Devant Air Algérie, la colère des ressortissants algériens privés de retour au pays

Les passagers attendent de s'enregistrer à un comptoir d'Air Algérie pour un vol vers Paris à l'aéroport d'Alger Houari Boumediene le 1er juin 2021 (Photo, AFP)
Les passagers attendent de s'enregistrer à un comptoir d'Air Algérie pour un vol vers Paris à l'aéroport d'Alger Houari Boumediene le 1er juin 2021 (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 juin 2021

Devant Air Algérie, la colère des ressortissants algériens privés de retour au pays

Les passagers attendent de s'enregistrer à un comptoir d'Air Algérie pour un vol vers Paris à l'aéroport d'Alger Houari Boumediene le 1er juin 2021 (Photo, AFP)
  • «Notre compagnie s'est vue contrainte de refermer son agence Opéra jusqu'à nouvel ordre», indique une affichette placardée sur la porte de la boutique
  • «Sur internet, ça disait que l'agence était ouverte, j'ai fait 500 km pour acheter ce billet», explique Kamel

PARIS: « Je fais comment avec mon déménagement ? », « je suis dégoûté ». Devant l'agence d'Air Algérie à Paris, des dizaines d'Algériens fulminent face au rideau fermé de la compagnie aérienne, qui a repris les liaisons Paris-Alger après 15 mois d'interruption mais reste impossible à joindre.  

« Notre compagnie s'est vue contrainte de refermer son agence Opéra jusqu'à nouvel ordre », indique une affichette placardée sur la porte de la boutique. Elle invite les clients à se replier sur un numéro de téléphone ou bien à se rendre sur le site d'Air Algérie où aucun vol Paris-Alger n'est à la vente.  

Lundi, ils étaient des centaines à se presser devant l'agence pour obtenir un billet pour l'Algérie. La compagnie nationale venait d'annoncer le 24 mai la réouverture de sa liaison entre la France et l'Algérie, à raison de trois vols hebdomadaires.  

L'agence de Paris (la seule du pays avec celle de Marseille) a brièvement ouvert ses portes lundi matin, assure un témoin. Mais après avoir accueilli une trentaine de clients elle a aussitôt baissé le rideau.  

« Il y a eu un grand engouement au niveau de nos agences, ce qui était prévisible puisque nos frontières sont fermées depuis 15 mois », reconnaît Amine Andaloussi, porte-parole d'Air Algérie.  

« Pour des raisons sanitaires, on a préféré renvoyer notre clientèle vers le call center et notre site internet », a-t-il ajouté.  

Kamel (prénom d'emprunt) habite à Francfort et a fait le déplacement spécialement jusqu'à Paris pour dénicher un billet. Cela fait sept ans qu'il n'a pas mis les pieds dans son pays.  

« J'ai fait 500 km pour acheter ce billet »   

« J'ai payé le voyage jusqu'ici, je paye l'hôtel, la nourriture et il n'y a aucune information », dit-il en colère. « Sur internet, ça disait que l'agence était ouverte, j'ai fait 500 km pour acheter ce billet », explique Kamel. Arrivé mercredi, il compte rester encore trois ou quatre jours avant d'abandonner et de repartir en Allemagne.  

Son attente s'annonce vaine. L'ensemble des 6 420 billets disponibles pour le mois de juin ont été vendus « en quelques heures », affirme Amine Andaloussi. Pour l'instant, aucun autre billet n'est en vente, « on est sur une ouverture partielle », tient-il à préciser.  

Kamel raconte que son père est mort il y a huit mois, sans qu'il puisse assister aux funérailles. « Je l'ai accepté parce qu'il y avait le coronavirus mais maintenant, c'est rouvert, donc il n'y a plus d'excuse », lâche-t-il, pestant contre l'incurie des institutions algériennes.  

« Pourquoi ils ne font pas plus de vols ? », s'interroge Rachid, 35 ans, qui travaille à côté et passe de temps en temps pour voir si l'agence ouvre. « Allez voir Royal Air Maroc, c'est ouvert, aucun problème. Avec la Tunisie, le Maroc, il n'y a pas tout ça », s'indigne-t-il.  

Devant l'agence de la compagnie algérienne, des bouteilles en plastique vide et des morceaux de carton éparpillés trahissent les heures passées par certains dans l'espoir que le rideau se lève.   

Sur la vitrine, des feuilles de papier ont été scotchées pour permettre aux clients d'inscrire leurs noms et numéros de téléphone afin qu'Air Algérie les appelle, sans trop y croire.  

Mustapha habite Saint-Denis et vient tous les jours. « J'en ai vu qui venaient de Suisse, de Beauvais, de Lille » pour décrocher le sésame, raconte-t-il.  

Le billet d'avion est affiché à 518 euros aller-retour, plus 253 euros pour cinq jours de confinement à l'hôtel une fois en Algérie et un test PCR à l'issue. Mais aucune information ne signale que plus aucun billet n'est disponible. 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Short Url
  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Short Url
  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

Short Url
  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.