Sous pression, les policiers américains tentés de quitter la profession

Des agents de police de Chicago se tiennent près de la maison du maire de Chicago, Lori Lightfoot, alors que des manifestants défilent dans le quartier de Logan Square lors d'un rassemblement / AFP
Des agents de police de Chicago se tiennent près de la maison du maire de Chicago, Lori Lightfoot, alors que des manifestants défilent dans le quartier de Logan Square lors d'un rassemblement / AFP
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Publié le Jeudi 29 avril 2021

Sous pression, les policiers américains tentés de quitter la profession

  • En 2020, il y a eu 769 homicides dans la troisième ville des Etats-Unis, soit plus que dans les deux plus grandes métropoles du pays, New York (432) et Los Angeles (300)
  • Les quelque 800.000 policiers américains doivent aussi faire face à des critiques de plus en plus virulentes sur leur usage de la force

CHICAGO : Congés-maladies à la hausse, départs anticipés à la retraite, démissions, et même suicides: les policiers américains ont du mal à encaisser les accusations de violences, voire de racisme, qui les visent, tout en affrontant la mort au quotidien.

En 27 ans de service au sein des forces de l'ordre de Chicago, Rick Nigro n'a jamais constaté autant de désespoir chez ses collègues. "Ça se voit sur les visages lors des réunions de service", a-t-il dit.

"Je connais des militaires qui ont vu des choses horribles à Falloujah", en Irak, "mais moins que ce que l'on voit chaque jour ici", assure-t-il en confiant que, si c'était à refaire, jamais il ne s'engagerait dans les forces de l'ordre.

En 2020, il y a eu 769 homicides dans la troisième ville des Etats-Unis, soit plus que dans les deux plus grandes métropoles du pays, New York (432) et Los Angeles (300), réunies. "On n'est pas préparés à faire face à ce stress", a commenté Rick Nigro dans une lettre ouverte à sa hiérarchie, écrite après le troisième suicide d'un confrère depuis janvier.

Au-delà de cette hausse des meurtres constatée dans tous les Etats-Unis en 2020, les quelque 800.000 policiers américains doivent aussi faire face à des critiques de plus en plus virulentes sur leur usage de la force, exprimées aussi bien lors des manifestations du mouvement Black Lives Matter ("Les vies noires comptent") que dans des enceintes prestigieuses, comme la cérémonie des Oscars.

"Aujourd'hui, la police va tuer trois personnes, demain elle en tuera trois et après-demain, trois autres", a ainsi lancé le réalisateur noir Travon Free, couronné dimanche soir pour un court-métrage de fiction sur le sujet, "Two distant strangers". Les forces de l'ordre tuent un millier de personnes chaque année en moyenne "et de manière disproportionnées des personnes noires", a-t-il rappelé face à un public approbateur.

« Abandonner »

Ce climat de défiance peine le conseiller municipal Matt O'Shea, élu dans un quartier où vivent de nombreux policiers. "C'est triste et frustrant de voir autant de gens se détourner des policiers, alors qu'ils se mettent en danger tous les jours pour nous protéger", dit-il.

Dans un pays où les armes à feu circulent massivement, 46 policiers ont été tués en 2020 dans l'exercice de leurs fonctions (sans compter les accidents) et 22 depuis le 1er janvier 2021, selon des statistiques du ministère de la Justice.

En raison des risques encourus, les policiers américains ont longtemps joui d'une image relativement positive, surtout auprès de la majorité blanche de la population. Mais celle-ci a commencé à se fissurer avec la multiplication des enregistrements vidéo d'adolescents criblés de balles, de suspects abattus de dos ou d'innocents tués par erreur.

"Les gens voient des mauvaises choses et pensent que tous les agents sont les mêmes", déplore William Jaconetti, qui a pris sa retraite après 40 ans au sein de la police de Chicago. Selon lui, aujourd'hui, "les agents sont tristes quand ils vont travailler et ont envie de tout plaquer".

De fait, les effectifs des forces de police ont fondu dans les villes où ont eu lieu les drames les plus médiatisés. A Minneapolis, où un policier blanc a étouffé sous son genou l'Afro-Américain George Floyd, plus de 100 agents sur un millier sont partis en 2020, deux fois plus que l'année précédente, et environ 150 sont actuellement en congé, notamment pour "stress post-traumatique".

« Pas attractif »

Quant aux nouvelles recrues, elles ne sont pas nombreuses à se presser dans les académies de police. "Recruter au sein des forces de l'ordre est devenu extrêmement difficile dans tous les Etats-Unis", a reconnu récemment la cheffe de la police de Louisville, Erika Shields. "Notre produit n'est plus attractif à cause de blessures que nous nous sommes infligées nous-mêmes", a-t-elle ajouté.

Dernier signe en date de la crise de confiance: le gouvernement fédéral a ouvert des enquêtes pour débusquer d'éventuels abus ou discriminations au sein des forces de l'ordre de Louisville et Minneapolis, et d'autres pourraient suivre.

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que nombre d'agents broient du noir, estime John Garrido, policier depuis 30 ans à Chicago, qui plaide pour un soutien psychologique obligatoire.

"C'est un travail que nous avons choisi" avec ses difficultés, admet-il. "Mais on voit des choses terribles tous les jours: la rage, les meurtres, la tristesse. Et quand on ajoute les facteurs extérieurs, les médias, les politiques, c'est la catastrophe assurée."


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.