Hommage à la victime de Rambouillet: Castex dénonce «l'insulte sanglante» à «ceux qui croient»

Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours près du portrait de Stephanie Monferme / AFP
Le Premier ministre français Jean Castex prononce un discours près du portrait de Stephanie Monferme / AFP
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Publié le Vendredi 30 avril 2021

Hommage à la victime de Rambouillet: Castex dénonce «l'insulte sanglante» à «ceux qui croient»

  • La fonctionnaire de police a été assassinée une semaine auparavant au sein du commissariat de la ville
  • La victime sera décorée de la Légion d'honneur à titre posthume

RAMBOUILLET : Une cérémonie d'hommage national présidée par le Premier ministre Jean Castex a débuté vendredi à Rambouillet (Yvelines) en mémoire de Stéphanie Monfermé, la fonctionnaire de police assassinée une semaine auparavant au sein du commissariat de la ville.

Un grand portrait en noir et blanc de Stéphanie Monfermé a été solennellement porté par des policiers, au début de la cérémonie. 

Le chef du gouvernement doit prononcer un discours, dans la ville située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, avant de remettre la légion d'honneur à titre posthume à l'agente administrative de 49 ans, mortellement poignardée le 23 avril.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal et cinq ministres assistent à la cérémonie: Gérald Darmanin (Intérieur), Eric Dupond-Moretti (Justice), Amélie de Montchalin (Fonction publique), Marlène Schiappa (Citoyenneté) et Nadia Hai (Ville). 

Le président Emmanuel Macron était présent jeudi aux obsèques - privées - de cette fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, qui officiait à l'hôtel de police de Rambouillet depuis 28 ans, sans arme ni uniforme.

La cérémonie se tient sur une esplanade proche du commissariat où l'assaillant a surgi et l'a tuée de deux coups de couteau, dans le sas d'entrée de l'hôtel de police. 

Une centaine de personnalités et d'élus sont rassemblés à proximité. Parmi eux, on comptait Valérie Pécresse (Libres! ex LR), Marine Le Pen (RN), Olivier Faure (PS), Laurent de Saint-Martin, Aurore Bergé (LREM) ou encore Clémentine Autain (LFI). 

Victime de "la 17e action terroriste islamiste commise en France depuis 2014 contre les forces de l'ordre" selon le parquet antiterroriste, Stéphanie était l'une des 12.500 agents administratifs de la police nationale. 

Lors d'un premier hommage rendu lundi, la maire de Rambouillet Véronique Matillon avait salué une "femme exceptionnelle", mère de deux filles, ayant "consacré sa vie" aux "autres". 

Cet assassinat est survenu dans le département des Yvelines, déjà marqué par la décapitation de l'enseignant Samuel Paty il y a six mois et l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de police en 2016. 

L'auteur de l'attaque de Rambouillet, Jamel Gorchene, un ressortissant tunisien de 36 ans, a été tué sur place par les tirs d'un policier.

Ce chauffeur-livreur domicilié à Rambouillet était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement et de la justice. Mais son mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique (EI) à s'attaquer aux forces de l'ordre. 

« Une insulte sanglante »

 

Le Premier ministre, Jean Castex, a dénoncé l'"insulte sanglante jetée à la face de tous ceux qui croient en un dieu", vendredi, lors d'un hommage national à la fonctionnaire de police assassinée la semaine dernière à Rambouillet.

Il a souligné "l'immense effroi dans lequel nous a plongé l'ignoble crime de Rambouillet: toute mort est une mort de trop car toute attaque contre la République est une blessure inacceptable pour la communauté nationale".

"Ce matin, nos sanglots forment un même glas", a-t-il poursuivi en citant Aragon.

Stéphanie Monfermé, 49 ans, a été victime d'une attaque mortelle au couteau devant le commissariat de Rambouillet où elle travaillait. Son agresseur, un ressortissant tunisien âgé de 36 ans, était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement et de la justice, mais son mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique (EI) à s'attaquer aux forces de l'ordre. Il a été abattu par les policiers lors de l'attaque.

"La défense du droit et de cette liberté si française de croire au ciel ou de ne pas y croire, notre ennemi, le terrorisme islamiste, ne peut la tolérer", a lancé le chef du gouvernement.

Avant son discours, Jean Castex avait décoré la victime de la Légion d'honneur à titre posthume.

Originaire de Coutances dans la Manche, Stéphanie Monfermé s'était installée il y a vingt ans avec son mari boulanger à Saint-Léger-en-Yvelines.

Elle travaillait au commissariat de Rambouillet depuis 28 ans, d'abord au sein d'un service gérant notamment les infractions routières puis au secrétariat judiciaire.

"Elle assurait un rôle essentiel, notamment dans le traitement des plaintes, des instructions du parquet et dans la transmission de l'information qui permettent aux forces de l'ordre de parfaire leur connaissance de la criminalité. Et donc de disposer d'éléments tangibles sur les modes opératoires, les lieux, les victimes, le profil des délinquants", a insisté le Premier ministre.

"C'est ce travail précis et quotidien de traitement des données qui permet aux enquêteurs de faire les recoupements et les rapprochements indispensables à une politique de sécurité moderne et efficace, un travail effectué aujourd'hui par près de 25.000 agents administratifs de la police nationale", a-t-il souligné.

"Stéphanie représentait aussi une certaine façon de vivre en France, une certaine façon de vivre la France: cette vie paisible, laborieuse et serviable que nos concitoyens connaissent aussi bien qu'ils l'aiment", a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre a voulu mettre en garde contre les "simplifications abusives et démagogiques": "chacun mesure la difficulté de la tâche, d'autant que nous voyons bien que les attentats dont la France est la cible proviennent en large part de son refus catégorique du communautarisme, de sa volonté constamment réaffirmée de lutter contre toutes les formes de séparatismes", a-t-il fait valoir.

"Rendre hommage à Stéphanie, comme à toutes les victimes de terroristes fanatiques, c'est continuer sans cesse à agir, à renforcer nos outils de prévention et de surveillance", a-t-il encore affirmé, en soulignant qu'un nouveau projet de loi antiterroriste doit être examiné dans les prochaines semaines au parlement.


Grève nationale : les syndicats unis contre le budget du futur gouvernement

Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
Des policiers attendent l'arrivée du ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à la Porte d'Orléans à Paris, le 18 septembre 2025, avant une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats sur le budget national de la France. (AFP)
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  • Journée de grève nationale ce jeudi à l’appel des 8 principaux syndicats français, unis contre les mesures budgétaires jugées « brutales »
  • Les autorités redoutent des débordements à Paris, avec jusqu’à 100 000 manifestants attendus et la présence annoncée de casseurs. 900 000 personnes pourraient se mobiliser dans toute la France

Les syndicats français ont promis une "journée noire" de manifestations et de grèves jeudi pour peser sur les choix budgétaires du prochain gouvernement, en pleine crise politique dans la deuxième économie de l'UE.

A Paris, le préfet de police s'est dit "très inquiet" de la présence de nombreux casseurs venant pour "en découdre" dans la manifestation prévue dans la capitale, qui pourrait selon lui rassembler 50.000 à 100.000 personnes.

Les autorités s'attendent à une mobilisation massive, avec plus de 250 cortèges annoncés qui pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes à travers le pays, soit cinq fois plus que lors du mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre lancé sur les réseaux sociaux, hors de tout cadre syndical.

Cette mobilisation lancée par les huit syndicats français, unis pour la première fois depuis le 6 juin 2023, vise les mesures budgétaires "brutales" préconisées cet été par le Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment).

Son gouvernement alliant le centre droit et la droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé par les députés le 8 septembre.

Nommé le lendemain, son successeur Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est lui aussi engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), tout en promettant des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Ce fidèle du président a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.

Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avaient régulièrement réuni un million de manifestants, dont un pic à 1,4 million.

- "Démonstration de force" -

"Aucune des mesures catastrophiques du musée des horreurs de M. Bayrou n'est enterrée !", s'est indignée lundi la leader de la CGT, Sophie Binet, après avoir rencontré le nouveau Premier ministre.

L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou est "une première victoire", qui "confirme que nous sommes en position de force", a-t-elle estimé.

Même la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, est "plus que jamais motivée pour aller dans la rue", a fait savoir sa responsable Marylise Léon qui attend "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d’efforts partagés".

Elle a apprécié à cet égard que le successeur de François Bayrou se dise selon elle conscient de la nécessité de "faire quelque chose" au sujet de la taxation des hauts patrimoines, revenue au cœur du débat.

"Le budget va se décider dans la rue", estime Mme Binet, qui évoque une "démonstration de force" et laisse entrevoir une mobilisation dans la durée.

Côté transports, le trafic sera "perturbé" voire "très perturbé" dans la capitale, ainsi que pour les trains interurbains.

Ce sera moins le cas pour les trains régionaux et les TGV. Un service proche de la normale est attendu dans les aéroports, le principal syndicat de contrôleurs aériens ayant reporté sa grève.

A l'école, un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes. L'ampleur du mouvement dans la fonction publique en générale reste encore à préciser.


Le PDG de CMA CGM assure «ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale» des médias qu'il possède

Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC. (AFP)
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  • "Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media
  • Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique"

PARIS: Auditionné à l'Assemblée nationale mercredi, Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM, a assuré "ne pas s'immiscer dans la ligne éditoriale" des médias qu'il possède, quelques jours après l'acquisition du média vidéo Brut, qui suit celle de BFMTV ou RMC.

"Les journaux ou chaînes de télévision qu'on a rachetés ont une indépendance, ce sont des journaux qui sont nuancés, qui offrent le pluralisme. Je ne m'immisce pas dans la ligne éditoriale de ces journaux", a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée.

Il répondait au député France insoumise René Pilato qui suggérait une "grande loi de séparation des entreprises et des médias".

"Si des investisseurs comme le groupe CMA CGM ne viennent pas, ces médias malheureusement tombent", a ajouté M. Saadé, rappelant que le secteur des médias est "très sinistré".

"Tout ce qu'on fait c'est leur donner cette bouffée d'oxygène (...) On ne leur demande pas de dire blanc ou de dire noir, ça c'est eux qui gèrent", a poursuivi le milliardaire, président de l'armateur CMA CGM, dont la branche médias est CMA Media.

Selon lui, les médias ne "représentent qu'une part modeste" des investissements de son groupe, "moins de 5%", mais "répondent à un enjeu majeur, la vitalité démocratique".

"Dans un monde traversé par les +fake news+, je crois que les industriels ont un rôle à jouer pour défendre le pluralisme, l'indépendance et la qualité de l'information. Si nous voulons continuer à produire de l'information en France et résister à la domination des grandes plateformes, nous devons garantir des groupes de médias solides capables de créer des contenus de qualité et de les diffuser sur tous les supports", a-t-il défendu.

Outre BFMTV, RMC, et désormais Brut, CMA Media possède les journaux La Tribune et La Tribune Dimanche, La Provence et Corse Matin. Le groupe vient également de racheter la chaîne télé Chérie 25 (NRJ Group).

Vendredi, les Sociétés des journalistes (SDJ) de BFMTV, RMC et La Tribune avaient déploré qu'"une prise de position de Rodolphe Saadé sur l'actualité politique et sociale du pays (ait) été diffusée à l'antenne de BFMTV" jeudi.

Il s'agissait d'extraits écrits tirés d'une tribune publiée dans La Provence après le mouvement "Bloquons tout" du 10 septembre. "Les entreprises ne sont pas des adversaires, elles sont des partenaires de la Nation", y écrivait notamment M. Saadé.

 


Faure «sur sa faim» après son entretien avec Lecornu, resté «très flou» sur ses intentions

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions". (AFP)
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  • Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu
  • Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland

PARIS: Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est ressorti "sur sa faim" de son entretien mercredi avec le Premier ministre Sébastien Lecornu, resté selon lui "très flou sur ses intentions".

"Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré le premier secrétaire du PS, à l'issue de sa première rencontre à Matignon, qui a duré près de deux heures.

Si M. Lecornu était "là pour refaire François Bayrou, les mêmes causes produiraient les mêmes effets et nous censurerions dès la (déclaration) de politique générale", que prononce chaque nouveau Premier ministre, a-t-il prévenu à la veille d'une importante journée de mobilisation syndicale.

Il était accompagné par le chef de file des députés socialistes Boris Vallaud, celui des sénateurs Patrick Kanner, et la maire de Nantes Johanna Rolland.

A propos de la journée d'actions de jeudi, il a expliqué que ces manifestations seraient "aussi un élément du rapport de force que nous devons installer avec un exécutif qui, jusqu'ici, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à comprendre la colère et même l'exaspération des Français".

Olivier Faure a également dit qu'il ne souhaitait pas "voir revenir sur la table une loi immigration", estimant que le Premier ministre macroniste était "tiraillé par une droite qui lorgne de plus en plus vers l'extrême droite" et avait  "beaucoup de problèmes dans son propre socle commun".

"Nous ne cherchons pas la censure, nous ne cherchons pas la dissolution, nous ne cherchons pas la destitution. Nous cherchons à ce que les Français soient entendus", a-t-il plaidé, en citant un sondage Ifop commandé par le parti montrant que les Français, quelles que soient leurs sensibilités, plébiscitent les mesures poussées par le PS.

"Il y a des mesures qui sont très majoritaires dans le pays, pour la taxe Zucman" sur les hauts patrimoines, "pour en finir" avec la réforme des retraites, pour "rendre du pouvoir d'achat", notamment à travers "un taux différentiel de CSG", a-t-il détaillé.