Avec les cinémas AMC, le phénomène des actions-feu de paille reprend à Wall Street

Le cours de l'action de la chaîne américaine de cinémas AMC, prisée des boursicoteurs en ligne, a été suspendu à plusieurs reprises mercredi pour volatilité alors que le titre s'envolait de plus de 100%. (Photo, AFP)
Le cours de l'action de la chaîne américaine de cinémas AMC, prisée des boursicoteurs en ligne, a été suspendu à plusieurs reprises mercredi pour volatilité alors que le titre s'envolait de plus de 100%. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

Avec les cinémas AMC, le phénomène des actions-feu de paille reprend à Wall Street

  • Son action a clôturé en hausse de 95,22% à 62,66 dollars, un record pour la compagnie
  • «La question avec ce type de mouvement paraboliques, n'est pas de savoir s'ils sont raisonnables mais où ils vont s'arrêter»

NEW YORK: On le croyait terminé après l'embellie de janvier à Wall Street, mais le phénomène des actions-feu de paille ("meme stocks"), coqueluches des boursicoteurs individuels, a repris de plus belle mercredi à la Bourse de New York, provoquant la suspension de la cotation du titre AMC pour accès de volatilité.

Le cours de l'action de la chaîne américaine de cinémas AMC, prisée des boursicoteurs en ligne, a été suspendu à plusieurs reprises mercredi pour volatilité alors que le titre s'envolait de plus de 100%.

Son action a clôturé en hausse de 95,22% à 62,66 dollars, un record pour la compagnie qui était pourtant déjà en difficulté avant même que la pandémie ne la touche de plein fouet en fermant de nombreuses salles de cinémas. La chaîne de 950 cinémas vaut plus de 28 milliards de dollars en Bourse. 

Par sa capitalisation, AMC Entertainment a ainsi supplanté GameStop, le groupe de magasins de jeux vidéo qui avait suscité l'engouement des boursicoteurs en janvier au point de déstabiliser Wall Street.

Le nouvel accès de frénésie des petits actionnaires pour AMC, qui avait commencé la semaine dernière, a été nourri par une pluie de popcorns mercredi. 

Le patron de la chaîne, Adam Aron, qui a su par ses tweets nouer un fil de communication avec ses petits porteurs, a offert mercredi une "portion grande taille" de popcorn gratuite aux investisseurs "enthousiastes et passionnés" qui iront fréquenter les salles.

"Popcorn à l'œil !!! Yeaaaah !", exultait immédiatement un parieur sur le forum WallStreetBets (WSB) qui rassemble, sur la plateforme Reddit, une armée de boursicoteurs échangeant sur leurs paris à Wall Street.

"Il y a deux semaines on était à 12 dollars, la semaine d'après on était à 19 dollars", s'enthousiasmait un autre alors que l'action multipliait ce niveau par trois mercredi. "C'est nous qui avons les actions en circulation. C'est nous qui fixons les prix. Et on aime le titre", ajoutait-il reflétant l'enthousiasme du pouvoir des petits porteurs.

Comme en janvier, la fièvre spéculative a aussi touché mercredi les actions de groupes autrefois mal-aimés comme GameStop (+13%), il y a peu menacé de faillite, la chaîne d'articles pour la maison Bed Bath and Beyond (+62%), dont l'avenir a été mis en danger par la domination du commerce électronique, ou encore Blackberry (+32%), favorite des nostalgiques de la marque de téléphones.

«Où vont-ils s'arrêter?»

Il serait faux de croire que cette frénésie est l'apanage de petits porteurs inexpérimentés, armés des nouvelles applications de courtage en ligne et ayant du temps à revendre pendant cette pandémie, estiment plusieurs analystes.

"Si initialement, cet engouement a été associé aux jeunes investisseurs à la maison qui avaient du temps libre (...), il y a désormais beaucoup d'investisseurs professionnels qui sont impliqués, des fonds spéculatifs et même des investissements dictés par les algorithmes qui se focalisent sur cette poche du marché", relève Quincy Krosby de Prudential.

Mardi, initiant la nouvelle spirale à la hausse du titre, un fonds spéculatif, Mudrick, a acheté pour 8,5 millions d'actions AMC pour 230,5 millions de dollars. 

Selon des informations de Bloomberg, le fonds se serait délesté de sa participation le même jour, empochant en quelques heures un petit profit de 40 millions de dollars.

L'immense flux de liquidités, qui s'est déversé depuis plus d'un an à Wall Street grâce aux soutiens budgétaires du gouvernement mais aussi du fait de la politique monétaire à taux zéro de la Fed, invite également à des paris hardis sur le marché boursier, expliquent les analystes.

Le phénomène de ces actions-feu de paille montre "qu'il y a un goût du risque dans certaines niches du marché, avec un certain penchant casse-cou alors que la place boursière au sens large est plutôt conservatrice", indique à l'AFP Mme Krosby.

"Quelle que soit la façon dont on le voit, l'action AMC a fait un carton cette année, passant de moins de 2 dollars début janvier à plus de 60 dollars plus tôt mercredi", soulignait Matt Weller, analyste en chef pour Forex.com. 

"La question avec ce type de mouvement paraboliques, n'est pas de savoir s'ils sont raisonnables mais où ils vont s'arrêter", poursuit l'analyste. "Après tout comme disait le grand John Maynard Keynes, les marchés peuvent rester irrationnels plus longtemps que vous ne pouvez rester solvables".


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.