Royaume-Uni: victoire « historique » des conservateurs de Boris Johnson dans un bastion travailliste

Le Premier ministre britannique Boris Johnson et sa partenaire Carrie Symonds arrivent à Methodist Hall dans le centre de Londres pour voter aux élections locales / AFP
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et sa partenaire Carrie Symonds arrivent à Methodist Hall dans le centre de Londres pour voter aux élections locales / AFP
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Royaume-Uni: victoire « historique » des conservateurs de Boris Johnson dans un bastion travailliste

  • Le Parti conservateur a réussi à faire élire une députée à Hartlepool, pour la première fois en plus de cinquante ans dans ce bastion travailliste et pro-Brexit
  • Cette élection partielle était organisée dans le cadre d'un scrutin local et régional en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, le plus important en près de cinquante ans, reporté d'un an en raison de la pandémie.

LONDRES : Les conservateurs de Boris Johnson ont salué vendredi une victoire "historique" après avoir ravi un bastion travailliste dans le Nord-Est de l'Angleterre, à l'issue d'élections locales à la valeur de test pour le pouvoir et l'unité du Royaume-Uni.

Le Parti conservateur a réussi à faire élire une députée à Hartlepool, pour la première fois en plus de cinquante ans dans ce bastion travailliste et pro-Brexit, infligeant un véritable camouflet au Labour et à son chef, Keir Starmer. 

Cette victoire renforce les tories après leur prise, lors des législatives de 2019, du "mur rouge" travailliste, ces régions du Nord de l'Angleterre affectées par la désindustrialisation et favorables au Brexit.

Jill Mortimer qui succédera à l'élu sortant, démissionnaire en raison d'accusations de harcèlement sexuel, a recueilli plus de 15.000 voix, doublant presque le score de son adversaire travailliste et europhile. 

Avant même les résultats officiels, un ballon géant représentant le Premier ministre Boris Johnson, bras et pouces levés en signe de victoire, avait été érigé devant le bureau de dépouillement. 

Johnson « populaire »

Le dirigeant a passé sans encombre son premier test électoral depuis le raz-de-marée conservateur engrangé aux législatives et l'entrée en vigueur du Brexit. 

"Ne l'oublions pas: Johnson a réalisé le Brexit, le Premier ministre est populaire parmi les électeurs ayant voté +leave+, le gouvernement tory a dépensé des sommes astronomiques durant la pandémie et a chapeauté une campagne de vaccination très réussie" contre le coronavirus, "et l'économie rebondit", a analysé sur Twitter  Jane Green, professeur de sciences politiques à l'université d'Oxford.

Des éléments qui pèsent plus lourd que le très mauvais bilan de la pandémie (plus de 127.000 morts) et les récents scandales ayant mis en exergue les liens très proches entre pouvoir et intérêts privés. 

Pour le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, c'est une humiliation et de mauvais augure pour son objectif de reconstruire le Labour avant les prochaines élections générales de 2024. Avec une ligne plus centriste que son prédécesseur Jeremy Corbyn, il avait promis de remettre le parti sur les rails en prenant la tête de la formation quelques mois après sa débâcle aux législatives.  

"C'est l'illustration la plus spectaculaire que le parti a jusqu'ici échoué à se rapprocher des électeurs des classes ouvrières ayant voté +leave+", a estimé John Curtice, un spécialiste des élections britanniques, sur la BBC.  

Les appels au changement ont rapidement fusé chez les travaillistes. "Keir Starmer doit réfléchir à deux fois à sa stratégie", a tweeté la députée Diane Abbott.

"Nous reculons dans des zones où nous devons gagner. La tête du Labour doit urgemment changer de direction", a abondé son collègue Richard Burgon. 

Indépendance écossaise

Cette élection partielle était organisée dans le cadre d'un scrutin local et régional en Angleterre, en Ecosse et au Pays de Galles, le plus important en près de cinquante ans, reporté d'un an en raison de la pandémie. 

En Ecosse, où le Parlement régional est renouvelé, c'est l'avenir du Royaume-Uni qui se joue, les indépendantistes du Parti national écossais au pouvoir (SNP), formation de la Première ministre Nicola Sturgeon, espérant une large victoire pour ouvrir la voie à un nouveau référendum d'autodétermination. Les premiers résultats sont attendus samedi soir.  

Boris Johnson s'y oppose fermement, estimant que la consultation de 2014 s'étant prononcée à 55% pour le maintien au sein du Royaume-Uni ne pouvait se produire "qu'une fois par génération". 

Les partisans d'un nouveau référendum soulignent que le Brexit, auquel les Ecossais étaient opposés à 62%, a changé la donne. 

Après des mois de sondages promettant une envolée du SNP et une majorité en faveur de l'indépendance, le SNP pourrait toutefois déchanter, des enquêtes plus récentes lui prédisant une victoire moins éclatante qu'espéré. 

"Ca se joue vraiment sur le fil du rasoir", a reconnu jeudi Nicola Sturgeon.

En tout, 48 millions d'électeurs étaient appelés à renouveler quelque 5.000 sièges dans 143 assemblées locales en Angleterre, les Parlements gallois et écossais ainsi que 13 maires, notamment dans la capitale Londres.

A Londres, le travailliste Sadiq Khan, devenu en 2016 le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale, est donné favori pour un deuxième mandat face à son principal adversaire, le conservateur Shaun Bailey.  


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.