Multilatéralisme: la Russie et les Etats-Unis s'opposent deux visions différentes

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. (AFP)
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. (AFP)
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Publié le Samedi 08 mai 2021

Multilatéralisme: la Russie et les Etats-Unis s'opposent deux visions différentes

  • Développer le multilatéralisme est un «travail à faire sur une base collégiale», a souligné le ministre russe
  • «C'est dans ce contexte que l'administration américaine souhaite organiser un 'Sommet des démocraties'. Mais cela risque de rendre les relations internationales encore plus tendues et de faire apparaître des lignes de fracture dans le monde»

NATIONS-UNIES : Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé vendredi les approches américaine et européenne sur le multilatéralisme qui risquent, selon lui, de créer de nouvelles "fractures", les Etats-Unis appelant de leur côté à combattre ceux qui "minent l'ordre international" en "violant" ses règles.

Développer le multilatéralisme est un "travail à faire sur une base collégiale", a souligné le ministre russe lors d'une visioconférence du Conseil de sécurité à un niveau ministériel, organisée par son homologue chinois Wang Yi.

Mais "ces derniers temps, nous sommes témoins de tentatives de mise en place d'un ordre international (...) pour imposer à tous de nouvelles règles élaborées dans des instances non inclusives", a-t-il critiqué.

"C'est dans ce contexte que l'administration américaine souhaite organiser un 'Sommet des démocraties'. Mais cela risque de rendre les relations internationales encore plus tendues et de faire apparaître des lignes de fracture dans le monde alors que nous avons besoin d'un objectif uni et commun", a lancé Sergueï Lavrov.

"Bien entendu, ce sont les Etats-Unis qui vont établir la liste des pays invités à ce sommet", a ironisé le ministre russe.

Washington n'a encore donné aucune date ni précisions sur le format de cette idée du président américain Joe Biden.

Sans citer nommément la Russie ou la Chine, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait assuré au préalable que Washington continuerait à s'opposer "avec force aux pays qui sapent l'ordre international" en prétendant que "les règles adoptées par tous n'existent pas" ou "en les violant allègrement".

"Chèque en blanc" 

"Certains estiment que des gouvernements peuvent faire ce qu'ils veulent dans leur pays et que les droits humains sont des valeurs subjectives variant d'une société à une autre", a noté le responsable américain. Mais "l'affirmation d'une juridiction nationale ne donne de chèque en blanc à aucun Etat pour asservir, torturer, faire disparaître, nettoyer ethniquement son peuple ou violer ses droits humains", a-t-il précisé, allusion implicite à la répression visant les Ouïghours en Chine.

Antony Blinken s'en est aussi pris aux nations qui s'affranchissent de l'"égalité souveraine" des Etats reconnue par la Charte de l'ONU, en entendant "redessiner les frontières d'un autre" pays, une mention qui semblait viser la Russie et la prise de la Crimée à l'Ukraine.

"La création d'une Alliance pour le multilatéralisme à l'initiative de l'Allemagne et de la France pourrait sembler naturelle. Mais Berlin et Paris ont d'autres idées, souhaitent publier des documents pour que l'Union européenne soit la pierre angulaire du système multilatéral", a aussi dénoncé Sergueï Lavrov. "C'est une façon d'imposer son exclusivité au mépris de l'égalité entre les Etats", s'est-il insurgé.

Les créations de "partenariats étroits sur des questions qui sont déjà débattues au sein des Nations unies ou d'organismes spécialisés", comme l'appel au respect du droit humanitaire signé par 43 Etats ou l'appel à l'appui de la liberté d'expression bénéficiant d'une trentaine de signataires, "sont les preuves d'une certaine unipolarité en Occident", a-t-il estimé.

"On ne voit pas le monde multilatéral comme une façon de travailler ensemble pour prendre des décisions collectives, on le voit plutôt comme une façon d'imposer ses règles aux autres", a insisté le ministre russe, gratifié à la fin de son discours d'un éloge appuyé de Wang Yi.

La Chine considère que "diviser le monde en camps idéologiques va à l'encontre du multilatéralisme", avait souligné auparavant le ministre chinois. Sans citer les Etats-Unis, il a estimé que les membres de l'ONU devaient "rechercher l'égalité et la justice, pas l'hégémonie".

"Nous devons mettre l'accent sur l'action et non pas sur les discours", a ajouté le ministre chinois, en demandant que "le système de gouvernance mondiale soit plus juste et plus équitable".

Concernant l'engagement de la Chine, il s'est félicité que son pays, déjà deuxième contributeur financier à l'ONU après Washington, soit devenu le premier contributeur de Casques bleus (2.464 sur près de 100 000 déployés dans le monde) parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.