Mali: démission des dirigeants de la transition arrêtés par les militaires

Le président de la transition du Mali, Bah Ndaw, le 25 septembre 2020 à Bamako / AFP
Le président de la transition du Mali, Bah Ndaw, le 25 septembre 2020 à Bamako / AFP
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Publié le Mercredi 26 mai 2021

Mali: démission des dirigeants de la transition arrêtés par les militaires

  • Le président Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane ont démissionné en présence de la mission de diplomates venus les voir à la base militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako
  • La délégation s'est ensuite rendue dans les bureaux du colonel Goïta, vice-président de la transition, qu'ils avaient déjà vu la veille au soir

BAMAKO : Le président et le Premier ministre de transition maliens ont démissionné après leur arrestation lundi par les militaires, dans ce qui s'apparente à un deuxième coup d'Etat en neuf mois et qui a poussé les Etats-Unis à suspendre mercredi leur assistance aux forces maliennes.

Le président Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane ont démissionné en présence de la mission de diplomates venus les voir à la base militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, a dit à un correspondant de l'AFP Baba Cissé, conseiller spécial du colonel Assimi Goïta, à l'origine de ce coup de force aux conséquences imprévisibles.

En réalité, ils ont démissionné avant l'arrivée de la mission à Kati, lieu de leur rétention, a dit à des journalistes sous le couvert de l'anonymat un membre de la délégation constituée de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine (UA) et de la Mission de l'Onu dans le pays (Minusma).

La délégation s'est ensuite rendue dans les bureaux du colonel Goïta, vice-président de la transition, qu'elle avait déjà rencontré mardi. "On a revu le vice-président pour lui dire notre désaccord", a déclaré le même membre de la délégation.

Ces démissions, dont on ignore les conditions mais qui figuraient parmi les multiples scénarios possibles depuis le coup de tonnerre de lundi, maintiennent une inconnue totale sur la suite des évènements dans ce pays crucial pour la stabilité du Sahel, plongé depuis des années dans une inextricable crise polymorphe.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné à l'unanimité cette éviction sans toutefois parler de coup de force, ni envisager de mesures coercitives.

"Imposer un changement de direction de la transition par la force, y compris par des démissions forcées, (est) inacceptable", a déclaré le Conseil.

 "Mesures ciblées" 

Les Etats-Unis ont suspendu l'assistance aux forces de sécurité et de défense maliennes, a annoncé le département d'Etat, précisant que Washington étudierait "des mesures ciblées contre les responsables politiques et militaires qui ont entravé la transition civile vers une gouvernance démocratique".

Si les efforts de médiation n'aboutissent pas, "nous prendrons des sanctions contre tous ceux qui empêchent le processus de transition de se développer", a prévenu auparavant le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, dont le pays engage environ 5.000 soldats au Sahel.

Les pays européens sont également prêts à des sanctions, a déclaré le président français Emmanuel Macron qui a parlé de "coup d'Etat dans le coup d'Etat". La Cédéao a elle aussi fait savoir que des sanctions étaient possibles, comme elle l'avait fait après le coup d'Etat mené par les mêmes colonels en août 2020.

La rencontre de la mission de la Cédéao avec les dirigeants arrêtés s'annonçait lourde de conséquences.

"Les négociations sont en cours pour leur libération et la formation d'un nouveau gouvernement", a dit le collaborateur du colonel Goïta.

Le colonel Goïta "nous a dit qu'ils travaillaient aux modalités de leur libération", a dit le chef de la délégation de la Cédéao, Goodluck Jonathan.

Mais la mission, ainsi qu'une grande partie de la communauté internationale n'entendaient pas seulement obtenir des assurances quant à leur état de santé et exiger leur libération immédiate. Elle réclamait un retour à la transition, censée ramener des civils élus au pouvoir début 2022.

Dans un communiqué publié lundi soir, les organisations africaines, la Minusma, la France, les Etats-Unis et d'autres prévenaient qu'ils n'accepteraient pas un fait accompli comme une démission forcée. 

Depuis leur arrestation, le président et le Premier ministre de transition sont tenus au secret au camp militaire de Kati, là où le président Ibrahim Boubacar Keïta, réélu un an plus tôt, avait été conduit lui aussi par les colonels en août 2020 et poussé à annoncer sa démission.

Tous deux sont depuis réduits au silence.

C'est le colonel Goïta qui a indiqué mardi les avoir écartés en les accusant d'avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu'il est le vice-président en charge des questions de sécurité, attribution primordiale dans un pays dans la tourmente des violences jihadistes et en tous genres.

Le nouveau gouvernement annoncé lundi dépossédait de leur portefeuille sécuritaire deux des acteurs principaux du putsch d'août 2020.

Le coup de force, énième soubresaut de l'histoire contemporaine malienne, soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antijihadiste et sur la gouvernance au Mali, et plus immédiatement sur la relation future avec les colonels et le respect des échéances prévues, comme la tenue d'élections début 2022.

 

Arrestation des dirigeants maliens: Washington menace de sanctions ciblées

Les Etats-Unis ont "fermement condamné" mercredi l'arrestation des dirigeants maliens et menacé de sanctions ciblées les auteurs de ce qui s'apparente à un coup d'Etat au Mali.

"Nous suspendons aujourd'hui l'assistance aux forces de sécurité et de défense du Mali qui avait été maintenue" jusqu'ici, a indiqué le département d'Etat dans un communiqué. "Les Etats-Unis vont aussi étudier des mesures ciblées contre les responsables politiques et militaires qui ont entravé la transition civile vers une gouvernance démocratique".

Le colonel Goïta "nous a dit qu'ils travaillaient aux modalités de leur libération", a dit le chef de la délégation de la Cédéao, Goodluck Jonathan.

Mais la mission ainsi qu'une grande partie de la communauté internationale n'entendaient pas seulement obtenir des assurances quant à leur état de santé et exiger leur libération immédiate. Elle réclamait un retour à la transition, censée ramener des civils élus au pouvoir début 2022.

Dans un communiqué publié lundi soir, les organisations africaines, la Minusma, la France, les Etats-Unis et d'autres prévenaient qu'ils n'accepteraient pas un fait accompli comme une démission forcée. 

Depuis le coup de tonnerre de leur arrestation, le président et le Premier ministre de transition sont tenus au secret au camp militaire de Kati, là où le président Ibrahim Boubacar Keïta, réélu un an plus tôt, avait été conduit lui aussi par les colonels en août 2020 et poussé à annoncer sa démission.

Jusqu'alors le président et le Premier ministre de transition ont été réduits au silence.

C'est le colonel Goïta qui a indiqué mardi les avoir écartés en les accusant d'avoir formé un nouveau gouvernement sans le consulter alors qu'il est le vice-président en charge des questions de sécurité, attribution primordiale dans un pays dans la tourmente des violences jihadistes et en tous genres.

Le nouveau gouvernement annoncé lundi déchargeait de leur portefeuille sécuritaire deux des acteurs principaux du putsch d'août 2020.

Le coup de force, énième soubresaut de l'histoire contemporaine malienne, soulève une multitude de questions quant à son impact sur la lutte antijihadiste et sur l'état de la gouvernance au Mali, et plus immédiatement sur la relation future avec les colonels et le respect des échéances prévues, comme la tenue d'élections début 2022.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.