Chagall, «maître des couleurs» au service de l'art sacré

vue de l'exposition "Chagall, passeur de lumière" au Centre Pompidou-Metz (AFP)
vue de l'exposition "Chagall, passeur de lumière" au Centre Pompidou-Metz (AFP)
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Publié le Samedi 22 mai 2021

Chagall, «maître des couleurs» au service de l'art sacré

  • Intitulée «Marc Chagall, passeur de lumière», cette exposition se concentre jusqu'au 30 août sur cette période «du peintre qui aimait le vitrail»
  • Juif, Chagall avait un rapport particulier avec la religion. Il se disait «non religieux» mais «mystique»

METZ: Marc Chagall, "maître des couleurs, a renouvelé l'art sacré" au mitan du XXe siècle, estime Elia Biezunski, commissaire d'une exposition du Centre Pompidou-Metz (dans l'est de la France), hommage au peintre à l'occasion des 800 ans de la cathédrale qu'il illumine avec ses vitraux.

Intitulée "Marc Chagall, passeur de lumière", cette exposition se concentre jusqu'au 30 août sur cette période "du peintre qui aimait le vitrail", souligne Mme Biezunski.

Chagall avait débuté dans cet art avec la décoration du baptistère de la nouvelle église de Notre-Dame-de-Toute-Grâce (Haute-Savoie/1950-57). 

Mais c'est à Metz (1959), où il avait été préféré à Jean Cocteau pour cet édifice classé en pleine rénovation après-guerre, qu'il a pu exercer ses talents de coloriste à l'échelle d'un bâtiment et a déployé son inventivité. Il poursuivra à Reims, Jérusalem, Zurich, à l'ONU, Chicago ou Mayence.

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Le tableau «Le roi David (1951)» de l'artiste français Marc Chagall

"Chagall dialoguait avec les maîtres verriers qui interprétaient ses maquettes comme des musiciens des partitions musicales. Ensuite il passait derrière mettre son empreinte", explique Mme Biezunski. 

Quelque 250 œuvres, dessins, tableaux, sculptures, travaux de gravures, vitraux, collages (les maquettes)... sont exposés et démontrent que Chagall (1887-1985) natif de Vitebsk (Bélarus), arrivé vers 1911 à Paris, a traversé tous les courants (fauvisme, cubisme, suprématisme...) sans adhérer à aucun.

«Marginal»

"Il a été parfois considéré comme un marginal", observe la commissaire, car il s'est "nourri autant des couleurs du fauvisme que des couleurs des gravures populaires russes de son enfance qui juxtaposent des couleurs très contrastées", les Loubki.

Juif, Chagall avait un rapport particulier avec la religion. Il se disait "non religieux" mais "mystique". "Il considérait les prophètes comme une source importante. Tout comme Mozart, l'art, l'amour", explicite Mme Biezunski. "Dans ses œuvres, il y avait aussi l'apport affectif de son enfance quand il s'enivrait des chants assis à côté de son grand-père à la synagogue".

La religion est revenue très rapidement dans son travail. D'abord en 1930, lorsqu'on lui commande une illustration de la Bible, dont une des gravures est exposée.

Pour Chagall, "la bible hébraïque, c'est le point de départ", relève la commissaire. Plus tard, dans ses tableaux, le Christ va représenter la tragédie dont sont victimes les Juifs face aux nazis, et au-delà, les souffrances de l'humanité.

"Pour exprimer la souffrance, il emprunte le Christ comme un symbole car l'humanité en est imprégnée depuis des siècles", analyse Mme Biezunski, précisant que pour Chagall, "l'ensemble de l'œuvre fait figure de symbole": "Il empruntait, transformait, combinait et s'appropriait des symboles de différentes cultures ou traditions très reconnaissables".

«Imagination du regardeur»

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Pour Chagall, «l'ensemble de l'œuvre fait figure de symbole». (Photo, AFP)

Les vitraux de Chagall n'ont pas été réalisés sans difficulté à Metz, malgré la volonté de l'architecte en chef des monuments historiques, Robert Renard. Le ministre de la culture de l'époque, André Malraux, a dû insister pour que le projet aboutisse.

"Confier des décors d'églises à un artiste d'une autre religion ou à un agnostique, c'était une révolution", observe la commissaire, détaillant les principaux griefs formulés à l'époque : "voir mêler de l'ancien à l'art moderne" et la crainte d'un "conflit de vocabulaire et de couleurs avec l'existant".

"C'est cet art et ce nouveau vocabulaire qui ont contribué au renouveau de l'art sacré en France et à l'international. Chagall a déployé une inventivité iconographique libre, contraire de la tradition où les symboles étaient liés au texte", poursuit-elle.

Aujourd'hui, cette modernité permet encore à l'édifice messin de figurer parmi les plus visités de France. Quant aux dessins de Chagall, notamment une rosace bleue, elle suscite toujours des questions. 

Ainsi, son Christ, auréolé en jaune, porte un carré sur le front, comme si Chagall avait voulu rappeler la judéité de Jésus avec ce tephillin, un objet religieux juif. Son Saint-Jean, en-dessous, avec l'aigle, conforme à l'iconographie du moment, ressemble aussi beaucoup à un autoportrait.

"Chacun se fera son idée", répond Mme Biezunski: "Chagall n'était pas enclin à décrire ses œuvres. Il privilégiait la pluralité des interprétations. Il voulait que chacun, avec sa culture, ses connaissances puisse proposer sa lecture. Il souhaitait laisser courir l'imagination du regardeur". 


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
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  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com