Après les dernières violences, l'identité palestinienne ressoudée

Des manifestants défilent devant l'ambassade d'Israël à Washington, le 18 mai 2021. (Photo, AFP)
Des manifestants défilent devant l'ambassade d'Israël à Washington, le 18 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 26 mai 2021

Après les dernières violences, l'identité palestinienne ressoudée

  • «On se rend compte qu'on parle la même langue, on partage la même histoire, on se révolte contre le même système, on se réclame de la même identité»
  • Au cours des derniers mois, Human Rights Watch et l'ONG israélienne B'Tselem ont qualifié d'«apartheid» la politique d'Israël à l'égard des Arabes

RAMALLAH: De Haïfa à Ramallah en passant par Gaza, les Palestiniens ont vécu ces dernières semaines au rythme de manifestations, mais aussi d'affrontements meurtriers avec des Israéliens, civils ou armés. Ces évènements ont ressoudé une identité palestinienne qui s'était fragmentée, soulignent des analystes.

Le 18 mai, administrations, commerces et écoles étaient fermés en Cisjordanie occupée à l'appel d'une grève générale, au plus fort d'un cycle de violences en Israël et dans les Territoires palestiniens. Fait inédit, cette «journée de la colère» ne s'est pas limitée à la Cisjordanie.

Les rideaux de fer étaient aussi baissés à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par Israël, et dans des localités arabes en Israël, comme Nazareth ou Acre (nord).

En tous points, des drapeaux palestiniens flottaient à l'occasion de cette grève en réaction au pilonnage de Gaza par l'armée israélienne et à la colonisation israélienne rampante dans les Territoires palestiniens.

«Voir chaque communauté palestinienne se mobiliser ensemble, c'est très rare», note Salem Barahmeh, directeur du Palestine Institute for Public Diplomacy (PIPD), qui explique que l'identité palestinienne était jusque-là comme «fragmentée».

«Mort aux Arabes»

Les Palestiniens de Cisjordanie (sous occupation israélienne), de Gaza (sous blocus israélien), de Jérusalem-Est (annexé par l'État hébreu), mais aussi les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948: chacun fait face à des réalités différentes en fonction des territoires, coupés les uns des autres.

«Cet état de fait empêche tout échange entre Palestiniens, géographiquement, socialement, politiquement», explique M. Barahmeh, à Ramallah. 

Derrière ce morcellement, il y a aussi une certaine dépolitisation, encouragée par 15 ans sans élections palestiniennes, et une classe politique elle-même divisée. Sans compter «l'introduction de politiques libérales (...) ayant créé une classe moyenne» avide d'une vie loin de la politique et des conflits, souligne M. Barahmeh.

Mais ces dernières semaines, les événements se sont emballés. 

Des heurts ont d'abord éclaté entre police israélienne et Palestiniens sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, symbole structurant de l'identité palestinienne. Puis un conflit a éclaté entre groupes armés à Gaza et Israël, faisant plus de 250 morts.

Les violences se sont étendues à la Cisjordanie et à des villes mixtes israéliennes, où vivent Arabes et Juifs.

Pour Mariam Barghouti, chercheuse et militante palestinienne, il y a eu un tournant avec les violences dans ces villes, parfois présentées comme exemples de coexistence. 

Le 11 mai, un Arabe israélien, Moussa Hassouna, a été tué lors d'une confrontation entre des juifs nationalistes et des jeunes arabes à Lod, dans le centre d'Israël.

«Chaque Palestinien a une expérience différente de l'État d'Israël, cela empêche de se sentir connectés les uns aux autres, de partager une expérience commune», relève Mme Barghouti. «Mais là on a vu que (la violence) n'était pas un problème exclusif à la Cisjordanie ou à Gaza», «mais qu'elle était aussi à Tel-Aviv, à Lyd (Lod), à Jaffa, avec des gens qui criaient "Mort aux Arabes", et attaquaient des Palestiniens avec des armes».

«Même identité»

Au cours des derniers mois, Human Rights Watch (HRW) et l'ONG israélienne B'Tselem ont qualifié d'«apartheid» la politique d'Israël à l'égard des Arabes sur son sol et des Palestiniens dans les Territoires occupés, assignés aux mêmes conditions de la mer Méditerranée au fleuve Jourdain.

«La violence qui a eu lieu, la brutalité israélienne, a rappelé à tous combien ils se sentaient Palestiniens», décrypte Amal Jamal, professeur de science politique à l'université de Tel-Aviv.

«Mais il y a une grande différence entre le sentiment (identitaire) et le projet politique», s'empresse-t-il d'ajouter car selon lui, tous les Palestiniens ne s'accordent pas sur la façon de traiter avec Israël, ce qui fissure leur identité commune.

D'un côté, «les Palestiniens en Israël sont réalistes, ils ont vécu avec des Juifs pendant des décennies, ils comprennent la psyché israélienne, parlent hébreu couramment. Ce qu'ils veulent c'est faire partie du système politique (israélien), gagner en légitimité, pour résoudre le problème des Palestiniens», note-t-il.

En face, certaines factions palestiniennes comme le Hamas au pouvoir à Gaza ne reconnaissent pas l'État d'Israël et ont dernièrement lancé plus de 4 300 roquettes vers le territoire israélien.

«On se rend compte qu'on parle la même langue, on partage la même histoire, on se révolte contre le même système, on se réclame de la même identité», insiste Salem Barahmeh. «Cette unité est-elle pleine et entière? Non. Est-elle assez structurée? Pas encore. Mais c'est le début de quelque chose».


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.