Festival du film d'Aubagne: vers une 22e édition hybride

Le programme Ostinato du Fifa 2021 met à l’honneur les compositeurs Amaury Chabauty pour Teddy, de Ludovic et Zoran Boukherma (3 juin), Florencia Di Concilio pour Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé (2 juin), Mathieu Lamboley pour La Fine Fleur, de Pierre Pinaud (2 juin), et Delphine Malausséna pour 5e Set, de Quentin Reynaud (4 juin). Photo fournie
Le programme Ostinato du Fifa 2021 met à l’honneur les compositeurs Amaury Chabauty pour Teddy, de Ludovic et Zoran Boukherma (3 juin), Florencia Di Concilio pour Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé (2 juin), Mathieu Lamboley pour La Fine Fleur, de Pierre Pinaud (2 juin), et Delphine Malausséna pour 5e Set, de Quentin Reynaud (4 juin). Photo fournie
Short Url
Publié le Vendredi 07 mai 2021

Festival du film d'Aubagne: vers une 22e édition hybride

  • Unique festival européen à consacrer l’intégralité de sa programmation à la relation réalisateur-compositeur, le Fifa réunit chaque année à Aubagne plus de 700 professionnels du monde entier
  • Les deux invités d’honneur de cette 22e édition Fifa seront l’artiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf, et le comédien franco-algérien Samir Guesmi

PARIS : Après une édition 100% en ligne en 2020, le 22e festival international du film d’Aubagne (Fifa), Music & Cinéma, programmé du 31 mai au 5 juin prochain, s’adaptera en fonction des mesures prises, à cette date, par le gouvernement français.

«Compte tenu de la situation sanitaire, le festival Music & Cinéma a pris la décision de travailler sur une forme hybride, fait savoir à Arab News en français, Gaëlle Rodeville, déléguée générale du festival. Entre le 31 et le 5 juin, nous sommes certains d’assurer les rencontres professionnelles, l’organisation des rencontres avec les invités et les master class prévus pour cette 22ᶱ édition. Nous organiserons également à huis clos les projections des films en compétition pour les membres du jury», ajoute-t-elle. 

La déléguée générale du festival nous explique que «si les salles de cinéma rouvrent, le festival proposera au public, dans le strict respect des consignes sanitaires, plus de 260 films, courts et longs métrages confondus», et assure, que, quelle que soit la situation, «une partie du programme du festival sera également proposée en ligne du 7 au 12 juin».

 

affiche

Interrogée sur l’importance du maintien de la vie culturelle en période de crise sanitaire, Gaëlle Rodeville, explique que «malgré les interdictions de rassemblements physiques, il est important de résister et de poursuivre nos actions pour faire vivre la culture coûte que coûte. Pour elle, «Il faut être présent, quelle que soit la forme, pour défendre les créateurs et renforcer l’idée que la culture est un acteur essentiel de cohésion sociale».

Avec la pandémie, les organisateurs des spectacles vivants et des festivals ont dû se réinventer. «Aujourd’hui, les protocoles sanitaires obligent les manifestations qui le peuvent à basculer en virtuel, cela représente un coût important», nous confie la déléguée générale du festival, «mais cela offre une solution, en attendant de pouvoir revivre la culture en vrai, car l’ADN de nos événements est la rencontre et le partage!».

Ibrahim Maalouf et Samir Guesmi, invités d’honneur

Invité d’honneur de cette 22e édition Fifa, l’artiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf, trompettiste, compositeur, compte à son actif des albums de jazz et de pop. L’artiste, qui a collaboré avec de nombreux artistes, comme Sting, Vanessa Paradis, Matthieu Chédid, Juliette Gréco, Vincent Delerm, Mark Turner, Salif Keita, Larry Grenadier ou Angel Parra, a aussi composé des musiques de films. On peut citer celle de Yves Saint Laurent (Jalil Lespert), Vers la lumière (Naomi Kawase), Dans les forêts de Sibérie (Safy Nebbou), pour laquelle il a obtenu le César de la meilleure musique de film. Plus récemment, l’artiste a composé les bandes originales de Celle que vous croyez, de Safy Nebbou, Belle équipe, de Mohamed Hamidi et Neuf jours à Raqqa, de Xavier Lauzanne.

ibrahim maalouf
Invité d’honneur de cette 22e édition Fifa, l’artiste franco-libanais, Ibrahim Maalouf, trompettiste, compositeur, compte à son actif des albums de jazz et de pop. Photo Yann Orhan

Interrogé par Arab News en français sur sa perception de l’association entre la musique et le cinéma, Ibrahim Maalouf explique: «J’ai toujours envisagé la musique avec de l’image et inversement. Parfois, la musique est un silence. Mais le silence, ça se voit mieux que ce que l’on croit. Mettre en musique la vie, l’histoire, et donner un sens émotionnel à cette perspective que le cinéma donne de nos vies, c’est créer, un peu, une sorte de lien d’empathie entre le visible et l’invisible. Je trouve cela passionnant. Être l’invité d’honneur d’un festival qui célèbre cette magie est un honneur», se réjouit-il.

 

De son côté, le comédien franco-algérien Samir Guesmi, qui a tourné dans plus d’une centaine de films dans le cinéma français, notamment chez Arnaud Desplechin, Sólveig Anspach, Alain Chabat, Agnès Jaoui, Nicole Garcia, Noémie Lvovsky, Bruno Podalydès, Valérie Donzelli, Claire Simon, ou encore Guillaume Canet, présentera Ibrahim, son premier long métrage comme réalisateur.

ibrahim
Samir Guesmi présentera Ibrahim, son premier long métrage comme réalisateur. Photo Anne-Francoise Brillot

 

Un festival européen unique

Unique festival européen à consacrer l’intégralité de sa programmation à la relation réalisateur-compositeur, le Fifa réunit chaque année à Aubagne plus de 700 professionnels du monde entier: compositeurs de musique pour l’image, réalisateurs, scénaristes ou comédiens.

Le Fifa, qui a rassemblé plus de 24 000 spectateurs en 2019, et de 40 000 e-spectateurs en 2020, proposera, comme à chaque édition, une programmation riche et variée, permettant l’organisation des échanges et des découvertes, ainsi que l’organisation de master class avec des professionnels de la musique et du cinéma.

La master class de composition musicale pour l’image, dirigée cette année par Florence Di Concillo, compositrice de musique classique, électronique, et de bandes originales de films, a permis à huit jeunes compositeurs de bénéficier de dix jours de formation intensive afin de créer des partitions originales de différents courts métrages qu’ils interpréteront en live le 5 juin, en clôture du 22e festival Musique & Cinéma. Selon les organisateurs, l’événement propose, lors de cette édition 2021, des compétitions avec 10 films longs et plus de 70 films courts, 70 séances de projections, et neuf concerts, ciné-concerts et DJ sets.

Composition harmonieuse

Le programme Ostinato du Fifa 2021 met à l’honneur les compositeurs Amaury Chabauty pour Teddy, de Ludovic et Zoran Boukherma (3 juin), Florencia Di Concilio pour Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé (2 juin), Mathieu Lamboley pour La Fine Fleur, de Pierre Pinaud (2 juin), et Delphine Malausséna pour 5e Set, de Quentin Reynaud (4 juin).

«Cela faisait longtemps que j'entendais parler d'Aubagne et de son festival, comme d'une référence, surtout en matière de musique de film, comme un passage obligé pour les compositeurs… Au-delà de la qualité du festival au niveau professionnel, c’est aussi une expérience humaine enrichissante», nous confie Florencia Di Concilio, prix de la meilleure musique originale pour le court métrage Bulle d'air, de Daouda Diakhaté en 2019. «J'y suis allé pour la première fois en 2019, comme membre du jury dans la compétition long-métrage de la 20ᶱ édition. Je suis très flattée d'être invitée cette année à présenter le long métrage d’animation Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, de Rémi Chayé, dont j'ai écrit la musique». Florencia Di Concilio ne manque pas de rappeler que le festival d’Aubagne est «le lieu idéal pour un jeune compositeur. Le milieu des musiques de film n'est pas si grand, on se connaît tous un peu mais, là, la dimension est plus humaine».

Enfin, le programme Accord en Duo, mettra à l’honneur des couples de compositeurs-réalisateurs, avec, cette année, deux duos: Rob et Rebecca Zlotowski, ainsi que Renaud et Éric Barbier. Ils évoqueront leurs collaborations sur deux décennies. Comme le reconnaît Gaëlle Rodeville: «Le Fifa rend sa place au compositeur, lui permet de travailler dès l’écriture d’un projet, et de créer une relation entre deux auteurs afin de créer une œuvre commune: le film.»


L’artiste saoudien embrasse le non conventionnel avec des œuvres anti-aesthétiques

Le travail d’Asrar Al-Qarni présenté à la galerie d’art Zawaya à Djeddah. (Instagram/ies0)
Le travail d’Asrar Al-Qarni présenté à la galerie d’art Zawaya à Djeddah. (Instagram/ies0)
Short Url
  • Cette approche non conventionnelle de l’art peut être considérée comme une rébellion romantique contre les contraintes de la société, ainsi que comme une célébration de l’individualité et de la liberté d’expression.
  • En mettant en évidence la discorde et la dissonance dans ses peintures, Al-Qarni, artiste autodidacte, crée une expérience unique et stimulante pour ceux qui rencontrent son travail.

RIYADH : Dans un monde obsédé par la beauté et la perfection esthétique, l’artiste saoudien Asrar Al-Qarni produit avec audace un art anti-aesthétique et troublant.

À travers son travail, la jeune femme de 33 ans défie les notions traditionnelles de beauté et conteste la conformité. Elle oblige les spectateurs à confronter des vérités inconfortables et à explorer des aspects plus sombres de la société.

Cette approche non conventionnelle de l’art peut être considérée comme une rébellion romantique contre les contraintes de la société, ainsi que comme une célébration de l’individualité et de la liberté d’expression.

Al-Qarni a déclaré à Arab News que l’art anti-aesthétique encourage les gens à regarder au-delà de la surface et à trouver la beauté dans l’inattendu et le non conventionnel. Il cherche à perturber le statu quo et à provoquer une réflexion et une discussion sur la nature même de l’art : « Au lieu d’être visuellement attrayant et réconfortant, l’anti-aesthétisme privilégie l’évocation d’émotions et d’expressions dérangeantes au sein de l’œuvre », a déclaré l’artiste.

Cela peut conduire à ce que les œuvres anti-aesthétiques soient étiquetées laides, choquantes ou anti-art par ceux qui préfèrent les œuvres plus esthétiques.

En mettant en évidence la discorde et la dissonance dans ses peintures, Al-Qarni, artiste autodidacte, crée une expérience unique et stimulante pour ceux qui rencontrent son travail. « L’intégration d’éléments de chaos, de laideur et d’inconfort oblige les spectateurs à confronter leurs idées préconçues sur ce que l’art devrait être », a-t-elle ajouté.

Al-Qarni s’est intéressé à l’art anti-aesthétique en raison de son expression humaine brute et de sa beauté cachée par des imperfections.

Elle utilise des couleurs audacieuses et des formes abstraites pour créer des pièces qui défient les idées préconçues des spectateurs et provoquent une forte réaction émotionnelle.

« J’utilise divers matériaux pour mon art, notamment des techniques mixtes, de la peinture à l’huile, de la peinture acrylique et de l’aquarelle. Mon choix de matériaux dépend de la technique ou de l’effet spécifique que je veux obtenir dans mon œuvre », a déclaré Al-Qarni.

En se libérant des contraintes de la beauté conventionnelle, l’artiste repousse les limites et inspire les autres à sortir des sentiers battus.

Al-Qarni a déclaré qu’elle cultivait son style grâce à une pratique dévouée. Enfant, elle a commencé à copier et à dessiner des dessins animés de ses émissions de télévision préférées. « En vieillissant, j’ai commencé à peindre des portraits réalistes, en essayant de capturer le monde qui m’entoure, mais j’ai vite réalisé que le réalisme ne me permettait pas d’exprimer mes émotions assez profondément », a-t-elle ajouté.

L’artiste saoudienne a finalement eu recours à une méthode plus libre, lui permettant de suivre son instinct et de laisser ses coups de pinceau la guider : « Lorsque je tiens le pinceau contre la toile, cela devient un moyen de calmer le bruit de la vie et de me connecter à mon moi intérieur, offrant une source de détente et de tranquillité. »

L’artiste entretient un espace polyvalent où elle peint, servant à la fois d’atelier et d’espace personnel confortable.

« C’est là que je dors, que je lis et que je passe le plus clair de mon temps. Me réveiller entouré du désordre créatif de mon art me procure un sentiment de passion et d’inspiration pour continuer mon parcours artistique chaque jour. »

Il y a dix ans, Al-Qarni a décidé de poursuivre l’art professionnellement, et elle n’a pas regardé en arrière depuis. Son travail a été présenté dans des galeries et des expositions à travers l’Arabie saoudite, ce qui lui a valu la reconnaissance et la reconnaissance de la critique et du public.

La première exposition d’Al-Qarni a eu lieu en 2016 à Djeddah avec Behance, le plus grand réseau mondial de présentation et de découverte du travail créatif.

« Face à l’auditoire, j’ai reçu à la fois des compliments et des critiques. « L’expérience a été utile et encourageante, m’inspirant à créer davantage et à améliorer mon art », a-t-elle déclaré.

Elle a participé à plusieurs expositions d’art, telles que le Misk Art Institute en 2019, qui offre une plate-forme aux créatifs pour influencer les discussions actuelles.

Al-Qarni a également présenté son travail à la Grey Art Gallery à Alkhobar, et à la Zawaya Art Gallery et à la Sensation Art Gallery à Djeddah.

L’artiste donne à chaque peinture un titre qui reflète l’émotion globale ou l’histoire derrière l’œuvre. Le titre peut être inspiré d’un roman, d’une chanson ou d’une expérience personnelle liée à la peinture.

« La façon dont quelqu’un perçoit et ressent une peinture peut varier selon la personne qui la regarde », a-t-elle ajouté. « Nous apportons tous nos propres pensées et expériences, ce qui ajoute à la richesse et au sens de toute œuvre d’artiste. »

Pour les artistes en herbe qui pourraient être intimidés de partager leurs œuvres et leurs émotions les plus intimes avec un public, Al-Qarni prêche que le monde a besoin d’art.

« Saisissez la possibilité de vous épanouir et de tisser des liens avec d’autres artistes grâce à vos commentaires et à vos expériences, et rappelez-vous que chaque artiste commence quelque part, et partager votre travail est une étape vers l’atteinte de vos objectifs. » 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Kesha porte les lunettes de la créatrice libanaise Karen Wazen

Kesha portait des lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. (Instagram/AFP)
Kesha portait des lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. (Instagram/AFP)
Short Url
  • Kesha a publié une petite vidéo sur sa célèbre chanson Your Love Is My Drug
  • Karen Wazen, la fondatrice de la marque basée à Dubaï, a partagé le clip de Kesha dans sa story avec ses 8,2 millions d’abonnés

DUBAÏ: La chanteuse et compositrice américaine Kesha portait, cette semaine, des lunettes de soleil noires signées Karen Wazen

Kesha portait les lunettes Blaze à monture œil-de-chat avec des verres plats. Les branches latérales sont particulièrement épaisses et ornées du logo doré de la marque. 

Kesha a publié une petite vidéo de synchronisation labiale (techniques destinées à faire en sorte que semblent synchronisés, d'une part, le mouvement des lèvres d'une personne, et d'autre part, les paroles qu'elle est censée prononcer) sur sa célèbre chanson Your Love Is My Drug, tout en passant un moment agréable à Coachella, le festival de musique annuel organisé en Californie. Elle a fait un tour en hélicoptère, vêtue d’un T-shirt gris chic et d’un jean noir. 

Karen Wazen, la fondatrice de la marque basée à Dubaï, a partagé le clip de Kesha dans sa story avec ses 8,2 millions d’abonnés. En hommage à Kesha, elle a même enregistré une vidéo de synchronisation labiale sur un autre couplet de la même chanson, portant des lunettes Blaze marron. 

Karen Wazen a créé sa première collection de lunettes en décembre 2018. La première série comprenant cinq styles différents était disponible en acétate et en acier inoxydable et dans une large gamme de couleurs. 

Moins d’un an après le lancement officiel de sa marque, ses créations ont été distribuées par le grand e-commerçant Farfetch, qui est devenu la première plate-forme en ligne à proposer sa collection de lunettes éponyme. 

Avec une gamme de nuances élégantes à son actif, la marque By Karen Wazen a suscité l’intérêt de célébrités internationales, dont la superstar Beyoncé, la chanteuse anglo-albanaise Dua Lipa, la star de télé-réalité Kourtney Kardashian et sa mère Kris Jenner, le mannequin français Cindy Bruna, la chanteuse Becky G, les actrices Lucy Hale, Emma Stone et Naomi Watts, ainsi que la jet-setteuse Paris Hilton, pour n’en nommer que quelques-unes. 

En février, la créatrice a élargi les horizons de sa marque en dévoilant sa première collection de bijoux. Elle a présenté des boucles d’oreilles et des bracelets en forme du signe de l’infini, disponibles en argent et en or. 

Karen Wazen fait partie des personnalités les plus influentes de la région. 

En plus de diriger son entreprise, cette mère de trois enfants a participé à de nombreux publireportages régionaux pour des marques prestigieuses, notamment Prada, Ralph Lauren, Louis Vuitton et Cartier. 

En 2020, l’influenceuse a également été désignée comme l’un des principaux soutiens du Haut-Commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR). 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Malak Mattar vise à sensibiliser Gaza avec l’exposition de Venise

Malak Mattar espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. (Fournie)
Malak Mattar espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. (Fournie)
Short Url
  • L’artiste palestinienne espère que son exposition à Venise, coïncidant avec la biennale, sensibilisera davantage aux horreurs perpétrées à Gaza
  • Elle est consciente que ses œuvres pourraient susciter la controverse. C’est généralement le cas à la Biennale, qui est réputée pour aborder les questions sociopolitiques et dont le thème cette année est « Les étrangers partout ». 

DUBAÏ : Dans le monde de l’art cette semaine, tous les regards seront tournés vers Venise. La ville italienne inaugurera la 60e édition de sa biennale éponyme, sans doute l’événement artistique le plus prestigieux au monde, le 20 avril. Parallèlement à la biennale, une exposition intime du peintre palestinien Malak Mattar sera inaugurée, qui espère faire la lumière sur les atrocités qui se déroulent dans sa ville natale de Gaza sur la scène internationale. 

Les parents de Mattar et deux frères et sœurs plus jeunes ont récemment été évacués en toute sécurité de Gaza vers l’Égypte. « Un fardeau a été levé, mais j’y ai encore des membres de ma famille », explique-t-elle à Arab News depuis Alexandrie, où elle a été réunie avec sa famille. « Les six derniers mois ont été un cauchemar, pour être honnête. La situation dure depuis si longtemps parce que les gens sont devenus engourdis et désensibilisés. » 

Ce ne sera pas la première fois que Mattar, 24 ans, expose son travail en Italie, mais son exposition à la galerie Ferruzzi de Venise lors de l’ouverture de la biennale est une étape importante de sa carrière, qui va de force en force.  
 

"Prématurément volé",  “Prematurely Stolen,” 2023. (Anthony Dawton)
“Prematurely Stolen,” 2023. (Anthony Dawton)

« C’est peut-être l’exposition la plus importante que j’aie jamais faite de ma vie », dit-elle. Tout a commencé par une rencontre fortuite lors de sa précédente exposition à Londres. 

Dyala Nusseibeh, directrice d’Abu Dhabi Art et figure éminente de la scène artistique régionale, était présente et a ensuite proposé au jeune artiste de monter une exposition à Venise. « Je lui ai dit : « Bien sûr, faisons-le. » J’étais si heureuse », se souvient-elle. « Je suis reconnaissante à Dyala d’avoir rendu cela possible en peu de temps. » 

Son exposition, qui se déroule jusqu’au 14 juin, s’intitule « The Horse Fell off the Poem ». Il présente une peinture à grande échelle et sept dessins au fusain plus petits, montrant des images poignantes de victimes. Le titre de l’émission est basé sur l’une des œuvres du poète et écrivain de résistance palestinien Mahmoud Darwish.

"Route de la mort", "Death Road"
  "Route de la mort " "Death Road"2023. (Anthony Dawton)

« (Darwish) fait partie de notre identité individuelle et collective, dit Mattar. Nous avons grandi avec ses poèmes, sa voix et son histoire. Il était si proche de nous, comme un membre de la famille. Je me souviens encore de son décès (en 2008) et c’était vraiment difficile. Ses poèmes sont intemporels et vous pouvez toujours vous y identifier, surtout maintenant. » 

Auparavant appelée « Last Breath », la peinture à grande échelle a été rebaptisée « No Words ». L’image en noir et blanc représente des scènes infernales et troublantes de perte, de chaos, de détérioration et de mort. Mattar ne se retient pas.  

« Le cheval a un symbolisme et une place dans l’époque actuelle de la guerre », a déclaré Mattar à Arab News. « Son rôle n’est plus de transporter des fruits et des légumes, mais d’être une ambulance. Il y a une force et une dureté pour un cheval, et c’est ainsi que je vois Gaza; je ne vois pas cela comme un point faible. Dans ma mémoire, je pense que c’est un endroit qui aime la vie. Il se remet toujours sur pied après chaque guerre. » 

« Je vois des oiseaux » ,"I see birds" 2024  (Anthony Dawton)
 « Je vois des oiseaux », " I see birds" 2024  (Anthony Dawton)

Elle est consciente que ses œuvres pourraient susciter la controverse. C’est généralement le cas à la Biennale, qui est réputée pour aborder les questions sociopolitiques et dont le thème cette année est « Les étrangers partout ». 

« Toute réaction est bonne, qu’elle soit négative ou positive, dit M. Mattar. Si le travail ne suscite aucune réaction, alors le travail n’est pas efficace. » 

Mattar pense que ses œuvres sont exposées à un moment où la liberté d’expression sur la Palestine est limitée, ce qui a également affecté le monde de l’art. Au cours des derniers mois, une exposition universitaire américaine d’œuvres de l’artiste palestinienne vétéran Samia Halaby a été annulée, la maison de vente aux enchères Christie’s a retiré quelques peintures du peintre libanais Ayman Baalbaki d’une vente (l’une d’elles représentait un homme dans un keffiyeh rouge et blanc), et il y a eu des appels du grand public pour annuler le pavillon national israélien à la Biennale de Venise. 

« Le monde de l’art est si noir et blanc, dit Mattar. Il n’y a pas de liberté d’expression. Il y a toujours des contraintes. Il est donc important que « No Words » soit présenté (au même endroit et en même temps) à la Biennale. Le génocide se poursuit. Ce n’est pas fini. (Ces œuvres) ne sont pas le reflet d’une époque qui s’est déjà produite - cela se passe en ce moment. Le meilleur moment pour le leur montrer est maintenant. »