Le Texas veut effacer à jamais ses toponymes racistes

Le «Negrohead Lake» fait partie des stigmates d'un passé sombre que cet Etat du sud des Etats-Unis aimerait laisser derrière lui (Photo, AFP).
Le «Negrohead Lake» fait partie des stigmates d'un passé sombre que cet Etat du sud des Etats-Unis aimerait laisser derrière lui (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 08 mai 2021

Le Texas veut effacer à jamais ses toponymes racistes

  • Après plusieurs décennies de batailles, une quinzaine de lieux du Texas pourraient bientôt être débarrassés de leurs noms à connotation raciste
  • Le Texas, qui s'est battu pour le maintien de l'esclavage lors de la guerre de Sécession, vante aujourd'hui son multiculturalisme

HOUSTON: Lacs, ruisseaux, sommets ou vallées... Après plusieurs décennies de batailles, une quinzaine de lieux du Texas pourraient bientôt être débarrassés de leurs noms à connotation raciste. Un changement réclamé par les autorités locales et qu'un organisme fédéral devrait entériner le 10 juin.

Le « Negrohead Lake » ou la « Negro Creek » font partie des stigmates d'un passé sombre que cet Etat du sud des Etats-Unis aimerait laisser derrière lui.

Le Texas, qui s'est battu pour le maintien de l'esclavage lors de la guerre de Sécession, vante aujourd'hui son multiculturalisme. Il a d'ailleurs, dès 1991, fait adopter une loi pour effacer ses toponymes racistes.

La mort de George Floyd sous le genou d'un policier blanc, le 25 mai 2020, a donné un nouvel élan national aux initiatives visant à dénoncer les symboles du passé raciste de l'Amérique, désignations géographiques, statues de généraux confédérés ou de propriétaires d'esclaves.

Le 10 juin prochain, un organisme fédéral créé il y a plus de 130 ans, le Bureau des noms géographiques (BGN), devrait entériner le remplacement de seize appellations texanes.

« C'est un immense soulagement. Tardif, mais mieux vaut tard que jamais », a confié Rodney Ellis, un haut responsable noir du comté de Harris, où se trouve Houston, la plus grande ville de cet Etat du sud des Etats-Unis.

C'est lui qui, en 1991, alors sénateur du Texas, avait mené le combat législatif visant à renommer ces lieux.

250 à 300 propositions

Une quinzaine de membres du Comité des noms nationaux du BGN statueront en juin sur quelques-unes des 250 à 300 propositions visant à nommer ou renommer des lieux géographiques à travers les Etats-Unis.

Il s'agit la plupart du temps de demandes anodines, comme la confirmation de noms déjà utilisés par les habitants, mais l'organisme « constate clairement un intérêt croissant pour le remplacement des noms considérés comme offensants », explique Jennifer Runyon, géographe qui y travaille.

Le Bureau des noms géographiques devra ainsi décider si le mot "squaw", terme péjoratif désignant une femme amérindienne, pourra toujours désigner deux sommets et une vallée de l'Etat de l'Oregon ainsi qu'un cours d'eau et un lac du Wisconsin. En février, il avait accepté que le sommet Squaw Tits (« seins d'Indienne »), dans le sud de l'Arizona, soit rebaptisé Isanaklesh Peaks, du nom d'une divinité apache.

Pour que les changements de noms soient entérinés au niveau fédéral, ils doivent faire l'objet d'un vote favorable du Bureau.

Dans les années 1990, à la suite de la loi portée par Ellis, le BGN a attendu quatre ans avant de mettre les propositions texanes à l'ordre du jour... pour finalement les recaler.

Malgré cette loi de 1991, le Bureau des noms géographiques avait alors estimé que « les autorités locales n'avaient pas été suffisamment consultées et qu'il manquait des éléments biographiques » sur les personnes dont le nom devait remplacer les appellations racistes, détaille Jennifer Runyon.

Les dossiers doivent en effet démontrer qu'il existe un lien entre les lieux et les personnes qui leur prêtent leur nouveau nom.

A la suite de ce refus, « le Bureau des noms géographiques espérait qu'il y ait un suivi, que davantage de détails et de preuves de consultations locales soient fournis », plaide Jennifer Runyon. « Mais plus rien ne nous a été envoyé. »

« Je pensais qu'adopter une loi suffirait », justifie aujourd'hui Rodney Ellis.

Lac Henry Doyle

Depuis trente ans, les toponymes utilisés par l'Etat du Texas diffèrent donc des noms officiels. Les débats nationaux contre le racisme de ces derniers mois ont permis au dossier d'être à nouveau transmis au Bureau.

Comme l'exigent les règles fédérales, un délai de 60 jours court actuellement afin que les 574 tribus amérindiennes du pays puissent faire part de leurs remarques avant le vote de juin.

Avec 30 ans d'usage local officiel et une volonté croissante des Américains d'écarter de tels noms, le regard du BGN devrait être plus conciliant. D'autant que, depuis mars, son ministre de tutelle est l'Amérindienne Deb Haaland, à l'origine -- avant sa nomination au gouvernement -- d'une proposition de loi visant à ce que cet organisme revoie les noms offensant des propriétés fédérales.

« Nous devrions utiliser les lieux publics pour honorer les personnes qui nous ont inspirés », ajoute Rodney Ellis.

Le lac « Negrohead » (« tête de nègre ») de Baytown, près de Houston, devrait ainsi être officiellement rebaptisé lac Henry Doyle, du nom du premier étudiant afro-américain en droit à avoir intégré une université publique au Texas.

Mais pour Ellis, ces évolutions au Texas ne sont qu'un début, devant être exporté dans le reste des Etats-Unis : « Les noms à caractère raciste et offensant sont partout, et j'espère que des changements interviendront dans tout le pays. »


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.