Sans grand espoir, l'ONU réunit Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs à Genève

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis accueille le président chypriote Nicos Anastasiades. (AFP)
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis accueille le président chypriote Nicos Anastasiades. (AFP)
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Publié le Dimanche 25 avril 2021

Sans grand espoir, l'ONU réunit Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs à Genève

  • Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en réponse à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce
  • A trois jours des discussions à Genève, des centaines de Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs ont manifesté samedi à Nicosie, des deux côtés de la dernière capitale divisée au monde, appelant à la paix et la réunification

NICOSIE : Quatre ans après leur dernier échec, Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs se retrouvent de mardi à jeudi à Genève pour des "discussions informelles" sous l'égide de l'ONU, sans grand espoir d'un accord sur une réunification de l'île méditerranéenne.

Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 du tiers nord par l'armée turque, en réponse à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.

Elle est entrée en 2004 dans l'Union européenne, dont les acquis communautaires ne s'exercent que sur la partie sud de l'île majoritairement peuplée de Chypriotes-grecs et dont les autorités sont les seules reconnues par l'ONU. Au Nord, l'autoproclamée République turque de Chypre du Nord (RTCN) est uniquement reconnue par Ankara.

A trois jours des discussions à Genève, des centaines de Chypriotes-grecs et Chypriotes-turcs ont manifesté samedi à Nicosie, des deux côtés de la dernière capitale divisée au monde, appelant à la paix et la réunification.

Toutes les précédentes tentatives de réunification --avec en toile de fond la rivalité régionale entre la Grèce et la Turquie-- ont échoué.

"Nous allons à Genève fermement décidés à reprendre les négociations pour réunifier Chypre sous la forme d'une fédération bicommunautaire et bizonale, conformément aux (résolutions) de l'ONU", a souligné Nikos Christodoulides, le chef de la diplomatie de la République de Chypre.

Mais du côté de la RTCN, le discours est tout autre. "La solution (...), c'est une île, deux Etats séparés", a déclaré à l'AFP Tahsin Ertugruloglu, "ministre" des Affaires étrangères, pour qui il n'existe pas de "terrain d'entente".

"Nous nous rendons à Genève avec une nouvelle vision pour Chypre, basée sur les réalités de l'île", a déclaré dimanche le "président" de la RTCN, Ersin Tatar, dans un communiqué.

"Il y a deux peuples avec des identités nationales distinctes, et gérant leurs affaires séparément", a-t-il poursuivi, exhortant la communauté internationale à reconnaître l'existence de deux Etats sur l'île. 

Soldats turcs 

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, qui supervisera les discussions, veut "montrer qu'il a épuisé toutes ses options", affirme Kemal Baykalli, analyste chypriote-turc pour le média citoyen Island Talks et militant de l'ONG Unite Cyprus Now.

Il a "besoin d'entendre officiellement que les deux camps ne trouveront pas d'accord dans le cadre proposé actuellement", ajoute-t-il.

Présente à Chypre dès 1964 en raison des violences intercommunautaires, l'ONU a hérité dix ans plus tard de la surveillance d'une zone tampon, après la partition.

Sous son égide, les dernières négociations de Crans-Montana en Suisse, en juillet 2017, se sont déroulées sur le principe d'une réunification sous la forme d'un Etat fédéral.

Elles ont surtout achoppé sur le retrait des dizaines de milliers de soldats turcs du nord de l'île et le maintien d'un droit d'intervention de la Turquie.

Celle-ci a été conviée à Genève, tout comme la Grèce et le Royaume-Uni, les deux autres "garants" de l'île depuis son indépendance en 1960.

Après l'échec de 2017, plusieurs facteurs sont venus s'ajouter aux traditionnels sujets de discussion: les garanties de sécurité, l'égalité politique, les ajustements territoriaux et les droits de propriété des déplacés.

Le président chypriote Nikos Anastasiades a laissé entendre qu'il pourrait lâcher du lest sur le principe de fédération et proposer une "décentralisation" de certains pouvoirs.

Côté chypriote-turc, le "président" pro-réunification a été remplacé en 2020 par M. Tatar, nationaliste et protégé d'Ankara.

"Petit bateau" 

"La Turquie a changé le paradigme", juge Giannis Ioannou, journaliste et fondateur du centre de réflexion Geopolitical Cyprus.

D'abord, selon lui, en menant des opérations d'exploration gazière dans les eaux revendiquées par Chypre et la Grèce. Puis en ouvrant avant la "présidentielle" en RTCN des rues de Varosha, station balnéaire fantôme chargée de symboles depuis son bouclage par l'armée turque en 1974.

Chypre, qui s'inscrit dans le contexte géopolitique des relations UE-Turquie, est "un petit bateau dans le jeu des grandes puissances", juge Kemal Baykalli.

D'après lui, Ankara "pourrait utiliser les discussions" comme un instrument au service de sa doctrine "patrie bleue", visant à établir sa souveraineté sur des zones disputées en Méditerranée orientale.

A Chypre, où les points de passage entre le Nord et le Sud se sont en grande partie refermés avec la Covid-19, l'optimisme n'est pas de mise.

Au nord, la crise sanitaire a mis à genoux l'économie, ultradépendante des investissements turcs, rendant la contestation de la "mère-patrie" encore plus compliquée. Au sud, des scandales de corruption ont renforcé la défiance envers la classe politique.

Le but à Genève est "d'ouvrir une brèche (...) Les parties pourraient s'accorder pour continuer à discuter", estime Giannis Ioannou.

Cela permettra peut-être, selon Kemal Baykalli, de créer un "nouveau cadre".


Washington annonce fermer son ambassade à Jérusalem jusqu'à vendredi

Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient. (AFP)
Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient. (AFP)
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  • Le département d'Etat a annoncé mardi la mise en place d'une "task force" pour aider les ressortissants américains au Moyen-Orient à se tenir informés de l'évolution du conflit
  • Les Etats-Unis déconseillent aux Américains de se rendre notamment en Israël et en Irak et de ne surtout pas voyager en Iran, "quelles que soient les circonstances"

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi fermer leur ambassade à Jérusalem pour des raisons de sécurité, au cinquième jour de la confrontation militaire entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations autour d'une possible intervention américaine s'intensifient.

"En raison de la situation sécuritaire et conformément aux directives du commandement du front intérieur israélien, l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem sera fermée de demain (mercredi 18 juin) à vendredi (20 juin)", peut-on lire sur un avis publié sur le site de l'ambassade américaine.

"En raison de la situation sécuritaire actuelle et du conflit en cours entre Israël et l'Iran, l'ambassade des Etats-Unis a demandé à tous les employés du gouvernement américain et aux membres de leur famille de continuer à s'abriter sur place à l'intérieur et à proximité de leur résidence jusqu'à nouvel ordre", ajoute l'avis.

Le département d'Etat a annoncé mardi la mise en place d'une "task force" pour aider les ressortissants américains au Moyen-Orient à se tenir informés de l'évolution du conflit.

Les Etats-Unis déconseillent aux Américains de se rendre notamment en Israël et en Irak et de ne surtout pas voyager en Iran, "quelles que soient les circonstances".

Les Etats-Unis ont déjà réduit les effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité et autorisé du personnel non essentiel, ainsi que leurs proches, à quitter ce pays et Israël.

Le président américain Donald Trump a réuni mardi à la Maison Blanche son conseil de sécurité nationale, après avoir appelé à la reddition de l'Iran après l'offensive israélienne visant à détruire le programme nucléaire iranien.


De fortes explosions à Tel-Aviv et Jérusalem après des tirs de missiles iraniens

Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
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  • « Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.
  • Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

JERUSALEM : De fortes explosions ont été entendues au-dessus de Tel-Aviv et Jérusalem mardi matin par des journaliste de l'AFP après le retentissement des sirènes d'alerte dans certaines régions d'Israël à la suite de tirs de missiles depuis l'Iran, selon l'armée.

« Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.

Elle a ajouté que l'armée de l'air « opérait pour intercepter et frapper là où c'était nécessaire pour éliminer la menace ».

Une vingtaine de minutes plus tard, l'armée a publié un communiqué indiquant que la population était autorisée à quitter les abris dans plusieurs régions du pays, ajoutant que des équipes de secours étaient à l'œuvre dans plusieurs endroits où des informations sur la chute de projectiles avaient été reçues.

Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

Les services d'incendie et de secours ont indiqué de leur côté avoir reçu les premières indications concernant un « tir de missile et un incendie » dans une ville du district de Dan, une zone entourant Tel-Aviv.

« Vers 8 h 45 (5 h 45 GMT), de nombreux appels ont été reçus concernant un tir de missile et un incendie dans la région de Gush Dan. Les équipes de lutte contre les incendies se rendent sur les lieux », ont-ils indiqué dans un communiqué.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.