Près d'un quart des policiers concernés par des «pensées suicidaires», selon une étude

24% des répondants à l’étude «ont eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires» (Photo, AFP).
24% des répondants à l’étude «ont eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires» (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 07 juin 2021

Près d'un quart des policiers concernés par des «pensées suicidaires», selon une étude

  • Plus de 1 100 policiers se sont suicidés au cours des 25 dernières années, soit 44 suicides par an en moyenne
  • La tranche d'âge la plus touchée est celle des 30-34 ans (16%), contrairement aux 50-54 ans (11%) et 60-64 ans (7%) qui sont les plus épargnées

PARIS: Près d'un quart des policiers ont été confrontés à des « pensées suicidaires », les leurs ou celles de leurs collègues, et 39% présentent une détresse mentale modérée à importante, un chiffre comparable au reste de la population française, selon une étude dévoilée lundi.

L'enquête, révélée par Franceinfo et Le Monde, a été menée en février et mars par la Mutuelle des forces de sécurité et a reçu 6 248 réponses.

24% des répondants « ont eu ou entendu des collègues évoquer des pensées suicidaires », selon ce baromètre, le premier du genre. Et 27% présentent une détresse mentale modérée et 12% une détresse mentale importante.

Selon l'étude « Empreinte humaine », menée auprès de 2 000 salariés de tous secteurs à la même période, 45% des actifs en général seraient aujourd’hui en état de détresse psychologique, un chiffre qui « a considérablement augmenté » depuis la crise sanitaire.

Plus de 1 100 policiers se sont suicidés au cours des 25 dernières années, soit 44 suicides par an en moyenne, un taux de suicide supérieur de près de 50 % à celui de la population française, selon le baromètre de la Mutuelle, citant des chiffres du Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale (Craps).

Le bien-être au travail des policiers est le facteur de santé « le plus structurant » selon l'étude : 40% des personnes qui considèrent que l’ambiance n’est pas du tout conviviale et 36% de celles qui disent subir un manque de soutien de leur hiérarchie et leurs collègues souffrent « probablement de détresse mentale importante ».

La tranche d'âge la plus touchée est celle des 30-34 ans (16%), contrairement aux 50-54 ans (11%) et 60-64 ans (7%) qui sont les plus épargnées.

Depuis 1996, année noire avec 71 suicides, la police a mis en place le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), qui met des psychologues à disposition de policiers qui en font la demande sans que cela ait permis d'infléchir durablement la courbe des décès.

« Il n'y a pas de solution unique, ça peut être le SSPO, la mutuelle, le chef de service. Depuis 2011, on se déplace pour faire des journées de prévention. On explique aux policiers qu'ils ont le costume de Superman mais qu'ils ont le droit de temps en temps de craquer », explique Benoît Briatte, président de la Mutuelle des forces de sécurité.

« Le policier fait face à des situations de plus en plus violentes, difficiles, compliquées. Il a besoin d'écoute, de reconnaissance et quand il traverse une période difficile, il faut parler », conclut-il.

Depuis le 1er janvier, 18 fonctionnaires de police se sont donné la mort, selon une source policière.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.