Liban: Les aléas de l’initiative française

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président libanais Michel Aoun au palais présidentiel de Baabda, à l'est de la capitale libanaise Beyrouth, le 1er septembre 2020. (Photo / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président libanais Michel Aoun au palais présidentiel de Baabda, à l'est de la capitale libanaise Beyrouth, le 1er septembre 2020. (Photo / AFP)
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Publié le Mercredi 26 mai 2021

Liban: Les aléas de l’initiative française

  • Malgré le difficile contexte libanais et l’impasse politique en cours, Paris n’a pas renoncé à son action diplomatique pour le sauvetage d’un pays à la dérive
  • La France laisse entendre que son initiative reste la seule en cours. Elle attendrait le retour de Washington à l’accord nucléaire iranien, tout en espérant un changement positif au Liban

PARIS: La solution à la crise structurelle du Liban est toujours introuvable, en dépit de l’initiative présidentielle française, maintenue contre vents et marées. L’objectif initial affiché de la formation d’un «gouvernement de mission» paraissait pourtant raisonnable et facile à atteindre. Mais Paris s’est heurté à la complexe réalité libanaise, aux multiples ramifications régionales.

Le difficile contexte libanais n’a pas conduit Paris à renoncer à son action diplomatique pour le sauvetage d’un pays à la dérive. L’équipe chargée de la mise en œuvre de l’initiative d’Emmanuel Macron espère, en l’absence d’autres initiatives, pouvoir effectuer une percée, en utilisant un savant mélange d’incitations et de pressions. Si ce pari français paraît néanmoins hasardeux ou exagéré, il résulte toutefois d’une diplomatie qui se veut ambitieuse et déterminée. Le Liban ne représente pas un enjeu économique majeur pour la France, mais sa position géopolitique de porte de l’Orient en Méditerranée orientale incite Paris à poursuivre ses efforts.

Faillir aux engagements pris est considéré par les politiciens libanais comme une manœuvre habituelle pour marquer des points dans un jeu absurde qui ne prend pas en compte l’intérêt national

Certains à Beyrouth s’interrogent sur les raisons d’un tel enthousiasme. Le président français est venu deux fois au Liban sans invitation, a visité le port dévasté de Beyrouth, avant même que les victimes ne soient enterrées, ou que les responsables libanais ne se rendent sur place. Sa visite au pays du Cèdre conforterait sa popularité, en vue du renouvellement de son mandat en 2022.

Cependant, au-delà des reproches, piques ou soupçons, les ténors libanais de la «manzouma au pouvoir» (le cercle dirigeant) n’ont pas respecté leurs engagements de faciliter la formation d’un gouvernement de mission. Ce dernier devait être constitué de spécialistes, agréé par les forces politiques, et chargé de réaliser les réformes prioritaires pour entamer le  sauvetage économique du pays, afin d’éviter son statut d’«État failli».

Les responsables français sont consternés (pour ne pas dire qu’ils ont été bernés) par le comportement des dirigeants libanais, qui avaient été conviés à la Résidence des Pins en août et septembre 2020. En effet, les promesses tenues sont une monnaie rare en diplomatie, et particulièrement en Orient et au Liban. Faillir aux engagements pris est considéré par les politiciens libanais comme une manœuvre habituelle pour marquer des points dans un jeu absurde qui ne prend pas en compte l’intérêt national.

L’équipe d’Emmanuel Macron considère que le maintien de liens français avec le Hezbollah et l’Iran représente une valeur ajoutée

Lors de sa dernière visite au pays du Cèdre au début du mois de mai, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n’avait pas mâché ses mots, dressant un constat amer: «Nous sommes arrivés à la certitude que le problème au Liban est interne, et non lié à des facteurs externes comme certains l'imaginent. Je n'ai trouvé que des haines mutuelles destructrices», avait-il déclaré.

Cet état des lieux est toutefois discutable, dans la mesure où les obstacles internes pourraient être surmontés si les parties libanaises n’étaient pas subordonnées à leurs sponsors extérieurs, et si le Liban (dont la souveraineté est écornée par la mainmise de l’Iran via le Hezbollah) ne faisait pas les frais de son positionnement géopolitique, et des conséquences des sanctions contre le Hezbollah. La France, consciente de la nécessité d’écarter le Liban du règlement de comptes entre puissances extérieures, comptait sur une compréhension américaine, et un dialogue avec l’Arabie saoudite pour réussir sa mission libanaise. En vain. 

Jean-Yves Le Drian avait comparé la situation du Liban à celle du «Titanic coulant sans musique»

L’équipe d’Emmanuel Macron considère que le maintien de liens français avec le Hezbollah et l’Iran représente une valeur ajoutée. Les faits ne valident toutefois pas le pari français. Les États-Unis sous Donald Trump avaient perturbé l’initiative française par une série des sanctions, et la priorité régionale de l’administration Biden est le dossier nucléaire iranien. Concernant le Liban, Washington s’intéresse surtout aux négociations pour le tracé les frontières maritimes entre le pays du Cèdre et Israël. Tous ces facteurs n’ont pas joué en faveur de l’initiative française.

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Une photo fournie par l'agence de presse libanaise montre le président libanais Michel Aoun (à droite) accueillant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian au palais présidentiel de Baabda, à l'est de la capitale Beyrouth, le 6 mai 2021. (Photo: JOSEPH EID / DALATI ET NOHRA / AFP)

Apparemment, les héritiers de la diplomatie de Richelieu et de Talleyrand ne parviennent pas à démêler les nœuds du problème libanais. Lors de son dernier déplacement dans le pays, Jean-Yves Le Drian avait comparé la situation du Liban à celle du «Titanic coulant sans musique». Le ministre s’est d’ailleurs illustré par une série de déclarations chocs, depuis juillet 2020. 

La France insiste sur la tenue des élections législatives en 2022 dans le respect des délais constitutionnels

Afin de sortir de l’impasse, Paris a finalement décidé de jouer la carte des sanctions à l’encontre des politiciens libanais (et de leurs collaborateurs), dans le cadre de l’Union européenne (UE). L’autre carte française est interne, et consiste en l’ouverture d’un dialogue avec les forces de soulèvement du 17 octobre et des partis d’opposition à l’élite confessionnelle au pouvoir depuis des décennies. Auprès de ces nouveaux acteurs, Jean-Yves Le Drian s'est dit préoccupé par le retard pris dans la formation du gouvernement, qui entrave la capacité de la communauté internationale à aider le Liban. Il a fait part de son constat du déclin progressif du pays. Il a enfin exprimé sa grande peur d’un effondrement, précisant que la France était l'un des rares pays à s'intéresser au Liban, pour l’instant à l’écart de l'ordre du jour dans la région.

Afin d’éviter que la situation ne s’aggrave au Liban, la France insiste sur la tenue des élections législatives en 2022 dans le respect des délais constitutionnels. Les responsables français tiennent à rappeler à leurs homologues libanais que «la période du mandat est terminée, et les Libanais, le pouvoir ou l’opposition, doivent faire ce qu’ils ont à faire. Quant à la France, elle peut aider, soutenir ou faire pression».

Malgré ces revers, le France laisse entendre que son initiative reste la seule en cours. Elle attendrait le retour de Washington à l’accord nucléaire iranien, tout en espérant un changement positif au Liban.

 


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com