Ecosse : victorieux, les indépendantistes exigent un référendum sur l'indépendance

"Le peuple d'Ecosse a voté pour donner aux partis pro-indépendance une majorité au Parlement écossais", s'est félicitée Nicola Sturgeon devant ses partisans.(AFP)
"Le peuple d'Ecosse a voté pour donner aux partis pro-indépendance une majorité au Parlement écossais", s'est félicitée Nicola Sturgeon devant ses partisans.(AFP)
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Publié le Samedi 08 mai 2021

Ecosse : victorieux, les indépendantistes exigent un référendum sur l'indépendance

  • Le scrutin pour le Parlement d'Holyrood, à Edimbourg, constituait un enjeu majeur du «Super jeudi» d'élections locales britanniques, avec des implications majeures pour l'unité du Royaume-Uni, mise à mal par le Brexit
  • Ratant d'un siège seulement la majorité absolue, le Parti national écossais (SNP) de la populaire Nicola Sturgeon a obtenu 64 sièges sur les 129 du parlement écossais, manquant d'un siège seulement la majorité absolue

EDIMBURG : Forte de la victoire de son parti aux élections locales, la Première ministre indépendantiste écossaise Nicola Sturgeon a enjoint samedi Boris Johnson de ne pas s'opposer à la "volonté" du peuple écossais en faveur d'un référendum d'autodétermination.

Le scrutin pour le Parlement d'Holyrood, à Edimbourg, constituait un enjeu majeur du "Super jeudi" d'élections locales britanniques, avec des implications majeures pour l'unité du Royaume-Uni, mise à mal par le Brexit.

Ratant d'un siège seulement la majorité absolue, le Parti national écossais (SNP) de la populaire Nicola Sturgeon a obtenu 64 sièges sur les 129 du parlement écossais, manquant d'un siège seulement la majorité absolue, selon les résultats définitifs annoncés samedi.

Il remporte ainsi un quatrième mandat à la tête de la nation britannique et peut se targuer, face au refus de Londres d'accepter un nouveau référendum, de la majorité absolue obtenue par le camp indépendantiste : les Verts, également en faveur d'une séparation du Royaume-Uni, remportent huit sièges.

Les conservateurs écossais arrivent en deuxième position avec 31 députés.

"Le peuple d'Ecosse a voté pour donner aux partis pro-indépendance une majorité au Parlement écossais", s'est félicitée Nicola Sturgeon devant ses partisans.

Elle a assuré qu'il n'y avait "tout simplement aucune justification démocratique pour Boris Johnson, ou pour quiconque, à chercher à bloquer le droit du peuple écossais de choisir son propre avenir".

"C'est la volonté de ce pays", a-t-elle martelé, avertissant que toute tentative des conservateurs de bloquer l'organisation d'un nouveau vote les placerait "en opposition directe avec la volonté du peuple écossais et démontrerait que le Royaume-Uni n'est pas un partenariat entre égaux".

Opposition au Brexit 

Boris Johnson, qui a le dernier mot pour autoriser ou non ce référendum, s'y oppose fermement, estimant qu'une telle consultation ne peut se produire "qu'une fois par génération".

Au référendum de 2014, 55% des électeurs avaient rejeté l'indépendance. Le SNP estime cependant que le Brexit a changé la donne, les Ecossais ayant voté à 62% pour rester dans l'Union européenne.

"Un référendum dans le contexte actuel est irresponsable et imprudent", a répété le Premier ministre britannique au quotidien the Telegraph.

Le SNP peut se féliciter d'avoir écarté la menace d'Alba, une formation indépendantiste rivale créée par l'ex-Premier ministre écossais et ancien leader du SNP Alex Salmond, qui n'est pas parvenue à faire élire des députés.

Nicola Sturgeon a aussi salué un "moment important", l'élection dans la circonscription de Glasgow Kelvin de Kaukab Stewart (SNP), qui devient "la première femme de couleur à être élue au Parlement écossais". 

Premières sanctions au Labour 

Dans le reste du Royaume-Uni, les élections de jeudi, le premier scrutin depuis l'écrasante victoire des conservateurs aux législatives de 2019 et depuis le Brexit, constituaient un test pour le gouvernement de Boris Johnson et pour l'opposition qui cherche à se reconstruire.

En Angleterre, les résultats sont positifs pour les conservateurs au pouvoir, qui ont gagné du terrain dans les régions désindustrialisées et acquises au Brexit du nord et même conquis le bastion travailliste d'Hartlepool qui avait toujours voté Labour en près de 50 ans.

Le Parti travailliste est en pleine introspection, et en proie aux querelles internes, après cette cinglante défaite qui a laissé son chef Keir Starmer "amèrement déçu". Appelé à une remise en question, M. Starmer a promis qu'il ferait "tout ce qui est possible" pour regagner la confiance des électeurs. Selon l'agence de presse PA, Mme Angela Rayner, le numéro deux du Labour britannique, a été renvoyée de son poste de responsable des élections au sein du parti.

Figure de l'aile gauche du parti, le député John McDonnell estime que Keir Starmer, en centriste, "évite de manière lâche ses responsabilités".

Malgré cette déroute, les travaillistes peuvent se targuer de très bons résultats au Pays de Galles où le Labour gallois obtient 30 des 60 sièges du parlement local, contre 16 pour les conservateurs, ce qui lui permet de se maintenir au pouvoir.

Dans le nord de l'Angleterre, la travailliste Joanne Anderson, 47 ans, est la première femme noire élue à la mairie de Liverpool. Le Labour a aussi enregistré des victoires importantes dans le Grand Manchester et dans la région de Liverpool.

A Londres, le travailliste Sadiq Khan, devenu en 2016 le premier maire musulman d'une grande capitale occidentale, est donné favori pour un deuxième mandat face à son principal adversaire, le conservateur Shaun Bailey.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.