Le sentiment antiarabe «s’aggrave» aux USA à l'approche du 20e anniversaire du 11 septembre

Bien que le discours antiarabe dans les cercles politiques se soit apaisé depuis l'élection du président, Joe Biden, en novembre de l'année dernière,  la discrimination et le sectarisme se poursuivent sous d’autres formes. (Photo fournie)
Bien que le discours antiarabe dans les cercles politiques se soit apaisé depuis l'élection du président, Joe Biden, en novembre de l'année dernière, la discrimination et le sectarisme se poursuivent sous d’autres formes. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Le sentiment antiarabe «s’aggrave» aux USA à l'approche du 20e anniversaire du 11 septembre

  • Des experts expliquent à l'animateur de radio Ray Hanania que le discours haineux a commencé au lendemain des attaques terroristes et a conduit à l’ascension politique de Donald Trump
  • Des responsables du Comité arabe américain de lutte contre la discrimination affirment que le discours politique s'est amélioré sous la présidence de Joe Biden, mais que les problèmes sous-jacents demeurent inchangés

DETROIT: La discrimination aux États-Unis contre les Américains d'origine arabe «s'aggrave», affirment les experts, alors que le pays se prépare à célébrer le 20e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre. 

Samer Khalaf, président du Comité arabe américain de lutte contre la discrimination (ADC), et Abed Ayoub, le conseiller juridique de l’organisation, déclarent que si la rhétorique politique antiarabe s’est calmée après l’élection présidentielle de l’année dernière, le racisme sous-jacent est toujours là. 

L'ADC a été fondé en 1980 par l'ancien membre du Congrès Abdeen Jabara et des dirigeants arabes américains de Chicago, Washington et d'autres régions du pays. Le Comité a été à la pointe des efforts pour défendre les droits des Arabes américains, notamment ceux qui ont été victimes des attentats du 11 septembre 2001, qui ont déclenché une vague violente de racisme antiarabe. 

Au cours d'une discussion dans «The Ray Hanania Show», une émission de radio diffusée à Detroit et à Washington DC, Abed Ayoub déclare à propos de la vague de racisme: «Cela s’aggrave. Je pense que beaucoup de gens considèrent les quatre dernières années de l'administration Trump comme une nouvelle forme de haine, de sectarisme et de discrimination dans le pays.» 

«Mais l'ère de la politique qu'il a inaugurée, ou qu'il a dévoilée, a commencé avec le 11 septembre. On a commencé à voir une augmentation des discours de haine, notamment chez nos politiciens.» 

«J’ai tendance à considérer la “mosquée Ground Zero” à New York comme l’événement catalyseur qui a vraiment provoqué une grande partie de l’islamophobie et du sentiment antiarabe que nous constatons aujourd’hui.» 

La «mosquée Ground Zero» a été au centre d'une controverse en 2010 après que des plans d'un centre culturel et communautaire islamique et d'un espace de prière au 51 Park Place à Manhattan, à deux pâtés de maisons du site du World Trade Center, ont été rendus publics. Le projet est devenu la cible des anti-Arabes et antimusulmans en Amérique. 

«Une grande partie de la xénophobie a commencé ainsi», déclare Abed Ayoub. «Cela a donné une assise à de nombreux groupes haineux et a finalement conduit à l'élection de Donald Trump, ce qui aujourd’hui nous amène au sectarisme public, à une haine ouverte contre les Arabes, contre les musulmans, contre les Sud-Asiatiques dans notre politique et parmi nos élus.» 

Bien que le discours antiarabe dans les cercles politiques se soit apaisé depuis l'élection du président, Joe Biden, en novembre de l'année dernière, Samer Khalaf précise que la discrimination et le sectarisme se poursuivent sous d’autres formes parce que le gouvernement n'a pas réussi à répondre pleinement aux besoins des Arabes américains. 

«Nous avons été davantage inclus», signale-t-il. «Cela peut-il aller plus loin? L'administration pourrait-elle nous inclure encore plus? Absolument. Pour l’essentiel, le président des États-Unis n’a pas vraiment reconnu notre communauté.» 

«Joe Biden l'a fait dans de petites déclarations, par petites touches. Mais à quand remonte la dernière fois qu'un président américain s'est adressé directement à notre communauté, soit par vidéo, soit lors de l'une de nos réunions? Cela n'arrive tout simplement pas.» 

Samer Khalaf souligne que les Arabes américains doivent eux-mêmes en assumer une part de responsabilité car en tant que communauté, ils ne participent pas aussi activement que les autres communautés de couleur aux élections ou au gouvernement local. 

«Nous devons également faire un meilleur travail pour nous rendre plus indispensables, plus cruciaux pour leurs élections», explique-t-il. «C’est ce que nous devons faire, à notre niveau. Ce qu'ils doivent faire de leur côté, c'est un peu moins de poudre aux yeux, à savoir ne penser à nous que durant l'Aïd ou d’autres fêtes ou même lors d'événements tragiques.» 

«Avoir un dialogue plus ouvert avec notre communauté est, je pense, l'autre problème que nous devons aborder. Nous avons parcouru un long chemin, mais il reste encore à faire.» 

Abed Ayoub, qui porte souvent plainte au nom de l'ADC pour les victimes arabo-américaines de discrimination et de racisme, rapporte qu'il existe différentes formes de discrimination. 

«Il y a deux types de discrimination», souligne-t-il. «Le discours et la discrimination publique, et cela s'est calmé depuis le départ de l'administration précédente, du moins en ce qui concerne le discours, mais nous voyons encore une partie du public s'y engager.» Il ajoute que Donald Trump a alimenté l'intensité du racisme à l’égard des Arabes. 

«Vous avez ensuite les problèmes de discrimination structurelle et les programmes que nous devons démanteler, un grand nombre de programmes qui ciblent la communauté», déclare-t-il. «Et c'est un combat plus long. Peu importe qui se trouve au pouvoir, nous devons faire pression sur ce point.» 

Les Arabes continuent d'être exclus, par exemple, du recensement américain, des programmes réservés aux minorités et d'autres programmes fédéraux qui peuvent aider à renforcer les communautés minoritaires, déclare Abed Ayoub. Bien que M. Biden ait évoqué les droits des Arabes américains, son administration n'a toujours pas décidé s'il fallait leur accorder le «statut de minorité» et tous les avantages qui en découlent, notamment des centaines de millions de dollars de soutien du gouvernement fédéral. 

«Nous subissons tous les inconvénients liés au fait d’être une minorité – nous sommes victimes de discrimination, de haine – mais nous ne recevons pas l'aide dont bénéficient certaines autres communautés minoritaires», déclare Samer Khalaf. 

Abed Ayoub souligne qu'un autre problème est que toutes les victimes de discrimination ne le signalent pas. «C'est une lutte constante afin que tous les crimes haineux soient signalés», ajoute-t-il. 

Samer Khalaf approuve, ajoutant devoir se battre pour que les cas soient signalés. 

«The Ray Hanania Show» est diffusé à Detroit sur la radio WNZK AM 690 et à Washington DC sur la radio WDMV AM 700 le mercredi matin à 8 heures. Hébergée par l’US Arab Radio Network et sponsorisée par Arab News, le principal journal de langue anglaise au Moyen-Orient, l'émission est également diffusée en direct sur Facebook.com/ArabNews et le podcast est disponible sur ArabNews.com/RayRadioShow. 


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.