Le CFCM veut réviser le statut des aumôniers musulmans pour lutter contre la radicalisation

De gauche à droite Mohamed Moussaoui, président du CFCM; Éric Dupont Moretti, ministre de la Justice, garde des Sceaux; et Mohamed Loueslati, aumônier national des prisons. (Photo fournie par le CFCM).
De gauche à droite Mohamed Moussaoui, président du CFCM; Éric Dupont Moretti, ministre de la Justice, garde des Sceaux; et Mohamed Loueslati, aumônier national des prisons. (Photo fournie par le CFCM).
Short Url
Publié le Jeudi 13 mai 2021

Le CFCM veut réviser le statut des aumôniers musulmans pour lutter contre la radicalisation

  • «L’aumônier musulman est simplement un bénévole indemnisé, il n’a pas de retraite, ni capital décès alors que son collègue l’aumônier catholique titulaire est un prêtre à part entière»
  • «Un aumônier qui n’est pas bien formé théologiquement ne peut accompagner les détenus dans leur spiritualité»

PARIS: Reçus par le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti, le 30 avril dernier, Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), et le nouvel aumônier national des prisons, Mohamed Loueslati, ont remis au ministre de tutelle un rapport sur la situation de l’aumônerie musulmane en milieu carcéral.

Instaurée en 2005 dans trois domaines (militaire, pénitentiaire et hospitalier) l’aumônerie musulmane compte, à ce jour, 270 membres, en majorité des bénévoles intervenant dans les 187 établissements pénitentiaires répertoriés dans dix régions de France.

Le rapport du CFCM précise que «les échanges des aumôniers musulmans avec leurs homologues des autres cultes sont une source d’enrichissement qui doit être davantage exploitée».

«L’aumônier musulman est simplement un bénévole indemnisé, il n’a pas de retraite, ni capital décès alors que son collègue l’aumônier catholique titulaire est un prêtre à part entière, pris en charge totalement par l’Église et les auxiliaires sont généralement des retraités aisés», précise le rapport qui stipule que ce chiffre est très insuffisant par rapport à la population carcérale en France à majorité musulmane. «Les interventions ne sont pas assurées dans les meilleures conditions», assure le CFCM qui précise que l’aumônerie catholique et l’aumônerie protestantes réunies comptabilisent, quant à elles, au 1er janvier 2020, plus de 1 000 aumôniers, titulaires et auxiliaires, pour 70 000 détenus.

Pour cette raison, le CFCM plaide pour la révision, en lien avec les autres aumôneries, du statut des aumôniers musulmans ainsi que des moyens dont ils disposent. Le rapport du CFCM précise que «les échanges des aumôniers musulmans avec leurs homologues des autres cultes sont une source d’enrichissement qui doit être davantage exploitée».

Faire face aux dangers de la radicalisation

Selon le CFCM, l’aumônerie musulmane souffre d’un déficit important en matière de formation. «Le bilan de l’aumônerie pénitentiaire appelle à agir d’urgence sur son organisation afin de pouvoir relever les défis importants face à la radicalisation dans le milieu carcéral», précise le rapport remis par le président du CFCM à Éric Dupont-Moretti, le 30 avril dernier.

Interrogé par Arab News en français, Mohammed Moussaoui explique que «si l’on veut mettre en place une aumônerie musulmane des prisons efficace et crédible, il est nécessaire de revoir le statut de l’aumônier, car, estime-t-il, le bénévolat est devenu aujourd’hui obsolète».

«Il convient d’envisager rapidement, dans le cadre plus général d’une réflexion sur le statut des aumôniers, un plan de financement théologique et profane.» Mohammed Moussaoui.

Pour y parvenir, le président du CFCM recommande de «s’inspirer de l’aumônerie militaire qui apporte satisfaction à tout le monde». Il ajoute: «Certes, l’Église catholique n’est pas favorable à une quelconque modification du statut des aumôniers de prison de crainte de les voir perdre leur liberté et leur indépendance vis-à-vis de l’administration.» Mais il affirme qu’il est «possible de prévoir un statut à options: les aumôniers catholiques pourront garder leur statut actuel de bénévole et les aumôniers musulmans ainsi que les protestants, qui sont demandeurs, bénéficieront, eux, d’une meilleure professionnalisation à l’image des aumôniers militaires».

«Il convient d’envisager rapidement, dans le cadre plus général d’une réflexion sur le statut des aumôniers, un plan de financement théologique et profane.»

Formation citoyenne des aumôniers

Selon le décret n° 2017-756 du 3 mai 2017, les aumôniers militaires, hospitaliers et pénitentiaires doivent obtenir un diplôme universitaire de formation civile et civique afin d’assurer une assistance spirituelle en adéquation avec les valeurs républicaines et être indemnisés. Or, précise le CFCM, s’agissant du culte musulman, les diplômes universitaires n’ont pas été suffisamment investis par les aumôniers en exercice.

Selon la même source, la formation citoyenne des aumôniers musulmans, un diplôme universitaire (DU), composé de cent trente à cent cinquante heures de cours dont 60 % de cours de droit, fortement appréciée par ceux qui l’ont suivie, n’est pas généralisée à l’ensemble des intervenants «Il faudra généraliser la formation citoyenne surtout si la question du statut s’améliore», explique Mohammed Moussaoui qui précise que cela peut être réalisé en menant «une campagne de sensibilisation des aumôniers à cette formation».

Les auteurs du rapport ne manquent pas de rappeler que la majorité des aumôniers musulmans ont acquis cette formation théologique dans leur pays d’origine au cours de leurs cursus scolaires et universitaires et par leurs familles. Or, observe-t-il, «la question de la formation se pose avec urgence et acuité pour la génération suivante, appelée à prendre le relais. Celui-ci n’est malheureusement pas assuré».

«Il faut déconstruire le discours et la propagande extrémistes qui dévoient et détournent la religion à des fins de violence». Mohammed Moussaoui.

Mieux encore, selon le président du CFCM, il est opportun de créer une formation théologique musulmane à Paris avec des annexes dans certaines régions de France. «Cette formation devra bénéficier de bourses ou de rémunérations à l’image de la formation continue dans les entreprises.» Car, nous confie-t-il, «un aumônier qui n’est pas bien formé théologiquement ne peut accompagner les détenus dans leur spiritualité. Ils les laissent ainsi sous l’influence d’autres détenus autoproclamés guides religieux qui mettent les aumôniers en difficulté et tentent de les discréditer.»

Afin de mieux lutter contre la radicalisation dans les prisons, Mohammed Moussaoui nous explique qu’il est «important de mettre à la disposition des détenus différents supports adaptés au milieu carcéral sur la pratique religieuse et l’enseignement religieux en général», car, selon lui, «il faut déconstruire le discours et la propagande extrémistes qui dévoient et détournent la religion à des fins de violence».

Soutien du ministère de tutelle

De son côté, Éric Dupont-Moretti a réaffirmé son souhait d’accompagner une réflexion sur l’aumônerie pénitentiaire. Il a souligné la nécessité de prendre en considération les expériences des dernières années et d’accentuer les efforts en matière de réinsertion des détenus et de lutte contre les radicalisations dans les prisons. Plus concrètement, le ministre de la Justice vise l’amélioration de la prise en charge et du suivi des détenus radicalisés, ainsi que des détenus souffrant de troubles du comportement et d’altération du discernement. Le garde des Sceaux a également manifesté sa volonté de maintenir un dialogue ouvert et soutenu entre aumôneries et administration pénitentiaire, un dialogue qu’il considère comme essentiel pour l’amélioration des conditions carcérales en France.


A Sciences Po Paris, la mobilisation pro-palestinienne se poursuit

Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement devant l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) alors que des étudiants occupent un bâtiment, avec une barricade bloquant l'entrée, en soutien aux Palestiniens, à Paris le 26 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • «Le débat, oui. Le blocage, non», a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation
  • «Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble», a jugé Raphaël Glucksmann

PARIS: La mobilisation pro-palestinienne se poursuit vendredi à Sciences Po Paris avec l'occupation et le blocage de locaux historiques par des étudiants dont les revendications font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Quelques dizaines d'étudiants du comité Palestine de Sciences Po ont occupé dans la nuit de jeudi à vendredi les locaux, rue Saint-Guillaume, au coeur du huppé 7e arrondissement.

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment, avant que la police ne vienne déloger les étudiants favorables à la cause palestinienne.

Keffiehs sur la tête, drapeaux palestiniens accrochés aux balustrades, slogans fustigeant Israël, plusieurs dizaines étudiants bloquaient encore vendredi en début d'après-midi dans et en dehors le bâtiment nouvellement occupé.

ils ont reçu le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

"Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant peu ou prou les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction, qui chiffre à une soixantaine le nombre d'occupants du principal bâtiment, a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien. Elle "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau sur BFMTV qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par LFI dans la mobilisation.

Fustigeant "le jeu dangereux" de LFI à des "fins électorales", elle a accusé les leaders du mouvement d'être des "irresponsables" faisant la promotion de "l'anarchie" sur les campus.

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

Comme aux Etats-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

Fin des cours

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens?

"On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

"Les revendications sont légitimes" mais "le blocus reste assez radical comme mode d'action", a observé un autre étudiant. "Il faut trouver un moyen d'apaiser le dialogue (...) "La plupart des étudiants ont en tête la fin de l'année."


Européennes : pour Macron, une victoire du RN relèverait d'une «responsabilité collective»

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe devant le slogan «Une Europe puissante» dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • L'opposition accuse Macron d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer
  • Le chef de l'Etat a semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin

STRASBOURG: Emmanuel Macron a jugé vendredi qu'il était "légitime" en tant que président à parler d'Europe, réfutant tout discours électoraliste la veille à la Sorbonne, et il a estimé qu'une victoire de l'extrême droite aux européennes le 9 juin relèverait d'une "responsabilité collective".

"La voix de la France en Europe c’est au cœur de notre diplomatie, de notre politique. Comme chacun de mes prédécesseurs, je suis légitime à aussi, en tant que président, dire un mot de ce qu'il s’y passe, de ce qui s’y joue", a-t-il déclaré à des journalistes en marge d'un déplacement à Strasbourg.

"C’était une parole de président de la République hier (..) Il ne faut pas être hypocrite sur le sujet", a-t-il affirmé. "Il faut assumer la politique qu'on a conduite, le rôle que la France a mené ces dernières années et le fait que j’ai mis l’Europe au cœur aussi du projet".

L'opposition l'accuse d'avoir tenu un discours électoraliste et demande qu'il soit pris en compte dans le temps de parole de la tête de liste du camp présidentiel, Valérie Hayer.

"Les temps de campagne, si je devais participer à certains d’entre eux -  je n'ai pas encore décidé -  je le ferai à ce moment-là à part, comme je l’avais fait il y a cinq ans", a ajouté Emmanuel Macron.

Le chef de l'Etat a par ailleurs semblé écarter toute incidence politique directe en France en cas de victoire de la liste du Rassemblement national le 9 juin.

"C'est une élection européenne", a-t-il pointé. A la question de savoir si une arrivée en tête de la liste RN emmenée par Jordan Bardella serait une forme de désaveu, il a répondu : "Bien sûr. Surtout ça représenterait un responsabilité collective".

Jordan Bardella, en tête d'une quinzaine de points dans les intentions de vote devant Valérie Hayer, a annoncé qu'il réclamerait une dissolution de l'Assemblée nationale s'il l'emporte le 9 juin.

"On voit bien toute cette stratégie, d'ailleurs des extrêmes, qui consiste à nationaliser le débat (...) Au moins parlons d’Europe quand on parle des élections européennes parce que c’est ça dont il s’agit", a relevé Emmanuel Macron.


JO: à l'Institut Pasteur, une équipe dans les starting-block pour traquer les virus

Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, «quelque part dans l'Institut Pasteur»
  • Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, «mordus par des chauves-souris vampires», rapporte le chef de la cellule

PARIS: Avec les millions de visiteurs attendus cet été en France, les JO vont brasser potentiellement autant de personnes que d'agents pathogènes: bactéries, virus et autres parasites... A l'Institut Pasteur, une équipe est sur le pied de guerre pour les traquer, si nécessaire.

"On sait qu'on risque d'être mobilisés beaucoup plus que d'habitude, mais on s'y prépare depuis 18 mois" : Jean-Claude Manuguerra en a vu d'autres.

Ce virologue à l'Institut Pasteur dirige la Cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu), en première ligne depuis 20 ans face aux nouveaux pathogènes.

"La cellule est née en septembre 2002, un an après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, sous l'impulsion de la Direction générale de la santé", rembobine-t-il.

Cette structure fonctionnant sept jours sur sept et 24 heures sur 24 avait été lancée à l'époque après l'envoi d'enveloppes contaminées à l’anthrax aux États-Unis et différentes alertes en France - qui s'étaient révélées être des canulars.

Son rôle : surveiller et détecter tous les risques infectieux (épidémies, accidents ou utilisation potentielle d'armes d'origine biologique) pouvant menacer la sécurité sanitaire de la France.

Sars, grippe H1N1, chikungunya, Covid-19... un grand nombre de virus ont déjà circulé dans ses labos pour y être scrutés et analysés.

Les prélèvements empruntent différents "circuits" selon la nocivité supposée de l'échantillon.

Grippe ou dengue 

Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, "quelque part dans l'Institut Pasteur", explique M. Manuguerra, volontairement imprécis car il doit garder sa localisation secrète.

Combinaison intégrale, masque FFP3, gants et surbottes sont alors de rigueur.

Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, "mordus par des chauves-souris vampires", rapporte le chef de la cellule. Les analyses faites à Pasteur ont permis de comprendre la cause de leurs décès.

En vue des Jeux olympiques, la Cibu s'est préparée à changer d'échelle pour "diagnostiquer un éventail de virus et de bactéries beaucoup plus large que d'ordinaire".

En raison du brassage attendu de populations qui arriveront de tous les points du globe, certaines maladies pourraient en effet se propager à la faveur de l'événement sportif. Par exemple la grippe, "puisque ce sera l'hiver de l'hémisphère sud", ou la dengue, qui sévit actuellement en Amérique du Sud et aux Caraïbes.

Tests PCR, séquençage haut débit, métagénomique sont autant de techniques utilisées par la vingtaine de personnes - scientifiques, techniciens et ingénieurs - qui travaillent dans la cellule.

Séquençage d'urgence 

Pour remplir leur rôle de vigie face aux menaces infectieuses, le Covid-19 a clairement été un accélérateur.

"Quand (le variant) Omicron a pointé le bout de son nez dans le monde, les autorités sanitaires françaises voulaient savoir le plus vite possible quand il arrivait et où", se rappelle Jean-Claude Manuguerra. "En novembre 2022, on leur a proposé de mettre en place un système de séquençage d'urgence, y compris la nuit et les week-ends".

En cas de risque épidémique pendant les JO, la cellule se prépare à devoir rendre des diagnostics le plus rapidement possible.

"On a développé des tests dits +multiplex+ : à partir d'un seul échantillon, on est désormais en mesure de rechercher jusqu'à une quarantaine de virus ou bactéries et d'avoir une réponse en quelques heures", se félicite Jessica Vanhomwegen, responsable du pôle d'identification virale à la Cibu.

Parmi les plus risqués : une grippe aviaire hautement pathogène ou des cas importés d'un virus tropical comme Ebola par exemple, illustre-t-elle.

"On a ciblé les agents pathogènes les plus mortels et les plus transmissibles pour être en mesure de les détecter", rassure-t-elle.

Pour la période, la cellule a revu son organisation : quatre personnes seront mobilisées le week-end, contre deux habituellement.

Si besoin, un laboratoire mobile - une hotte entièrement hermétique dans laquelle il est possible de manipuler un prélèvement potentiellement dangereux - pourra aussi être déployée sur le terrain.

"Si une grosse épidémie apparaît, il faut qu'on soit prêt", résume Jean-Claude Manuguerra.