Au Soudan, les chercheurs d'or martyrisent les sites antiques

Une vaste tranchée creusée par des chercheurs d'or sur le site archéologique à Jabal Maragha, dans le désert soudanais, le 20 août 2020. (Ebrahim Hamid/ AFP)
Une vaste tranchée creusée par des chercheurs d'or sur le site archéologique à Jabal Maragha, dans le désert soudanais, le 20 août 2020. (Ebrahim Hamid/ AFP)
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Publié le Lundi 24 août 2020

Au Soudan, les chercheurs d'or martyrisent les sites antiques

  • De ce site de l'époque méroïtique (environ 350 av JC- 350 ap JC), qui était soit une unité d'habitations soit un poste de contrôle, il ne reste presque plus rien
  • “Sur le millier de sites archéologiques plus ou moins connus au Soudan, au moins une centaine ont été détruits ou endommagés par des chercheurs d'or”

JABAL MARAGHA: Il y a un mois, quand les cinq archéologues et policiers sont arrivés sur le site de Jabal Maragha au Soudan pour une visite de routine, ils ont cru s'être égarés. Il n'en était rien. Les chercheurs d'or l'avaient fait disparaître.

Intrigués par le bruit de moteurs dans ce désert de Bayouda, à 270 km au nord de Khartoum, ils ont découvert deux pelleteuses en action. Elles avaient creusé une entaille de 17 mètres de profondeur et 20 mètres de longueur.

"Ils n'avaient qu'un but en s'enfonçant ici: trouver de l'or et pour gagner du temps, ils ont utilisé les pelleteuses", explique, choquée, l'archéologue Habab Idriss Ahmed, qui a travaillé en 1999 sur ce site.

La terre ocre est zébrée de traces de pneus, mais certaines sont plus profondes. Ce sont celles des camions qui ont transporté le matériel de terrassement.

De ce site de l'époque méroïtique (environ 350 av JC- 350 ap JC), qui était soit une unité d'habitations soit un poste de contrôle, il ne reste presque plus rien.

"Ils ont excavé en profondeur car le sol est composé de couches de grès et de pyrite et comme cette roche est métallique leur détecteur se mettait à sonner. Ils pensaient que l'or se trouvait plus bas", explique Hatem al-Nour, directeur des Antiquités et des Musées soudanais.

Près de la monstrueuse tranchée, sur des pierres en grès taillées en cylindre et disposées en colonne, les "voleurs d'or" ont posé un toit rudimentaire pour utiliser l'espace comme salle à manger.

"Fantaisistes" 

Mais la surprise ne s'arrête pas là. "Conduits au poste de police, les cinq ouvriers ont été relâchés quelques heures plus tard et ont même pu récupérer leur matériel", peste Mahmoud al-Tayeb, ex-inspecteur des Antiquités.

"Ils auraient dû être arrêtés et leurs machines confisquées. Il existe des lois", ajoute ce professeur d'archéologie à l'université de Varsovie convaincu que le vrai coupable, leur employeur, a le bras long.

Pour le directeur des Antiquités, il ne s'agit pas d'un cas unique mais d'un pillage systématique des sites archéologiques, comme sur l'île de Saï, longue de 12 km, entre la deuxième et troisième cataracte sur le Nil.

Là, sur les centaines de tombes de toutes les époques depuis la préhistoire, beaucoup ont été détruites ou abimées par les chercheurs d’or.

En fait, ces derniers ont toujours existé au Soudan, troisième producteur d'or d'Afrique, après l'Afrique du sud et le Ghana. La vente d'or a rapporté à l’Etat 1,2 milliard de dollars en 2019, selon la Banque centrale.

Mais ces chercheurs se sont professionnalisés. "Petit à Omdourman, (près de Khartoum), après les crues, je regardais les habitants aller sur les berges avec des tamis. Il trouvaient de l'or mais en très petites quantités", dit M. Tayeb.

Puis à la fin des années 1990, les habitants ont vu les archéologues utiliser des détecteurs pour leurs recherches. Et ils étaient persuadés qu'ils cherchaient de l'or.

"Chaque fois que nous commencions une fouille, ils venaient nous demander si on avait trouvé de l'or. Dans l'imaginaire populaire, si les sites archéologiques sont synonymes d'or, c'est à cause des histoires fantaisistes que les gens se racontent entre eux", explique-t-il.

"Pas une priorité" 

Les civilisations anciennes du Soudan ont érigé plus de pyramides que celles d’Egypte mais elles restent largement méconnues. Le site archéologique de l'île de Méroé, situé à quelque 200 km de Jabal Maragha, est classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Ce qui est catastrophique pour le patrimoine soudanais, c'est que des responsables locaux encouragent des jeunes chômeurs à tenter leur chance dans la course au trésor, et que des investisseurs fortunés utilisent du matériel lourd. 

"Sur le millier de sites archéologiques plus ou moins connus au Soudan, au moins une centaine ont été détruits ou endommagés par des chercheurs d'or. Il y a un policier pour 30 sites et il ne possède ni qualification, ni matériel de communication ni moyens de transport adéquats", se plaint M. Nour. 

Comme des fourmis, dans les centaines de lieux éloignés, dans les cimetières, les temples, les gens fouillent dans l'espoir d'améliorer leur quotidien dans un pays en plein marasme économique et meurtri par conflits ethniques et tribaux. 

Pour M. Tayeb, "la situation est incontrôlable. La vraie question c'est le sérieux avec lequel l’Etat entend préserver le patrimoine. Mais il est clair que celui-ci n'est pas en tête des priorités du gouvernement".


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com