Energie photovoltaïque en Pologne: du soleil au pays du charbon

Les panneaux solaires de la ferme photovoltaïque de Columbus Energy à Jedrzejow, en Pologne, sont photographiés le 11 mai 2021. (Photo, AFP)
Les panneaux solaires de la ferme photovoltaïque de Columbus Energy à Jedrzejow, en Pologne, sont photographiés le 11 mai 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 20 mai 2021

Energie photovoltaïque en Pologne: du soleil au pays du charbon

  • Longtemps derrière les puissances européennes du solaire, les Polonais ont mis depuis peu les bouchées doubles pour équiper leurs toits d'installations PV
  • «La mairie s'y est investie et on a saisi l'occasion. D'autres ont suivi. C'était un choix excellent»

CRACOVIE: Le boom des panneaux solaires permet aux Polonais de songer à divorcer d'avec le charbon, et une technologie photovoltaïque locale pourrait bientôt changer la donne sur la façon d'exploiter la puissance du soleil.

Longtemps derrière les puissances européennes du solaire, les Polonais ont mis depuis peu les bouchées doubles pour équiper leurs toits d'installations PV, dans un pays qu'on associe rarement au ciel bleu, mais plutôt au smog au dessus des villes et villages chauffés au charbon, dit «l'or noir» national.

Les coûts montant en flèche de l'extraction du charbon, des émissions du CO2 et, par conséquent, de l'énergie, semblent avoir commencé à peser sur les porte-monnaies et la conscience du gouvernement et des Polonais.

 

«Mieux respirer»

Andrzej Machno, 74 ans, compte parmi les premiers à Skawina (sud) à avoir troqué sa vieille chaudière à charbon contre des panneaux photovoltaïques et capteurs thermiques solaires, serrés désormais sur le toit de sa maison familiale.

«La mairie s'y est investie et on a saisi l'occasion. D'autres ont suivi. C'était un choix excellent», dit à l'AFP l'ancien hôtelier, l'oeil vif et bonne posture, jouant avec son petit-fils dans un jardin fleuri aux premiers rayons du printemps.

Même s'il doit compléter ses installations avec une chaudière à gaz, en hiver, les économies sur les factures lui suffisent déjà pour pouvoir rembourser bientôt le crédit contracté pour l'opération.

«On arrive maintenant à mieux respirer à Skawina», dit M. Machno qui a passé sa vie dans cette ville, symbolisée et polluée durant des décennies par une importante usine d'aluminium, fermée depuis.

 

«Ruée au photovoltaïque»

«On a une ruée aux micro-installations photovoltaïques en Pologne», déclare à l'AFP Ryszard Wnuk, expert en énergies renouvelables à l'Agence nationale pour l'économie d'énergie (KAPE).

Et de souligner qu'environ 70% du parc solaire en Pologne est constitué d'équipements de puissance moyenne de 8 kW. L'étape de grandes centrales solaires photovoltaïques commence seulement à se dessiner. 

En cinq ans, ce pays de 38 millions d'habitants est passé de seulement 187 mégawatt (MW) de puissance installée en photovoltaïque, à 3 935 MW en 2020, l'année où ce chiffre a crû de 155%, selon les statistiques locales. 

La croissance mondiale moyenne dans ce secteur était de 22% en 2020, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).

«On est loin au-delà des prévisions qui tablaient seulement sur 5 700 MW en 2030», souligne-t-il. 

Un système simple et avantageux de subventions publiques, environ 1 100 EUR de la part de l'État ou, dans certains cas, même davantage offerts par certaines communes, ainsi qu'une solution commode de stockage par opérateur du réseau du surplus d’électricité produit en autoconsommation, «sont aussi à la source du phénomène», estime l'expert.

 

Mot difficile: photovoltaïque

«Il y a dix ans, personne en Pologne ne savait prononcer correctement le mot photovoltaïque!», rappelle à l'AFP Dawid Zielinski, 36 ans, le PDG de la société Columbus Energy.

Cette ancienne start-up créée il y a sept ans, compte parmi les acteurs majeurs du photovoltaïque et énergie verte en Pologne, emploie 3 500 personnes, est cotée à la Bourse de Varsovie et affiche des ambitions internationales. 

«Aujourd'hui, tout le monde sait que le photovoltaïque, les éoliennes et d'autres énergies renouvelables sont le seul chemin juste pour ne pas payer bientôt de gigantesques factures d'électricité», souligne cet homme débordant d'énergie, rencontré au siège du groupe.

 

Les pérovskites

C'est en quête de solutions du futur, que M. Zielinski a investi dans le lancement imminent de la première chaîne au monde de production industrielle de nouveaux modules photovoltaïques basés sur des cellules en pérovskites.

Ces structures atomiques, répandues dans la nature et faciles à obtenir en laboratoire se sont avérées, au fil des recherches internationales, dotées de l'aptitude à former des cellules photovoltaïques dont l'efficacité égale celle des panneaux en silicium.

Il y a huit ans, Olga Malinkiewicz, alors doctorante polonaise à l'Institut des sciences moléculaires (ICMol) de l'Université de Valence, en Espagne, a inventé la technologie bon marché de pose de couches de pérovskites par simple impression à jet d'encre.

Depuis, la vision de panneaux solaires légers, souples, à taux de transparence et à teinte variables, qu'on peut poser facilement sur un ordinateur portable, une voiture, un drone, un vaisseau spatial ou un bâtiment, même à l'intérieur, anime les esprits des chercheurs entre Tokyo et Oxford, en passant par Wroclaw (sud-ouest de la Pologne) où Mme Malinkiewicz a installé sa société Saule Technologies.

Sa découverte, remarquée par la revue Nature, lui vaut notamment le prestigieux prix du concours Photonics 2, organisé par la Commission européenne, et un autre du MIT.

Pourtant, sourit Andrzej Machno, le photovoltaïque a aussi ses inconvénients: «avant je devais charger six tonnes de charbon par mois dans la chaudière puis décharger les cendres alors que maintenant je reste assis, je bois de la bière et j'ai pris du poids!».


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Short Url
  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.