Paris: la création d'une police municipale votée avec les voix de l'opposition

«L'ensemble de ces 5 000 agents concourent à la tranquillité publique». (Photo, AFP)
«L'ensemble de ces 5 000 agents concourent à la tranquillité publique». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Paris: la création d'une police municipale votée avec les voix de l'opposition

  • «Cette décision marque un nouveau pas dans l'évolution du statut de notre ville vers le droit commun des communes»
  • L'objectif de la mairie est de passer de 3 300 agents aujourd'hui actifs au sein de la Direction de la Prévention à 5 000 pour les JO de 2024

PARIS: Le projet de police municipale parisienne, promesse de la maire PS Anne Hidalgo aux municipales de 2020, a été adopté mercredi avec les voix de l'opposition mais sans celles de ses alliés écologistes et communistes.

Le projet défendu par son adjoint à la sécurité Nicolas Nordman a été adopté en Conseil de Paris à 114 voix pour et 30 contre grâce à celles des élus PS, de droite et du centre et malgré l'opposition des autres élus de gauche (PCF, EELV, Générations).

Anne Hidalgo, qui s'était ralliée à cette idée en 2019, un an avant d'être réélue, a salué une "décision historique" alors que la police municipale est "partout ailleurs en France une évidence du quotidien".

Dans une capitale qui n'a pu choisir son maire au suffrage universel qu'à partir de 1977, "cette décision marque un nouveau pas dans l'évolution du statut de notre ville vers le droit commun des communes", a souligné Mme Hidalgo, possible candidate à la présidentielle de 2022.

La promulgation fin mai de la loi Sécurité globale, même partiellement censurée, a permis de mettre fin à cette exception historique.

Les premiers policiers municipaux, équipés d'un gilet pare-balles, d'une gazeuse, d'une matraque, de menottes et d'une caméra mais pas d'arme létale, seront opérationnels dès la rentrée de septembre, par vague de 200 ayant satisfait aux sessions de formation. 

L'objectif de la mairie est de passer de 3 300 agents aujourd'hui actifs au sein de la Direction de la Prévention, de la Sécurité et de la Protection (DPSP) à 5 000 pour les JO de 2024.

Répartis dans 17 divisions d'arrondissement, les policiers parisiens pourront verbaliser dépôts sauvages, épanchements d'urine, jets de mégots, nuisances sonores, déjections canines, stationnements gênants ou débords de terrasses.

Futures «cibles»?

Les élus de droite, qui réclamaient cette police municipale "depuis de nombreuses années", ont voté le projet tout en soulignant ses nombreux défauts. "Un policier sans arme, c'est une cible", a estimé la députée Brigitte Kuster (LR). En l'absence de "prérogatives supplémentaires" par rapport à la DPSP, elle "n'aura de police que le nom", a déploré Nicolas Jeanneté (Les Centristes).

Pour le maire du XVe arrondissement Philippe Goujon (LR), cette police municipale "ne comptera pas 5 000 policiers" comme annoncé "mais seulement 3 400, le solde étant composé de médiateurs et de simples agents de surveillance".

"L'ensemble de ces 5 000 agents concourent à la tranquillité publique", lui a répondu M. Nordman, interrogé par l'AFP, citant l'exemple des rixes lors desquelles les médiateurs interviennent en amont.

Craignant un désengagement de la police nationale, écologistes et communistes ont voté contre. La police municipale "ne répondra pas aux problèmes de sécurité publique", a dit Fatoumata Koné (EELV), qui dénonce le "transfert de compétences de l'État vers les collectivités territoriales" sans "les moyens financiers ou assiettes fiscales".

"Tous les maires communistes" qui ont mis en place une police municipale "m'ont confirmé que ces créations entraînaient un retrait de l'État dans ses missions de sécurité", a assuré Nicolas Bonnet-Oulaldj (PCF).


Paris et Berlin scellent vendredi leur accord sur le char franco-allemand

Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles. (AFP).
Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles. (AFP).
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  • "Après plusieurs mois d'intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat (...) Les groupes de travail (entre les deux pays) ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris"
  • Le ministre français Sébastien Lecornu a lui insisté, dans cet entretien commun accordé au journal allemand, sur le fait que Paris et Berlin concevaient avec ce projet "la nouvelle génération de chars pour 2040"

BERLIN: Le ministre français des Armées et son homologue allemand ont annoncé la signature vendredi à Paris d'un accord sur le projet commun de char du futur (MGCS), longtemps freiné par des intérêts divergents.

"Après plusieurs mois d'intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat (...) Les groupes de travail (entre les deux pays) ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris", a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dans une interview publiée jeudi dans le quotidien FAZ.

"Ca se concrétise, enfin!", a-t-il ajouté, en précisant qu'"au début de l'année prochaine, le contrat détaillé devrait être prêt".

Le ministre français Sébastien Lecornu a lui insisté, dans cet entretien commun accordé au journal allemand, sur le fait que Paris et Berlin concevaient avec ce projet "la nouvelle génération de chars pour 2040".

Les deux pays prennent de l'avance sur les Américains qui "n'ont toujours pas commencé à réfléchir à l'avenir du char Abrams" et sur les Russes qui "ont connu quelques échecs avec le successeur de leur char", a-t-il ajouté, soulignant que le MGCS intègrerait "la puissance de feu de la prochaine génération, la guerre électronique et l'intelligence artificielle, ainsi que les armes laser et à faisceau dirigé".

Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles.

Financé à parts égales par les deux pays et mené sous direction allemande, ce programme, à l'origine conduit par KNDS, une entité créée pour l'occasion entre le français Nexter et l'allemand KMW qui fabrique le Leopard 2, a vu l'irruption en 2019 du fabricant allemand Rheinmetall. Et cela a longtemps déstabilisé l'édifice et les répartitions envisagées entre industriels.

Le programme MGCS (acronyme anglais de Système principal de combat terrestre) a été lancé en 2017, en même temps que l'avion de combat du futur (Scaf), un autre projet de coopération dans le domaine de la défense entre l'Allemagne et la France.

Il vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 allemands et à innover.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, a provoqué un sursaut en Europe sur les besoins accrus d'investissements et de programmes de coopération dans le secteur de la défense.


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.