Otages 20 jours en Haïti, deux religieux français racontent leur calvaire

Sœur Agnès Bordeau, 80 ans, a été enlevée 20 jours durant (Photo, AFP).
Sœur Agnès Bordeau, 80 ans, a été enlevée 20 jours durant (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 10 mai 2021

Otages 20 jours en Haïti, deux religieux français racontent leur calvaire

  • Sœur Agnès Bordeau, 80 ans et le père Briand, 67 ans ne tiennent pas ceux qui les ont séquestrés avec leurs confrères et consœurs haïtiens pour responsables
  • Ils dénoncent cependant l'inaction des autorités du pays le plus pauvre des Caraïbes

PORT-AU-PRINCE: Otages en Haïti durant vingt jours en avril, deux religieux français témoignent calvaire qu'ils ont subi.

Sœur Agnès Bordeau, 80 ans et le père Briand, 67 ans ne tiennent pas ceux qui les ont séquestrés avec leurs confrères et consœurs haïtiens pour responsables, mais dénoncent l'inaction des autorités du pays le plus pauvre des Caraïbes.

« Cartons jetés au sol »

« J’ai pris le risque de sortir ce jour-là avec les pères bien que l’ambassade de France nous envoie beaucoup de messages en nous disant ‘ne prenez pas le risque’, tout ça... », témoigne sœur Agnès Bordeau, en Haïti depuis 2019 après des décennies en l'Amérique centrale.

Le 11 avril, une quinzaine d'hommes en armes bloquent une route nationale en périphérie de la capitale Port-au-Prince : la religieuse de 80 ans, le père Briand et huit autres personnes se rendant à l'ordination d'un prêtre sont rançonnés puis enlevés. 

« On s’est trouvés au mauvais endroit au mauvais moment », regrette le père Briand, estimant que les membres du gang n'avaient pas prévu leur rapt.

Missionnaire dans le pays des Caraïbes depuis 1986, le religieux parle couramment créole et a pu échanger avec les membres de la bande armée qui l'ont, lui et neuf autres personnes, séquestrés du 11 au 30 avril. 

Il se rappelle combien, lors des premières minutes « ils ne savaient pas où nous mettre ».

Des cartons jetés au sol en pleine nature seront leur premier lieu de captivité pendant cinq jours. 

« Ils vont nous tuer »

« En entrant dans la forêt, j’ai vu un feu. J'ai pensé ‘Oh ça y est, ils vont nous tuer et puis ils vont nous brûler’ », raconte sœur Agnès. 

« Très vite aussi, j’ai entendu des coups de pioche, je me suis dit ‘bon, ils sont en train de faire une fosse commune et ils vont nous jeter là et nous tuer’ », se remémore sœur Agnès qui, à postériori, rit largement de ses pensées sombres. 

Les changements de lieux de séquestration lui auront toujours procuré à la fois espoir de libération et peur d'exécution mais jamais au fil de leur captivité, les religieux français et haïtiens n'auront été agressé.

« Le troisième lieu a été le plus terrible car il était insalubre, vraiment très petit et ils nous diminuaient l’alimentation », raconte calmement la religieuse française. « On avait un pâté de viande vers 15h, une bouteille d’eau et c’était tout pour la journée. »

Sans connaître les détails permettant, en pleine nuit du 30 avril, leur libération contre laquelle le gang réclamait un million de dollars, les deux Français ne témoignent d'aucune colère contre leurs ravisseurs. 

« Je ne leur en veux pas et je dirais même qu’ils ne sont pas responsables », juge sœur Agnès Bordeau. 

« Je prie beaucoup pour eux, pour qu’ils puissent sortir de cet enfer où ils vivent », soupire-t-elle en serrant ses mains sur ses genoux.

« Ils nous ont dit ça clairement, qu’ils se rabattent sur des vols ou, comme le cas qui s’est conduit à notre égard, des kidnappings pour faire vivre tous ceux qui travaillent avec eux et pour acheter des armes », abonde le père Briand.

Inaction de l'Etat

Minée par la pauvreté extrême, Haïti a connu une montée en puissance croissante des gangs dans les quartiers pauvres oubliés des maigres investissements publics.

Ces derniers mois, cette mainmise sur le territoire s'est accrue et concrétisée au quotidien par la recrudescence des enlèvements contre rançon, affectant autant la minorité aisée que des habitants vivant sous le seuil de pauvreté.

Le religieux se garde de citer des noms de politiciens mais il ne cache pas sa fatigue devant l'inaction de l'Etat. 

« Demandons à ce que les autorités publiques puissent agir et non pas parler : ça ne sert à rien de parler encore, ce qu'il faut c’est agir pour le bien du peuple », plaide le prêtre.

« Ces élus ont encouragé ce phénomène de gangs : est-ce-que c’est pour se protéger ? Je ne sais pas », témoigne avec prudence l'homme de 67 ans, qui goûte progressivement à sa liberté retrouvée, reprenant pour la première fois samedi le volant de son pick-up à travers les rues de Port-au-Prince.

Cheveux gris noués en queue de cheval, la voix sereine, il n'envisage absolument pas de quitter le pays. 

« Ça n’est pas parce que vous avez eu des brimades par quelques personnes haïtiennes que c’est tout le peuple qui te brime », plaide le religieux qui estime que son départ serait « une trahison ». 


Le président russe Vladimir Poutine reçoit le ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis 

Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'intérieur des Émirats arabes unis. (WAM)
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  • Les deux parties discutent d'initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police
  • Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police

DUBAI : Le président russe Vladimir Poutine a reçu le cheikh Saif bin Zayed Al-Nahyan, vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, lors d'une réunion officielle, a rapporté jeudi l'Agence de presse des Émirats.

Les deux parties ont discuté des relations bilatérales, soulignant leur engagement commun à promouvoir la paix et la coopération mondiale.

Elles ont également examiné des initiatives conjointes dans les domaines de la sécurité et de la police, notamment les progrès réalisés dans le cadre du dialogue stratégique entre les services de police, les programmes de formation en matière de protection de l'enfance et d'autres efforts de collaboration.

Mohammed Ahmed Al-Jaber, ambassadeur des Émirats arabes unis auprès de la Fédération de Russie.


Ukraine: 7 morts après une frappe ukrainienne sur une ville occupée par Moscou

 Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local. (AFP)
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  • La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou
  • Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne

MOSCOU: Une frappe de drones ukrainiens a tué jeudi au moins sept personnes et fait plus de 20 blessés dans la ville sous contrôle russe d'Olechky, dans la région de Kherson située dans le sud de l'Ukraine, a affirmé un responsable russe local.

"Vers 09H30, à Olechky, dans la zone du marché central, des soldats ukrainiens ont mené une frappe massive de drones (...) sur des civils. Beaucoup de gens se trouvaient au marché au moment de l'attaque", a affirmé sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant régional nommé par Moscou.

"Selon des données préléminaires, il y a au moins sept morts et plus de 20 blessés", a-t-il ajouté.

Dans un message distinct, toujours sur Telegram, il a accusé l'armée ukrainienne d'avoir envoyé de nouveaux drones après la première vague de l'attaque pour "achever les survivants" sur place.

Il a publié une vidéo présumée des lieux de l'attaque, filmée depuis les airs et non authentifiée, montrant des volutes de fumée s'échappant de petits batîments.

La ville d'Olechky, qui comptait environ 20.000 habitants avant l'offensive russe à grande échelle en Ukraine lancée en 2022, se trouve sur la rive orientale du fleuve Dnipro, qui est occupée dans ce secteur par Moscou.

Elle est située à quelques kilomètres à l'est de Kherson, la capitale régionale, qui avait été également conquise par Moscou avant d'être reprise à l'automne 2022 par l'armée ukrainienne.

Le fleuve Dnipro marque dans cette zone la ligne de front et les attaques de drones, de part et d'autre, sont constantes et font très régulièrement des victimes civiles.


Vaste partenariat entre Washington et Kiev, attaque russe à Odessa

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky rencontre le président américain Donald Trump en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 26 avril 2025. (AFP)
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  • Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie
  • La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays"

WASHINGTON: Les Etats-Unis et l'Ukraine ont signé à Washington un vaste partenariat mettant en place un fonds d'investissement pour la reconstruction de ce pays ravagé par la guerre et donnant aux Américains un accès à ses ressources naturelles, un accord qui a été suivi jeudi par une frappe russe meurtrière dans la ville méridionale d'Odessa.

Cet accord américano-ukrainien intervient en parallèle à de multiples tractations diplomatiques en cours pour trouver une issue au conflit, trois ans après son déclenchement par la Russie.

La ministre ukrainienne de l'Economie, Ioulia Svyrydenko, qui a fait le déplacement à Washington pour signer le document, a estimé mercredi que le fonds créé avec les Etats-Unis "attirera des investissements mondiaux dans notre pays".

L'accord avec Washington financera des "projets d'extraction de minerais, de pétrole et de gaz", a-t-elle précisé sur Facebook. Mais l'Ukraine "conserve l'entière propriété et le contrôle de ces ressources" y compris le sous-sol, et ce sera "l'Etat ukrainien qui détermine où et quoi extraire", a assuré la ministre.

Selon le Trésor américain, cet accord "reconnaît l'importante aide financière et matérielle que le peuple américain a fournie à la défense de l'Ukraine depuis l'invasion à grande échelle de la Russie" -- une expression très rarement utilisée par Washington depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

"Très bonne chose" 

Les Etats-Unis ont fourni, sous le précédent gouvernement de Joe Biden, des dizaines de milliards de dollars d'aide à l'Ukraine.

Donald Trump "veut que les deux parties s'assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine", a souligné le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent sur Fox News.

"C'est un signal pour les dirigeants russes. C'est aussi un signal pour le peuple américain que nous avons une chance de participer, d'obtenir (...) une compensation" pour les financements et armes fournies à l'Ukraine, a-t-il poursuivi.

Le projet d'accord a été depuis des semaines au coeur de tensions entre Kiev et Washington, dont le soutien est crucial pour l'Ukraine.

Une précédente mouture de ce texte aurait dû être signée lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, mais son altercation inédite avec son homologue américain, sous les caméras, avait précipité son départ et annulé la signature de l'accord.

Une nouvelle version, proposée par Washington en mars, avait été jugée très défavorable par des députés ukrainiens et des médias.

Au fil des négociations, ce document a pu être transformé en une version plus acceptable pour Kiev, selon des responsables ukrainiens.

Un démocrate américain du Congrès, Gregory Meeks, a cependant dénoncé mercredi soir une "extorsion" de Donald Trump.

"Bel accord" 

"C'est vraiment un bel accord international équitable entre les gouvernements américain et ukrainien concernant des investissements communs dans le développement et la reconstruction de l'Ukraine", s'était félicité à la télévision nationale le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal avant l'annonce de la signature du texte.

"Aucune dette, aucune aide" accordée avant la signature "ne fait partie de cet accord", avait assuré Denys Chmygal.

Le document doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien après sa signature.

Il ne semble pas comporter de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l'Ukraine, un point sur lequel insistait Volodymyr Zelensky.

"Cet accord montre clairement à la Russie que l'administration Trump est engagée à un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère sur le long terme", écrit le secrétaire au Trésor Scott Bessent dans le communiqué.

Le texte met en place un "fonds d'investissement pour investir dans la reconstruction" de l'Ukraine, lequel fonds sera financé et géré à parts égales par Ukrainiens et Américains.

La quantité de richesses minières que renferme le sol ukrainien reste peu claire, la plupart de ces ressources étant inexploitées, difficiles à extraire ou de facto sous contrôle russe, car se trouvant dans des territoires occupés par l'armée russe.

"Désir de tuer" 

Cette dernière a tiré un drone sur une zone résidentielle à Odessa, dans le sud de l'Ukraine, tuant deux personnes et blessant cinq autres, a annoncé tôt jeudi le gouverneur de la région sur Telegram. Les services d'urgence ukrainiens ont dénoncé une "attaque russe massive".

Simultanément, des explosions ont été entendues dans un quartier de la ville de Soumy et des alertes anti-aériennes déclenchées, entre autres, dans les régions de Kiev, Kharkiv, Tcherniguiv, Soumy, Donetsk, Dnipropetrovsk, Zaporijjia.

A Odessa, une "attaque ennemie a endommagé, des immeubles résidentiels, des maisons, un supermarché, une école et des voitures", a annoncé sur son compte Telegram le gouverneur local Oleg Kiper, mentionnant deux personnes tuées et cinq autres blessées par une frappe de drone russe.

Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermark, a appelé sur Telegram à pousser avec les Etats-Unis "pour un cessez-le-feu complet".

Le président russe Vladimir Poutine "aura constamment le désir de tuer, jusqu'à la fin de ses jours, mais la diplomatie couplée à des moyens économiques énergiques d'influence contraindront la Russie à arrêter la guerre", a écrit M. Iermark.