Des récits de torture entachent la trajectoire du favori de la présidentielle en Iran

Le candidat à l’élection présidentielle Ebrahim Raïssi assiste à un débat électoral dans un studio de télévision, à Téhéran, Iran, le 8 juin 2021. (Photo, Reuters)
Le candidat à l’élection présidentielle Ebrahim Raïssi assiste à un débat électoral dans un studio de télévision, à Téhéran, Iran, le 8 juin 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Mercredi 09 juin 2021

Des récits de torture entachent la trajectoire du favori de la présidentielle en Iran

  • Le bébé de Goudarzi aurait été utilisé comme outil de torture, le 24 septembre 1983. Il était âgé de 38 jours
  • Marandi explique que, une fois la condamnation signée, Raïssi s'est rendu dans la salle d'exécution. Là-bas, il était tour à tour bourreau et superviseur

LONDRES : Au moment où l'Iran se prépare aux élections présidentielles du 18 juin, des citoyens dénoncent les tortures et les abus qu'ils ont subis de la part du candidat Ebrahim Raïssi, actuellement chef du système judiciaire.

Il est accusé d'avoir joué un rôle principal dans le massacre de 1988 des prisonniers politiques iraniens. D’aucuns assurent d’ailleurs qu'il était membre de la tristement célèbre «Commission de la mort» dans les prisons d'Evin et de Gohardasht.

Selon des informations de première main, Raïssi occupait alors le poste de procureur, et était responsable des exécutions. Il n'avait que 21 ans en 1988, avec une éducation et une formation limitée.

Des membres de l'opposition iranienne révèlent que Raïssi était un tortionnaire très proche du chef suprême Ruhollah Khomeini. Il était régulièrement envoyé pour éliminer les opposants dans des provinces telles que Lorestan, Kermanshah et Semnan.

Mardi, des membres du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) ont raconté en détail les abus commis par Raïssi.

Lors d'une conférence de presse mardi à laquelle a assisté Arab News, Farideh Goudarzi a décrit l’horrible torture qu'elle a enduré tout au long des années 1980.

« En 1983, j'ai été arrêtée pour avoir soutenu l'Organisation iranienne des moudjahidin du peuple. Pendant près de six ans dans les prisons de Hamedan et de Nahavand, j'ai été témoin des crimes odieux commises par le criminel Ebrahim Raïssi », raconte-t-elle.

Goudarzi, qui était à un stade avancé de sa grossesse au moment de son arrestation, a accouché très peu de temps après.

Elle a raconté en détail les abus commis par ses ravisseurs, et cite particulièrement Raïssi, qui aurait été présent alors qu’on la fouettait avec des câbles électriques, dans une petite pièce aux murs éclaboussés de sang.

Goudarzi confie qu’elle n’arrive toujours pas à oublier. C’est «un souvenir douloureux que je revois à chaque instant, même après 38 ans», dit-elle.  

Son enfant aurait été utilisé comme outil de torture, le 24 septembre 1983.

Raïssi et certains gardes «sont entrés dans ma cellule, pris mon bébé, qui n’avait que 38 jours, pendant qu'il dormait. Ils l'ont jeté par terre d'une manière cruelle et impitoyable», se souvient la femme.

Ignorant les pleurs du nourrisson, ils lui aurait ôté ses vêtements sous prétexte de le fouiller.

«Le lendemain, de 8 heures à 14 heures, j'ai été emmenée au tribunal avec mon fils et interrogée. Plus de dix impitoyables tortionnaires étaient présents dans la salle d'interrogatoire, dont Raïssi », précise-t-elle.

«À un moment durant les six heures d'interrogatoire, l'un d'eux a pris mon fils par la main et (…) lui a donné une claque dans le dos devant moi. Les autres ont commencé à rire», dit-elle.

Raïssi observait la scène. J'ai exprimé ce souvenir cruel pour dire que nous, les survivants du massacre de 1988, n'oublierons ni ne pardonnerons ce crime ainsi que les autres crimes des années 1980.

Nasrallah Marandi, détenu dans les prisons d'Evin, Ghezel Hesar et Gohardasht de 1981 à 1991, a déclaré lors de la conférence de presse que le 6 août 1988, des gardiens l'avaient transféré de sa cellule d'isolement au couloir principal de la prison de Gohardacht, surnommé «couloir de la mort».

Il a ajouté: «Quand j'ai été emmené dans le couloir de la mort, il était rempli de prisonniers des deux bords. Ils attendaient d'être emmenés devant la Commission de la mort (…). Beaucoup d'entre eux étaient mes amis. Il était environ midi quand j'ai été transféré (à mon tour)».

Marandi affirme que Raïssi s’y trouvait. Il «a joué un rôle actif dans l'exécution des prisonniers, et c’est lui qui approuvait le certificat de décès. Après quelques minutes, j'ai été renvoyé dans le couloir de la mort, et le même jour, beaucoup de mes amis ont été exécutés par Raïssi et d'autres membres» de la Commission.

Marandi explique que, une fois la condamnation signée, Raïssi s'est rendu dans la salle d'exécution. Là-bas, il était tour à tour bourreau et superviseur.

Il a de plus ajouté que la Commission n'épargnait même pas les malades, ni les personnes atteintes de déficience intellectuelle, et que les prisonniers étaient exécutés quel que soit leur âge.

«Ils ont tué tout le monde. À l'automne 1988, un seul petit quartier de la prison de Gohardasht, appelé quartier 13, abritait tous les prisonniers politiques qui avaient survécu au massacre», a indiqué Marandi.

Mahmoud Royaei a raconté en détail les souffrances subies par Kaveh Nasari, qui souffrait d'épilepsie sévère, et qui est resté paralysé en raison des tortures violentes.

Royaei affirme que Nasari «a été attaqué à cause de son épilepsie. Ils lui frappaient la tête et le visage violemment sur le sol, c’est pour cette raison qu’il avait toujours des blessures sur son visage».  Le 9 août 1988, Nasari a été emmené dans le couloir de la mort. Il a eu une crise d'épilepsie mais Raïssi l'a quand même condamné à mort. Le jour même, et bien qu’il ait purgé la totalité de sa peine, Nasari a été exécuté».

Royaei n’a «aucun doute que Nasari aurait survécu si Raïssi» n’avait pas été présent dans ce comité.

Royaei a en outre déclaré : «Beaucoup de prisonniers étaient des étudiants au moment de leur arrestation. Certains n'avaient que quinze ou seize ans. Après sept ans de torture brutale, ils ont été pendus, quand Raïssi a validé leur peine de mort». 

Marandi a exhorté les États-Unis, l'ONU et l'UE à condamner la candidature de Raïssi, affirmant que cette mascarade électorale ne devrait pas être reconnue.

Ali Safavi, un responsable de la commission des affaires étrangères du CNRI installé à Paris, a déclaré à Arab News : «La présidence attendue d'un meurtrier de masse comme Raïssi met à nu la nature réelle et perverse de la théocratie médiévale au pouvoir en Iran».

«Pendant plus de quatre décennies, les puissances occidentales ont accepté l'apaisement masqué des mollahs sous prétexte d'autonomiser d’illusoires modérés, au détriment du peuple iranien, de la paix et de la stabilité régionale».

«Cette position est devenue indéfendable. Le moment est venu pour la communauté internationale de faire valoir les valeurs qu'elle dit protéger, dénoncer les fausses élections, ainsi que de tenir le régime iranien et ses leaders criminels, comme Raïssi, pour responsables de nombreux crimes contre l'humanité». 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com