L’Algérie met le cap sur l’exploitation de ses ressources minérales

Site d'extraction minière (Patrick Pleul/AFP)
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Publié le Dimanche 23 août 2020

L’Algérie met le cap sur l’exploitation de ses ressources minérales

  • L’Algérie met le cap sur l’exploitation des ressources minérales dont regorge son sous-sol
  • Pour développer une véritable industrie minière, l’Algérie doit rompre avec la logique rentière et les maux qui en découlent

Paris : Menacée par la baisse drastique de ses recettes pétrolières, l’Algérie met le cap sur l’exploitation des ressources minérales dont regorge son sous-sol. La décision de dédier un ministère plein et entier à l’activité minière, lors du remaniement partiel du 23 juin dernier, est en soi révélateur de l’importance accordée à ce secteur stratégique.

Connue pour être un pays pétrolier et gazier, l’Algérie recèle en réalité de nombreuses autres richesses, dont certaines sont laissées en jachère et d’autres sous-exploitées.

À l’issue du Conseil des ministres du 12 juillet dernier, le président Tebboune a enjoint le gouvernement d’entamer l’exploitation « optimale et transparente » de toutes les ressources minières du pays, en accordant la primeur à trois projets en particulier.

Il s’agit d’abord de la mine de fer de Gara Djebilet, située à proximité de Tindouf (Sud-Ouest), sur une superficie d’environ 130 km2. Considérée comme l’une des plus importantes en Afrique, ses réserves se montent à 3 milliards de tonnes.

En stand-by depuis de longues années en raison de la présence d’un taux élevé de phosphore – qui affectait sa rentabilité – le gisement de Gara Djebilet s’est aujourd’hui libéré de cette contrainte.

Qualité du produit fini

Confiée à un bureau d’études international, une expertise a permis de mettre au point des procédés adéquats de traitement et d’enrichissement des minerais. L’objectif étant de réduire la teneur du phosphore et d’élever celle du fer à des niveaux qui offrent une bonne qualité du produit fini.

Des concertations sont actuellement en cours avec deux partenaires différents, l’un russe et l’autre chinois, pour débuter la production au courant du premier trimestre 2021.

Parmi les priorités figure également le gisement de phosphate de Tébessa, dans l’est du pays, d’une capacité de 2,5 milliards de tonnes. Ce projet particulièrement ambitieux vise à intégrer l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’extraction à la production de produits phosphatés, en passant par toutes les phases de transformation.

Piloté par un consortium algéro-chinois mené conjointement par Sonatrach et Citic Construction, le projet a été interrompu à la suite du retrait inexpliqué de Wengfu, second membre du groupement chinois. Son lancement, prévu courant 2021, reste néanmoins conditionné par l’arrivée d’un nouvel associé de la trempe de Wengfu.

Joint-venture algéro-australienne

Le troisième projet concerne le gisement de zinc-plomb d’Oued Amizour, près de Béjaïa (220 kilomètres à l’est d’Alger). Une licence d’exploration a été accordée dès 2006 à une joint-venture algéro-australienne, Western Mediterranean Zinc Spa (WMZ), composée de l’australienne Terramin associée à deux entités algériennes : Enof (Entreprise nationale des produits miniers non-ferreux et des substances utiles Spa) et ORGM (Office national de recherche géologique et minière).

Alors qu’il devait entrer en production en 2013, le projet a été retardé à plusieurs reprises en raison de différends entre les deux parties, liés aux données techniques équivoques consignées dans l’étude de faisabilité australienne, et au manque de précisions sur l’impact environnemental.

Les retards cumulés ont occasionné un manque à gagner considérable au pays et ont lourdement pesé sur la trésorerie de Terramin, au point que cette dernière a eu des difficultés à assumer ses engagements financiers.

Le lancement de la production est finalement programmé pour le premier trimestre 2021, après vérification de l’étude réalisée sur les capacités de production qui, dit-on, dépasserait 1 million de tonnes par an, sur une durée de vingt ans.

Selon le communiqué de ce même Conseil des ministres, « Le président de la République a également demandé d’établir immédiatement la carte géologique de tous les gisements exploitables en terres rares, en tungstène, en phosphate, en barite et autres matériaux… »

Une cartographie actualisée des richesses minières est certes indispensable, néanmoins elle doit s’accompagner de la création de bases de données techniques sur les gisements existants et le potentiel futur qui serviront de base aux études prospectives.

Progrès scientifiques et technologiques

À ce titre, les informations techniques recueillies sur le terrain pendant une quinzaine d’années (1967-1982) par l’ex-Sonarem (Société nationale de recherche et d’exploitation minière) – dissoute en 1982 – pourraient faire gagner un temps précieux, pour peu qu’elles soient adaptées aux progrès scientifiques et technologiques accomplis depuis par l’industrie minière.

Bien que les potentialités du pays en ressources minérales soient avérées et variées, l’option la plus intéressante pour l’Algérie serait de commencer par l’exploitation des éléments dits « majeurs », répertoriés et réputés rentables : fer, acier, zinc, cuivre, marbre, silicium… dont elle possède plus ou moins l’expertise.

En revanche, elle doit aborder avec la plus grande prudence la question des métaux rares et leur sous-catégorie, les terres rares. Si ces matières ont une forte rentabilité car très recherchées pour leurs hautes performances – par l’industrie des nouvelles technologies et celle de l’armement –, les conditions de leur extraction font polémique.

En effet, les procédés utilisés pour leur traitement génèrent un taux élevé de pollution, avec des répercussions graves et durables sur l’environnement et la santé : rejets radioactifs, pollution des nappes phréatiques, déforestation, pollution des sols, de l’air et des écosystèmes.

L’exemple le plus édifiant est celui de la Chine – leader mondial dans ce domaine – qui fait face à un véritable désastre écologique, notamment à Baotou (Mongolie intérieure) où la radioactivité dépasserait largement celle de Tchernobyl.

Enfin, pour développer une véritable industrie minière, l’Algérie doit rompre avec la logique rentière et les maux qui en découlent. Par ailleurs, elle doit valoriser ses ressources à travers une politique de transformation industrielle intégrée, facteur de développement. Autrement dit, la vente de matières premières brutes serait l’exception, et la transformation, la règle.

L’État devra également trouver le juste équilibre entre son rôle de régulateur et celui d’acteur majeur du secteur, pour ouvrir le champ aux capitaux locaux et étrangers. La nouvelle loi sur les mines, en cours de préparation, devrait apporter les réponses attendues par les investisseurs.

 

 


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur son excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.