Malgré une lueur d'espoir diplomatique, les frappes se poursuivent à Gaza

Une famille blessée par un raid israélien s'apprête à être transportée en ambulance à l'hôpital. (AFP).
Une famille blessée par un raid israélien s'apprête à être transportée en ambulance à l'hôpital. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 20 mai 2021

Malgré une lueur d'espoir diplomatique, les frappes se poursuivent à Gaza

  • «Mais qu'est-ce que mon frère a fait ? Il ne faisait que passer (ses jours) dans son fauteuil roulant»
  • Le Comité international de la Croix-Rouge a estimé que «les populations à Gaza et en Israël ont un besoin urgent de répit»

GAZA: Vers un cessez-le-feu à Gaza? La diplomatie s'active jeudi sur le terrain et en coulisses pour tenter de mettre un terme à l'escalade militaire meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza après une nouvelle nuit de bombardements.

Après l'appel du président américain Joe Biden en faveur d'une «désescalade» immédiate dans ces affrontements qui ont fait au moins 239 morts en dix jours, majoritairement des Palestiniens, et l'échec d'une résolution de la France à l'ONU, bloquée par Washington, c'est au tour jeudi de l'Allemagne d'entrer en scène.

gaza
Un homme palestinien âgé passe devant un bâtiment détruit par les bombardements israéliens dans la ville de Gaza, le 19 mai 2021. (Photo, AFP)

 

Heiko Mass: la paix passe par une solution à deux Etats

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Mass, tient dans la journée en Israël et en Cisjordanie occupée des pourparlers avec de hauts responsables israéliens et l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, mais pas directement avec le Hamas, classé organisation «terroriste» par les États-Unis et l'Union européenne. 

D'où aussi d'intenses pourparlers avec l'Égypte, pays limitrophe d'Israël et de la bande de Gaza, micro-territoire palestinien de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis 15 ans, pour remettre sur les rails une trêve fragile datant de quelques années entre le Hamas et l'État hébreu mais qui a volé en éclats la semaine dernière.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a affirmé que Gaza a besoin d'être soutenue sur le plan humanitaire. Il a toutefois aussi exprimé la solidarité de l'Allemagne avec Israël, tout en appelant à un cessez-le feu urgent.

Maas a par ailleurs estimé qu'une solution à deux États permettrait aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre en paix.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel s'est dit favorable à des «contacts indirects» avec le Hamas.

Ce cycle de violences entre Israël et Gaza a été déclenché après les tirs par le Hamas de salves de roquettes vers l'État hébreu le 10 mai, en solidarité avec les centaines de Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de Jérusalem, dans le secteur palestinien de Jérusalem occupé par Israël depuis plus de 50 ans. 

Israël a «profité» de la situation, a indiqué mercredi un responsable militaire israélien, pour «réduire les capacités» militaires du Hamas. Depuis dix jours, l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza, où la population locale vit de jour et de nuit sous le tonnerre de la guerre, selon des équipes de l'AFP sur place. 

gaza
Au dénuement presque total des Gazaouis, s'ajoute à présent la destruction de leur espace de vie. (AFP).

 

Hamas annonce la probabilité d'un cessez-le-feu

Un cessez-le-feu avec Israël sera annoncé dans les 24 heures, a déclaré un haut responsable du Hamas à CNN. Israël n'a pas commenté cette déclaration.

 

 

 

Famille décimée

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des avions de chasse israéliens ont frappé les résidences d'au moins six dirigeants du Hamas, selon l'armée israélienne, tandis que les sirènes d'alarmes hurlaient dans le sud d’Israël aux premières heures de jeudi, le deuxième groupe armé à Gaza, le Jihad islamique, revendiquant une nouvelle salve de roquettes.

Un peu plus tôt, une famille palestinienne a été décimée à Deir al-Balah (centre). Eyad Saleha, en fauteuil roulant, Amani, sa femme enceinte, et Nagham, leur fille de trois ans, ont péri dans un raid israélien mercredi sur la bande de Gaza, selon les autorités locales.

«Mais qu'est-ce que mon frère a fait ? Il ne faisait que passer (ses jours) dans son fauteuil roulant», a dit à l'AFP Omar Saleha, affirmant que son frère, en fauteuil roulant depuis 14 ans, n'était pas un combattant. «Qu'est-ce que sa fille a fait ? Et sa femme ?».

Le Comité international de la Croix-Rouge a estimé que «les populations à Gaza et en Israël ont un besoin urgent de répit», ajoutant dans un communiqué avoir informé Israël et le Hamas qu’à partir de jeudi son personnel se «déplacera pour apporter une réponse aux besoins urgents. Les deux parties ont une responsabilité claire de nous faciliter de tels mouvements».

Depuis le début des affrontements, au moins 227 Palestiniens, incluant une soixantaine d'enfants et des combattants du Hamas, ont péri dans les frappes israéliennes, tandis que 12 personnes ont perdu la vie en Israël dans des tirs depuis Gaza, les mouvements palestiniens dans ce territoire ayant dirigé plus de 4 000 roquettes vers le territoire israélien. 

Il s'agit de la plus forte cadence de roquettes jamais tirées vers l'État hébreu, selon l'armée israélienne qui dispose toutefois d'un bouclier antimissile ayant permis selon eux d'intercepter environ 90% des projectiles.

«Le président (américain) a indiqué au Premier ministre (israélien) qu'il s'attendait à une désescalade significative aujourd'hui vers un cessez-le-feu», selon la Maison Blanche qui a fait état d'un échange téléphonique entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu.

Les États-Unis, qui ont revendiqué une approche diplomatique «discrète», ont refusé de soutenir un projet français d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une cessation des hostilités.

«Le moment opportun»

Mercredi, un responsable militaire israélien a affirmé que son pays étudiait le «moment opportun pour un cessez-le-feu», précisant que l'armée était prête à encore «plusieurs jours» de conflit.

«Ce que nous essayons de faire est précisément ceci: diminuer leurs capacités, leurs moyens terroristes et diminuer leur détermination», a renchéri le Premier ministre Benjamin Netanyahu se disant «déterminé à continuer cette opération».

«Nous n'en sommes pas encore à un cessez-le-feu», ont résumé mercredi à Jérusalem deux sources diplomatiques étrangères à l'AFP, alors qu'une troisième a fait état d'un «risque de contagion» à la région qui rend encore plus «urgent» un cessez-le-feu.

Mercredi, des roquettes ont été tirées du Liban voisin vers Israël qui a répliqué à l'artillerie, mais c'est surtout c'est vers la Cisjordanie occupée et l'intérieur même d'Israël que les regards sont tournés. 

Depuis 10 jours, des émeutes et des affrontements avec les forces israéliennes ont éclaté dans de nombreuses villes et camps palestiniens de Cisjordanie faisant plus de 25 morts, pire bilan depuis des années dans ce territoire. 

Et des Arabes israéliens – descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948 – ont manifesté, fermé leur commerce ou été au cœur d'émeutes, disant subir la même «discrimination» que les Palestiniens de Gaza ou Ramallah en Cisjordanie. 

La communauté internationale à la peine dans le conflit israélo-palestinien

Entre des Etats-Unis soucieux de ménager Israël, une Europe divisée et des acteurs régionaux antagonistes, la communauté internationale peine à se faire entendre et à imposer un cessez-le-feu dans le nouvel embrasement entre Israéliens et Palestiniens de Gaza.

LA PRUDENCE DE JOE BIDEN 

Le président américain Joe Biden, qui n'avait pas fait du dossier israélo-palestinien une priorité après les multiples gestes de son prédécesseur Donald Trump en faveur d'Israël, se retrouve en première ligne malgré lui dans la gestion diplomatique de la crise.

Ses partenaires occidentaux et l'aile gauche du parti démocrate lui demandent de s'impliquer davantage et de faire pression sur Israël, allié traditionnel des Etats-Unis, pour calmer le jeu et remettre ensuite sur le métier la recherche d'une solution politique.

"Ce qui se passe montre que l'idée caressée par certains (de) simplement ignorer le conflit du Proche-Orient en pensant qu'il disparaîtrait de lui-même, que le temps arrangerait les choses (...) était une vue de l'esprit", résume le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

Le président Biden a appelé mercredi à une "désescalade vers un cessez-le-feu". "Mais la position traditionnelle des Etats-Unis est de ne pas faire pression sur Israël", relève Pascal Boniface, directeur de l'Institut de Relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris.

L'administration Biden privilégie en outre comme ses prédécesseurs les canaux bilatéraux au détriment de l'ONU, où elle a jusqu'ici bloqué toute initiative appelant à la cessation des hostilités, relève une source diplomatique européenne. 

"A ce stade, elle réalise aussi qu'il y a peu de bénéfice politique à tirer d'une implication plus grande dans la recherche d'une solution politique", faute de perspectives de ce côté-là, observe Lucy Kurtzer-Ellenbogen, experte à l'Institute of Peace à Washington.

Les Etats-Unis comme Israël entendent aussi "s'assurer que le Hamas ne ressorte pas comme le vainqueur d'un cessez-le-feu", renchérit Ghaith al-Omari au Washington Institute. Avec un objectif majeur, réduire durablement sa capacité militaire.

L'IMPUISSANCE DES EUROPEENS

L'Union européenne, premier partenaire économique d'Israël et soutien clé dans le développement de la Palestine, dispose dans l'absolu de leviers de pression. Mais elle reste divisée - la Hongrie a refusé mardi de se joindre à une déclaration commune appelant au cessez-le-feu - et inaudible sur ce dossier.

"Les divisions se sont accrues entre les Etats membres sous l'influence de l'administration Trump qui a beaucoup radicalisé le dossier", explique Pierre Vimont, diplomate français et expert au centre Carnegie Europe interrogé par l'AFP.

"Les Etats membres sont tout autant divisés pour utiliser les leviers" à leur disposition, ajoute-t-il, déplorant "une absence totale d'initiative".

L'UE refuse également de faire pression sur Israël en menaçant si besoin de remettre en cause l'accord d'association qui les lie et n'a aucun contact avec le Hamas qu'elle considère comme une organisation terroriste.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, compte sur ce soutien européen pour accentuer la pression sur les Etats-Unis aux Nations-unies.

Mais son projet de résolution appelant à une "cessation immédiate des hostilités" et à un accès de l'aide humanitaire à Gaza se heurte à une menace de veto américain.

Le président français Emmanuel Macron appuie aussi une médiation de son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dont le pays est l'un des rares à parler à la fois au Hamas et à Israël, avec lequel il a signé un traité de paix en 1979. 

L'EGYPTE, MEDIATEUR DE REFERENCE

Acteur clé dans la région, l'Egypte pâtit toutefois de l'influence grandissante du Qatar et de la Turquie sur le Hamas, relève Haisam Hassanein, expert au Washington Institute.

"Son rôle s'est du coup réduit à la recherche d'un cessez-le-feu quand l'escalade est à son comble. Mais les Israéliens insistent pour la garder dans la boucle", note-t-il.

Pour Pascal Boniface, l'Egypte peut "accompagner un compromis, habiller le résultat d'une négociation" entre deux belligérants, Israël et le Hamas, qui officiellement ne se parlent pas.

Le Qatar, qui a des relations discrètes avec Israël, peut aussi servir de "courtier, de relais" entre les deux belligérants, estime-t-il.

L'IRAN ET LA TURQUIE, "AVOCATS" DE LA CAUSE PALESTINIENNE

Le président turc Recep Tayyip Erdogan se pose une nouvelle fois en héraut de la cause palestinienne face à des pays arabes moins vocaux sur le sujet et dont certains viennent tout juste de normaliser leurs relations avec Israël comme le Maroc, les Emirats arabes unis et Bahreïn.

L'Iran, soupçonné de fournir financements et armes au Hamas et au Jihad islamique, autre groupe armé à Gaza, "tire aussi avantage d'un conflit qu'il n'a pas lui-même contribué à déclencher", fait observer le Centre d'analyse américain Soufan. 

Il apparaît ainsi comme un soutien de la cause palestinienne et à travers elle de l'islam sunnite et non plus seulement des chiites. "Cela renforce sa stratégie (d'influence) régionale afin de contrer les Etats-Unis, Israël, l'Arabie saoudite et d'autre adversaires", souligne le Soufan Center.

LA RUSSIE ET LA CHINE A L'ARRIERE-PLAN

La Russie, qui entretient de bonnes relations à la fois avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les dirigeants palestiniens, appelle à une réunion urgente du Quartette, un groupe de médiateurs pour le Proche-Orient (Russie, Etats-Unis, ONU et UE).

La Chine a regretté pour sa part "l'obstruction" des Etats-Unis au Conseil de sécurité après avoir tenté en vain de faire adopter une déclaration appelant à la fin des hostilités.


Gaza: le ministre saoudien des AE réitère son appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent  

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s’exprime lors d’une réunion de la Ligue arabe à Manama. (Agence de presse saoudienne)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s’exprime lors d’une réunion de la Ligue arabe à Manama. (Agence de presse saoudienne)
Short Url
  • Le prince Faisal affirme que l’agression israélienne continue et la violation de toutes les lois et normes internationales exacerbent l’ampleur de la catastrophe humanitaire
  • Ces violations mettent par ailleurs en lumière l’incapacité des institutions internationales à maintenir la paix et la sécurité

RIYAD: L’Arabie saoudite a réitéré, mardi, son appel à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza et à l’acheminent continu d’une aide adéquate vers le territoire.

S’exprimant lors d’une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe à Manama, le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, a déclaré qu’il était nécessaire de favoriser une voie fiable et irréversible vers une solution à deux États au conflit palestino-israélien.

Le ministre affirme que le Royaume a coopéré avec des pays amis pour déployer tous les efforts nécessaires en vue de mobiliser le soutien international indispensable pour mettre fin aux attaques israéliennes brutales et limiter les répercussions de la guerre à Gaza.

Le prince Faisal ajoute que l’agression israélienne continue et la violation de toutes les lois et normes internationales, en l’absence de mesures internationales de responsabilisation, exacerbent l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza et mettent en lumière l’incapacité des institutions internationales à maintenir la paix et la sécurité internationales.

Le ministre réitère les efforts continus du Royaume et son plein soutien à la paix au Yémen. Il souligne l’importance de parvenir à une solution politique globale par le dialogue et la concertation entre les parties yéménites.

Le prince Faisal fait également part de l’engagement du Royaume à préserver la sécurité et la sûreté en mer Rouge, à garantir la liberté de navigation et à prévenir de nouvelles crises dans la région.

Concernant le Soudan, le ministre affirme que son pays est préoccupé par la poursuite des opérations militaires et les souffrances humanitaires qui en résultent.

Il renouvelle l’appel du Royaume à un retour au dialogue afin de parvenir à une solution politique qui épargne aux civils les horreurs de la guerre.

Il soutient que seule une solution politique qui respecte la souveraineté et l’unité du Soudan et de ses institutions nationales pourrait résoudre la crise.

Le prince Faisal insiste sur l’importance de garantir la sécurité et la stabilité en Syrie et de respecter sa souveraineté, son unité territoriale et son identité arabe.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: des Palestiniens fuient Rafah au 76e anniversaire de la Nakba

Dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire, au moins cinq personnes, dont une mère et son enfant, ont été tuées et d'autres blessées mardi soir dans deux frappes aériennes israéliennes, selon la défense civile palestinienne. (AFP).
Dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire, au moins cinq personnes, dont une mère et son enfant, ont été tuées et d'autres blessées mardi soir dans deux frappes aériennes israéliennes, selon la défense civile palestinienne. (AFP).
Short Url
  • Durant la Nakba, environ 760.000 Arabes de Palestine ont fui ou ont été chassés de chez eux pour se réfugier dans les pays voisins ou ce qui allait devenir la Cisjordanie et la bande de Gaza, selon l'ONU
  • "Gaza ne s'agenouillera pas devant les chars et les canons", ont scandé mardi des Palestiniens, venus par milliers à une marche annuelle dans les ruines de villages du nord d'Israël dont les habitants arabes ont été chassés en 1948

RAFAH: Des dizaines de milliers de civils continuent de fuir mercredi la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pilonnée par Israël et menacée d'une offensive terrestre d'envergure, le jour où les Palestiniens marquent l'anniversaire de la Nakba, la "Catastrophe" que fut pour eux la création d'Israël en 1948.

Durant la Nakba, environ 760.000 Arabes de Palestine ont fui ou ont été chassés de chez eux pour se réfugier dans les pays voisins ou ce qui allait devenir la Cisjordanie et la bande de Gaza, selon l'ONU.

"Gaza ne s'agenouillera pas devant les chars et les canons", ont scandé mardi des Palestiniens, venus par milliers à une marche annuelle dans les ruines de villages du nord d'Israël dont les habitants arabes ont été chassés en 1948.

Dans la bande de Gaza, assiégée et ravagée par les bombardements et les combats entre Israël et le Hamas, la population civile, déplacée plusieurs fois depuis le début de la guerre, est de nouveau sur les routes pour tenter de trouver un refuge, même si l'ONU affirme qu"il "n'y a pas d'endroit sûr à Gaza".

L'AFP a constaté dans la nuit des bombardements israéliens dans le centre et l'est de Rafah, ville située à la frontière égyptienne, menacée d'une offensive d'envergure et où s'entassent des centaines de milliers de Palestiniens, en grande majorité des déplacés.

Dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire, au moins cinq personnes, dont une mère et son enfant, ont été tuées et d'autres blessées mardi soir dans deux frappes aériennes israéliennes, selon la défense civile palestinienne.

Réouverture immédiate

Au huitième mois de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent sur le sol israélien du mouvement islamiste palestinien Hamas, 35.173 personnes sont mortes dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L'armée israélienne est entrée avec des chars dans Rafah le 7 mai.

Depuis, le poste-frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte reste fermé, alors qu'il est crucial pour les convois transportant de l'aide à une population menacée de famine à Gaza selon l'ONU.

Son secrétaire général, Antonio Guterres, a appelé mardi soir sur X "à la réouverture immédiate" du point de passage et à "l'acheminement sans entrave de l'aide humanitaire", et réitéré son appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza et à la libération de tous les otages".

Le Fatah, mouvement du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a affirmé mardi soir qu'Israël avait proposé de confier la gestion du point de passage à l'Autorité palestinienne, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie occupée. "Nous avons refusé", a déclaré un porte-parole à la chaîne al-Hadath.

Depuis que l'armée a ordonné aux civils de quitter les secteurs est à Rafah le 6 mai, "près de 450.000 personnes ont été déplacées de force", a indiqué l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

« Pression militaire »

Après l'attaque sanglante du 7 octobre, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré d'anéantir le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Pour ce faire, il est déterminé à lancer une opération d'envergure à Rafah où sont retranchés selon lui les derniers bataillons du Hamas, au grand dam de la communauté internationale inquiète pour la population civile.

Au cours d'un appel mardi soir avec le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan, le ministre israélien Benny Gantz a souligné qu'il était impératif d'"accroître la pression internationale sur le Hamas, tout en maintenant la pression militaire, pour parvenir à un accord permettant de libérer les otages et d'éliminer la menace du Hamas", a-t-il rapporté sur X.

Premier allié d'Israël, Washington s'oppose à une opération d'envergure à Rafah.

Mais une semaine après que le président américain Joe Biden a menacé de limiter l'aide militaire américaine à son allié à propos de Rafah, l'exécutif a notifié mardi le Congrès qu'il allait procéder à une livraison d'armes à Israël pour environ un milliard de dollars, a appris l'AFP de sources proches du dossier.

Le Congrès doit encore approuver cette livraison, d'après un responsable américain.

L'attaque du 7 octobre menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l'armée.

« Scandalisé »

En riposte, Israël a lancé des bombardements intenses suivis d'une offensive terrestre qui ont ravagé la bande de Gaza. Dans le sud du territoire côtier, un soldat israélien est mort mardi, selon l'armée, portant à 621 le nombre de ses membres tués depuis le début de la guerre.

D'après le Qatar, l'aide humanitaire ne parvient plus aux habitants de Gaza depuis le 9 mai. La police israélienne a ouvert une enquête après que des activistes ont bloqué et vandalisé en Israël des camions d'aides destinées à Gaza.

"Je suis scandalisé par les attaques répétées (...) d'extrémistes israéliens contre des convois d'aide", a réagi sur X le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, appelant Israël à réagir.

"Cela doit cesser", a écrit sur le même réseau social Philippe Lazzarini, patron de l'Unrwa, en dénonçant une nouvelle attaque menée à Jérusalem contre l'agence.

Pour faciliter la livraison d'aide humanitaire, l'armée américaine construit un port artificiel. Celui-ci sera opérationnel "dans les prochains jours", a fait savoir mardi le Pentagone.

La guerre à Gaza a également des répercussions à la frontière entre Israël et le Liban, théâtre d'échanges de tirs quotidiens entre les forces israéliennes et le mouvement libanais Hezbollah, qui soutient le Hamas.

L'armée israélienne a annoncé mercredi avoir tué la veille Hussein Makki, un commandant du Hezbollah dans les environs de Tyr, dans le sud du Liban. Elle a accompagné cette annonce d'une vidéo montrant une voiture en mouvement exploser après avoir été frappée depuis les airs. Une source proche de la formation islamiste pro-iraniene a confirmé la mort de M. Makki et d'une autre personne.

Plus tôt, l'armée avait annoncé qu'un civil israélien avait été tué et cinq soldats blessés dans le nord d'Israël par une roquette tirée depuis le Liban.

La "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran, a par ailleurs indiqué sur Telegram avoir lancé mardi une attaque de drone contre une "cible militaire" à Eilat, dans le sud d'Israël. L'armée israélienne a dit avoir "intercepté avec succès" deux engins approchant d'Israël depuis l'est.


Un commandant du Hezbollah tué dans une frappe israélienne au Liban

La formation islamiste pro-iranienne avait affirmé plus tôt que Hussein Makki, 55 ans, était "mort en martyr sur la route de Jérusalem", une expression utilisée par l'organisation pour désigner ses membres tués par des tirs israéliens. (AFP).
La formation islamiste pro-iranienne avait affirmé plus tôt que Hussein Makki, 55 ans, était "mort en martyr sur la route de Jérusalem", une expression utilisée par l'organisation pour désigner ses membres tués par des tirs israéliens. (AFP).
Short Url
  • "Un appareil des forces aériennes israéliennes a frappé et éliminé" Hussein Makki dans la région de Tyr
  • Plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé qu'un civil israélien avait été tué et cinq soldats blessés dans le nord d'Israël par une roquette tirée depuis le Liban

BEYROUTH: Une frappe israélienne dans le sud du Liban a tué mardi soir un commandant du Hezbollah, a revendiqué l'armée israélienne mercredi.

"Un appareil des forces aériennes israéliennes a frappé et éliminé" Hussein Makki dans la région de Tyr, a communiqué l'armée sur le réseau social Telegram, en publiant une vidéo aérienne de l'explosion d'une voiture.

M. Makki était un commandant du Hezbollah dans le sud du Liban, "responsable de la préparation et de l'exécution de nombreuses attaques terroristes contre des civils et le territoire d'Israël", selon la même source.

La formation islamiste pro-iranienne avait affirmé plus tôt que Hussein Makki, 55 ans, était "mort en martyr sur la route de Jérusalem", une expression utilisée par l'organisation pour désigner ses membres tués par des tirs israéliens.

L'agence de presse libanaise ANI avait indiqué de son côté qu'une frappe avait été opérée par un drone israélien contre "une voiture sur la route principale de Tyr à Al-Hush" et avait "fait deux martyrs".

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, des échanges de tirs opposent quotidiennement à la frontière israélo-libanaise l'armée israélienne au Hezbollah libanais, qui affirme soutenir le mouvement islamiste palestinien.

Plus tôt, l'armée israélienne avait annoncé qu'un civil israélien avait été tué et cinq soldats blessés dans le nord d'Israël par une roquette tirée depuis le Liban.

"Durant la journée, nous avons attaqué des dizaines de cibles du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle ajouté.

Sept mois de violences transfrontalières ont fait au moins 413 morts au Liban, pour la plupart des combattants du Hezbollah mais également 79 civils, selon un décompte de l'AFP.

Côté israélien, au moins 14 soldats et dix civils ont été tués dans ces violences qui ont déplacé des dizaines de milliers de civils des deux côtés de la frontière.