L'Iran oblige une minorité religieuse à enterrer ses morts dans une fosse commune

Traditionnellement, les Baha'is, une minorité religieuse, enterrent leurs morts aux côtés des hindous et des chrétiens arméniens dans un cimetière au sud-est de Téhéran, mais de nouveaux ordres les obligent à modifier cette pratique. (Photo, réseaux sociaux)
Traditionnellement, les Baha'is, une minorité religieuse, enterrent leurs morts aux côtés des hindous et des chrétiens arméniens dans un cimetière au sud-est de Téhéran, mais de nouveaux ordres les obligent à modifier cette pratique. (Photo, réseaux sociaux)
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

L'Iran oblige une minorité religieuse à enterrer ses morts dans une fosse commune

  • Les Baha'is forment une minorité religieuse persécutée qui fait face à une répression systémique, car l'État chiite considère leur religion comme hérétique
  • De nombreuses minorités religieuses en Iran sont fréquemment victimes de harcèlement, de poursuites et d’emprisonnement de la part des autorités

LONDRES: Les membres de la petite communauté religieuse des Baha’is en Iran sont à présent contraints par les autorités d’enterrer leurs morts dans des fosses communes, initialement utilisées pour les prisonniers politiques en 1988.

La directive a été émise la semaine dernière, selon la BBC, qui affirme avoir localisé au moins dix nouvelles tombes creusées dans un site connu.

Les Baha'is sont une minorité persécutée en Iran. Comme ils ne comptent que 350 000 personnes, ils sont maltraités et font face à une répression systémique, car l'État chiite considère leur religion comme hérétique.

Les membres de cette communauté figurent parmi les nombreuses minorités religieuses en Iran qui sont fréquemment victimes de harcèlement, de poursuites et d’emprisonnement de la part des autorités. Ils ont pour seul crime l’exercice leur foi, un crime pour lequel leurs lieux de sépulture sont souvent détruit, selon des groupes de défense des droits de l’homme.

Traditionnellement, les Baha'is enterrent leurs morts aux côtés des hindous et des chrétiens arméniens dans un cimetière au sud-est de Téhéran, mais de nouveaux ordres les obligent à modifier cette pratique.

Des familles Baha'is racontent à la BBC que les autorités iraniennes leur ont ordonné d’utiliser désormais un site voisin. Une fosse commune qui date de 1988, elle a initialement été créée lorsque l'ancien guide suprême, l'ayatollah Khomeiny, a donné l’ordre d’exécuter de milliers de prisonniers politiques détenus par l'État dans les années turbulentes qui ont suivi la révolution iranienne.

Les familles et les militants des droits de l'homme craignent qu'en enterrant des personnes sur le site, la République islamique tente d'effacer les preuves des exécutions, une question toujours sensible en Iran. Le site a été rasé au bulldozer à plusieurs reprises au cours des dernières décennies.

Simin Fahandej, un représentant de la communauté internationale bahaïe, explique à la BBC que sa communauté ne veut pas utiliser la fosse commune, non seulement par respect pour leurs morts, mais aussi pour les prisonniers exécutés.

Une lettre, signée par 79 familles de prisonniers exécutés et adressée au maire de Téhéran et au président Hassan Rohani, implore les responsables de ne pas obliger «les bahaïs à enterrer leurs proches dans la fosse commune» et de ne pas remuer le couteau dans leur «vieille plaie».

Diana Eltahawy, directrice adjointe d'Amnesty International pour le Moyen-Orient, estime qu’il «s'agit de la dernière d'une série de tentatives criminelles, menées au fil des ans par les autorités iraniennes, pour détruire les fosses communes des victimes des massacres qui ont eu lieu dans les prisons de 1988 et éliminer ainsi les preuves cruciales de crimes contre l'humanité».

«En plus de causer encore plus de douleur et d’angoisse à la minorité bahaïe déjà persécutée, en la privant de son droit d’accorder à ses proches un enterrement digne et conforme à ses croyances religieuses, les autorités iraniennes détruisent sciemment une scène de crime», poursuit-elle.

La plupart des individus enterrés dans la fosse seraient des membres de l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (MEK), un groupe armé qui a participé à la révolution de 1979, et qui sera plus tard interdit et violemment réprimé par la République islamique.

On estime que pas moins de 4 000 membres des MEK ont été exécutés à la suite de mascarades judiciaires. Le groupe chiffre pour sa part les dépouilles inhumées dans la fosse à 30 000.

Dans un communiqué publié par Arab News, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), un groupe de coordination qui comprend des membres des MEK , soutient que «détruire les tombes des martyrs du massacre de 1988 dans le but d’éliminer les preuves de ce crime contre l'humanité est une pratique bien connue du régime clérical».

Maryam Radjavi, la présidente élue du CNRI, affirme qu'elle condamne l'utilisation des tombes des MEK comme cimetière, et somme l'ONU d’enquêter sur cette tentative de dissimulation.

Des enregistrements fuités ont révélé depuis que, même parmi les leaders iraniens de l’époque, l'ordre d'exécution émis par Khomeiny était controversé. Le guide suprême adjoint, l'ayatollah Hossein Ali Montazeri, avait refusé de soutenir à l’époque ce qu’il qualifiait de «crime historique grave». Il sera démis de ses fonctions dans la même année.

D'autres leaders, comme Ibrahim Raisi, l'actuel chef de la justice iranienne et qui est pressenti pour succéder au guide suprême Ali Khamenei, estiment que les exécutions étaient justifiées.

«Ceux contre lesquels il existe des preuves d'implication directe dans ces crimes continuent d'occuper des hauts postes de responsabilité. Parmi eux figurent l'actuel chef du pouvoir judiciaire et ministre de la Justice, dont les rôles sont vitaux pour la poursuite de la justice», conclut Eltahawy.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne a frappé plus de 50 «cibles terroristes» au Liban au cours du dernier mois

Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
Un homme prend des photos après des frappes israéliennes suite aux ordres d'évacuation, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre
  • Le Premier ministre israélien Netanyahu a promis d'empêcher le Hezbollah d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge"

JERUSALEM : L'armée israélienne a déclaré lundi qu'elle avait frappé plus de 50 "cibles terroristes" au Liban au cours du mois dernier, malgré le cessez-le-feu de novembre qui a mis fin à la guerre entre Israël et les militants du Hezbollah.
Dimanche, Israël a frappé le sud de Beyrouth pour la troisième fois depuis l'entrée en vigueur du fragile cessez-le-feu du 27 novembre, ce qui a incité le président libanais Joseph Aoun à demander à la France et aux États-Unis, qui en sont les garants, d'y mettre fin.
"Au cours du mois dernier, les forces de défense israéliennes ont frappé plus de 50 cibles terroristes au Liban. Ces frappes ont été menées à la suite de violations du cessez-le-feu et des accords entre Israël et le Liban, qui constituaient une menace pour l'État d'Israël et ses citoyens", a déclaré l'armée dans un communiqué.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que la frappe de dimanche visait un bâtiment utilisé par le Hezbollah pour stocker des "missiles guidés avec précision" et a promis d'empêcher le groupe militant soutenu par l'Iran d'utiliser la banlieue sud de Beyrouth comme "refuge".
Le chef du Hezbollah, Naim Qassem, a déclaré dans un discours lundi que l'attaque "n'a aucune justification" et l'a qualifiée d'"attaque politique visant à changer les règles par la force".
Israël a continué à mener des frappes régulières au Liban malgré la trêve, qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, lesquelles ont culminé avec une campagne de bombardements israéliens intensifs et une incursion terrestre.
En vertu de cet accord, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler toute infrastructure militaire restante au sud.
Israël devait retirer toutes ses forces du Sud-Liban, mais des troupes restent sur cinq positions jugées "stratégiques".