Exclusif : Reza Pahlavi, prince héritier d’Iran, pessimiste pour l’accord sur le nucléaire

Reza Pahlavi, le prince héritier d'Iran en exil (Capture d'écran)
Reza Pahlavi, le prince héritier d'Iran en exil (Capture d'écran)
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Publié le Dimanche 30 mai 2021

Exclusif : Reza Pahlavi, prince héritier d’Iran, pessimiste pour l’accord sur le nucléaire

  • Apparaissant sur Frankly Speaking, Pahlavi alerte de la futilité des pourparlers actuels entre les USA et Téhéran car le régime ne répond qu’à la pression croissante
  • Pahlavi loue les réformes saoudiennes de Vision 2030 ainsi que les Accords d’Abraham et dit que de telles opportunités font aujourd’hui rêver les Iraniens

DUBAÏ: Reza Pahlavi, le prince héritier d'Iran en exil, considère l'issue des pourparlers sur un nouvel accord nucléaire comme « futile » tant que le régime actuel sera en place à Téhéran. 

 « Indépendamment de ce que l'on essaie de négocier ici, le résultat net est que c'est futile. Le régime utilise simplement tout ce qu'il a comme moyens de chantage – forçant le monde à le confronter afin de pouvoir continuer à maintenir son emprise sur la géopolitique de notre région », a-t-il déclaré à Arab News

Dans un grand entretien donnant le coup d'envoi à une deuxième saison d'interviews vidéo de Frankly Speaking, Pahlavi a également parlé des futures relations iraniennes avec l'Arabie saoudite et d'autres États du Moyen-Orient, y compris Israël, après la chute du régime des ayatollahs, et le désir de la part de la plupart des Iraniens de reprendre une vie normale post-théocratique. 

 Mais il a insisté sur le fait qu'il n'avait pas l'ambition d'être un nouveau « Shah » en Iran, et qu'il appartiendrait aux Iraniens de choisir sous quel type de gouvernement ils voudraient vivre. 

« Je ne suis candidat à aucun poste. Ma seule mission dans la vie est d'atteindre cette ligne d'arrivée, qui est la libération de l'Iran et de l’afficher pour avoir l'opportunité d'établir un nouveau système laïque et démocratique. Dans notre pays, ce jour marquera la fin de ma mission politique dans la vie », a-t-il déclaré. 

Pahlavi, le fils aîné du Shah décédé, était l'héritier présomptif du trône jusqu'à la révolution iranienne en 1979. Depuis lors, il a vécu principalement aux États-Unis en tant qu'activiste contre le régime de Téhéran à travers le Conseil national d'Iran, dont il est le fondateur et leader. 

Pahlavi avait un message dur pour le président Joe Biden dans le cadre des pourparlers indirects entre les États-Unis et l'Iran sur une nouvelle version du plan d'action global conjoint de 2015 pour réglementer l'industrie nucléaire iranienne et rétablir les liens économiques de l’Iran avec le reste du monde. 

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Reza Pahlavi, le prince héritier d'Iran en exil, considère l'issue des pourparlers sur un nouvel accord nucléaire comme «futile» (Capture d'écran)

« Ce régime ne peut pas changer son comportement car toute son existence dépend de son désir toxique d’exporter une idéologie et dominer la région, soit directement, soit via des mandataires », a-t-il déclaré à Arab News

 « Nous avons vu en fait que (les sanctions américaines), pour la plupart, ont accru la pression sur le régime et l'ont forcé à restreindre sa capacité à faire ce qu'il voulait faire. Tout assouplissement (de cette politique) enhardit (le régime) et lui permet de poursuivre son état constant de création d'instabilité dans la région. 

 Pahlavi pense que si les sanctions économiques sont levées, cela ne fera qu'augmenter le potentiel de l'Iran à financer le terrorisme dans la région, où il a orchestré des attaques contre l'Arabie saoudite et d'autres pays par le biais de ses milices au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban. 

 « Je pense que nous avons déjà vu cela se produire une fois sous l'administration Obama, où une énorme somme d'argent a été versée au régime et rien n'a été dépensé pour le peuple iranien », a-t-il déclaré. 

 Cependant, Pahlavi attend avec impatience une nouvelle ère de bonnes relations entre l'Iran et ses voisins, dont l'Arabie saoudite, après un changement de régime à Téhéran. 

 « Regardez comment était la relation avant la révolution. Lorsque le roi Fayçal d'Arabie saoudite est décédé, il y a eu une période de deuil de sept jours en Iran. Voilà l'étendue de ce qu’étaient ces relations. 

 « Les gens n’ont pas changé, contrairement au régime. Et, en raison de son impact négatif dans la région, nous pouvons certainement anticiper un avenir où le respect mutuel et des relations cordiales seront propices à de meilleurs échanges, de meilleures relations commerciales, plus d'opportunités et (l'amélioration de) la vie des gens, le niveau de vie, la santé, les soins, la stabilité régionale, la coordination sécuritaire et bien d’autres choses. » 

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Dans un grand entretien donnant le coup d'envoi à une deuxième saison d'interviews vidéo de Frankly Speaking, Pahlavi a également parlé des futures relations iraniennes avec l'Arabie saoudite et d'autres États du Moyen-Orient (Capture d'écran)

Pahlavi a salué la stratégie Saudi Vision 2030 qui vise à diversifier l'économie du Royaume et libéraliser la vie sociale et culturelle, ainsi que les accords d'Abraham entre Israël et certains pays du Moyen-Orient. 

« D'autres pays vont de l'avant (afin de) ne pas dépendre du pétrole comme principale source de revenus, réajustant leurs économies et formant des plans pour l'avenir, et tout cela en conjonction et en coopération les uns avec les autres. C'est le modèle à suivre. 

« Rien ne me rend plus heureux que de voir cette évolution et les accords d'Abraham et tout ce qui suit, car nous sommes dans le sens du progrès et de la coopération et des opportunités régionales. »

 Pahlavi a comparé le rôle que l'Iran jouait dans la région du Golfe avant la révolution avec la situation actuelle, où le pays et son peuple sont de plus en plus isolés. 

 « Il fut un temps où les habitants de Dubaï rêvaient de venir à Téhéran pour aller dans nos supermarchés et faire leurs achats dans nos magasins. Aujourd'hui, le rêve de chaque Téhéranais est de s'éloigner le plus possible de l'Iran », a-t-il déclaré. 

 Pahlavi a insisté sur le fait qu'il n'y avait pas de haine profonde de la part des Iraniens pour les Arabes, les Israéliens ou les Américains, soulignant que les étudiants de Téhéran avaient récemment refusé de participer aux manifestations organisées par le gouvernement contre les pays étrangers. 

 La règle théocratique du régime a également aliéné davantage d'Iraniens contre la religion, a-t-il déclaré. «Je pense que la gouvernance religieuse a créé une situation dans laquelle les gens s'éloignent de la religion », a déclaré Pahlavi à Arab News

 « En fait, il y a beaucoup plus de détachement vis-à-vis de tout sentiment religieux en raison de ce régime qui essaie ouvertement de forcer une religion politisée et de l'imposer au public. 

« Les Iraniens l’ont appris à leurs dépens, et je pense qu’aujourd’hui, vous voyez que même ceux qui sont pieux en Iran ne veulent pas de ce régime parce qu’ils voient les dommages qu’il cause à la foi des gens et à l’establishment religieux. » 

 Le peuple iranien émerge de sa propre «Inquisition islamique», a-t-il dit, en référence à l'extrémisme religieux de l'Europe du XVIe siècle. 

 Il a également attaqué l'influence des gardiens de la révolution iraniens, qui contrôlent une grande partie de l'infrastructure économique du pays en alliance avec le régime religieux au pouvoir, comme l'ont révélé les récents commentaires divulgués par Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères. 

« J'étais heureux que quelqu'un de l’intérieur du régime démantèle cet espoir naïf du monde occidental de voir les modérés résoudre les problèmes s'ils sont en position de contrôle », a déclaré Pahlavi. 

« C'est un système totalitaire à la fin, dépendant de la décision d'un chef suprême. »

Pahlavi a plaidé pour un système de gouvernement démocratique et laïc pour son pays, avec un président élu ou une monarchie constitutionnelle. 

« C'est au peuple iranien de décider en dernier ressort de la forme finale, tant que le contenu est démocratique. C'est pourquoi j'ai demandé à mes compatriotes, qu'ils soient républicains ou monarchistes, de proposer leur meilleur modèle d’avenir et ce qui pourrait en être la forme finale. 

 « Une fois le régime effondré, nous anticipons une période de transition où un gouvernement provisoire devra gérer les affaires du pays tandis qu'une assemblée constituante rédigera une nouvelle constitution, soumettra au débat toutes ces questions qui doivent être discutées, afin que le peuple de L'Iran ait finalement le choix du comment et de ce qui déterminera l'avenir. » 

La haine iranienne envers les Arabes resterait-elle quel que soit le régime au pouvoir à Téhéran ? 

«Je ne crois pas cela une seule seconde car je pense qu’une nation comme l’Iran, qui porte en elle une longue histoire de civilisation, de culture, de tolérance, n’a jamais eu de problèmes d’antagonisme vis-à-vis d’une autre culture ou nation », a-t-il déclaré à Arab News

 Selon Pahlavi, une plus grande coopération régionale aiderait le Moyen-Orient à surmonter nombre des défis profonds auxquels il est confronté, comme le changement climatique et les pénuries d'eau. 

 « Bien avant de pouvoir résoudre la crise politique, nous devrions nous inquiéter de la crise de l'eau dont souffre notre région. Ce n'est pas seulement l'Iran, mais de nombreux autres pays qui subissent également les problèmes générés par la crise de l'eau », a-t-il déclaré. 

 «Si l’Iran d’aujourd’hui était un Iran différent, vous n’auriez pas de missiles expédiés au Yémen. Nous aurions des scientifiques, y compris des experts israéliens qui sont les meilleurs dans le domaine, travaillant à résoudre la crise de l'eau pour nos pays respectifs. 

Twitter: @frankkanedubai 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


L'Iran promet une réponse si Washington tente de franchir une « ligne rouge »

Cette combinaison d'images, créée le 7 novembre 2024, montre l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, le 5 juillet 2024, et Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, le 4 novembre 2024 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. (Photo par ATTA KENARE et CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Cette combinaison d'images, créée le 7 novembre 2024, montre l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, le 5 juillet 2024, et Donald Trump, ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence, le 4 novembre 2024 à Pittsburgh, en Pennsylvanie. (Photo par ATTA KENARE et CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • « Les États-Unis sont complices des agissements d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, Ali Bahreini, aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU).
  • L'ambassadeur a également critiqué l'attitude des pays européens.

GENEVE : L'ambassadeur iranien auprès des Nations unies à Genève a accusé mercredi les États-Unis d'être « complices » des agissements d'Israël en Iran, promettant une riposte si une « ligne rouge » est franchie.

L'armée israélienne mène depuis le 13 juin des frappes sans précédent sur l'Iran, disant vouloir empêcher Téhéran d'obtenir l'arme nucléaire. En riposte, l'Iran a promis de bombarder Israël sans relâche jusqu'à la fin des attaques.

« Les États-Unis sont complices des agissements d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, Ali Bahreini, aux correspondants accrédités à l'ONU à Genève (ACANU).

« Nous suivons les actions des États-Unis. Et à tout moment, si nous arrivons à la conclusion que les États-Unis sont directement impliqués dans les attaques contre l'Iran, nous commencerons à répondre aux États-Unis », a-t-il prévenu.

Il a également indiqué que l'Iran restait vigilant face aux propos de Donald Trump.

« Nous le prenons en compte dans nos calculs et évaluations », a-t-il dit, affirmant que « si une ligne rouge est franchie, il y aura une réponse ».

Affirmant disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approchait du « point de non-retour » vers la bombe atomique, Israël a frappé des centaines de sites militaires et nucléaires en Iran, tuant les plus hauts gradés ainsi que des scientifiques du nucléaire. 

L'Iran, qui dément toute intention de fabriquer l'arme nucléaire, a déclaré qu'il riposterait à ce qu'il considère comme une « guerre » lancée par Israël, qu'il accuse d'avoir cherché à torpiller les négociations sur le nucléaire entre Téhéran et Washington.

« L'Iran va répondre. L'Iran est déterminé à répondre aux attaques d'Israël », a déclaré l'ambassadeur iranien, ajoutant que « nous répondons très sérieusement et fermement, et c'est ce que nous faisons maintenant ». 

L'ambassadeur a également critiqué l'attitude des pays européens.

« Quand vous regardez les positions des différents pays, non seulement ils ne condamnent pas les attaques et l'agression, mais ils essaient aussi de justifier l'agression par des allégations et des excuses infondées. C'est honteux », a-t-il affirmé.

Interrogé sur une possible reprise des négociations, il a indiqué que « pour l'instant, nous n'envisageons aucun scénario, si ce n'est celui de nous défendre ».

Mercredi également, lors de son discours devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, l'ambassadeur a mis en garde les soutiens d'Israël.

« Les partisans du régime israélien et les États-Unis en premier lieu devraient savoir que soutenir ce régime signifie soutenir directement les violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme », a-t-il dit.


L'armée israélienne annonce qu'un de ses drones a été abattu en Iran

De la fumée s'élève au milieu des explosions signalées dans des bâtiments par les forces israéliennes à l'est et au nord de la ville de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, à l'aube du 17 juin 2025. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
De la fumée s'élève au milieu des explosions signalées dans des bâtiments par les forces israéliennes à l'est et au nord de la ville de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, à l'aube du 17 juin 2025. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
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  • « Un missile sol-air a été tiré en direction d'un drone de l'armée de l'air et celui-ci est tombé en Iran », indique un communiqué militaire.
  • L'agence de presse de la radio-télévision d'État iranienne (IRIB) avait annoncé que la défense antiaérienne avait abattu mercredi matin « un drone de pointe Hermès » dans le ciel d'Ispahan, dans le centre de l'Iran. 

JERUSALEM : L'armée israélienne a annoncé mercredi pour la première fois depuis le début de sa campagne de frappes sur l'Iran qu'un de ses drones était tombé en territoire iranien après avoir été visé par un tir de missile.

« Un missile sol-air a été tiré en direction d'un drone de l'armée de l'air et celui-ci est tombé en Iran », indique un communiqué militaire.

« Aucun blessé n'a été signalé et il n'y a aucun risque de fuite d'informations », ajoute le texte.

L'armée israélienne ne précise pas le type de l'appareil abattu (drone de surveillance, d'attaque, etc.).

Plus tôt, l'agence de presse de la radio-télévision d'État iranienne (IRIB) avait annoncé que la défense antiaérienne avait abattu mercredi matin « un drone de pointe Hermès » dans le ciel d'Ispahan, dans le centre de l'Iran. 

Le 13 juin, Israël a lancé une attaque d'une ampleur sans précédent sur l'Iran, affichant l'ambition d'empêcher le pays de se doter de la bombe atomique, objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.

Selon le dernier bilan officiel iranien publié dimanche, les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés en Iran.

Depuis vendredi, les salves de missiles iraniens tirées en riposte sur Israël ont fait 24 morts, selon le bureau du Premier ministre israélien.


Gaza: la Défense civile fait état de 30 personnes tuées par des tirs israéliens

Des hommes transportent sur une civière le corps d'une victime qui aurait été tuée par un bombardement israélien à l'ouest de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 17 juin 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
Des hommes transportent sur une civière le corps d'une victime qui aurait été tuée par un bombardement israélien à l'ouest de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 17 juin 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit. (Photo de BASHAR TALEB / AFP)
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  • Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l'AFP que 11 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées « après que les forces d'occupation israélienne ont ouvert le feu et tiré plusieurs obus
  • « Les victimes cherchaient à obtenir de l'aide alimentaire et de la farine », a-t-il précisé. 

JERUSALEM : La Défense civile de Gaza a indiqué que 30 personnes, dont 11 venues chercher de l'aide, avaient été tuées par l'armée israélienne mercredi dans le territoire palestinien ravagé par plus de vingt mois de guerre et menacé de famine selon l'ONU.

Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l'AFP que 11 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées « après que les forces d'occupation israélienne ont ouvert le feu et tiré plusieurs obus entre 2 h 30 et 6 heures du matin sur des milliers de citoyens rassemblés » dans le centre de la bande de Gaza, notamment à Nousseirat, pour attendre l'ouverture de centres de distribution d'aide.

« Les victimes cherchaient à obtenir de l'aide alimentaire et de la farine », a-t-il précisé. 

Mercredi également, 19 personnes ont été tuées dans trois attaques israéliennes, a indiqué la Défense civile, ajoutant que l'armée israélienne avait fait exploser sept maisons dans le nord du territoire palestinien, à Beit Hanoun.

Mardi, la Défense civile avait fait état d'au moins 53 personnes tuées et de plus de 200 blessées au moment où des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés près d'un centre d'aide dans le sud de la bande de Gaza.

Les Palestiniens racontent que les distributions sont chaotiques et dangereuses, et la Défense civile rapporte des morts en marge des centres d'aide presque tous les jours.