Bête noire de Trump, Cheney risque l'expulsion de la hiérarchie républicaine

Liz Cheney, élue du Wyoming et numéro trois du parti Républicain à la Chambre (Photo, AFP).
Liz Cheney, élue du Wyoming et numéro trois du parti Républicain à la Chambre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 12 mai 2021

Bête noire de Trump, Cheney risque l'expulsion de la hiérarchie républicaine

  • Les 212 républicains de la Chambre des représentants se réuniront à huis clos à partir de 09H00 (13H00 GMT) pour décider du sort de l'élue conservatrice
  • Sa faute ? Dénoncer sans relâche le «grand mensonge» perpétré par le milliardaire lorsqu'il affirme, contre toute évidence, que la dernière élection présidentielle lui a été «volée»

WASHINGTON: Les républicains votent mercredi pour décider s'ils évincent Liz Cheney des sommets du parti au Congrès américain, après ses critiques vives et persistantes de Donald Trump, signe de la profonde influence que conserve l'ex-président sur son camp.

Les 212 républicains de la Chambre des représentants se réuniront à huis clos à partir de 09H00 (13H00 GMT) pour décider du sort de l'élue conservatrice.

Sa faute ? Dénoncer sans relâche le « grand mensonge » perpétré par le milliardaire lorsqu'il affirme, contre toute évidence, que la dernière élection présidentielle lui a été « volée ». Et l'accuser d'avoir incité la violence des manifestants pro-Trump lors de l'assaut meurtrier du Capitole. 

Pendant que les républicains afficheront leurs divisions, Joe Biden cherchera à se montrer en dirigeant capable de dépasser les lignes partisanes.

Pour la première fois, il recevra en fin de matinée à la Maison Blanche les quatre chefs du Congrès : les démocrates Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, et Chuck Schumer, chef de la majorité au Sénat, ainsi que les républicains Kevin McCarthy, à la tête de la minorité à la Chambre, et Mitch McConnell, numéro un des républicains au Sénat.

Sénateur pendant près de quatre décennies, le président démocrate espère se concentrer avec ses interlocuteurs « sur les points d'accord », selon la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki. 

« Cette réunion ne se centrera pas sur l'avenir du parti républicain », a-t-elle souligné, en épinglant les divisions qui agitent le « Grand Old Party ».

« Culte de la personnalité » 

A coups de communiqués incendiaires, l'ex-président républicain a largement pesé dans l'éviction attendue de Liz Cheney, « une imbécile va-t-en-guerre qui n'a rien à faire dans la hiérarchie ». 

L'élue du Wyoming est apparue ces derniers jours résignée à perdre sa place de numéro trois du parti à la Chambre. Mais non sans exhorter les républicains à tourner le dos « au culte de la personnalité Trump ».

Et mardi soir, elle a donné un discours cinglant contre son ennemi. 

« Rester silencieux et ignorer le mensonge » sur la fraude électorale présumée « enhardit le menteur », a-t-elle lancé dans un hémicycle pratiquement vide. 

« Je n'y participerai pas. Je ne resterai pas immobile en silence pendant que d'autres mènent notre parti sur une voie qui abandonne l'Etat de droit, et rejoignent la croisade de l'ancien président pour saper notre démocratie ».

« Rassembler autour de mensonges »  

La fille de l'ancien vice-président Dick Cheney figurait parmi les dix républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour « incitation à l'insurrection » lors de l'attaque du Capitole le 6 janvier. 

L'ex-président américain avait ensuite été acquitté par le Sénat.

Liz Cheney, 54 ans, avait survécu à une première motion de défiance en février. Mais depuis, la patience de certains collègues, y compris critiques de Donald Trump, s'est étiolée. 

Car dans son rôle de numéro trois, ou « conference chair », Liz Cheney est chargée de porter le message des républicains. Or les élections parlementaires cruciales des « midterms » de 2022 approchent.

Le message de Kevin McCarthy est clair : impossible de l'emporter sans montrer un front uni. 

« Elle a perdu sa capacité à être notre porte-parole », a écrit mardi Chip Roy, un élu du Texas, qui avait pourtant soutenu Liz Cheney lors du vote de défiance, en déplorant ses « attaques personnelles contre le président Trump », toujours très populaire chez les électeurs. 

La numéro trois dispose aussi de soutiens, mais sans doute trop rares pour la maintenir à son poste.

« On ne peut pas rassembler autour de mensonges », a tonné lundi l'un d'eux, l'élu républicain Adam Kinzinger. 

Pour la remplacer, le magnat de l'immobilier et Kevin McCarthy soutiennent Elise Stefanik, 36 ans. 

Arrivée au Congrès il y a six ans avec des positions modérées, elle est depuis devenue l'une des grandes voix pro-Trump au Congrès, où elle soutient aussi ses accusations sans fondement de fraudes électorales.

Le vote pour la nommer pourrait néanmoins être repoussé de plusieurs jours, sous la pression de conservateurs irrités de voir cette ex-centriste propulsée numéro trois sans débat.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.