L'ONU exhorte Israël à la retenue, les affrontements de Jérusalem-Est se poursuivent

Des palestiniens incendient des pneus lors d'une manifestation anti-israélienne dans un contexte de tensions à Jérusalem, non loin de la colonie juive de Beit El près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 10 mai 2021. (Photo, AFP/Abbas Momani)
Des palestiniens incendient des pneus lors d'une manifestation anti-israélienne dans un contexte de tensions à Jérusalem, non loin de la colonie juive de Beit El près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 10 mai 2021. (Photo, AFP/Abbas Momani)
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Publié le Lundi 10 mai 2021

L'ONU exhorte Israël à la retenue, les affrontements de Jérusalem-Est se poursuivent

  • Antonio Guterres exhorte Israël à « cesser les démolitions et les expulsions »
  • Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a fait part à son homologue israélien de ses « graves inquiétudes » face à la montée de la violence

JÉRUSALEM: Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, estime qu'Israël «doit faire preuve de la plus grande retenue et respecter le droit à la liberté de réunion pacifique», a déclaré dimanche un porte-parole de l'ONU, alors que les tensions montent à Jérusalem-Est autour d'Al Aqsa, la troisième mosquée la plus sainte de l'Islam.

Guterres a publié cette déclaration alors que la police israélienne affrontait des manifestants palestiniens tôt lundi dans une autre nuit d'affrontements à Jérusalem-Est, un jour avant que les nationalistes israéliens ne prévoient de défiler dans la vieille ville lors d'un affichage annuel du drapeau destiné à consolider les revendications israéliennes sur les territoires contestés.

«Le Secrétaire général exprime sa profonde préoccupation face à la violence continue à Jérusalem-Est occupée, ainsi que les éventuelles expulsions de familles palestiniennes de leurs maisons», a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric.

«Il exhorte Israël à cesser les démolitions et les expulsions.»

Guterres a exhorté à ce que le statu quo sur les lieux saints soit maintenu et respecté, a déclaré Dujarric.

 La police israélienne et les manifestants palestiniens se sont encore affrontés dans la nuit de dimanche à Jérusalem-Est, à la veille du défilé du drapeau annuel, prévu dans la vieille ville et organisé par les nationalistes de l’État hébreu afin de consolider leurs revendications sur la région contestée.

Les escarmouches, qui se sont étirées tard dans la nuit, présagent de nouveaux affrontements lors des célébrations de la Journée de Jérusalem lundi. La police a donné le feu vert au défilé dimanche, malgré des jours d’agitation et de tensions israélo-palestiniennes croissantes, avec pour théâtre un lieu saint et un quartier arabe voisin où des colons juifs tentent d'expulser des dizaines de familles locales.

Dans une allocution lors d’une réunion spéciale du Cabinet qui a précédé la Jour de Jérusalem, le premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré dimanche qu'Israël «ne permettrait à aucun extrémiste de perturber le calme à Jérusalem. Nous appliquerons la loi et l’ordre fermement et de manière responsable».

«Nous préservons la liberté de culte de toutes les religions, mais nous n’allons pas autoriser les violences», dit-il. Pour ensuite ajouter: «Nous rejetons catégoriquement les pressions afin de ne pas construire à Jérusalem».

Les États-Unis ont réitéré leurs «graves préoccupations» au sujet de la situation, notamment en ce qui concerne les affrontements entre la police israélienne et les fidèles palestiniens dans la vieille ville, qui abrite des sites sacrés musulmans et juifs, ainsi que l’expulsion prévue des familles arabes locales.

Dans un communiqué diffusé par la porte-parole du Conseil national de sécurité Emily Horne, Washington a fait part de ses inquiétudes lors d'un appel téléphonique entre le conseiller Jake Sullivan et son homologue israélien. Le conseiller aurait exhorté le haut responsable «à prendre les mesures appropriées en vue de garantir le calme lors des commémorations de la Journée de Jérusalem», selon un communiqué de la porte-parole du Conseil national de sécurité, Emily Horne.

L’événement commémore la prise de Jérusalem-Est, qui abrite la vieille ville et ses lieux saints sensibles, par Israël lors de la guerre de 1967. Mais le défilé annuel est majoritairement perçu comme une provocation, et comprend des cortèges d’ultranationalistes israéliens, flanqués par la police, qui franchissent la porte de Damas dans la vieille ville et traversent le quartier musulman jusqu'au Mur occidental, le lieu de prière juif le plus sacré.

Cette année, la marche coïncide avec le mois sacré musulman du Ramadan, une période de sensibilités religieuses accrues, et survient à la suite de semaines d'affrontements. À cela s’ajoute la colère palestinienne face aux expulsions qui menacent le quartier voisin de Cheikh Jarrah, ce qui laisse présager une journée particulièrement instable.

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. Les forces de sécurité israéliennes affrontent des manifestants palestiniens dans l'enceinte de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem le 7 mai 2021. (Photo, AFP/Ahmad Gharabli)

Amos Gilad, un ancien haut responsable de la défense, a déclaré à la radio de l'armée que le défilé devrait être annulé, ou du moins tenu loin de la porte de Damas. «Le baril de poudre est en feu, et peut exploser à tout moment». La radio publique Kan a affirmé pour sa part que l’itinéraire final du défilé n’est pas encore décidé.

Des dizaines de Palestiniens ont été blessés lors des derniers jours dans des heurts qui ont explosé près de l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa dans la vieille ville. Le site, que les juifs appellent Mont du Temple et que les musulmans connaissent sous le nom de Noble Sanctuaire, est considéré comme le plus sacré du judaïsme et le troisième plus saint de l'Islam.

Cette poudrière a provoqué de graves violences dans le passé.

«L’occupant joue avec le feu, perturber l’équilibre à Jérusalem est très dangereux», affirme Saleh Arouri, un haut responsable du Hamas, à la chaîne de télévision Al-Aqsa contrôlée par le groupe.

Israël a saisi Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza, lors de la guerre de 1967. Les Palestiniens revendiquent les trois secteurs dans l’objectif d’en faire un État dont Jérusalem-Est serait la capitale.

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Des palestiniens défilent lors d'une manifestation anti-israélienne dans un contexte de tensions à Jérusalem, non loin de la colonie juive de Beit El près de Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 10 mai 2021. (Photo, AFP/ Abbas Momani)

Les violences et les expulsions prévues à Jérusalem-Est ont suscité une condamnation de la part des alliés arabes d’Israël, ainsi la préoccupation des États-Unis, de l’Europe et de l’ONU.

Lors des affrontements de dimanche soir, les manifestants palestiniens ont scandé leurs slogans face aux forces de l’ordre, et ont confronté les grenades assourdissantes et les jets d’eau avec des pierres et des bouteilles. Des médecins palestiniens affirment qu'au moins quatorze manifestants ont été blessés.

Les affrontements ont été moins intenses que les deux nuits précédentes. La police a déclaré que plus de 20 policiers avaient été blessés ces derniers jours.

Mais il y avait des signes que la violence commençait à se répandre.

Tard dimanche, des militants palestiniens dans la bande de Gaza ont tiré quatre roquettes vers Israël, ce qui a déclenché les sirènes de raid aérien dans la ville méridionale d'Ashkelon et ses environs, selon l'armée israélienne. Une roquette aurait également été interceptée, tandis que deux autres ont explosé à l'intérieur de la bande. Tôt lundi, des chars et de l'artillerie israéliens ont frappé plusieurs postes du Hamas près de la frontière en représailles aux tirs de roquettes. Aucun blessé n'a été signalé.

Plus tôt dans la journée, Israël a lancé une frappe aérienne sur un poste du Hamas en réponse à une autre attaque à la roquette. Des manifestants du Hamas à Gaza auraient lancé des cerfs-volants incendiaires dans le sud d'Israël pendant la journée, ce qui a provoqué des dizaines d'incendies.

Parallèlement, à Jérusalem, la police a affronté des centaines d’étudiants arabes de l’Université hébraïque d’Israël, et a lancé des grenades assourdissantes pour disperser la foule. Quinze personnes ont été arrêtées lors d'une autre manifestation dans la ville nordique de Haïfa, selon les forces de l’ordre.

La Jordanie et l'Égypte, les deux premiers pays à conclure des accords de paix avec Israël, ont tous deux convoqué de hauts diplomates israéliens afin de condamner les actions israéliennes.

Le roi de Jordanie Abdallah II, gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem, a condamné les «violations» et «l’escalade» israéliennes. Il a sommé Israël à mettre un terme aux «provocations à l’encontre des habitants de Jérusalem».

Au Vatican, le pape François a dit suivre avec inquiétude les événements à Jérusalem, et a appelé à la fin du conflit.

«La violence ne génère que la violence», se désole-t-il devant un public réuni sur la place Saint-Pierre.

À la lumière de l’ambiance explosive, la Cour suprême israélienne a reporté la lecture du verdict sur les potentielles expulsions à Cheikh Jarrah. Attendue pour lundi, la décision a été repoussée de trente jours vu les «circonstances», selon le tribunal.

Les Palestiniens et les groupes de défense des droits internationaux voient dans les expulsions planifiées les rouages d’une campagne menée par Israël pour chasser les Palestiniens des quartiers traditionnellement arabes, particulièrement au cœur de Jérusalem.

Israël aborde le dossier des expulsions comme une question de différend immobilier.

La recrudescence des hostilités survient à un moment crucial de la crise politique à Tel Aviv, car le premier ministre Netanyahu n’a pas réussi à former une coalition gouvernementale. Ses adversaires travaillent à présent à la formation d'un exécutif.

S'ils réussissent, Netanyahu sera poussé à l'opposition pour la première fois en 12 ans.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.