Covid-19: le gouvernement veut rassurer sur AstraZeneca pour vacciner plus

Les propos directs du Premier ministre samedi reflètent la crainte de l'exécutif que la défiance persistante envers AstraZeneca ne l'empêche d'atteindre l'objectif de 30 millions de Français vaccinés à la mi-juin. (Photo, AFP)
Les propos directs du Premier ministre samedi reflètent la crainte de l'exécutif que la défiance persistante envers AstraZeneca ne l'empêche d'atteindre l'objectif de 30 millions de Français vaccinés à la mi-juin. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

Covid-19: le gouvernement veut rassurer sur AstraZeneca pour vacciner plus

  • «Je vous exhorte à vous faire vacciner avec tous les vaccins, en particulier avec AstraZeneca»
  • Seulement 75% des doses AstraZeneca reçues ont été injectées, contre 90% pour le vaccin Pfizer BioNtech

PARIS: Les Français doivent faire davantage confiance au vaccin AstraZeneca pour que les objectifs de vaccination contre la Covid-19 soient atteints, a prévenu samedi Jean Castex, soucieux d'accompagner et amplifier l'amélioration de la situation sanitaire.

«Au-dessus de 55 ans, les autorités sont toutes unanimes, en France comme ailleurs, qu'il n'y a pas de danger», a lancé le Premier ministre après la visite d'un vaccinodrome à La Défense, près de Paris: «Je vous exhorte à vous faire vacciner avec tous les vaccins, en particulier avec AstraZeneca».

Selon des chiffres du ministère de la Santé arrêtés dimanche dernier, seulement 75% des doses AstraZeneca reçues ont été injectées, contre 90% pour le vaccin Pfizer BioNtech.

Le gouvernement réfléchissait depuis plusieurs jours à la meilleure manière de faire passer son message sur le sérum anglo-suédois AstraZeneca - qui avait été brièvement suspendu après de rares cas d'effets secondaires graves, avant d'être réservé aux plus de 55 ans.

Depuis le début de la vaccination avec AstraZeneca, ce sont «30 cas, dont 9 décès» de thromboses rares qui sont survenus en France, sur plus de 3 855 000 doses administrées au 29 avril, selon l'Agence française du médicament (ANSM). 

Les propos directs du Premier ministre samedi reflètent la crainte de l'exécutif que la défiance persistante envers AstraZeneca ne l'empêche d'atteindre l'objectif de 30 millions de Français vaccinés à la mi-juin, l'un des piliers de sa stratégie contre l'épidémie.

Avec au moins 25,3 millions d'injections réalisées à la date de samedi, environ un tiers de la population majeure (17,6 M, soit 33,6%) a reçu une première dose et 14,7% (7,7 M) deux doses.

La vaccination sera élargie à partir de lundi à tous les plus de 50 ans, sans condition de santé, et à tous les adultes sans condition d'âge à partir de mercredi en cas de rendez-vous disponibles la veille pour le lendemain.

«Réussir la réouverture»

L'objectif intermédiaire de 20 millions de premières doses à la mi-mai paraît atteignable, et à mesure que la campagne avance, les intentions de se faire vacciner progressent chez les plus jeunes, à 55% chez les 18-24 ans (contre 36% un mois plus tôt) et 43% chez les 25-34 ans (contre 39%), selon une enquête de Santé publique France du 21 au 23 avril.

Avec moins de cas positifs, moins de malades à l'hôpital, moins de morts et plus de vaccinés, les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 s'améliorent, mais les experts sanitaires restent prudents avant les prochaines étapes du déconfinement, jugées à risque.

«Le troisième déconfinement annoncé par le président de la République semble davantage guidé par des desseins politiques que par un objectif sanitaire», déplorent une vingtaine de médecins et chercheurs dans une tribune publiée sur le site du JDD.

La décrue se poursuit lentement, notamment avec le nombre d'hospitalisations sur sept jours, à 8 312 samedi, en baisse depuis un pic à plus de 14.700 à la mi-avril.  

Cette semaine, le rythme des décès a également baissé. Il était de 176 samedi. Au total, 106 306 personnes sont mortes du Covid-19 depuis le début de l'épidémie, en très grande majorité des personnes âgées, plus fragiles.

Dans ce contexte sanitaire toujours tendu, la France va étendre, à compter de samedi minuit, à sept pays supplémentaires (Turquie, Bangladesh, Sri Lanka, Pakistan, Népal, Emirats arabes unis, Qatar) la quarantaine obligatoire à l'arrivée sur le territoire, déjà en vigueur notamment pour l'Inde et le Brésil, a annoncé vendredi une source gouvernementale à l'AFP.

La semaine dernière, marquée par la réouverture des écoles primaires, environ 150 000 cas positifs au coronavirus ont été rapportés, contre plus de 202 000 la précédente, selon Santé publique France.

Au sommet européen de Porto, la lutte contre le Covid a pris samedi un tour diplomatique. En réponse à l'appel du président Joe Biden à la suspension des brevets des vaccins, le président Emmanuel Macron a réclamé aux Etats-Unis qu'ils cessent d'interdire l'exportation des vaccins et des composants de vaccins, une restriction qui, selon lui, limite la production en Europe et affaiblit la perspective de voir naître des usines de vaccins dans les pays pauvres.

A Nanterre, Jean Castex a souligné pour l'immédiat son ambition de «réussir la réouverture, le retour progressif vers une vie normale». Et d'insister: «Je lance un appel à tout le monde en vue de ce long week-end de l'Ascension qui s'annonce, où il faut rester très prudent».

La levée progressive des restrictions va s'accélérer le 19 mai avec la réouverture des magasins, des lieux culturels et des terrasses.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.

 


Pour Sébastien Lecornu, un premier déplacement consacré à la santé

Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu assiste à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Déplacement symbolique à Mâcon : Pour son premier déplacement, Sébastien Lecornu met l'accent sur l'accès aux soins et le quotidien des Français
  • Conscient de l'absence de majorité, il consulte partis et syndicats, cherchant des terrains d'entente sur le budget, tout en laissant la porte ouverte à une fiscalité plus juste

PARIS: Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre consacré à la santé et à "la vie quotidienne" des Français, délaissant pendant quelques heures les concertations qu'il mène activement à Paris avant de former un gouvernement.

Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français, pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d'un centre de santé de Saône-et-Loire dont le but est d'améliorer l'accès aux soins.

Lui-même élu local de l'Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d'une secrétaire médicale et d'un technicien de l'aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination "mesurer les attentes" de ses concitoyens et "les difficultés" qu'ils rencontraient.

Celles-ci sont souvent "insupportables" pour accéder à un médecin ou à un professionnel de santé, parfois "source d'angoisse", souligne son entourage. Le Premier ministre entend dans ce contexte "témoigner de la reconnaissance de la Nation à l’égard des personnels soignants" et "réaffirmer la volonté du gouvernement de faciliter l’accès aux soins".

Il s'agit aussi pour Sébastien Lecornu de convaincre l'opinion, autant que les forces politiques, du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d'entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité.

Sébastien Lecornu est très proche d'Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l'Elysée.

- Mouvements sociaux -

Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour "bloquer" le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l'appel des syndicats est prévue jeudi.

"Il y a une grande colère" chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, premier syndicat de France, à l'issue d'une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre, qui lui a dit travailler sur une "contribution des plus hauts revenus" dans le budget 2026.

C'est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d'entente avec les socialistes.

Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l'agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française.

Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l'instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas.

Une telle mesure marquerait en tout cas une des "ruptures" au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu'elle briserait le tabou des hausses d'impôts de la macronie.

- Méthode -

Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode.

Il a d'abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du "socle commun", Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu'ils s'entendent sur quelques priorités communes.

Un format "présidents de parti" qui "permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages", salue un participant.

Avant les oppositions et à quelques jours d'une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi.

En quête d'un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l'instar de la suppression de deux jours fériés.

L'hypothèse d'une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir.

Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l'Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l'Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du "dégagisme".

Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s'exprimera qu'à l'issue de ces consultations "devant les Français", avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement.