Le bitcoin tempère son plongeon, entre Elon Musk, la Chine, et des perturbations sur Coinbase

Cette photo d'archive prise le 20 novembre 2017 montre des pièces de monnaie Bitcoin souvenirs, plaquées or, arrangées pour une photographie à Londres / AFP
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Publié le Mercredi 19 mai 2021

Le bitcoin tempère son plongeon, entre Elon Musk, la Chine, et des perturbations sur Coinbase

  • A son plus bas du jour mercredi, à 30 016 dollars, le bitcoin a perdu près d'un tiers de sa valeur par rapport au début de la semaine
  • Le cours se reprenait notamment après un tweet du patron de Tesla, Elon Musk, laissant entendre que son entreprise, qui a acquis pour 1,5 milliard de dollars de bitcoin plus tôt dans l'année, ne les avait pas vendus

NEW YORK: Le bitcoin tempérait un peu ses pertes après avoir perdu jusqu'à 30% mercredi, suivant un rappel à l'ordre en Chine contre les cryptomonnaies qui se sont ajoutés à des propos d'Elon Musk interprétés négativement la semaine passée.

Vers 15H40 GMT (17H40 à Paris), la principale cryptomonnaie perdait 14% à 37 420 dollars. Elle avait flirté un peu plus tôt avec le seuil des 30 000 dollars, un prix plus vu depuis fin janvier.

Le cours se reprenait notamment après un tweet du patron de Tesla, Elon Musk, laissant entendre que son entreprise, qui a acquis pour 1,5 milliard de dollars de bitcoin plus tôt dans l'année, ne les avait pas vendus contrairement à ce que laissait supposer un précédent tweet du fantasque dirigeant.

Celui-ci a toutefois bien décidé mi-mai de refuser les paiements en bitcoin pour ses véhicules électriques, contrairement à un précédent engagement, citant le risque environnemental causé par le minage de bitcoin.

A son plus bas du jour mercredi, à 30 016 dollars, le bitcoin a perdu près d'un tiers de sa valeur par rapport au début de la semaine et plus de la moitié en comparaison avec son record historique touché il y a seulement un mois, le 14 avril, à 64.869,78 dollars.

L'analyste de Oanda Edward Moya qualifiait le creux soudain de la journée de "flash-crash", ces plongeons boursiers qui se produisent en quelques minutes.

"Après la volte-face de Tesla, la Chine a ajouté du sel sur la blessure en déclarant que les monnaies virtuelles ne devraient pas et ne peuvent être utilisées sur le marché parce qu'elles ne sont pas des monnaies réelles", a commenté Fawad Razaqzada, analyste de Thinkmarkets.

Les cryptomonnaies "ne sont pas de vraies devises", ont en effet estimé mercredi plusieurs fédérations bancaires chinoises de référence, mettant en garde contre la "spéculation", dans un pays qui prépare par ailleurs sa propre monnaie numérique.

Coinbase bousculé

La Chine a un temps été une des places fortes du bitcoin, la plus répandue des monnaies virtuelles. 

Pékin a cependant opéré en 2019 un tournant radical en rendant illégaux dans le pays les paiements en cryptomonnaies, accusées d'être un instrument au service "d'activités criminelles".

La forte volatilité des monnaies virtuelles "porte gravement atteinte à la sécurité des biens des personnes et perturbe l'ordre économique mondial", ont fustigé dans un communiqué commun la Fédération nationale de financement sur internet, la Fédération bancaire de Chine et la Fédération de paiement et de compensation.

Un peu plus tard mercredi, la plateforme américaine d'échange cotée à Wall Street Coinbase a annoncé avoir subi de fortes perturbations, ajoutant sur un compte Twitter de l'entreprise qu'il était difficile de se connecter, de consulter son solde ou d'acheter ou vendre des devises virtuelles.

L'entreprise, qui plongeait de plus de 5% à Wall Street en raison des fortes secousses sur le marché, a affirmé un peu plus tard sur le réseau social qu'elle avait remédié à ces difficultés sur sa plateforme.

L'intérêt pour les cryptomonnaies à travers le monde a bondi depuis fin 2020. Dopé par l'attention d'investisseurs de plus en plus sérieux, des banques institutionnelles de Wall Street à certains géants de la Silicon Valley, le marché des cryptomonnaies a enflé pour atteindre plus de 2 500 milliards de dollars à son plus haut mi-mai, selon le site Coinmarketcap, qui recense près de 10 000 devises.

Le régulateur chinois n'est pas le seul à s'inquiéter de l'envol du marché des cryptomonnaies: ses homologues en Europe ou aux Etats-Unis ont appelé les investisseurs à la prudence, sans cependant interdire les transactions. 

La Chine accélère par ailleurs les préparatifs pour lancer sa propre monnaie virtuelle, qui sera émise et encadrée par la banque centrale.

La monnaie numérique chinoise, futur moyen de paiement électronique sur smartphone amené à remplacer les pièces et les billets, pourrait faire ses débuts en 2022 lors des Jeux olympiques d'hiver de Pékin.

La deuxième plus grande cryptomonnaie, l'ethereum, dévissait elle aussi mercredi, lâchant 21% à 2 186 dollars.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.