«Saudi 100 Brands»: et si le nouveau pôle de la mode était l’Arabie saoudite?

Image de marque, conceptualisation, stratégies commerciales, leadership, relations publiques et marketing, identification des clients, innovation et technologies seront proposés via des ateliers de formation virtuels et un enseignement présentiel en vue de renforcer l’avantage commercial des marques saoudiennes dans l’univers de la mode. (Photo Arab News).
Image de marque, conceptualisation, stratégies commerciales, leadership, relations publiques et marketing, identification des clients, innovation et technologies seront proposés via des ateliers de formation virtuels et un enseignement présentiel en vue de renforcer l’avantage commercial des marques saoudiennes dans l’univers de la mode. (Photo Arab News).
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

«Saudi 100 Brands»: et si le nouveau pôle de la mode était l’Arabie saoudite?

  • En novembre 2019, Riyad accueillait le séminaire baptisé «Fashion Futures» en présence notamment de la princesse Noura bent Faisal al-Saoud qui annonçait déjà: «L’avenir de la mode commence ici, aujourd’hui»
  • Image de marque, conceptualisation, stratégies commerciales, leadership, relations publiques et marketing, identification des clients, innovation et technologies seront proposés via des ateliers de formation virtuels et un enseignement présentiel

BEYROUTH: Créée sous l’égide du ministère saoudien de la Culture, la Commission de la mode, présidée par la princesse Noura bent Faisal al-Saoud et dirigée par Burak Cakmak, ancien doyen de la faculté de mode de Parsons School of Design, lance un vaste programme de mentorat sous le thème «Saudi 100 Brands». Basé sur un appel à candidature ouvert, sous réserve de certaines conditions, cet incubateur entend en effet recruter 100 marques et créateurs saoudiens pour les préparer à entrer en force sur le marché mondial du luxe.

Des mentors prestigieux

Ce programme de développement professionnel à 360° sera dirigé par Fabián Hirose, spécialiste en développement et stratégie des affaires des marques de luxe et de mode internationales. Formé à London Business School, London School of Economics and Political Science et Central Saint Martins, Fabián Hirose est consultant auprès de plusieurs marques prestigieuses et apporte dans ses bagages dix-sept ans d’expertise et une profonde compréhension des défis commerciaux.

Donatella Zappieri prend en charge l’atelier de conception et innovation de produits ainsi que de développement de collections dans le domaine du bijou. Basée à Milan, Donatella Zappieri est riche de plus de trente ans d'expérience en marketing, relations publiques et design dans l'industrie joaillière. Formée à l’université de Genève et à SDA Bocconi School of Management, avec des clients tels que Pomellato et Swarovski, son expertise s’étend de la gestion créative au développement de produits et au marketing stratégique.

Ce programme de développement professionnel à 360° sera dirigé par Fabián Hirose, spécialiste en développement et stratégie des affaires des marques de luxe et de mode internationales.

Ian Scott Kettle sera responsable des collections et conception de produits ainsi que de l'innovation et des marques conceptuelles. L’expert britannique, formé au Royal College of Arts et à Central Saint Martins, est par ailleurs créateur d’accessoires sur mesure, artisan et éducateur, fondateur et directeur artistique de sa marque éponyme d'accessoires homme basée à Londres. Avec plus de vingt-cinq ans d'expérience sur le marché du design indépendant et plus de vingt ans de carrière inspirante dans l'enseignement, il est actuellement responsable de cours de design de mode à Central Saint Martins.

Serena Cancellier, également experte en conception de produits, innovation et développement de collections de sacs et maroquinerie, est une créatrice italienne de maroquinerie qui dessine depuis 2003 des collections pour Bottega Veneta, Balmain et Prada, dont plusieurs «it bags». Mêlant réflexion créative, stratégique et commerciale, consultante de haut niveau pour de grandes marques de mode, formée à l’Institut français de la mode et Central Saint Martins, Serena Cancellier travaille main dans la main avec une équipe de designers talentueux.

Matteo Menotto dirigera l’atelier d’impressions et surfaces textiles. Responsable de ce secteur pour d’importantes marques de prêt-à-porter, Matteo Menotto est spécialisé dans la coordination de toutes les étapes de la conception, ses compétences techniques allant de pair avec son goût raffiné et ses références esthétiques. Créateur et designer de haut niveau, formé à Politecnico di Milano et Università Iuav di Venezia, il est riche d’une expérience professionnelle exceptionnelle chez Gucci qui lui permet de partager sa vision stratégique dans un équilibre parfait entre commerce et créativité.

Créé le 2 juin 2018, le jeune ministère de la Culture du Royaume s’attèle depuis lors à jouer un rôle de premier ordre dans cet ambitieux programme de transformation, ne ménageant aucun effort pour «promouvoir la culture en tant que mode de vie, permettre à la culture de contribuer à la croissance économique et créer des opportunités d'échanges culturels internationaux».

Johanna Isaac dirigera l’atelier casual wear et croisière. Consultante en affaires pour les marques de mode, avec une vaste expertise dans les marques de prêt-à-porter et de vêtements de loisirs, formée à l’Institut de technologie de la mode et au Tecnológico de Monterrey, elle apporte dans ses bagages vingt-quatre ans d'expérience qui lui donnent une vision globale de l'industrie, du processus de création à la construction de concept, du marketing à la vente et la stratégie, tout ce qui permet de transformer des idées en marques rentables durables.

Céline Boutros, experte en Fashion Business & Marketing, se chargera des opérations et stratégie pour ce projet. Libanaise, formée à l’université Libano-Américaine et à Polimoda, elle bénéficie d’une expérience intersectorielle dans l'industrie de la mode et elle allie force créative et vision stratégique.

L’avenir de la mode, la mode du futur

Si les technologies sont le cheval de bataille de l’Arabie saoudite dans la perspective de son gigantesque plan de développement Vision 2030, la culture n’est pas en reste. Créé le 2 juin 2018, le jeune ministère de la Culture du Royaume s’attèle depuis lors à jouer un rôle de premier ordre dans cet ambitieux programme de transformation, ne ménageant aucun effort pour «promouvoir la culture en tant que mode de vie, permettre à la culture de contribuer à la croissance économique et créer des opportunités d'échanges culturels internationaux».

«Saudi 100 Brands», un incubateur de grande envergure destiné à soutenir le développement commercial de 100 créateurs et marques de luxe du Royaume et servir leurs ambitions d’expansion dans le monde.

C’est dans le cadre de cette dynamique puissante et visionnaire qu’en novembre 2019, Riyad accueillait le séminaire baptisé «Fashion Futures» en présence notamment de la princesse Noura bent Faisal al-Saoud qui annonçait déjà: «L’avenir de la mode commence ici, aujourd’hui.» Ce séminaire offrait une plate-forme permettant aux talents locaux émergents et aux leaders de l'industrie du monde entier de s'engager et échanger des idées. L'initiative faisait partie de la volonté du ministère de la Culture de développer en Arabie saoudite un écosystème permettant à la mode d’y prospérer.

Dans la foulée de cet événement était créée, au bout d’une longue et laborieuse année de préparation, et en mettant à profit la pandémie et le confinement, une Commission de la mode dont la princesse Noura bent Faisal dirige actuellement le développement sectoriel. Et c’est cette même Commission qui annonçait le 3 juin dernier le programme appelé «Saudi 100 Brands», un incubateur de grande envergure destiné à soutenir le développement commercial de 100 créateurs et marques de luxe du Royaume et servir leurs ambitions d’expansion dans le monde en conformité avec les normes concurrentielles internationales. Cet incubateur est doté d’un programme de mentorat d’un an auprès d'experts des grandes marques de mode telles que LVMH, Kering, Chanel, Valentino, Swarovski et Bulgari.

Saudi 100 Brands est ouvert à tout participant de 18 ans et plus, ayant une adresse en Arabie saoudite, propriétaire d’une marque de mode féminine ou masculine.

Image de marque, conceptualisation, stratégies commerciales, leadership, relations publiques et marketing, identification des clients, innovation et technologies seront proposés via des ateliers de formation virtuels et un enseignement présentiel en vue de renforcer l’avantage commercial des marques saoudiennes dans l’univers de la mode.

Saudi 100 Brands est ouvert à tout participant de 18 ans et plus, ayant une adresse en Arabie saoudite, propriétaire d’une marque de mode féminine ou masculine, dans les segments de la couture, demi-couture, mariage, prêt-à-porter, informel, sportswear, bijoux, sacs, maroquinerie, chaussures ou accessoires enregistrée au Royaume. Les créateurs sans label, faisant foi d’au moins une année d’expérience dans l’un des secteurs mentionnés plus haut, peuvent s’inscrire dans la catégorie «New Generation».

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 20 juin sur la plate-forme Saudi 100 Brands: https://saudi100brands.com/personal-info


La bibliothèque Jadal est une oasis culturelle dans la province orientale de l'Arabie saoudite

Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
Ali Al-Herz (photo) a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres. (Photo Fournie)
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  • Ali Al-Herz a transformé sa maison en une bibliothèque contenant plus de 37 000 livres, offrant aux visiteurs un espace où la mémoire, la philosophie et la culture prennent vie.
  • adal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

DHAHRAN : Dans le village tranquille d'Umm Al-Hamam, situé dans la province orientale de l'Arabie saoudite, une passion de longue date pour les livres s'est transformée en un havre culturel.

Ali Al-Herz, bibliophile et archiviste littéraire, a transformé sa maison en une bibliothèque d'exception nommée Jadal, un véritable trésor contenant plus de 37 000 livres, plus de 100 000 journaux et magazines, ainsi que des antiquités, dont certaines datent de plus d'un siècle.

Mais Jadal n'est pas seulement une bibliothèque, c'est bien plus que cela. C'est un musée à explorer, un espace philosophique propice à la réflexion et un rempart contre l'oubli des histoires culturelles importantes.

Al-Herz a déclaré à Arab News : « Depuis ma naissance, j'ai été entouré des livres de ma mère. J'ai grandi immergé dans cette passion, à tel point qu'elle m'a complètement envahi ; je suis devenu un rat de bibliothèque. »

L'étincelle qui a tout déclenché a été la rencontre d'Al-Herz avec l'épopée Sirat Antar à l'âge de 13 ans. « À partir de cette épopée, et à travers elle, j'ai commencé à explorer d'autres mondes », a-t-il déclaré. 

C'est cette curiosité et cette fascination qui ont finalement conduit Al-Herz à créer l'une des initiatives les plus originales du royaume d'Arabie saoudite.

Le nom « Jadal » signifie « débat » ou « discussion » en arabe, reflétant l'esprit curieux de la bibliothèque. Pour Al-Herz, l'objectif n'est pas seulement de préserver les textes, mais aussi l'idée de questionner et d'explorer les idées.

Al-Herz a déclaré : « J'ai choisi ce nom pour la bibliothèque, car il est profondément ancré dans l'histoire philosophique de la Grèce antique, ainsi que dans notre propre tradition culturelle arabo-islamique, en particulier dans notre héritage religieux. »

L'atmosphère philosophique imprègne les trois salles principales, nommées d'après Socrate, Platon et Aristote, qui accueillent les visiteurs dans un univers dédié à la lecture et à la réflexion. 

Des manuscrits rares, des textes anciens, des journaux et des antiquités ont été soigneusement archivés. Chaque pièce est un murmure du passé qui s'adresse à l'avenir. 

Al-Herz explique : « Même mon intérêt récent pour l'achat de livres s'est principalement orienté vers les éditions rares et les imprimés anciens, afin de créer une harmonie entre patrimoine et modernité. »

Mais Jadal ne se laisse pas envahir par la nostalgie, car Al-Herz organise toutes les deux semaines une réunion littéraire. Cet événement fait revivre une tradition qui était autrefois importante dans la vie intellectuelle des Arabes.

C'est un environnement où écrivains, universitaires et penseurs se réunissent autour d'un café arabe pour échanger des idées dans une atmosphère animée. 

À une époque où les gens recherchent des informations instantanées en ligne, Al-Herz continue d'utiliser des méthodes traditionnelles. « Il y a une lutte permanente entre deux générations », observe-t-il. « La victoire reviendra finalement à cette dernière génération, une fois que ma génération aura disparu. Les bibliothèques papier seront alors transformées en musées. »

Il a peut-être raison, mais pour l'instant, au cœur de la campagne de Qatif, la bibliothèque Jadal continue d'exister, et c'est un lieu où l'encre, la mémoire, le débat et le patrimoine continuent de façonner l'âme culturelle du Royaume. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Amin Maalouf apporte un soutien inattendu aux langues régionales

Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Cette photographie montre la façade de l'Institut de France avant la présentation de la 9e édition du Dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française, à Paris, le 14 novembre 2024. (Photo de Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs,
  • Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale.

PARIS : Une initiative d'un collectif visant à enseigner le patrimoine littéraire dans les langues régionales de France a reçu lundi  un soutien inattendu : celui du secrétaire perpétuel de l'Académie française, Amin Maalouf.

M. Maalouf, écrivain franco-libanais, a été élu en 2023 à la tête d'une institution dont la mission est de veiller au rayonnement et à l'intégrité de la langue française.

Toutefois, il soutient la démarche du Collectif pour les littératures en langues régionales, qui suggère un enseignement de ce type au collège ou au lycée, a indiqué ce collectif à l'AFP.

Ce dernier a écrit au Premier ministre François Bayrou et à la ministre de l'Éducation nationale, Elisabeth Borne, pour leur proposer un corpus d'œuvres en langues régionales destiné aux professeurs, afin de sensibiliser à la « richesse de la production littéraire » dans d'autres langues que le français. 

« M. Maalouf, comme nous, est convaincu qu'il est nécessaire que les élèves français découvrent ces trésors culturels », écrit ce collectif à M. Bayrou, qui parle lui-même le béarnais.

Le Collectif pour les littératures en langues régionales a constitué, avec l'aide de spécialistes, un recueil intitulé Florilangues, comprenant 32 textes en langue originale (de l'alsacien au tahitien, en passant par le basque ou le corse), traduits en français.

On y trouve entre autres un poème en provençal de Frédéric Mistral (prix Nobel de littérature en 1904) intitulé Mirèio, une chronique en breton de Pierre-Jakez Hélias intitulée Bugale ar Republik, un court récit en créole martiniquais de Raphaël Confiant intitulé Bitako-a, ainsi qu'une chanson en picard d'Alexandre Desrousseaux intitulée Canchon dormoire (plus connue sous le nom de P'tit Quinquin).

« Il ne s'agit pas de donner des cours de langues régionales, mais de présenter des œuvres issues des littératures en langues régionales, que ce soit en français ou en version bilingue », précise le collectif.

Idéalement, selon lui, les élèves aborderaient des langues issues d'autres régions que la leur. « Pourquoi seuls les élèves antillais apprendraient-ils qu'il existe une littérature en créole ? », demande ce collectif, qui présente son initiative à la presse lors d'une visioconférence lundi après-midi. 


L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle

L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
L'artiste saoudien Ahaad Alamoudi présente « The Social Health Club » à Bâle. (Photo Fournie)
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  • Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif.
  • « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018.

RIYAD : Ce mois-ci, l'artiste saoudienne Ahaad Alamoudi fait monter la température au Basel Social Club qui se tient jusqu'au 21 juin dans la ville suisse avec sa dernière installation, « The Social Health Club ». 

Fraîchement conçue, cette installation baignée de jaune, ancrée dans les œuvres passées de l'artiste, offre une expérience sensorielle riche et complexe ainsi qu'un commentaire culturel incisif. Elle marque également une première pour l'artiste avec un élément de performance en direct.

Basée à Djeddah, Alamoudi est connue pour créer des installations multimédias immersives s'inspirant de la dynamique complexe de son pays natal en pleine évolution. « The Social Health Club » s'articule autour d'objets trouvés au marché Haraj de Djeddah en 2018, notamment divers équipements de sport, dont un rameur.

« Ce sont des pièces que j'ai chinées dans des brocantes. J'aime le fait qu'aucune instruction n'accompagne ces machines : je ne connais ni leur nom, ni leur provenance, ni leur fabricant. Mais elles font désormais partie du paysage urbain dans lequel j'évolue. J'ai essayé de créer un espace ludique », a-t-elle déclaré à Arab News. 

Dans « The Social Health Club », les équipements, peints principalement dans un jaune vif et saturé, restent intacts, symbolisant une culture obsédée par l'auto-optimisation. Au cœur de l'installation se trouve un caméo représentant un fer à repasser peint en jaune, déjà présent dans son œuvre vidéo de 2020 intitulée « Makwah Man » (Makwah signifie « fer à repasser » en arabe).

« Beaucoup de mes œuvres sont issues d'un récit que je crée dans une vidéo. Dans « Makwah Man », cet homme vêtu d'une thobe jaune repasse un long morceau de tissu jaune au milieu du désert. Et pendant qu'il repasse, il nous dit comment vivre notre vie. Mais en nous disant comment vivre notre vie, il commence aussi à remettre en question la sienne, à comprendre le rôle du pouvoir, à prendre conscience de la pression du changement et de l'adaptation », explique Alamoudi. 

« Le jaune est présent dans la vidéo, mais l'artiste porte également une thobe jaune. Il y a aussi, dans cette version présentée à Art Basel, un portant de thobes jaunes qui tournent dans l'exposition. Pour moi, la thobe jaune est un symbole unificateur. J'essaie de dire que nous vivons tous cela différemment. Ainsi, dans la performance (pour « The Social Health Club »), un culturiste local vêtu d'une thobe jaune fera des exercices sur ces machines. Il n'a pas de règles à suivre. Il ne connaît rien, ne sait pas comment utiliser « correctement » l'équipement. Il entrera dans l'espace et utilisera les machines comme il le pourra.

« La performance sera enregistrée. Mais je pense que c'est plutôt une activation », a-t-elle poursuivi. « Ce n'est pas l'œuvre elle-même. L'œuvre existe sous la forme des machines. 

« Le Social Health Club » a été créé en étroite collaboration avec la conservatrice Amal Khalaf. Ensemble, ils se sont rendus à Djeddah où Alamoudi a pu découvrir avec elle des « machines un peu inhabituelles, différentes des machines classiques que l'on trouve dans les salles de sport et dont tout le monde connaît immédiatement l'utilité », explique Alamoudi.

« Elle est vraiment incroyable », a-t-elle poursuivi. « Nous avons vraiment construit cet espace ensemble. En gros, j'ai principalement créé la vidéo ; tout le reste a été construit à partir de là. Elle m'a beaucoup aidée. Elle s'est vraiment intéressée aux changements sociaux et à la manière dont nous les abordons. Notre collaboration a été parfaite. »

Le jaune domine chaque centimètre carré de l'œuvre, de manière délibérée et intense. 

« Je suis obsédé par les symboles dans certaines de mes œuvres. Et cela s'accompagne également d'une couleur », explique Alamoudi. « Je voulais mettre en valeur quelque chose de luxueux, de coloré, presque comme de l'or, mais qui n'est pas de l'or. Son apparence est assez austère. » 

Le jaune est à la fois une invitation et un avertissement. « Je pense que le jaune est également assez trompeur. J'aime cette couleur qui incite les gens à s'approcher pour voir ce qui se passe, mais qui les amène en même temps à se demander ce que c'est  elle est si agressive qu'elle en devient un peu inconfortable. »

L'interaction du spectateur est essentielle à la signification de l'œuvre. 

« Je pense que les machines représentent quelque chose et qu'elles véhiculent quelque chose, mais elles sont en réalité activées par les gens, par ce que les gens font avec elles », explique Alamoudi. « C'est pourquoi j'encourage beaucoup de spectateurs à interagir avec les œuvres, à les utiliser ou à essayer de les utiliser sans aucune instruction. Beaucoup de personnes qui entrent dans l'espace peuvent avoir peur de les toucher ou d'interagir avec elles. La présence de l'artiste qui active les structures ajoute une autre dimension à l'œuvre elle-même. »

Elle espère que les visiteurs se sentiront libres d'explorer les œuvres, sans être encombrés par des attentes.

« Les gens sont censés les utiliser à leur guise. Ils peuvent s'asseoir dessus, se tenir debout dessus, les toucher — ils peuvent aussi les laisser tranquilles », conclut-elle en riant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com