En Irak, l'histoire engloutie par le désert, les pluies et la gabegie de l'Etat

Un homme debout sur une dune de sable fait voler un drone au lever du soleil, dans le désert près de la ville de Nasiriyah, dans la province de Dhi Qar (sud de l'Irak), le 24 avril 2021. (Asaad NIAZI / AFP)
Un homme debout sur une dune de sable fait voler un drone au lever du soleil, dans le désert près de la ville de Nasiriyah, dans la province de Dhi Qar (sud de l'Irak), le 24 avril 2021. (Asaad NIAZI / AFP)
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

En Irak, l'histoire engloutie par le désert, les pluies et la gabegie de l'Etat

  • A Aïn Tamer, au sud-ouest de Bagdad, il ne reste de l'église Al Aqiser, vieille de plus de 1.500 ans, que des murs de terre rouge à demi-écroulés
  • Pour l'archéologue Zahed Mohammed, ce délabrement s'explique par "les conditions climatiques, le fait que cet endroit a été transformé en champ de tirs militaires sous Saddam Hussein et par l'absence de rénovations régulières"

AIN TAMER : Dans le désert, l'une des plus vieilles églises du monde s'effrite: après la venue du pape, les Irakiens ont rêvé de touristes et de bus de tour-opérateurs, mais dans un pays meutri par des années de guerre, les vestiges disparaissent dans l'indifférence.

A Aïn Tamer, au sud-ouest de Bagdad, il ne reste de l'église Al Aqiser, vieille de plus de 1.500 ans, que des murs de terre rouge à demi-écroulés.

Pour l'archéologue Zahed Mohammed, ce délabrement s'explique par "les conditions climatiques, le fait que cet endroit a été transformé en champ de tirs militaires sous Saddam Hussein et par l'absence de rénovations régulières".

"Un tel entretien réclame énormément d'argent mais nous ne recevons que de maigres enveloppes", rétorque Raëd Fadhel, maire d'Aïn Tamer.

A 60 kilomètres plus à l'est, les sanctuaires chiites de Kerbala attirent chaque année des millions de pèlerins. Autant de visiteurs potentiels pour les cités mésopotamiennes, églises antiques et autres "ziggourat" babyloniennes, si l'Etat entretenait et assurait la publicité de ces lieux, se lamentent habitants et responsables.

En fait, assure à l'AFP Abdallah al-Jlihaoui, qui habite la province voisine de Diwaniya, "les étrangers s'occupent plus de notre patrimoine que nous". 

Mais des étrangers, cela fait longtemps que Diwaniya n'en a pas vu.

Investissements vitaux

"Jusque dans les années 80, une université américaine fouillait ici. Nos parents et grands-parents ont travaillé dans ces chantiers, mais tout s'est arrêté" avec l'embargo international décrété en 1991 contre le régime de Saddam Hussein, soupire-t-il.

Le gouverneur Zouheir al-Chaalane recense plus de 2.000 sites et voit dans chacun d'eux une possibilité d'amorcer le décollage économique que les Irakiens attendent toujours près de 20 ans après l'invasion américaine qui promettait démocratie et prospérité.

Parmi ces sites se trouve Nippur, qui, avec ses temples, ses bibliothèques et ses palais, était il y a 7.000 ans un des principaux centres religieux des Akkadiens, et plus tard des Babyloniens.

"Investir dans ces sites créerait des emplois dans notre province où les opportunités d'investissement sont rares", affirme à l'AFP M. Chaalane. Le taux de pauvreté a doublé en Irak en 2020, à 40%.

Comme d'autres, il a vu une lueur d'espoir dans la venue d'une mission archéologique italienne au début de l'année. Puis dans celle du pape François, qui a sillonné l'Irak, se rendant notamment à Ur, cité natale d'Abraham proche de Diwaniya.

De quoi redonner des couleurs à un patrimoine qui a fondu entre vol, contrebande ou démolitions par les jihadistes qui jugent toute forme d'art hérétique.

Mais même si de nouveaux sites étaient mis au jour ou réhabilités, "où iraient les touristes?", s'interroge M. Jlihaoui.

"Il n'y a rien de prévu pour eux: la route n'a pas été goudronnée depuis les années 80, les poteaux électriques datent des années 70", énumère-t-il dans un pays qui subit pénuries de courant et d'eau potable depuis des décennies.

Urgence climatique

Pour Mohammed Taha, qui vit à Kirkouk, dans le centre de l'Irak, "ni les autorités, ni même des organismes privés ne font quoi que ce soit pour le patrimoine".

Il en veut pour preuve la "qechla", citadelle ottomane au dôme autrefois turquoise. Aujourd'hui, des carreaux de mosaïque sont tombés et des pans entiers de murs menacent de s'écrouler.

La citadelle vieille de 3.000 ans s'écroule, éloignant un peu plus ses chances de se maintenir, avec Nippur, dans la liste indicative pour entrer au patrimoine mondial de l'Unesco.

La faute aux pluies, denses et fréquentes dans cette région montagneuse, assurent les autorités locales.

Partout en Irak, l'un des pays les plus menacés par le changement climatique, la question environnementale est vitale.

A terme, la désertification galopante dans le pays --déjà à 50% désertique-- menace la vie. Elle a déjà signé la mort de ruines mésopotamiennes et même de constructions plus récentes.

"Dans les années 60, 70 et 80, les ruines étaient protégées par la ceinture verte", affirme à l'AFP M. Jlihaoui.

Les arbres qui faisaient barrage au vent ont été brûlés, arrachés par les obus des guerres à répétition ou coupés pour faire place à des villes à la construction anarchique. 

La fraîcheur qu'apportait leur feuillage a disparu tout comme les digues que constituaient leurs racines. 

Les températures ont augmenté de quelques degrés, ce qui est néfaste pour les habitants car au-delà de 50 degrés, les tempêtes de sable se sont multipliées et les pluies d'hiver sont devenues plus denses.

Autant d'agressions contre des ruines faites de briques. Des poussières qui après avoir fait les cités mésopotamiennes... redeviennent poussières.


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com