre "n'a pas été fixée" mais elle aura lieu dans un "avenir pas trop lointain", a déclaré le président américain.

Il a laissé entendre que la réunion impliquerait le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. "Nous connaissons le prince héritier, et je pense que ce serait un très bon endroit pour se rencontrer".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé plus tôt que M. Poutine avait invité M. Trump et des responsables de son administration à se rendre à Moscou pour discuter de l'Ukraine.

"Le président russe a invité le président américain à se rendre à Moscou et a exprimé sa volonté de recevoir des responsables américains en Russie dans ces domaines d'intérêt mutuel, y compris, bien sûr, le sujet du règlement ukrainien", a déclaré M. Peskov.

Cette invitation fait suite à l'annonce faite mercredi par M. Trump selon laquelle les pourparlers de paix commenceraient "immédiatement" et que l'Ukraine ne récupérerait probablement pas ses terres, ce qui a provoqué un tollé des deux côtés de l'Atlantique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Les frappes sur Kiev montrent que Poutine ne «se prépare pas à la paix», selon Zelensky

Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis. (AFP)
Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis. (AFP)
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  • Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis
  • Si le président américain Donald Trump parvient à amener l'Ukraine et la Russie à la table des négociations, "nous échangerons un territoire contre un autre", a affirmé M. Zelensky au quotidien britannique The Guardian

KIEV: Les frappes de missiles et de drones lancés mercredi par Moscou sur Kiev montrent que le président russe Vladimir Poutine ne "se prépare pas à la paix", a affirmé son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Ces frappes menées sur cinq districts de Kiev ont fait au moins un mort et trois blessés, a indiqué auparavant le maire de la capitale ukrainienne Vitali Klitschko sur Telegram.

"Poutine ne se prépare pas à la paix. Il continue de tuer des Ukrainiens et de détruire des villes. Seules des mesures fortes et une pression sur la Russie peuvent mettre fin à cette terreur", a déclaré M. Zelensky dans un message posté en ligne.

"Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est l'unité et le soutien de tous nos partenaires dans cette lutte pour une issue juste à la guerre", a-t-il souligné.

Le président Zelensky s'est dit prêt mardi à "un échange" de territoires avec la Russie, dans le cadre d'éventuelles négociations de paix sous l'égide des Etats-Unis.

Si le président américain Donald Trump parvient à amener l'Ukraine et la Russie à la table des négociations, "nous échangerons un territoire contre un autre", a affirmé M. Zelensky au quotidien britannique The Guardian, tout en ajoutant qu'il ne savait pas quel territoire Kiev demanderait en retour.

Le président ukrainien a estimé que l'Europe seule ne pourrait pas garantir la sécurité de son pays. "Les garanties de sécurité sans l'Amérique ne sont pas de vraies garanties de sécurité", a-t-il affirmé.

M. Zelensky doit rencontrer vendredi le vice-président américain J.D. Vance à la conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne, où sont également annoncés l'émissaire spécial américain sur l'Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d'Etat Marco Rubio.

Donald Trump s'est engagé à mettre rapidement fin au "carnage" de la guerre en Ukraine, y compris en faisant pression sur Kiev, qui a reçu des milliards de dollars d'aide militaire de Washington sous son prédécesseur démocrate Joe Biden.

Sans certitude sur la pérennité de l'aide américaine, l'Ukraine est dans une position difficile alors que depuis un an, l'armée russe progresse.

Ces derniers mois Kiev et Moscou ont multiplié les frappes sur leurs infrastructures énergétiques réciproques.

Moscou a revendiqué mardi la prise d'un nouveau village dans la région ukrainienne de Donetsk (est), celui de Iassenové, situé à une dizaine de kilomètres à l'est de la région de Dnipropetrovsk, que les forces russes pourraient atteindre prochainement pour la première fois.