Comment une course présidentielle orchestrée prive les Iraniens d'une vraie chance de changement

Le chef de la magistrature iranienne Ebrahim Raisi prononce un discours après avoir enregistré sa candidature aux élections présidentielles iraniennes, au ministère de l'Intérieur de la capitale Téhéran, le 15 mai 2021 (Photo, AFP)
Le chef de la magistrature iranienne Ebrahim Raisi prononce un discours après avoir enregistré sa candidature aux élections présidentielles iraniennes, au ministère de l'Intérieur de la capitale Téhéran, le 15 mai 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 30 mai 2021

Comment une course présidentielle orchestrée prive les Iraniens d'une vraie chance de changement

  • La liste des candidats approuvée par l’État iranien ouvre pratiquement la voie au politicien conservateur Ebrahim Raisi lors des élections du 18 juin prochain
  • Les experts affirment que l’exclusion de l'ancien président parlementaire Ali Larijani a réduit la compétition présidentielle à un seul et unique candidat

LONDRES: Il y a plus de trois décennies, Ebrahim Raisi s'est fait un nom en supervisant l'exécution sommaire de milliers de prisonniers politiques iraniens, un acte considéré comme l'un des premiers crimes contre l'humanité commis par Téhéran.

Maintenant, le religieux radical devenu procureur se présente à la présidence de la République islamique, et les experts ont averti qu'une vague d’exclusion avait effectivement laissé l'infâme juriste devant dans une course à un seul et unique candidat.

Dans ce qui devrait être l’une des élections les plus restreintes du pays, le 18 juin verra les Iraniens se rendre aux urnes afin de voter pour un remplaçant de Hassan Rohani.

La semaine dernière, le Conseil des gardiens iranien (CG), un organe redevable au guide suprême l'ayatollah Khamenei, a annoncé la liste des candidats à la présidentielle approuvée par l'État.

Sur les quelque 600 candidats qui ont présenté leurs candidatures aux élections, une grande proportion d'entre eux, soit environ 585 personnes, ont été rejetées par le CG, en particulier des personnalités politiques bien connues comme l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad et Ali Larijani, un ancien président du parlement et Commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Le 27 mai 2021, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, s'est adressé aux parlementaires via une connexion vidéo lors d'une réunion en ligne dans la capitale iranienne Téhéran, ou il a exhorté les Iraniens à ignorer les appels au boycott de l'élection présidentielle du mois prochain, après que plusieurs candidats prometteurs se soient vus interdire de se présenter contre des candidats ultraconservateurs. (Photo, AFP)

Seulement sept candidats ont été retenus: le secrétaire du Conseil de discernement Mohsen Rezaei; l'ancien négociateur nucléaire Saeed Jalili; le vice-président du parlement Amir Hossein Ghazizadeh Hashemi; l'ancien vice-président Mohsen Mehralizadeh; le gouverneur de la banque centrale Abdolnasser Hemmati; le législateur Alireza Zakani; ainsi que le chef de la magistrature de la République islamique, Ebrahim Raisi.

Mirko Giordani, fondateur du groupe consultatif stratégique Prelia, affirme que l’exclusion inattendue d'Ali Larijani, qui était auparavant considéré comme la seule alternative viable à Raisi, a réduit l'élection présidentielle à une «course à un seul candidat» en faveur de Raisi.

«Larijani était dans le camp conservateur, mais il est devenu plus modéré ces derniers temps. Il était sur le point d'être le seul adversaire possible à Raisi, mais même dans ce cas, ce dernier était censé gagner», a déclaré Giordani à Arab News.

La composition de l'équipe est maintenant si peu compétitive que le titulaire Rohani et même Raisi lui-même ont tous deux fait appel pour une plus grande variété de candidats.

«Habituellement, les élections iraniennes se caractérisent par leur forte participation, environ 70%, mais les chiffres actuels devraient être d'environ 50%. Cela va être un coup dur en termes de légitimité », a signalé Giordani. «Même si Raisi remporte l’élection, beaucoup de questions seront certes posées».

Les partisans de l'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad se rassemblent devant le siège du ministère de l'Intérieur à Téhéran, la capitale, le 12 mai 2021. Dans ce qui devrait être l'une des élections les plus restreintes du pays, le 18 juin verra les Iraniens se rendre aux urnes pour voter un remplaçant de Hassan Rohani. (Photo, AFP / Archives)

Pendant son époque en tant qu'initié de la République islamique, le favori présidentiel Raisi a supervisé une liste de violations des droits de l'homme qui ont choqué les Iraniens, les groupes de défense des droits et la communauté internationale.

Parmi ceux que Raisi a condamnés à mort se trouve le lutteur champion Navid Afkari pour son rôle présumé dans les manifestations anti-gouvernementales. Son assassinat à la fin de 2020 a suscité l'indignation mondiale et les protestations des organismes sportifs mondiaux, notamment les Jeux olympiques.

Son crime le plus odieux a peut-être été son implication directe dans la «commission de la mort» qui a ordonné l'exécution de milliers de prisonniers politiques en 1988. Qualifié de crime contre l'humanité par Amnesty International, Raisi, alors procureur adjoint de Téhéran, a supervisé les procès simulés qui ont condamné des milliers de personnes à mort.

«Des groupes de prisonniers ont été arrêtés, les yeux bandés et traduits devant des comités réunissant des responsables de la justice, du parquet, des renseignements et des prisons», a rapporté Amnesty International. «Ces «commissions de la mort» ne ressemblaient en rien à un tribunal et leurs procédures étaient sommaires et arbitraires à l’extrême.

«On a demandé aux prisonniers s’ils étaient prêts à se repentir pour leurs opinions politiques, à dénoncer publiquement leurs groupes politiques et à déclarer leur loyauté à la République islamique. Certains se sont vus poser des questions cruelles, comme s'ils étaient prêts à traverser un champ de mines actif pour aider l'armée ou à participer à des pelotons d'exécution.

Le chef du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami, quitte le rassemblement après avoir prononcé un discours lors d'une marche pour condamner les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza, sur la place de la Palestine de Téhéran, la capitale, le 19 mai 2021 (Photo, AFP)

«On ne leur a jamais dit que leurs réponses pouvaient les condamner à mort».

Le nombre exact de personnes mises à mort par Raisi reste inconnu, mais les estimations vont de 1000 à 3 000 au cours de l'été 1988 seulement. D'autres dissidents présumés ont été victimes de torture et d’harcèlement.

«Beaucoup de ceux qui auraient été impliqués dans les meurtres de 1988 occupent toujours des postes de pouvoir», a témoigné Amnesty, Raisi étant sans doute le plus important. Présentement, avec l'aide du guide suprême et du conseil des gardiens, il est sur la voie de la présidence.

«Le régime iranien choisit essentiellement qui sera le prochain président en excluant tant de candidats qui se sont présentés aux élections», a divulgué Meir Javedanfar, conférencier iranien au centre interdisciplinaire IDC Herzliya et ancien reporter persan de la BBC, à Arab News. «Les chances que le candidat choisi au préalable se fait battre, ou que quiconque gagne, sont absolument faibles».

Pour Javedanfar, Raisi est le candidat qui assure la continuité du régime.

«Une présidence par Raisi signifiera la poursuite de la politique étrangère de l’ayatollah Khamenei, ce qui implique également des relations acrimonieuses avec les États Unis; le soutien continu à la présence iranienne en Syrie, au Liban, en Iraq et au Yémen ainsi que la poursuite de l’économie de la résistance.

Des gens, portant des masques en raison de la pandémie du coronavirus (la Covid-19), marchent sous un panneau d'affichage représentant le fondateur de la République islamique, l'ayatollah Ruhollah Khomeini (à droite) et le guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei (à gauche) sur la place Enghelab dans le centre de la capitale iranienne Téhéran en mai 16 janvier 2021 (Photo, AFP)

«Je crois aussi que nous allons assister à une répression des libertés existantes, par exemple sur les réseaux sociaux. Je crains même qu’un gouvernement présidé par Raisi ne mette en place un intranet national».

Un intranet qui permettra à Téhéran d’avoir un contrôle étroit sur le flux d'informations en ligne à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran en bouclant efficacement la cyber-sphère iranienne.

«La République islamique est préoccupée par la diffusion des idées occidentales parmi les Iraniens, en particulier le féminisme. Raisi sera, bien sûr, la personne capable de faire cette tâche», a indiqué Javedanfer.

Giordani prévoit qu'une présidence par Raisi se concentrera probablement et d’une façon ferme sur l'éradication de la corruption, un trait qui, selon lui, était une caractéristique du mandat des conservateurs dans le système judiciaire controversé du pays.

Ali Alfoneh, chercheur principal à l'Institut des États arabes du Golfe basé à Washington, estime que l'accent mis sur la corruption a toujours été très sélective et politique.

Cette photo fournie par le bureau du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, le 27 mai 2021, montre des membres du parlement iranien le saluant via une connexion vidéo lors d'une réunion en ligne dans la capitale iranienne Téhéran. (Photo, AFP)

«Raisi a consacré son mandat de chef de la magistrature en Iran à s'engager dans une lutte sélective contre la corruption», a déclaré Alfoneh à Arab News. «Sélective parce que Raisi, pour la plupart du temps, a pris pour cibles ses opposants politiques et leurs proches».

Alfoneh pense également que, malgré l’attention médiatique que la liste des candidats à la présidence conservatrice a convié, la distinction «dure» et «réformiste» qui est un abus de langage qui ne représente pas avec précision la politique obscure de Téhéran.

«La dichotomie de la ligne dure-ligne douce dans la politique iranienne est totalement fausse», a affirmé Alfoneh.

Par conséquent, «les gains personnels, plutôt que l'idéologie» sont «le principe directeur de la politique iranienne».

Alfoneh partage le même point de vue de Giordani sur le manque flagrant de légitimité des élections du 18 juin aux yeux du public iranien.

«Les élites dirigeantes de la République islamique sont soumises à une exclusion permanente et, au fil des ans, le régime est devenu moins représentatif de la population iranienne», a-t-il ajouté.

«Cela a déjà posé des problèmes à un régime qui, malgré tout son autoritarisme, reste sensible à l'opinion publique».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.