Au Canada, le douloureux débat autour des pensionnats autochtones ravivé

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau visite le mémorial de fortune érigé en l'honneur des restes de 215 enfants autochtones retrouvés dans un pensionnat en Colombie-Britannique, sur la Colline du Parlement le 1er juin 2021 à Ottawa. (Photo, AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau visite le mémorial de fortune érigé en l'honneur des restes de 215 enfants autochtones retrouvés dans un pensionnat en Colombie-Britannique, sur la Colline du Parlement le 1er juin 2021 à Ottawa. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Au Canada, le douloureux débat autour des pensionnats autochtones ravivé

  • «Les nouvelles révélations sur ces écoles viennent aggraver leur traumatisme»
  • Selon Mme Logan, cette découverte a remis en lumière un pan de l'histoire que beaucoup de Canadiens méconnaissent encore en 2021

KAMLOOPS: La découverte des restes de 215 écoliers sur le site d'un pensionnat autochtone de Colombie-Britannique, a ravivé le douloureux débat au Canada sur ces institutions honnies, symboles d'une politique d'assimilation forcée des premières nations.

"Pour les familles séparées de force, les impacts sur les survivants, leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants sont considérables. Des nouvelles comme celle-ci rappellent aux survivants (...) les pertes considérables qu'ils ont subies pendant leur séjour à l'école et après leur sortie de l'école", explique Tricia Logan, cheffe de la recherche et de l'engagement au Centre d'histoire et de dialogue des pensionnats autochtones à Vancouver, la plus grande ville de la province de Colombie-Britannique, sur la côte Ouest canadienne.

La révélation la semaine dernière de la découverte au moyen d'un géo-radar de ces restes humains sur le terrain d’un ancien pensionnat autochtone par la Première nation Tk’emlúps te Secwépemc, à Kamloops, a provoqué une vague d'émotion et d'indignation dans tout le pays.

Aux quatre coins du Canada, des chaussures d'enfants ont été déposées devant des statues ou des églises, des cérémonies et veillées à la bougie ont été organisées. 

Le Parlement fédéral a prévu mardi soir un débat sur la question, tandis que le Premier ministre Justin Trudeau a promis lundi des mesures "concrètes" pour aider les communautés autochtones.

Selon Mme Logan, cette découverte a remis en lumière un pan de l'histoire que beaucoup de Canadiens méconnaissent encore en 2021.

"Il y a un segment de la société canadienne qui nie l'existence des écoles ou nie que ce qui s'est passé dans les écoles était de la négligence ou des abus", estime-t-elle. "Je ne crois pas que la nouvelle ait surpris les survivants et leurs familles, mais les nouvelles révélations sur ces écoles viennent aggraver leur traumatisme."

L'ancien pensionnat de Kamloops, géré par l'Eglise catholique au nom du gouvernement canadien, était l'un des 139 établissements du genre mis en place dans le pays à la fin du 19e siècle, et qui ont existé jusque dans les années 1990.

«Tuer l'Indien dans l'enfant»

Les enfants autochtones n'avaient pas le droit de parler leurs langues et de pratiquer leurs traditions. Il s'agissait de "tuer l'Indien dans l'enfant". Lorsqu'ils pouvaient visiter leurs familles lors de fêtes chrétiennes, certains n'arrivaient plus à communiquer avec leurs proches à cause de la perte de leur langue.

Les écoles, sous-financées et sous-équipées, étaient un terrain propice pour les maladies telles que la tuberculose, la grippe et la pneumonie. Des survivants ont aussi raconté la malnutrition et la nourriture culturellement inadaptée. Les pensionnats ont été le lieu de punitions brutales, de viols, de maltraitances et de tortures.

"Ces écoles avaient un taux notoirement élevé de violences sexuelles et physiques, de maladie, de malnutrition et de négligence qui a contribué au taux de mortalité élevé" dans ces établissements, note la chercheuse.

Résultat: au moins 4 100 enfants y ont trouvé la mort, selon les derniers chiffres actualisés d'un rapport-choc rendu en 2015 par une Commission baptisée Vérité et réconciliation, qui a conclu à un véritable "génocide culturel". Le chiffre global des enfants morts pourrait même dépasser les 6 000, selon la commission. 

Cette dernière avait recueilli plusieurs témoignages d'autochtones affirmant que la misère, l'alcoolisme, la violence conjugale et les taux de suicide élevés, lot encore de nombre de leurs communautés, sont en grande partie l'héritage de ce système de pensionnats.

Ottawa avait présenté des excuses formelles aux survivants de ces pensionnats en 2008 dans le cadre d'un accord de 1,9 milliard de dollars canadiens (1,3 milliard d'euros).

La découverte de 215 corps à Kamloops pourrait être la première d'une longue liste, selon de nombreux experts.

"De nombreuses communautés autochtones à travers le Canada ont obtenu des subventions ou ont financé de manière indépendante des études de géoradar. Il s'agit d'un travail que les communautés autochtones commencent par elles-mêmes et qui n'a pas été largement financé" détaille Tricia Logan. "Le travail est considérable et il y a beaucoup plus à faire pour une stratégie nationale."


Le président syrien Ahmad al-Chareh arrive aux Etats-Unis

La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
La visite du président Ahmed Al-Sharaa aux États-Unis est la première d'un président syrien depuis l'indépendance du pays en 1946, selon les analystes. (AP)
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  • Le président intérimaire syrien Ahmad al-Chareh a entamé une visite historique aux États-Unis après la levée des sanctions marquant un tournant diplomatique majeur
  • Cette visite, centrée sur la coopération antiterroriste, l’intégration à la coalition internationale et la reconstruction de la Syrie, symbolise la reconnaissance internationale du nouveau régime post-Assad et son rapprochement avec Washington

WASHINGTON: Le président intérimaire syrien, Ahmad al-Chareh, est arrivé aux Etats-Unis samedi pour une visite officielle inédite, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays, au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme.

Le chef d'Etat par intérim, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer lundi le président américain, Donald Trump.

Il s'agit de la première visite bilatérale d'un chef d'Etat syrien aux Etats-Unis depuis l'indépendance du pays en 1946.

A son arrivée, M. Chareh a échangé des passes de basketball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert, selon des images qu'il a postées sur les réseaux sociaux.

Lors de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre cette coalition menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne.

Les Etats-Unis prévoient pour leur part d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué à l'AFP une source diplomatique en Syrie.

La Syrie, sortie de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d'euros), selon la Banque mondiale.

Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre M. Chareh, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international.

La résolution préparée par les Etats-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités de M. Chareh, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à "lutter contre le terrorisme".

Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une "campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI", selon l'agence officielle Sana.

Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d'Alep, d'Idlib, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l'organisation, a-t-il été précisé.

C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que M. Chareh était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU.

- Bouleversement -

Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.

Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël.

M. Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d'Israël par plusieurs pays arabes.

Aux yeux de Michael Hanna, analyste de Crisis Group, "le président Trump a bouleversé de manière inattendue la politique de longue date des États-Unis concernant la Syrie en mai et a continué à soutenir le nouveau gouvernement à Damas, malgré des épisodes d'instabilité et de violence sectaire qui ont entamé la confiance envers les nouveaux dirigeants du pays".

La visite prévue à la Maison-Blanche de M. Chareh est "un témoignage supplémentaire de l'engagement des Etats-Unis envers la nouvelle Syrie et un moment hautement symbolique pour le nouveau dirigeant du pays, marquant ainsi une nouvelle étape dans sa transformation étonnante de chef militant en homme d’Etat mondial", ajoute l'analyste.


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.