Sous la menace du black-out, le président libanais débloque $197 millions

Des manifestants antigouvernementaux attaquent un membre des services de renseignement libanais qui les prenait en photo, à Beyrouth, au Liban. (Photo, AP/Archives)
Des manifestants antigouvernementaux attaquent un membre des services de renseignement libanais qui les prenait en photo, à Beyrouth, au Liban. (Photo, AP/Archives)
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Publié le Mardi 08 juin 2021

Sous la menace du black-out, le président libanais débloque $197 millions

  • La grogne populaire s’est accentuée après que les propriétaires de générateurs aient augmenté leurs tarifs de service
  • «La rationalisation des subventions ne va pas inclure pour le moment le carburant, ni le diesel consacré aux générateurs»

BEYROUTH : Le président libanais Michel Aoun a approuvé un prêt exceptionnel de 300 milliards de livres (197 millions de dollars), payable à l’Électricité du Liban (EDL), afin que la société puisse importer du carburant avant l'épuisement de ses stocks, selon un communiqué officiel.

Son approbation survient quelques jours avant un black-out à travers le territoire.

Les heures de rationnement en électricité ont atteint leurs niveaux les plus bas lundi matin dans un nombre de régions. L'approvisionnement dans certains secteurs ne dépasse plus les trente minutes par jour, et la grogne populaire s’est accentuée après que les propriétaires de générateurs aient augmenté leurs tarifs de service, une facture mensuelle salée qui dépasse les 700 000 livres par mois, alors que le salaire minimum se chiffre à 675 000 LBP.

Le président de la Confédération générale des travailleurs libanais au Liban (CGTL), Béchara Asmar, assure que moins de 5,51% de la population profitent de «la bénédiction de l'électricité, le carburant, les communications et de la nourriture dans ses châteaux». Ceux-là, d’après lui, ne se soucient guère des décès quotidiens aux portes des hôpitaux, de l'oppression ou de la colère» qui accablent le reste du peuple.

Asmar met en garde contre une «grande explosion», car nul se serait épargné, quel que soit son statut social ou son poste.

Le 28 mai, le ministre des Finances du gouvernement intérimaire, Ghazi Wazni, a demandé à la Banque du Liban (BDL) d’octroyer quatre crédits d'une valeur de 62 millions de dollars, destinés aux centrales électriques. La BDL avait demandé l'approbation du gouvernement avant de s’exécuter.

Lundi après-midi, Aoun a accordé une «approbation exceptionnelle», afin qu'EDL puisse se procurer du carburant.

«La rationalisation des subventions ne va pas inclure pour le moment le carburant, ni le diesel consacré aux générateurs», souffle une source du ministère des Finances à Arab News. L’exception touche pour le moment «l'essence, ainsi que les médicaments contre les maladies incurables et le blé, afin de maintenir la vie à travers les artères de l'État».

La source a également déclaré que le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a «réduit les réserves de 15 milliards de dollars à 14 milliards de dollars afin de pouvoir dépenser».

Le ministre des Télécoms, Talal Hawat, qui se veut rassurant, affirme que le Liban ne va pas revenir à l’ère des «pigeons voyageurs». D’après lui, les télécommunications ne seraient pas coupées tant que la BDL peut débloquer les fonds nécessaires à l’achat de carburant.

Un achat indispensable, faute de quoi le service Internet serait «interrompu», quoique Hawat assure que le ministère de l'Énergie fournit «la quantité nécessaire au fonctionnement des réseaux terrestres et cellulaires dans leur intégralité». Il précise cependant que les besoins ont triplé, soit de 25 000 tonnes à 70 000 tonnes par jour, en raison des pannes de courant.

Les « générateurs d’urgences, censés être utilisés pendant huit heures, sont allumés entre 20 et 21 heures par jour», mais ceux-là aussi subissent des pannes. Le «budget d'exploitation et d'entretien du réseau terrestre rafle 48 milliards de livres du budget approuvé par le gouvernement précédent, un montant aujourd’hui insuffisant face au taux de change élevé du dollar», rappelle-t-il.

Le ministre dit s’activer pour «bonifier le montant de 30 milliards de livres afin de s’acquitter des obligations jusqu'à la fin de l'année et effectuer des travaux d’entretien», seul moyen d’éviter une «réduction des services».

Le président du syndicat des propriétaires de générateurs privés, Abdo Saadé, a annoncé que les propriétaires de générateurs vont adopter à leur tour un programme de rationnement. Ils seront donc éteints entre quatre à cinq heures par jour.

Saadé motive la décision par le «rationnement sévère» imposé par l'EDL, en plus de la pénurie de diesel.

Saadé confie que la perception des frais de service est un exercice de plus en plus difficile, car un grand nombre de personnes sont incapables de payer leurs factures. Il nie d’ailleurs que les propriétaires de générateurs fonctionnent en «mafia».

«Lorsque la classe dirigeante a géré le secteur de l’électricité pendant des dizaines d'années, elle a pillé les 47 milliards de dollars qui lui étaient alloués au lieu de l'améliorer. Qui est la mafia dans ce cas?», demande-t-il.

La pénurie de diesel et d'essence est le fruit du monopole, de la contrebande vers la Syrie, et de l'émergence d'un marché noir pour le carburant.

L’essence se vend à 100 000 livres le bidon.

Incapable de faire le plein, un homme incendié sa voiture dans la ville d'Al-Qaa, à la Bekaa, selon l'Agence nationale de presse.

Alors que les gens faisaient la queue devant les stations-service pour obtenir vingt litres lundi, le chef de l'armée a annoncé que des patrouilles à la Bekaa et au nord ont arrêté sept Libanais et un Syrien au cours des trois derniers jours.

Les suspects auraient tenté de faire passer 42 750 litres de diesel et 3 850 litres d'essence vers la Syrie, en plus d'une tonne de ciment.

Les matériaux étaient répartis sur trois camions, cinq voitures, deux camionnettes et un bus.



Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.