Comment les fidèles musulmans de Jérusalem savourent l'essence du ramadan

Des fidèles palestiniens prient devant le dôme du Rocher dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem le troisième vendredi du ramadan, le 30 avril 2021. (Photo: Ahmad Gharabli / AFP)
Des fidèles palestiniens prient devant le dôme du Rocher dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem le troisième vendredi du ramadan, le 30 avril 2021. (Photo: Ahmad Gharabli / AFP)
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Publié le Jeudi 13 mai 2021

Comment les fidèles musulmans de Jérusalem savourent l'essence du ramadan

  • Les dix derniers jours du ramadan sont toujours spéciaux, mais dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, ils sont uniques
  • Les fidèles et les étudiants se posent souvent des questions sur la vie et cherchent des solutions aux problèmes quotidiens

JÉRUSALEM: Les dix derniers jours du mois sacré du ramadan sont toujours spéciaux. Dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, ils sont uniques… et chargés d’émotion.

Le 10 mai, la police israélienne a pris d'assaut le Haram al-Sharif, qui abrite à la fois la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher, en lançant des gaz lacrymogènes et en tirant des balles en caoutchouc. Plus de 300 personnes ont été blessées dans les violences qui ont suivi.

Avant que les troubles n'y éclatent, Arab News a passé quatre jours à Jérusalem et s’est entretenu avec les fidèles dans l’attente de Laylat al-Qadr, la nuit du destin qui tombe le 28e jour du ramadan et marque la date, selon les érudits musulmans, de la révélation du Saint Coran.

La plupart des fidèles soulignent la dimension spirituelle de leurs visites.

Mohammed Abdo, un ouvrier du quartier de Sour Baher à Jérusalem, déclare qu'il aime aller à la mosquée aussi souvent que possible. En raison de son travail, il s’y rend habituellement pour les prières de l'après-midi et du soir. «Mais ma préférée est la prière de l'aube. C’est une sensation très spirituelle et céleste», ajoute-t-il.

Mustafa Abu Sway, professeur d'études islamiques à l'université Al-Qods et titulaire de la chaire Ghazali, déclare qu'il est presque toujours à la mosquée Al-Aqsa pour les prières de midi. «Je donne des conférences quotidiennes et le meilleur moment pour ces entretiens spirituels est juste avant les prières de midi.»

Il note que les fidèles et les étudiants se posent souvent des questions sur la vie et cherchent des solutions aux problèmes quotidiens.

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Des fidèles palestiniens arrivent pour prier devant le dôme du Rocher dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le 30 avril 2021. (Photo: Ahmad Gharabli / AFP)

 

«Nous essayons de comprendre comment la foi islamique influence notre comportement. Que ce soit dans les relations personnelles, l'éthique du travail ou les questions d'environnement, nous discutons de toutes ces questions», explique-t-il.

Il souligne que les cercles universitaires internationaux s'intéressent beaucoup aux doctrines et à la pensée d'Al-Ghazali, un théologien islamique influent et un prédicateur célèbre.

Se rendre à Al-Aqsa n'est pas simple. Le parking le plus proche pour ceux qui viennent de l'extérieur de la vieille ville se trouve à plusieurs kilomètres. Une flotte de voiturettes électriques transporte les personnes âgées et handicapées, mais la majorité d’entre elles doivent faire une longue marche dans des rues pavées.

Certains entrent par la porte de Damas au nord et remontent le Khan Al-Zayt et le Suq Al-Wad, deux anciennes artères, vers les hauteurs de Haram Al-Sharif.

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Les forces de sécurité israéliennes montent la garde le 25 septembre 2020 devant la porte du Lion à Jérusalem afin d’empêcher les fidèles d'atteindre l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa en raison des mesures de restrictions liées à la pandémie de Covid-19. (AFP)

 

D'autres passent par la porte du Lion dans le mur Est de la ville. Une fois à l'intérieur de l'enceinte, il existe des entrées séparées pour les hommes et les femmes dans la mosquée du dôme du Rocher. À l'intérieur, une petite barrière en bois sépare les hommes des femmes.

Dans la structure séparée d'Al-Aqsa, le sud d'Al-Qably est réservé aux hommes tandis que la partie proche du Bab Al-Rahmeh, une autre section de prière, est divisée entre les hommes du côté droit et les femmes du côté gauche.

L'ensemble du complexe forme une esplanade qui domine la vieille ville, et il est entretenu par le ministère jordanien du Waqf (biens religieux). La Jordanie a détenu la vieille ville et la Cisjordanie jusqu'en 1967.

Pendant le ramadan, le Waqf aménage des zones spéciales afin de permettre à des centaines de fidèles de rompre le jeûne. Beaucoup viennent de l'extérieur de la ville, soit de l'intérieur des frontières d'Israël de 1948, soit de diverses parties de la Cisjordanie.

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Les forces de sécurité israéliennes surveillent les fidèles palestiniens pendant les prières de l'Aïd al-Fitr devant le complexe fermé de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le 24 mai 2020. (photo AFP)

 

Cette année comme l’année dernière, l'entrée dans Israël depuis la Cisjordanie a été encore compliquée par la pandémie de Covid-19. Seules les personnes vaccinées ont pu obtenir un permis pour voyager depuis la Cisjordanie.

Avant l'incursion du 10 mai de la police israélienne dans le Haram al-Sharif, les commandants israéliens avaient ordonné aux gardes-frontières et aux agents de sécurité en civil d'adopter un profil bas.

Au début du mois sacré, les forces de sécurité israéliennes ont coupé l'électricité de quatre minarets et bloqué une place devant la porte de Damas, une entrée majeure de la vieille ville au nord-ouest d'Al-Aqsa.

Les commandants essayaient de faire taire l'appel à la prière le même soir qu'un événement commémoratif juif pour les soldats israéliens tombés au combat. À une autre date, ils ont tenté de prévenir les affrontements entre Palestiniens et manifestants juifs extrémistes qui criaient «mort aux Arabes».

L'atmosphère s’est encore dégradée avec les tentatives d'expulsion des familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à l'extérieur de la vieille ville, des bâtiments revendiqués par les colons juifs. Les États-Unis et l'Union européenne (UE) ont appelé au calme.

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Les forces de sécurité israéliennes arrêtent un Palestinien qui a tenté de franchir une barrière de sécurité pour entrer dans le complexe fermé de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, le 24 mai 2020. (photo AFP)

 

Les gardes de la mosquée, qui sont employés par le gouvernement jordanien, sont également restés discrets lorsque les fidèles se déplaçaient à l’intérieur et autour du complexe.

Les gardes palestiniens surveillaient les visiteurs afin de s'assurer qu'ils ne violaient pas un accord conclu en 2014 à Amman entre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou; le secrétaire d'État américain, John Kerry; et le roi Abdallah de Jordanie.

L'accord non écrit stipule que seuls les musulmans peuvent prier à Al-Aqsa et au dôme du Rocher tandis que tous les autres peuvent s’y rendre pour une visite. Les juifs prétendent toutefois que l'esplanade est le site des premier et deuxième temples, qui sont sacrés dans la tradition juive. Israël revendique la totalité de Jérusalem comme sa capitale indivisible.

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Dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, les dix derniers jours du mois sacré du ramadan sont toujours spéciaux. (Crédit photo: We One Agency, Jérusalem, Palestine)

 

Les gardes du Waqf cherchent à contrer les tentatives de groupes juifs extrémistes, tels que le Temple Mount Faithful, qui veulent reconstruire le troisième temple sur le site. Ils pourraient tenter de réciter des prières juives en signe de revendication de souveraineté.

Durant les quelques heures séparant les prières de l'après-midi des prières du soir qui suivent la rupture du jeûne ou de l'iftar, Al-Aqsa était plus calme. Les habitants de la vieille ville rentraient chez eux pour rompre le jeûne avec leurs familles, tandis que les personnes extérieures étaient invitées dans un espace dédié de la mosquée par divers organismes de bienfaisance afin de partager un repas chaud, des boissons et des sucreries.

Des zones pour se laver étaient disponibles ainsi que de l'eau potable pour ceux qui jeûnent toute la journée sans boire ni manger.

Dans la soirée, les habitants de la vieille ville sortaient de leur maison pour organiser des prières communes de Tarawih avec ceux qui étaient restés dans la mosquée. Les fins de la soirée étaient consacrées à des discussions en petits et grands groupes et à des études religieuses.

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Des fidèles palestiniens se rassemblent devant l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem avant la troisième prière du vendredi du mois sacré du Ramadan, le 30 avril 2021. (photo AFP)

Certains restaient debout toute la nuit pour le petit déjeuner du sahur. Beaucoup dormaient avant d'être réveillés pour prendre un repas léger avant l'imsak (le moment de s'abstenir) au lever du soleil. Les lève-tôt retournaient à la mosquée pour le moment spécial des prières de l'aube. Certains n'ont pas le luxe de passer une nuit au Haram al-Sharif, le troisième site le plus sacré de l'Islam.

Nemeh Quteneh, de Beit Safafa, un autre quartier de Jérusalem-Est, marche avec sa mère et sa tante vers le dôme du Rocher, qui abrite la pointe du mont Moriah, pour les prières de l'après-midi.

Elle explique: «Ma mère, Sufiana, ne peut venir que l’après-midi, mais je préfère les prières tôt le matin. L'air est calme et le calme permet d'avoir cette connexion spirituelle que ce Lieu saint induit.»


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.


Un responsable du Hamas affirme qu'Israël n'atteindra pas ses objectifs avec une offensive à Rafah

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza. (AFP).
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  • Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres"
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza

TERRITOIRES PALESTINIENS: Un membre du bureau politique du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ghazi Hamad, a déclaré jeudi à l'AFP qu'un assaut militaire israélien sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut".

"Même si (Israël) entre dans Rafah et l'envahit, il ne remplira pas (...) ses deux principaux objectifs, que ce soit éliminer le Hamas ou récupérer" les otages enlevés par les combattants palestiniens en Israël le 7 octobre, a déclaré Ghazi Hamad, contacté depuis Gaza au Qatar, Etat faisant partie d'un groupe de pays assurant une médiation entre le mouvement palestinien et le gouvernement israélien.

Le Hamas a averti "l'Egypte, le Qatar" ainsi que "d'autres pays arabes et internationaux" du "danger que représente une invasion de Rafah" et du fait qu'"Israël s'apprête à commettre davantage de massacres", a souligné M. Hamad.

Après plus de six mois de frappes et de combats acharnés au sol, qui ont laissé l'essentiel de la bande de Gaza --2,4 millions d'habitants-- en ruines, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah, dans l'extrême sud du territoire, à la frontière avec l'Egypte.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu martèle qu'une offensive sur Rafah est indispensable pour anéantir le Hamas, l'un des objectifs affichés de la guerre qu'Israël mène à Gaza.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Un million de déplacés 

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne notamment.

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas.

Jeudi encore, le cabinet de guerre israélien s'est réuni pour préparer cette offensive, malgré une large opposition internationale, y compris de la part des Etats-Unis, l'allié historique d'Israël.

La communauté internationale redoute un carnage à Rafah où s'entassent selon l'ONU 1,5 million de personnes, dont plus d'un million déplacées par les combats dans la bande de Gaza.

« Après-guerre »

"Les négociations sont au point mort" et c'est "l'obstination d'Israël" qui "fait tourner les négociations en rond ces derniers mois", affirme Ghazi Hamad.

"M. Netanyahu et ses ministres disent que la guerre doit continuer, que le Hamas doit être détruit et que Rafah doit être prise. Clairement ils n'ont pas l'intention de négocier", fait-il valoir.

Le Hamas de son côté "a clairement et explicitement présenté sa position aux médiateurs", a poursuivi M. Hamad.

"Nos demandes fondamentales invariablement exprimées sont une déclaration claire et explicite de cessez-le-feu, un retrait complet" des forces israéliennes de la bande de Gaza et "le retour des déplacés", a-t-il dit.

Les plus récentes propositions de la partie israélienne ne répondaient pas à ces "demandes fondamentales", a-t-il affirmé.

M. Hamad accuse M. Netanyahu de "tergiverser" pour "tromper le public israélien" et "leurrer la communauté internationale en disant qu'il y a des négociations et en déformant la vérité en affirmant que le Hamas constitue l'obstacle dans ces négociations".

Quelques heures plus tôt, un porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, avait affirmé que le Hamas se sentait "encouragé" par "certains acteurs régionaux" et "c'est pourquoi il s'éloigne" des négociations.

Ghazi Hamad a aussi affirmé à l'AFP que le Hamas travaillait déjà "jour et nuit" à "l'après-guerre".

"Nous avons de nombreux contacts avec des pays, des institutions et des organisations humanitaires", a-t-il assuré, "nous travaillons à la phase d'après-guerre pour faire en sorte qu'un effort considérable soit déployé pour reconstruire la bande de Gaza".