La milice houthie prive le corps médical de vaccins alors que la Covid-19 se propage

Un agent de santé reçoit une dose du vaccin AstraZeneca à Ta'izz. (Fichier/AFP)
Un agent de santé reçoit une dose du vaccin AstraZeneca à Ta'izz. (Fichier/AFP)
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Publié le Mardi 27 avril 2021

La milice houthie prive le corps médical de vaccins alors que la Covid-19 se propage

  • Le ministre yéménite de la Santé a exhorté le corps médical qui vit dans les zones contrôlées par les Houthis à se faire vacciner contre la Covid-19 dans les provinces libérées
  • Un groupe de médecins yéménites établis à l'étranger a exigé que les vaccins contre la Covid-19 soient distribués sans délai à travers le Yémen pour protéger le corps médical

AL-MOUKALLA: Le ministre yéménite de la Santé a exhorté le corps médical qui vit dans les zones contrôlées par les Houthis à se faire vacciner contre la Covid-19 dans les provinces libérées. Cet appel intervient après la décision prise par le groupe soutenu par l'Iran de ne pas déployer de programme d'inoculation dans les zones à forte population.

«Nos collègues qui travaillent dans le domaine de la santé et qui ont été privés du vaccin contre le coronavirus dans les zones contrôlées par les Houthis peuvent se faire vacciner dans les provinces relevant du gouvernement légitime», fait savoir le Dr Qasem Buaibeh sur sa page officielle Facebook.

Peu de temps après avoir reçu 360 000 doses du vaccin Oxford-AstraZeneca la semaine dernière, le Yémen, ravagé par les conflits, a lancé une campagne de vaccination dans les provinces du Sud. Cette initiative a pour objectif de vacciner des milliers de membres du corps médical, de personnes âgées et d’individus présentant des problèmes de santé graves. Les fonctionnaires, les membres du corps médical et les journalistes ont été les premiers à recevoir le vaccin pour convaincre la population de son innocuité.


Cependant, des responsables du secteur de la santé du Yémen ont confié à Arab News lundi dernier que les Houthis n’avaient commandé que 500 doses destinées à 250 agents de santé, malgré le taux de mortalité élevé constaté dans la seule capitale Sanaa; ils avaient initialement accepté d’en acheter 10 000.

«[Les Houthis] s’abstiennent de divulguer le nombre réel de cas de Covid-19 et nient le fait que le virus se propage dans leurs régions», déclare à ce sujet le Dr Ishraq al-Subaee, porte-parole du Comité national de lutte contre le coronavirus, dont le siège se trouve à Aden.

Les autorités sanitaires yéménites ont donc dû exhorter les médecins à se rendre dans les zones contrôlées par le gouvernement comme Aden, Hadramaout ou Ta'izz. «Ils pourront ainsi se rendre dans n'importe quel centre de soins du sud du pays afin d’y recevoir le vaccin», indique le Dr Al-Subaee.


Le Comité national de lutte contre le coronavirus a signalé lundi 46 nouveaux cas confirmés ainsi que 18 décès, ce qui porte à 6 183 le nombre total de cas dans les zones dirigées par le gouvernement.


Dimanche dernier, le comité a recensé 32 nouveaux cas et 12 décès dans les provinces de Ta'izz, Hadramaout, Shabwa, Aden et Ad Dali’. En effet, le premier cas de Covid-19 a été enregistré au Yémen au mois d’avril de l'année dernière dans la province de Hadramaout, au sud-est du pays.

Par ailleurs, les experts du secteur médical estiment que le nombre réel de cas infectés est plus de trois fois supérieur au chiffre officiel en raison des faibles moyens de dépistage disponibles et du fait que les Houthis se refusent à divulguer des chiffres précis dans les zones qu'ils contrôlent.

Les rapports médiatiques qui font état de la propagation du virus à Sanaa et dans d'autres régions du nord du Yémen ont été démentis par la milice, qui a pourtant récemment annoncé le décès d’un grand nombre de ses dirigeants pour des raisons qu’elle n’a pas communiquées.

Lundi dernier, Al-Masdar Online et d'autres médias locaux ont annoncé le décès du général Yahiya al-Shami, un chef militaire houthi, des suites de la Covid-19. Al-Shami passait pour «le cerveau» qui a orchestré le coup d'État mené par les Houthis contre le président Abdrabbo Mansour Hadi à la fin de l'année 2014, opération reconnue par la communauté internationale, ainsi que l'expansion militaire qui s'en est suivie dans tout le Yémen.


En 2017, Al-Shami, ainsi que quarante-quatre dirigeants houthis, parmi lesquels son fils Zakaria, avaient été ajoutés à la liste des personnes recherchées par la coalition arabe. Cette dernière avait annoncé une récompense de 20 millions de dollars, soit 16,57 millions d’euros, pour toute information qui aurait permis de localiser et d’arrêter le chef militaire houthi.

Des comptes affiliés aux Houthis sur les médias sociaux ont récemment fait état du décès de plusieurs autres dirigeants militaires et politiques des suites de la maladie.


Cependant, un groupe de médecins yéménites établis à l'étranger a exigé que les vaccins contre la Covid-19 soient distribués sans délai à travers le Yémen pour protéger le corps médical.


«Nous appelons de toute urgence la communauté internationale, les pays de la région, les organisations des Nations unies et les autorités locales à prendre les mesures nécessaires afin de fournir le vaccin à tous les personnels du secteur de la santé partout au Yémen», annonce ce groupe de médecins, qui avertit que «le nombre croissant de décès parmi les agents de santé entraînera l'effondrement d’un système de santé déjà fragilisé au Yémen».

Abdallah ben Ghouth est professeur d'épidémiologie à la faculté de médecine de l'université de Hadramaout et conseiller du ministre yéménite de la Santé. Il explique à Arab News que le Yémen traverse actuellement la deuxième vague du virus, qui a fait son apparition au cours de la première semaine de février de cette année avant d'atteindre son apogée au début du mois d’avril, avec 720 infections et 100 décès recensés. «La situation est inquiétante compte tenu du grand nombre de décès», déplore-t-il.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.