Présidentielle en Iran: le camp conservateur en voie d'implosion

Dans la dénonciation du gouvernement Khatami s'illustre un quadragénaire à la tête de la télévision d'Etat: Ali Larijani. (Photo, AFP)
Dans la dénonciation du gouvernement Khatami s'illustre un quadragénaire à la tête de la télévision d'Etat: Ali Larijani. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 mai 2021

Présidentielle en Iran: le camp conservateur en voie d'implosion

  • Avant même l'annonce des candidats autorisés à se présenter le 18 juin, la presse mise sur un duel entre le conservateur "traditionnel" Ali Larijani, président du Parlement de 2008 à 2020, et l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l'Autorité judiciai
  • Larijani a lancé mercredi une ouverture sur la question des "libertés sociales" - épouvantail pour les ultras - qu'il a qualifiée d'"extrêmement importante"

TEHERAN: La présidentielle iranienne de juin pourrait consacrer l'implosion du camp conservateur à l'issue d'un long processus de délitement de l'aile droite de la République islamique.

Avant même l'annonce des candidats autorisés à se présenter le 18 juin, la presse mise sur un duel entre le conservateur "traditionnel" Ali Larijani, président du Parlement de 2008 à 2020, et l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, chef de l'Autorité judiciaire.

Si le début du divorce au sein du courant conservateur remonte à la contestation du Mouvement vert de 2009 contre la réélection du président populiste Mahmoud Ahmadinejad, c'est la conclusion de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien en 2015 qui marquera la rupture.

Connoté péjorativement, le terme "conservateurs" ("mohafézékaran" en persan), n'est guère utilisé en Iran.

Il apparaît dans la presse à partir de 1997. Jusqu'alors, on ne connaissait que la "droite" et la "gauche" au sein de la "lignée de l'Imam", les partisans de l'ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, seuls à diriger le pays après l'élimination des autres forces ayant participé à la révolution de 1979 (marxistes, libéraux, nationalistes...).

A partir de 1988-1989, années marquant la fin de la guerre Iran-Irak et la mort de Khomeiny, c'est la droite qui gouverne. La différence idéologique essentielle porte alors sur l'intervention de l'Etat dans l'économie: la gauche est favorable au dirigisme, la droite moins étatique. 

Mais en 1997, le "gauchiste" Mohammad Khatami gagne la présidentielle et lance sa politique de réformes, fondée sur une détente avec l'Occident.

«Pas diplomate, révolutionnaire»

"La droite, qui a souffert d'un échec cuisant aux élections, se reconstruit progressivement", explique l'historien Jafar Chiralinia. Le mouvement se renouvelle avec des jeunes qui se disent "principalistes". 

"Ils se considèrent comme des adeptes des principes de la Révolution de 1979, ce qui sous-entend que l'autre courant, les réformateurs, s'est écarté des valeurs défendues par la Révolution" (attention aux classes populaires, antagonisme vis-à-vis à l'Occident, primat de l'islam), explique Farchad Ghorbanpour, journaliste indépendant.

Dans la dénonciation du gouvernement Khatami s'illustre alors un quadragénaire à la tête de la télévision d'Etat: Ali Larijani.

Lors de la présidentielle de 2005, la victoire surprise de M. Ahmadinejad, candidat anticorruption pratiquement inconnu, contribue à rapprocher, contre lui, une grande partie des conservateurs traditionnels et des réformateurs.

La crise post-électorale de 2009 marque l'acte de naissance du courant dit ultraconservateur. Les intéressés se définissent comme des "révolutionnaires", en écho à une formule du guide suprême Ali Khamenei: "Je ne suis pas diplomate, je suis révolutionnaire".

Ils s'opposent aux conservateurs traditionnels qu'ils accusent d'être "les gardiens du statu quo", M. Larijani en tête, dont ils dénoncent le "silence", valant pour eux approbation, face à la "sédition" du Mouvement vert.

Mais ils ne ménagent pas non plus M. Ahmadinejad, à qui ils ne pardonnent pas de s'être opposé ouvertement à l'ayatollah Khamenei pendant son deuxième mandat.

«Autre Rohani»

Conservateurs et ultras ne peuvent empêcher la victoire du modéré Hassan Rohani à la présidentielle de 2013.

Dès son investiture, les "principalistes" se mobilisent contre sa politique d'ouverture avec l'Occident, l'accusant de brader les intérêts nationaux. 

La conclusion de l'accord de Vienne, avec l'accord du Guide, change la donne: les conservateurs centristes, comme M. Larijani, se rallient au pacte, entériné au Parlement sous sa direction. Les "révolutionnaires" maintiennent leur ligne.

"Larijani n'est qu'un autre Rohani", raille depuis quelques jours un photomontage ultraconservateur mélangeant les visages des deux hommes.

Le retrait des Etats-Unis de l'accord et le rétablissement de sanctions américaines contre la République islamique sous la présidence de Donald Trump en 2018 redonne des couleurs aux ultras, qui peuvent d'autant plus crier à l'échec du gouvernement Rohani que le pays s'enfonce dans une violente récession.  

A l'approche de l'élection, et alors que la relance de l'accord de Vienne fait l'objet de négociations, certains ultras ont néanmoins modéré leurs attaques contre ce pacte, compte tenu de l'aval du Guide aux discussions.

Sur le plan des idées, MM. Raïssi et Larijani devraient s'affronter davantage sur la question de l'économie et de la place de l'Iran dans le monde, le premier plaidant pour un système quasi autarcique et la défiance vis-à-vis de l'Occident, quand le second prône une certaine détente et une économie plus ouverte.

Et M. Larijani a lancé mercredi une ouverture sur la question des "libertés sociales" - épouvantail pour les ultras - qu'il a qualifiée d'"extrêmement importante".


Israël a approuvé un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée

Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
Le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, et une femme tiennent une carte montrant le plan de colonisation E1, qui séparerait Jérusalem-Est de la Cisjordanie occupée. (Fichier/Reuters)
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  • sraël a validé la construction de 3.400 logements dans la zone stratégique d’E1, entre Jérusalem et Maalé Adoumim. Ce projet diviserait la Cisjordanie, rendant impossible un État palestinien contigu

Jérusalem: Israël a approuvé mercredi un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie occupée, qui, selon ses détracteurs, couperait ce territoire palestinien en deux et empêcherait la création d'un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

"Je suis heureux d'annoncer qu'il y a une heure à peine, l'administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1!" a annoncé dans un communiqué Guy Yifrah, maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.

La perspective de l'approbation de ce projet emblématique et controversé par un comité technique israélien avait suscité la semaine dernière une levée de boucliers dans le monde. L'ONU et l'Union européenne avaient appelé Israël à y renoncer.

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a "condamné dans les termes les plus forts" cette décision qui "compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux Etats (...) en fragmentant l'unité géographique et démographique de l'Etat palestinien".

"Cela ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés, déconnectés géographiquement et ressemblant à de véritables prisons où les déplacements entre eux ne sont possibles qu'à travers des points de contrôle d'occupation, au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie", a estimé l'Autorité palestinienne.

Le projet "E1", avec "la construction de milliers d'unités de colonies à Jérusalem et dans ses environs, conduit à l'isolement complet" de cette ville "dans toutes les directions par rapport à son environnement palestinien et l'immerge dans d'immenses clusters et villes de colonies reliées à l'intérieur israélien".

L'Autorité y voit un nouveau "crime de colonisation" et une nouvelle étape de "l'annexion progressive de la Cisjordanie". L'accord israélien au projet "nécessite une reconnaissance urgente de l'Etat de Palestine", souligne le ministère palestinien.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, une figure de l'extrême droite, avait appelé jeudi à accélérer sa mise en oeuvre et à annexer la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, en riposte aux annonces de plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat de Palestine.

L'ONG israélienne anti-colonisation, La Paix maintenant, a mis en garde contre un "plan fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux Etats".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Elle s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, particulièrement depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël.

Les affrontements, parfois meurtriers, entre populations locales palestiniennes, armée et colons juifs s'y sont multipliés.

Les autorités israéliennes restreignent fortement les déplacements des Palestiniens de Cisjordanie, tributaires de permis pour franchir les points de contrôle et entrer dans Jérusalem-Est ou en Israël.

L'ONG Ir Amim, qui travaille sur les droits des Palestiniens, a estimé sur X que l'approbation de "E1 démontre à quel point Israël est déterminé à poursuivre ce que le ministre Smotrich a décrit comme un programme stratégique visant à enterrer la possibilité d'un Etat palestinien et à annexer effectivement la Cisjordanie".

Pour cette ONG, "il s'agit d'un choix délibéré d'Israël pour mettre en œuvre un régime d'apartheid". "Si la communauté internationale est sérieuse au sujet de la paix et d'un Etat palestinien, il est urgent de prendre des mesures efficaces pour empêcher Israël d'expulser les Palestiniens dans la zone E1 et de construire cette grande nouvelle colonie au cœur de la Cisjordanie", souligne-t-elle.


Le Liban plaide pour une prolongation du mandat de la force de paix de l'ONU

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois. (AFP)
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  • L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat
  • La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait"

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a plaidé mardi pour une prorogation du mandat de la force de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban (Finul), en cours d'examen au Conseil de sécurité.

L'instance onusienne a entamé lundi les discussions autour d'un projet de résolution présenté par la France visant à renouveler pour un an ce mandat.

La résolution, consultée par l'AFP, prolongerait le mandat de la Finul jusqu'au 31 août 2026, tout en exprimant "l'intention (du Conseil) de travailler à un retrait".

Selon plusieurs médias, Israël et les Etats-Unis s'opposent toutefois à l'extension du mandat de la mission déployée pour faire tampon à la frontière libanaise avec Israël depuis 1978.

Ces débats interviennent alors que les autorités libanaises se sont engagées à désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année, sous pression de Washington et dans le cadre de l'application du cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2024.

"Toute limitation temporelle du mandat de la Finul (...) aurait un impact négatif sur la situation, alors qu'Israël continue d'occuper certaines portions du territoire libanais", a déclaré M. Aoun, selon un communiqué de la présidence.

Le Liban a "mené des contacts (...) afin de garantir la prorogation du mandat de la Finul".

Lors d'un entretien avec le commandant de la Finul, le général Diodato Abagnara, il a ajouté que ces efforts visaient à "préserver la sécurité et la stabilité dans le sud (du Liban), parallèlement au redéploiement de l'armée".

"Notre étroite coordination avec les forces armées libanaises demeure essentielle pour contribuer au rétablissement de la stabilité", a déclaré le général Abagnara sur X.

L'accord de cessez-le-feu prévoit que la formation chiite retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays, où l'armée libanaise et les Casques bleus doivent se déployer complètement.

Il prévoit également un retrait israélien de la zone, mais Israël, dont les forces ont connu plusieurs accrochages avec les Casques bleus, maintient des troupes dans des positions frontalières jugées stratégiques et mène régulièrement des frappes chez son voisin.

Israël menace de lancer une nouvelle offensive militaire si le Hezbollah, soutenu par l'Iran, n'est pas désarmé.

Le 25 août, les 15 membres du Conseil de sécurité doivent comme chaque année voter sur le projet de résolution, avant l'expiration du mandat de la Finul à la fin du mois.


Vladimir Poutine informe le prince héritier saoudien de ses entretiens avec Trump

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président russe Vladimir Poutine. (File/SPA/AFP)
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  • Le président russe a réitéré ses remerciements pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix

RIYAD : Le président russe Vladimir Poutine a informé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane des résultats de ses récents entretiens avec l’ancien président américain Donald Trump, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Au cours de cet échange téléphonique, Poutine a également réitéré ses remerciements et sa reconnaissance pour la position constante du Royaume et les efforts constructifs du prince héritier en faveur de la paix.

Le prince héritier a de son côté réaffirmé le soutien continu du Royaume au dialogue diplomatique comme moyen de résoudre les différends internationaux.

Les deux dirigeants ont également évoqué les domaines de coopération existants entre le Royaume et la Russie, ainsi que les opportunités pour les renforcer davantage.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com