Elon Musk et Jeff Bezos, le combat de coqs dans l'espace

Les milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos (Photo, AFP).
Les milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 mai 2021

Elon Musk et Jeff Bezos, le combat de coqs dans l'espace

  • Loin de l'image onirique de l'espace, le duel entre les deux hommes donne lieu à des attaques fréquentes, parfois en-dessous de la ceinture
  • Les deux hommes, qui ont lancé leurs sociétés spatiales au début des années 2000, sont au coude à coude dans le classement des grandes fortunes

PARIS: La Terre semble trop étroite pour voir cohabiter les deux patrons multi-milliardaires Elon Musk et Jeff Bezos, qui se livrent une bataille sans merci pour devenir le prochain empereur de l'espace.

Loin de l'image onirique de l'espace, le duel entre les deux hommes donne lieu à des attaques fréquentes, parfois en-dessous de la ceinture.

Lundi soir, Elon Musk s'est fendu d'un tweet particulièrement suggestif et à connotation sexuelle au sujet du projet concurrent de Jeff Bezos de développer un engin d'alunissage pour la Nasa, un appel d'offre finalement remporté par SpaceX, la division spatiale du patron de Tesla.

« C'est davantage qu'une bataille pour l'espace », commente Dan Ives, analyste pour la société Wedbush. « C'est une bataille d'egos. »

Celle-ci « a pris une tournure encore plus personnelle » poursuit-il, depuis que les deux hommes, qui ont lancé leurs sociétés spatiales au début des années 2000, sont au coude à coude dans le classement des grandes fortunes.

Jeff Bezos, 57 ans et fondateur du groupe Blue Origin, est l'homme le plus riche au monde avec 202 milliards de dollars, tandis qu'Elon Musk, 49 ans, patron fantasque de Tesla et SpaceX, occupe la troisième place avec 167 milliards de dollars, selon Forbes.

Satellites

Si cette rivalité fait les choux gras de la presse depuis des années, elle se cristallise aujourd'hui sur deux grands projets, celui des constellations de satellites, qui visent à développer l'internet à haut débit et les objets connectés, et celui des vols habités dans l'espace, liés à des missions ou au tourisme.

Le développement de projets spatiaux se fait conjointement à de juteux contrats publics, proposés principalement par la Nasa et l'armée américaine, qui sous-traitent de manière croissante au privé, permettant à ces entreprises de disposer de budgets conséquents pour développer parallèlement des programmes à des fins commerciales.

A ce jeu, l'avantage est aujourd'hui nettement à Elon Musk.

SpaceX, pour son réseau Starlink, a envoyé avec son propre lanceur des centaines de satellites en orbite, tandis que Jeff Bezos, qui prévoit d'investir 10 milliards de dollars dans sa constellation Kuiper, n'a encore lancé aucun satellite après avoir pris du retard dans le développement de sa première fusée.

Musk a même pris l'ascendant psychologique sur Bezos sur son propre terrain, le cloud.

La division Azure de Microsoft, spécialiste de l'informatique à distance, s'est alliée fin 2020 à SpaceX dans un projet de 10 milliards de dollars, après un appel d'offre du Pentagone remporté par Azure aux dépens... d'Amazon.

SpaceX « a acquis un certain degré de confiance avec la Nasa », constate Xavier Pasco, directeur pour la Fondation pour la recherche stratégique.

La société spatiale d'Elon Musk assure ainsi le ravitaillement régulier de la Station spatiale internationale depuis 2012, et y achemine les astronautes de la Nasa et de ses partenaires, dont Thomas Pesquet ce mois-ci, depuis l'an dernier.

Tribunaux

« Le simple fait (que SpaceX) soit certifiée pour envoyer des astronautes est une étape très importante », dit Pasco.

« Blue Origin ne dispose d'aucun de ces signes de confiance car ils ne sont pas opérationnels », poursuit l'expert. De quoi rendre furieux Bezos, réduit à contester nombre de ces marchés publics en justice.

Car le patron d'Amazon a ce projet spatial chevillé au corps, c'est d'ailleurs l'une des trois priorités évoquées dans sa lettre aux employés d'Amazon en février, dans laquelle il avait annoncé renoncer à son poste de directeur général.

Il rêve de coloniser l'espace, sur le modèle du physicien Gerard O'Neill, mais moque le rêve fou d'Elon Musk de coloniser Mars.

« Je dis à mes amis qui veulent coloniser Mars, allez passer un an au sommet du mont Everest d'abord et dites-moi si vous vous y sentez bien, car c'est un paradis à côté », a-t-il lancé lors d'une conférence en 2019, sans citer Musk.

Au-delà de la bataille d'ego, il y a la bataille financière.

« Bezos et Musk savent que le vainqueur de la prochaine bataille spatiale sera couronné d'ici un à deux ans », souligne Dan Ives, pour qui la monétisation de ce marché commencera réellement dans 15 à 20 ans et pourrait représenter plusieurs milliers de milliards de dollars.


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.