Le partenariat public-privé, un choix stratégique pour l’économie algérienne?

La création de la joint-venture Bejaïa Mediteranean Terminal en 2004 est considérée comme une expérience réussie en matière de PPP. (Photo fournie)
La création de la joint-venture Bejaïa Mediteranean Terminal en 2004 est considérée comme une expérience réussie en matière de PPP. (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 04 juin 2021

Le partenariat public-privé, un choix stratégique pour l’économie algérienne?

  • Le recours au PPP semble être une des solutions envisagées en Algérie pour stimuler les investissements et concrétiser les grands projets de développement
  • Selon les experts, pour que le PPP tienne ses promesses, il convient de mettre en place des mécanismes organisationnels et réglementaires adéquats

PARIS: Dans le double contexte d’amenuisement des ressources financières et de la pandémie de Covid-19, le recours au partenariat public-privé (PPP) semble être une des solutions envisagées par les pouvoirs publics algériens pour stimuler les investissements et concrétiser les grands projets de développement. Mais ce procédé, considéré comme complexe, nécessite pour être efficient la mise en œuvre d’un encadrement juridique et organisationnel strict.

Pour cette raison, une journée d’étude sur le PPP a été organisée par le Conseil national économique, social et environnemental (Cnese), le 18 mai dernier, avec la participation de représentants de différents départements ministériels, institutions et entreprises publiques et privées.

Promouvoir les investissements

Le partenariat public-privé consiste à confier à un prestataire privé ou un groupement d’opérateurs économiques, sous forme de marché public, via un contrat avec l’État ou une institution publique, la gestion ou le financement d’équipements, ouvrages et infrastructures permettant d’assurer un service public. Proposés sous différentes formes – BOT (Build-Operate-Transfer), BOOT (Build-Own-Operate-Transfer) ou encore BOO (Build-Own-Operate) – ces contrats sont appliqués dans la construction des infrastructures comme les routes, les musées, les écoles ou encore les stades.

Le PPP «revêt une importance majeure et constitue un choix stratégique pour l’Algérie», souligne la direction du Cnese, en précisant que ce procédé permet «de rationaliser les dépenses publiques et d’alléger le fardeau découlant du recours au modèle classique, qui dépend du Trésor dans le financement, la réalisation et la maintenance des infrastructures et des installations publiques».

«La crise économique résultant de la baisse des prix du pétrole sur le marché mondial renforce la nécessité de s’appuyer sur d’autres modèles afin de maintenir les financements nécessaires des projets de développement et des institutions», a affirmé Réda Tir, président du Cnese lors de son intervention à la journée d’étude. «La participation du secteur privé au financement, à la réalisation et à l’exploitation des infrastructures appartenant à l’État est l’une des solutions pouvant assurer la continuité de la mise en œuvre des programmes de développement envisagés, ainsi que garantir des ressources financières aux institutions des secteurs public et privé», a-t-il ajouté. De leur côté, les experts ont indiqué qu’il convenait de mettre en place des mécanismes organisationnels et réglementaires permettant d’atteindre cet objectif.

Pour s’inspirer des expériences des autres pays, notamment dans l’enrichissement du cadre juridique, en cours d’élaboration par les autorités, David Baxter, expert international (États-Unis); Stéphane Saussier, de l’Université Paris Sorbonne (France); Dieudonné Bondoma Yokono, président du Conseil d’appui à la réalisation des partenariats Carpa (Cameroun); et Afef Majdoub, président de l’Instance générale du partenariat public-privé (Tunisie) ont participé à cette journée d’étude en visioconférence. Pour le président du Cnese, il s’agit «d’éclairer le gouvernement en prévision de l’élaboration de la loi sur le PPP, qui devra être actualisée pour répondre aux exigences du moment imposées notamment par la pandémie de Covid-19».

algerie
Kasmi Halim, PDG de l’Entreprise portuaire de Bejaïa. (Photo fournie).

«Ce modèle assez complexe exige en premier lieu la mise en place d’un cadre juridique et réglementaire approprié et une culture de partenariat développé dans les secteurs public et privé avec un environnement incitatif», a confirmé Réda Tir, président du Cnese, lors de la journée d’étude. Pour rappel, des représentants du patronat, des institutions financières et des banques, des juristes, avocats d’affaires et opérateurs économiques publics et privés participaient également à cet événement, durant lequel a aussi été abordée l’expérience algérienne en matière de PPP.

Succès de l’expérience algérienne

Sollicité par Arab News en français sur l’expérience algérienne en matière de partenariat public-privé, Kasmi Halim, PDG de l’Entreprise portuaire de Bejaïa (EPB), affirme que la création de la joint-venture Bejaïa Mediteranean Terminal en 2004 est considérée comme une expérience réussie en matière de PPP.

«Il s’agit du premier partenariat du genre en Algérie dont les retombées économiques sont indéniables, notamment dans la relance de l’activité régionale, voire nationale», explique-t-il, en précisant que c’est au cours des années 2000 que la société a amorcé la mise à niveau de son parc de conteneurs par l’installation d’un terminal conforme aux normes universelles.

Pour y parvenir, Kasmi Halim nous explique «qu’un choix raisonné s’appuie sur des critères de sélection d’un partenaire fiable, pouvant apporter son expérience et son savoir-faire en matière de gestion de terminaux à conteneurs», ajoutant que «les critères de choix ont été préalablement arrêtés pour donner une réelle visibilité au projet, parmi lesquels la nécessité d’avoir de l’expérience dans la gestion de terminaux polyvalents, en fourniture d’équipements, une expertise en matière de maintenance et, surtout, une indépendance vis-à-vis de tous les armateurs».

Le patron d’EPB fait savoir que Portek Systems and Equipment Pte Ltd (Singapour) répondait parfaitement à ces exigences. L’arrivée de ce partenaire a dynamisé toutes les administrations avec lesquelles il travaille, la douane en premier lieu. «Des équipements modernes, des portiques de quai et de gerbage ont été pour la première fois installés dans un port algérien. Cette modernisation radicale de son terminal à conteneurs a permis au port de Bejaïa d’intégrer le classement des ports méditerranéens les plus compétitifs, à l’instar de ceux de Barcelone, Gênes ou Marseille, et d’offrir des services de qualité, efficaces et fiables», se réjouit-il.

Selon Kasmi Halim, le port de Bejaïa traite régulièrement près de 250 000 équivalents vingt pieds, ou EVP (longueur d’un conteneur commun, devenue unité de mesure pour le transport maritime et les terminaux) annuellement. «C’est organisé à la hauteur des normes universelles en matière de débarquement, d’entreposage, de mise à disposition et d’évacuation des conteneurs», affirme-t-il.

Interrogé sur les raisons de la réussite de ce partenariat, le patron d’EPB explique que «les facteurs qui ont assuré au port de Bejaïa le succès de ce partenariat public-privé résident essentiellement dans le choix du partenaire, qui représente le critère fondamental pour la réussite de ce projet, une vision claire et des objectifs précis et un consensus assurant des rapports gagnant-gagnant entre toutes les parties prenantes, publiques et privées.

Associer le secteur privé

Appelé à jouer un rôle important dans la relance de l’économie nationale, le secteur privé sera-t-il intégré dans le financement des infrastructures étatiques? Interrogé par Arab News en français sur le rôle que pourrait jouer le secteur privé algérien dans le déploiement du PPP, Adel Bensaci, directeur général de la Somemi, société spécialisée dans la mécanique de précision, et président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME (CNCPME) plaide pour la mise en œuvre «d’une vision stratégique», expliquant que «les conditions du partenariat ne sont pas assez définies et peu encourageantes». Concernant les solutions possibles pour la concrétisation de programmes PPP, Adel Bensaci nous indique que les pouvoirs publics devraient «commencer par les entreprises en cessation d’activité dont les actifs pourraient servir à lancer une activité industrielle».

Pour cela, le directeur général de la Somemi recommande «de réaliser des ventes suivant un contrat de performance sur plusieurs années garantissant le maintien et la création d’emplois ainsi que l’investissement», en précisant que «le tout devrait être concrétisé autour d’une stratégie d’intégration de filières pour offrir de la valeur à ces entreprises dormantes, fleurons de notre industrie, mais actuellement comparées à des garderies pour adultes, un comble», regrette-t-il.


Saudi Eksab et le Guyana s’allient pour développer des investissements dans des secteurs clés

Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
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  • Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un MoU pour développer des investissements conjoints dans des secteurs stratégiques clés
  • L’accord, conclu en marge de la Future Investment Initiative à Riyad, vise à renforcer la coopération économique et la diversification durable

RIYAD : Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un protocole d’accord (MoU) visant à explorer une collaboration en matière d’investissements dans des secteurs stratégiques clés, en marge de la Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le protocole a été signé par Yazeed Alyahya, PDG de Saudi Eksab, et Zulfikar Ally, ministre guyanais du Service public, de l’Efficacité gouvernementale et de la Mise en œuvre, en présence du président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali.

Selon un communiqué, cet accord ouvre la voie à un renforcement de la coopération pour promouvoir des opportunités d’investissement stratégiques et identifier de nouveaux domaines d’intérêt commun. Il consolide également le rôle de Saudi Eksab en tant que partenaire de confiance soutenant la croissance durable et la diversification économique.

« Le Guyana entre dans une phase de développement transformateur. À travers cette collaboration avec Saudi Eksab, nous souhaitons explorer des partenariats capables d’accélérer le développement des infrastructures et la diversification économique tout en favorisant la coopération mondiale », a déclaré Ally dans le communiqué.

De son côté, AlYahya a ajouté : « Ce partenariat marque une étape prometteuse dans notre mission visant à identifier des initiatives d’investissement à fort impact, génératrices d’une croissance économique partagée. Nous sommes impatients de concrétiser des opportunités significatives. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le PIF en passe d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de l’année, selon Al-Rumayyan

M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
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  • Les actifs du PIF ont triplé depuis 2015 et devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, avec plus de 100 entreprises créées pour diversifier l’économie
  • Une nouvelle stratégie du fonds, centrée sur six secteurs clés dont le tourisme, la logistique et l’énergie renouvelable, vise à renforcer la transformation économique du Royaume

RIYAD : Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Fonds public d’investissement (PIF), a déclaré que les actifs du fonds ont triplé depuis 2015, ajoutant que l’objectif d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de cette année est presque atteint.

Le PIF constitue la pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Son effectif est passé d’environ 40 employés en 2015 à quelque 4 000 aujourd’hui, et le fonds dispose désormais de bureaux dans plusieurs grandes capitales mondiales.

Al-Rumayyan a indiqué que le PIF a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de stimuler la diversification économique.

Il a révélé qu’une nouvelle stratégie du PIF sera annoncée prochainement, celle-ci étant actuellement dans les dernières étapes d’approbation. Cette stratégie se concentrera sur six secteurs clés : le tourisme, les voyages et le divertissement, le développement urbain, la fabrication avancée et l’innovation, la logistique, l’énergie renouvelable et NEOM.

Cet axe stratégique, a-t-il souligné, permettra au fonds de hiérarchiser ses investissements selon des calendriers précis : « Nous ne voulons pas aborder tous les investissements avec le même niveau de priorité, » a-t-il ajouté.

Al-Rumayyan a également mis en avant le succès du PIF dans la relance de la King Abdullah Economic City, qui fait partie de son portefeuille. Il a expliqué que le PIF a augmenté sa participation de minoritaire à majoritaire, transformant une entreprise restée largement inactive pendant près de deux décennies en un pôle dynamique attirant ports, entreprises et industries automobiles, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Beautyworld Middle East : le savoir-faire français entre innovation, luxe et clean beauty

Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
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  • Le pavillon français à Beautyworld Middle East 2025 a mis en avant 86 marques, illustrant l’excellence et l’innovation françaises dans le secteur de la beauté et des cosmétiques
  • Face à un marché du Golfe en forte croissance, les entreprises françaises — entre tradition, technologie et durabilité — confirment leur capacité à répondre aux nouvelles attentes d’un secteur en expansion

DUBAÏ : Du 27 au 29 octobre, Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. Organisé par Business France, le pavillon met en lumière le savoir-faire français dans les domaines de la beauté, des cosmétiques et du bien-être, allant des soins de la peau et de la parfumerie aux produits en marque blanche et innovations technologiques.

Dans ce cadre, cinq marques françaises se distinguent par leur approche innovante et leur capacité à séduire le marché du Golfe, en pleine expansion.

Atelier du Savon : l’excellence des ingrédients naturels

Frédéric Brunel-Acquaviva, PDG de l’Atelier du Savon, dirige une manufacture spécialisée dans les savons et cosmétiques naturels, située dans le sud de la France. L’entreprise commercialise ses propres marques, mais réalise également des productions en marque blanche pour des hôtels et distributeurs au Moyen-Orient.

« La cosmétique française est reconnue pour sa qualité ; nos partenaires souhaitent intégrer des ingrédients locaux comme la luffa, l’huile de figue de barbarie ou l’huile de date », précise-t-il.

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L’Atelier du Savon (Photo: ANFR)

Trois ans après sa première participation à Dubaï, l’entreprise continue d’innover grâce à un laboratoire de R&D interne.

Le Laboratoire des Granions : le collagène au cœur de l’innovation

Créé en 1948, le Laboratoire des Granions est un acteur majeur des compléments alimentaires en France. Ilias Kadi, responsable export, met en avant le succès du Collagène Eternity, un collagène à bas poids moléculaire pour une meilleure assimilation.

Présent dans plus de 16 000 pharmacies en France et exporté dans 50 pays, le laboratoire combine expertise pharmaceutique et innovation afin de répondre aux besoins d’un marché international exigeant.

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Le Laboratoire des Granions (Photo: ANFR)

Onérique : le skincare émotionnel

Fondée par Glorimar Primera-Riedweg, Onérique se distingue par une approche sensorielle et émotionnelle du soin. « Chaque produit doit éveiller des sensations positives dès le premier contact », explique la fondatrice. La marque présente trois produits phares au salon : des perles de soin à base d’algues marines, un exfoliant et une crème mousse hydratante.

Présente à Beautyworld Middle East, Onérique cherche à développer des partenariats aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

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Onérique ​​​​​​(Photo: ANFR)

L’Officine du Monde : la nigelle au service du bien-être

La marque française, fondée par Olivier Decazes et par la Dr Rita Massoud, pharmacienne franco-égyptienne, exploite les vertus millénaires de la nigelle pour concevoir des compléments alimentaires et cosmétiques. Grâce à la thymoquinone, principe actif anti-inflammatoire de la plante, l’entreprise propose des solutions pour la peau, le confort articulaire ou la régulation de la glycémie entre autres.

« Tout est formulé par un pharmacien, avec des ingrédients importés d’Inde, d’Égypte, d’Éthiopie et de Tunisie. Et Tous les produits sont fabriqués en France », souligne Mr. Decazes.

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L’Officine du Monde (Photo: ANFR)

Creation Parfums Paris 26 : la passion du parfum sur mesure

Virginie Smadja, fondatrice de Creation Parfums Paris 26, conçoit des parfums en private label pour des clients dans le monde entier, notamment dans les pays du Golfe.

« Chaque client peut avoir des demandes différentes, ce qui rend le métier fascinant », explique-t-elle.

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"Just Together" (Photo: Instagram)

Dernièrement, elle a lancé son propre parfum, Just Together, alliant la tradition de l’Oud à des fragrances plus fraîches et sucrées, inspirées de la French touch. Pour Virginie, « ce n’est plus un métier, mais une véritable passion.»

Un marché régional en pleine expansion

Le salon met en évidence le rôle stratégique du Moyen-Orient, et plus particulièrement des Émirats arabes unis, dans l’univers de la beauté et du luxe. Évalué à 8,5 milliards USD en 2024, le marché des cosmétiques dans la région affiche une croissance soutenue de près de 6 % par an, portée par une demande accrue en innovation, qualité et durabilité.

Véritable plateforme de rayonnement pour l’ensemble du Golfe, les Émirats s’imposent comme un carrefour incontournable pour les marques internationales.

La présence française à Beautyworld Middle East illustre parfaitement cette dynamique : entre parfumerie, soins high-tech et cosmétiques écoresponsables, les entreprises tricolores confirment leur savoir-faire unique et leur capacité à allier héritage, excellence et innovation au service des nouvelles attentes du marché.