Canada: les douloureux souvenirs d'une survivante des pensionnats autochtones

«Beaucoup d'enfants ont tenté de s'enfuir d'ici. Beaucoup ne sont jamais rentrés chez eux». (Photo, AFP)
«Beaucoup d'enfants ont tenté de s'enfuir d'ici. Beaucoup ne sont jamais rentrés chez eux». (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 06 juin 2021

Canada: les douloureux souvenirs d'une survivante des pensionnats autochtones

  • «Ils sont venus nous chercher dans nos réserves et nous ont amené ici dans des gros camions de bétail»
  • Il est estimé que 150 000 enfants ont été internés par l'église et le gouvernement canadien

KAMLOOPS: "Beaucoup de nos enfants sont morts", se souvient avec émotion Evelyn Camille, internée de force dans les années 1940 dans l'ancien pensionnat autochtone de Kamloops, où ont été découverts les restes de 215 enfants.

Pour essayer de panser ces plaies toujours douloureuses, cette "aînée" de 82 ans a contribué à créer une école mettant en avant la culture et la langue de sa communauté, que voulaient précisément nier ces pensionnats.

Evelyn Camille est membre des Tk'emlups te Secwépemc, communauté autochtone de l'ouest du Canada. Née en 1939, elle a été séparée de sa famille puis internée au pensionnat autochtone de Kamloops, loin de sa communauté.

"J'ai été ici pendant 10 ans", raconte-t-elle à l'AFP en pointant du doigt la façade de briques rouges baignée de lumière orange le soir, venue comme d'autres habitants honorer les enfants disparus.

"Ils sont venus nous chercher dans nos réserves et nous ont amené ici dans des gros camions de bétail", se remémore-t-elle, avant d’avouer, la gorge serrée, qu'elle n'aime pas parler de la vie au pensionnat car elle y a subi des sévices "physiques, mentaux et spirituels".

"Beaucoup d'enfants ont tenté de s'enfuir d'ici. Beaucoup ne sont jamais rentrés chez eux", explique-t-elle, une ombre passant sur son visage. "Tant de ces morts n'ont jamais été prises en compte."

Une semaine plus tôt, la cheffe de sa communauté avait annoncé la découverte, à l'aide d'un géo-radar, des dépouilles de 215 enfants à proximité du pensionnat. Depuis, Evelyn Camille vient régulièrement s'asseoir auprès des siens pour se recueillir, échanger et se consoler devant le mémorial installé face à l'ancien pensionnat.

"Cette découverte met en lumière la façon dont nous étions traités. Beaucoup de nos enfants sont morts", souffle Evelyn, au bord des larmes. Sa communauté soupçonnait depuis longtemps que ces dépouilles d'élèves disparus se trouvaient près du pensionnat.

Cette confirmation a rouvert des blessures qui n’avaient jamais été refermées et a généré une onde de choc au Canada, ravivant les discussions autour du sujet souvent tabou de ces pensionnats autochtones.

"Il n'y a jamais vraiment de deuil. La douleur est trop profondément enfouie dans nos cœurs, dans nos esprits, dans nos corps, la douleur est trop profonde. Chaque petite chose rouvrira ces blessures mais nous apprenons à nous y faire."

«Ils peuvent enfin rentrer chez eux»

Accueillant jusqu'à 500 élèves, le pensionnat de Kamloops a été le plus gros du Canada, accueillant des enfants issus des nombreux peuples autochtones vivant dans la région.

Créé en 1890 et géré par l'Église catholique puis par le gouvernement fédéral, il a fermé ses portes en 1978. D'autres pensionnats, environ 140 au total, ont perduré jusqu'à la fin du 20e siècle.

Il est estimé que 150 000 enfants ont été internés par l'église et le gouvernement canadien. En les isolant de leur culture, ces établissements avaient pour but de "civiliser" les autochtones en leur inculquant des valeurs européennes à travers une éducation religieuse stricte et des travaux manuels pénibles.

Beaucoup y ont subi des sévices physiques et sexuels, et des milliers d'entre eux sont morts ou ont disparu, selon le rapport de la Commission vérité et réconciliation publié en 2015.

Mal nourris, mal chauffés, mal soignés: les enfants autochtones mouraient souvent de maladies, notamment de la tuberculose, ou en tentant de s'enfuir des pensionnats, mais les archives sont la plupart du temps incomplètes ou manquantes.

Suite à son expérience traumatisante, Evelyn Camille a aidé à construire à proximité l'école Sk'elep, afin de faire perdurer malgré tout les traditions de son peuple, tout en se reconstruisant elle-même.

"J'ai aidé à construire cette école car je me suis dit: 'Ça ne doit plus jamais arriver, à aucun de nos enfants. Nous devons construire notre propre école où les enfants connaîtront leur culture, leur langue et leurs traditions'", raconte cette mère de trois filles, qui y enseigne principalement à des enfants de 5 à 6 ans.

"J'espère que j'y travaillerai encore longtemps", s'exclame-t-elle, un large sourire éclairant son visage.

Après la fermeture du pensionnat, elle a aidé des enfants placés en famille d'accueil car leurs parents, désespérés de les voir internés, avaient sombré dans l'alcool.

Le vent se lève sur le mémorial improvisé devant le pensionnat, qui grandit de jour en jour au gré des offrandes apportées par des personnes parfois venues de loin. Jouets et petites chaussures côtoient fleurs et messages de soutien déposés toute la journée au son des chants traditionnels et des tambours.

Après avoir consolé des membres de sa communauté rassemblés devant le mémorial, Evelyn ferme les yeux et entonne un chant censé accompagner les esprits des enfants finalement retrouvés après avoir été enfouis pendant des décennies.

"Ces enfants ont erré ici pendant trop longtemps. Maintenant, ils peuvent enfin rentrer chez eux."


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.