Nouvelle tribune de «militaires»: Castex dénonce une «manœuvre de l'extrême droite»

On ne connaît ni le nombre ni l'identité de ces militaires qui lancent un appel à «la survie» du pays. (Photo, AFP)
On ne connaît ni le nombre ni l'identité de ces militaires qui lancent un appel à «la survie» du pays. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 11 mai 2021

Nouvelle tribune de «militaires»: Castex dénonce une «manœuvre de l'extrême droite»

  • «Qui a intérêt à fragiliser l'institution militaire et à mélanger le militaire et le politique ? Le RN», a abondé Françoise Dumas
  • «Qu'ils s'affichent et qu'ils assument s'ils considèrent que l'essentiel est en jeu», a insisté Castex, tout en exprimant sa «confiance dans l'Armée»

PARIS: Jean Castex a qualifié de «manœuvre politique» de «l'extrême droite» une nouvelle tribune de militaires en activité mais anonymes, soutenue par une partie de la droite et Marine Le Pen, qui alerte sur le risque d'une «guerre civile» en France.

Ce texte, publié dimanche soir sous forme de pétition par Valeurs Actuelles, paraît moins de trois semaines après la publication, dans le même hebdomadaire, d'une première tribune de généraux, dont certains sont menacés de sanctions. Ils dénonçaient le «délitement» de la France et se disaient prêts à «soutenir les politiques» qui œuvreraient contre.

Cette fois, ceux qui se présentent comme des militaires «récemment entrés dans la carrière» et dont certains ont «connu le feu ennemi» au Mali, en Afghanistan ou en Centrafrique, dénoncent ce qu'ils perçoivent comme «la guerre civile (qui) couve». Mais on ne connaît ni le nombre ni l'identité de ces militaires qui lancent un appel à «la survie» du pays.

«C'est une tribune politique d'extrême droite, appelons un chat un chat», s'est insurgé le Premier ministre Jean Castex dans les colonnes du Parisien, avant de critiquer l'anonymat des signataires. «Qu'ils s'affichent et qu'ils assument s'ils considèrent que l'essentiel est en jeu», a-t-il insisté, tout en exprimant sa «confiance dans l'Armée».

Il y a un «risque de guerre civile» qui «couve» dans le pays, a estimé pour sa part la candidate à l'Elysée et cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen, en reprenant les mêmes termes que la deuxième tribune, et en invitant ses signataires à la rejoindre, comme pour la première tribune.

«Apolitisme»

Ces textes, assez proches de l'argumentaire développé par le RN, ont été accueillies froidement au sein de l'état-major des armées.

«Un rappel ferme sera fait par le commandement sur le respect du devoir de réserve» car «l'apolitisme fait notre crédibilité et la cohésion est ce qui fait notre force», a déclaré un haut gradé de l'état-major. «Les armées sont apolitiques et d'une fidélité absolue au Président élu (...). Si on a des états d'âme, il faut quitter l'armée en conscience».

La ministre des Armées Florence Parly a, elle, dénoncé «une grossière machination politique». Cette tribune «utilise toute la rhétorique, le vocabulaire, le ton, les références qui sont celles de l'extrême droite», a-t-elle déclaré sur BFMTV.

Pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, c'est une «grossière manœuvre» à l'approche des élections régionales et présidentielle, accusant les auteurs de «faire de la politique».

«Qui a intérêt à fragiliser l'institution militaire et à mélanger le militaire et le politique ? Le RN», a abondé Françoise Dumas, députée LREM et présidente de la commission de la Défense et des forces armées à l'Assemblée nationale.

«Signal d'alarme»

Ce nouveau texte dénonce notamment «le chaos et la violence» qui frappent le pays, les signataires appelant le président de la République, les ministres, parlementaires et officiers généraux à assurer la «survie du pays». 

«Si une guerre civile éclate, l'armée maintiendra l'ordre sur son propre sol, parce qu'on le lui demandera», insistent le ou les auteurs de cette tribune, qui avait recueilli vers 17H00 plus de 163 000 signatures.

Après la parution de la première tribune le 21 avril, Jean Castex avait déjà dénoncé une initiative «contraire à tous nos principes républicains» et accusé le RN de »récupération politique». 

Mais une partie de la droite a renouvelé lundi son soutien à la nouvelle tribune, dont le diagnostic est jugé «parfaitement exact», selon l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy.

Il s'agit d'«un signal d'alarme sérieux», a estimé le député LR du Vaucluse Julien Aubert, précisant qu'«au lieu de chercher à sanctionner, il faut que le gouvernement tienne un discours de lucidité sur l'état du pays».

A gauche, l'ancien président socialiste François Hollande a questionné «la déontologie» de la tribune. «Comment peut-on laisser penser que l'armée aujourd'hui serait animée par de tels sentiments et par une volonté de mettre en cause les principes mêmes de la République ?» 

Quant au candidat de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon, ces «militaires d'active qui veulent signer une tribune de manière anonyme» sont «factieux et lâches». Il a promis, s'il est élu en 2022, de «purger l'armée de ses membres factieux».


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».