La compositrice et chanteuse libanaise Tania Saleh et le regard du monde arabe sur le divorce

Chanteuse et compositrice libanaise chevronnée, elle fait partie des artistes pionniers de la musique alternative arabe. Sa carrière exemplaire s'étend sur plus de deux décennies. (Fourni)
Chanteuse et compositrice libanaise chevronnée, elle fait partie des artistes pionniers de la musique alternative arabe. Sa carrière exemplaire s'étend sur plus de deux décennies. (Fourni)
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Publié le Samedi 01 mai 2021

La compositrice et chanteuse libanaise Tania Saleh et le regard du monde arabe sur le divorce

  • Chanteuse et compositrice libanaise chevronnée, Tania Saleh fait partie des artistes pionniers de la musique alternative arabe
  • « 10 A.D. » est le cinquième album de Tania Saleh et son troisième avec Kirkelig Kulturverksted (KKV), maison de disques norvégienne fondée par le producteur et parolier Erik Hillestad en 1974

BEYROUTH : Tania Saleh ne sait pas mâcher ses mots, aussi bien dans ses conversations que dans ses chansons. « Il arrive un moment de votre vie où vous ne pouvez plus vous taire.  Vous sentez le besoin de dire ce que vous avez en tête sans vous soucier des conséquences », avoue-t-elle au sujet de son nouvel album profondément autobiographique, « 10 A.D. » (ou 10 ans après le divorce).

Cette chanteuse et compositrice libanaise chevronnée fait partie des artistes pionniers de la musique alternative arabe. Sa carrière exemplaire s'étend sur plus de deux décennies et compte de nombreuses sorties et collaborations.

Comme son titre l'indique, l'album est inspiré par l'expérience que Tania Saleh a vécue durant dix ans en tant que femme divorcée dans le monde arabe.

« C'est un récit de mes réflexions et observations. Il relate la façon dont on me traite, la façon dont la société me regarde, et comment je me retourne sur tout cela », explique Mme Saleh en préambule à sa chronique sans fard retraçant la vie des divorcées au Moyen-Orient.

« La femme divorcée est perçue par les hommes comme une proie facile, disposée à tout accepter et à être avec n'importe qui », explique-t-elle. « C'est horrible ! C'est une attitude dévalorisante et humiliante à l'égard des femmes. Honnêtement, j'ai éprouvé au début une vive colère lorsque des hommes m'abordaient de cette manière. Par la suite, j'ai compris que cela relevait d'un problème plus étendu, en particulier dans le contexte social et économique de notre environnement et de notre mode de vie ».

Cela fait 18 mois que le Liban, son pays natal, est plongé dans un mélange corrosif de crises socio-économiques et politiques, exacerbées par des décennies de corruption au niveau du gouvernement et par la pandémie de Covid-19. Saleh souligne que cette toile de fond ne fait que compliquer davantage la vie et les choix des femmes, dans ce petit pays de la Méditerranée.

« En raison des problèmes qui pèsent sur le Liban, bon nombre d'hommes ont quitté le pays pour travailler à l'étranger. Ainsi, beaucoup de femmes sont restées célibataires ou séparées de leur partenaire », explique-t-elle. « Résultat : on voit des femmes magnifiques, talentueuses et éduquées se contenter de moins que ce qu'elles méritent. Cela arrive tout le temps ».

« On dirait que cette situation prend la forme d'une prophétie qui se réalise d'elle-même. Dans cet album, j'ai tenu à aborder l'absurdité de cette situation », lance la chanteuse sur un ton grave.

« 10 A.D. » est le cinquième album de Tania Saleh et son troisième avec Kirkelig Kulturverksted (KKV),  maison de disques norvégienne fondée par le producteur et parolier Erik Hillestad en 1974. Cet album s'ajoute à son long parcours et vient compléter l'évolution musicale de Saleh, depuis qu'elle a entamé un chemin laborieux durant lequel elle s'est pratiquement réinventée.

Sur ses premières chansons, elle a collaboré avec son ex-mari, le producteur et ingénieur du son Philippe Tohmé, dont la longue liste de réalisations professionnelles inclut le groupe de rock alternatif libanais Blend et le groupe Pindoll, mené par Erin Mikaelian.

« Nous voulions faire de la musique de façon honnête, pour rendre hommage à nos sources d'inspiration que sont le rock, le folk, le funk et le jazz », se souvient Saleh. « Dans (son deuxième album de 2011) “Wehde”, les musiciens de Blend constituaient mon groupe, et nous avons enregistré l'album ensemble. Nous étions une vraie famille.

« Nous avons collaboré avec d'autres artistes avec lesquels Philippe travaillait à l'époque, comme (le compositeur et arrangeur) Bilal el Zein et (le producteur et entrepreneur) Michel Elefteriades. Nous sommes ainsi parvenus à élaborer une musique qui marie le rock à la musique arabe grand public ».

Sans détour, Tania reconnaît avoir perdu le soutien dont elle bénéficiait, à la suite de son divorce avec Philippe Tohmé, avec qui elle a deux fils. « Je devais alors retrouver mon identité ; trouver une nouvelle formule, et cela a été un vrai défi », dit-elle. « Ça a été la première étape des dix années que raconte ce nouvel album ».

Ce laborieux processus comporte « une profonde réflexion sur qui je suis en tant que femme, artiste et musicienne. J'ai vécu l'enfer pendant deux ans, mais j'étais persuadée que soit je me lève et je survis, soit je m'arrête là ».

Sur cette toile de fond, Saleh a renoué avec une ancienne passion. « Des chansons comme 'Hsabak' ou 'Habibi' (de son premier album éponyme), elles, sont clairement influencées par le style bossa nova. J'ai donc décidé de creuser un peu plus et d'incorporer des arrangements classiques ».

Après la sortie de son album « A Few Images » (ou Quelques images) en 2014, elle a également commencé à envisager d'introduire de la musique électronique dans ses arrangements ; ce fut une étape cruciale dans la redynamisation de son style dans son ensemble.

« J'adore Bob Dylan, mais je me réjouis peu de voir qu'il a conservé le même style pendant 70 ans », explique-t-elle. « Je préfère Joni Mitchell, qui changeait de style à chaque nouvel album. Elle m'a énormément influencée ».

Pour réaliser « 10 A.D. », elle a arrangé près de la moitié des chansons qu'elle avait écrites avec Edouard Torikian, professeur de théorie musicale à l'université de Kaslik, au Liban, qui l’avait captivée par ses arrangements choraux complexes en quart de ton. Les autres titres ont été conçus en collaboration avec « un autre groupe avec lequel j'avais travaillé auparavant, et qui était davantage influencé par la musique brésilienne ».

Elle était cependant consciente que, cette fois-ci, elle devait sortir de sa zone de confort. « Je souhaitais apprendre, réaliser quelque chose de différent, trouver une façon où le rock, la musique électronique et les arrangements classiques rejoignent ma voix et mes paroles arabes ».

Quand elle a consulté KKV, Erik Hillestad, le patron, l'a mise en contact avec Øyvind Kristiansen, pianiste, arrangeur et compositeur norvégien. « Øyvind a compris aussitôt ce que je cherchais. Il a compris que je cherchais un artiste qui puisse unifier toutes ces chansons avec un son spécifique », dit-elle.

Outre les ambiances sonores sombres d’ « Al Marwaha » (ou « Le ventilateur »), qui est un hommage évident à l'héritage musical orienté vers le rock de Tania Saleh, une chanson comme « Halitna Haleh » (« Nous sommes dans le pétrin ») atteste que Saleh a réussi à obtenir l'approche sonore cohérente qu'elle désirait depuis le départ. Ce morceau, soutenu par un piano et un quatuor à cordes classique, est finement orné par les rythmes et les sons électroniques de Øyvind Kristiansen.

Par ailleurs, le divorce est loin d'être le seul sujet traité par Saleh dans cet album. Elle explore également « notre dépendance collective au numérique, le besoin de renouer avec la nature, la surconsommation, la vanité et les contraintes de la société », ainsi que d'autres sujets importants.

Dans l'ensemble, « 10 A.D. » représente une véritable carte postale musicale d'une artiste chevronnée qui poursuit son évolution en se découvrant elle-même.

« Je souhaite apprendre et grandir. Je ne sais pas quand je lancerai mon prochain album et à quoi il ressemblera. Je ne sais même pas quand je me produirai la prochaine fois », confie-t-elle. « Difficile de prévoir des projets – je peux à peine planifier les heures qui viennent –. Cependant, la Covid-19 a révélé à beaucoup d'entre nous le peu de choses dont nous avons besoin pour survivre ».

« J'espère que nous avons tous envie, comme moi, d'aller de l'avant tout en tirant les leçons du passé ».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


La French touch pour un voyage de renouveau et de bien-être à Dubaï

Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
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  • La journée commence un petit déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique
  • Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique

DUBAÏ: Le Retreat Palm Dubai MGallery propose à ses clients un véritable voyage avec le programme intitulé «MGallery Memorable Moments», récemment dévoilé.

Le MGallery fait partie de la chaîne hôtelière française Sofitel Hotels, basée à Paris.

Conçu pour offrir une journée inoubliable de relaxation et de rajeunissement, le MGallery offre aux touristes et aux résidents des Émirats arabes unis une expérience inoubliable de bien-être, loin de l'agitation de la ville et de la vie quotidienne.

La journée commence un petit déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique. Qu'il s'agisse de s'immerger dans le royaume de la thérapie «color and sound», de s'adonner à des expériences sportives ou de prendre soin de son visage, la chaîne française offre une expérience qui répond à tous les goûts.

«Ces rituels servent de marqueurs profonds dans votre voyage. Ils revigorent le corps, l'esprit et l'âme», confie ainsi Samir Arora, directeur général de MGallery.

«Chaque moment de ce séjour exceptionnel est soigneusement conçu pour vous laisser un sentiment d'équilibre intérieur et de renouveau», ajoute-t-il.

Le Retreat Palm Dubai MGallery est un hôtel de luxe marqué par la French touch.

Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique et il offre à ses clients un espace serein où ils peuvent profiter d'un service personnalisé et d'expériences culinaires exquises.

Avec son mélange inimitable d'élégance contemporaine, le Retreat Palm Dubai MGallery offre une retraite inoubliable aux voyageurs exigeants qui sont à la recherche d'une expérience unique et enrichissante.

 


Soprano se lance dans le cinéma

Le rappeur français comorien Said M'Roumbaba, AKA. Soprano (Photo, AFP).
Le rappeur français comorien Said M'Roumbaba, AKA. Soprano (Photo, AFP).
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  • Le rappeur, très apprécié du jeune public et qui est l'une des personnalités préférées des Français
  • «Marius et les gardiens de la cité phocéenne» doit sortir en 2025

PARIS: Le rappeur marseillais Soprano se lance dans le cinéma et tiendra le rôle principal d'une comédie d'aventure familiale dont le tournage vient de débuter, ont annoncé mardi les producteurs.

"Marius et les gardiens de la cité phocéenne" doit sortir en 2025.

Le rappeur, très apprécié du jeune public et qui est l'une des personnalités préférées des Français, y joue le rôle d'un guide touristique autoproclamé "Roi de Marseille", "qui trimballe ses clients dans son bus panoramique".

Virage artistique 

"Le jour où son véhicule tombe en panne, mettant en péril son petit business, il fait la rencontre de trois gamins du quartier qui prétendent être sur la piste d'un trésor. Marius se retrouve alors engagé dans une dangereuse aventure", résume le synopsis.

De nombreuses personnalités populaires du rap se sont essayées au cinéma, certains étant devenus des habitués des plateaux comme Joeystarr ou plus récemment, alias Fianso.


L'Américain Paul Auster, auteur de la «Trilogie new-yorkaise», disparaît à l'âge de 77 ans

L'écrivain américain Paul Auster regarde à Lyon le 16 janvier 2018. Paul Auster, l'auteur américain prolifique dont les œuvres incluent « La trilogie new-yorkaise », est décédé des suites d'un cancer du poumon, a rapporté le New York Times le 30 avril 2024. (AFP)
L'écrivain américain Paul Auster regarde à Lyon le 16 janvier 2018. Paul Auster, l'auteur américain prolifique dont les œuvres incluent « La trilogie new-yorkaise », est décédé des suites d'un cancer du poumon, a rapporté le New York Times le 30 avril 2024. (AFP)
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  • Né en 1947 dans l'Etat du New Jersey, Paul Auster est devenu une icône littéraire de New York. Auteur d'une trentaine de livres, il a été traduit dans plus de 40 langues
  • Ecrivain vénéré en France qu'il considère comme son "deuxième pays", il reçoit le Prix Médicis étranger pour le "Léviathan" en 1993

NEW YORK: Paul Auster, auteur américain prolifique de romans, poèmes et films propulsé sur la scène littéraire internationale par sa "Trilogie new-yorkaise", est mort de complications d'un cancer du poumon à l'âge de 77 ans, a annoncé une amie de la famille.

L'écrivain est décédé à son domicile de Brooklyn, à New York (Etats-Unis), a indiqué Jacki Lyden dans un email à l'AFP, après avoir informé le New York Times.

"Paul s'est éteint ce soir, chez lui, entouré de ses proches", a écrit mardi Mme Lyden.

Son épouse, l'écrivaine Siri Hustvedt, avait annoncé l'an dernier qu'il souffrait d'un cancer. Fin août, dans un long post poignant sur Instagram, accompagné de photos du couple jeune, elle indiquait que Paul Auster n'était pas sorti d'affaire, après avoir annoncé six mois auparavant, sur le même réseau social, le cancer de son époux soigné à New York.

"Nous n'avons pas encore passé le panneau +Vous quittez le Cancerland+ qui marque la frontière du pays", avait-elle dit.

Comparant le sort de son mari à celui "d'enfants malades", elle avait estimé que "Paul (avait) de nombreuses années derrière lui, son enfance, sa jeunesse, l'âge adulte" et qu'"il (était) aujourd'hui âgé."