Lamia Ziadé pleure son port de Beyrouth

Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.
Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.
Short Url
Publié le Samedi 10 juillet 2021

Lamia Ziadé pleure son port de Beyrouth

  • Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique
  • On me dit que le livre est bouleversant car je l’ai fait à chaud

 

PARIS: Le 6 juin dernier, les portraits de Sahar Farès ont de nouveau fleuri sur les réseaux sociaux. Ses longs cheveux noirs, son sourire éclatant, éblouissante dans sa robe du soir. Ce 6 juin, la jeune femme aurait dû se marier, si elle n’avait pas péri dans l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Appelée avec ses collègues pompiers pour éteindre le feu, elle est morte soufflée par l’explosion, sur le quai du port. Dix mois plus tard, aucun coupable n’a été identifié ni condamné et son fiancé partage photos et dessins sur Instagram, pour se souvenir, tenter de faire revivre Sahar.

Depuis Paris où elle habite depuis qu’elle a 18 ans, Lamia Ziadé a sans doute vu ces images sur l’écran de son téléphone, comme toutes celles qui ont été partagées depuis ce funeste 4 août 2020. L’auteure et illustratrice franco-libanaise a en effet publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth, dans lequel elle revient sur la tragédie, à la manière d’un journal intime, mêlant textes et dessins tirés de photos partagées sur les réseaux ou dans les médias, souvenirs et instants pris sur le vif.

En janvier dernier, au moment d’y mettre la touche finale, elle n’a pu s’empêcher d’y ajouter un dernier dessin, celui de Sahar Farès, célébrant son dernier anniversaire, à la caserne de pompiers de la Quarantaine: «J’ai terminé ce livre il y a quelques jours. Mais ce matin, une courte vidéo m’a arraché des larmes. Impossible de ne pas ajouter un dernier dessin», écrit-elle sur la dernière page du livre.

Toujours depuis Paris, elle répond aux questions d’Arab News en français.

Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Photo fournie

Vous commencez Mon Port de Beyrouth, en disant que depuis l’explosion du port de Beyrouth, vous ne vivez plus, vous ne dormez plus, vous sanglotez toutes les heures. Comment allez-vous aujourd’hui, dix mois après l’explosion?

Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique, avec la crise économique, les impasses politiques... Les reconstructions après l’explosion du port de Beyrouth avancent. De ça, on s’en sortira, mais la crise économique et la situation politique sont vraiment très dures. Les gens ont faim, ils se font tirer dessus, et mettre en prison quand ils manifestent. C’est terrible. Je suis toujours les événements tous les matins.

lamia
«Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique, avec la crise économique, les impasses politiques.»

Vous expliquez dans le livre que vous suiviez ce qui se passait au Liban via WhatsApp et Instagram, en notant que chaque Libanais était une agence de presse à lui tout seul. Vous continuez à suivre ce qui se passe sur les réseaux sociaux?

Au moment de l’explosion et juste après, c’était vraiment les choses instantanées qui étaient partagées, sur les victimes, les informations sur le stockage du nitrate d’ammonium. Il y a maintenant des articles de fond, des analyses. Je suis toujours très concernée par la situation et pas très optimiste.

lamia
«Au moment de l’explosion et juste après, c’était vraiment les choses instantanées qui étaient partagées.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Avez-vous malgré tout un peu d’espoir?

Bien sûr, car si on n’a pas d’espoir, on arrête de vivre, de regarder ce qui se passe. Il y a des gens qui ne veulent plus entendre parler de ce qui se passe. Il y a toujours la possibilité de faire quelque chose.

En même temps, un des derniers dessins de mon livre montre la lumière du soleil couchant sur la façade Ouest des silos, comme un symbole de la fin d’une époque. Il faudrait un miracle.
 

Vous sentez-vous impuissante depuis la France?

Sans doute, mais même en étant là-bas, je crois que les marges de manœuvre sont très limitées, sauf pour faire des choses concrètes, sur le terrain, dans l’humanitaire. Les ONG libanaises sont incroyables, elles assurent.


Après l’explosion, les gens sur place disaient qu’il fallait continuer à parler de Beyrouth, surtout sur la scène internationale. C’était important pour vous de témoigner, à travers votre livre notamment?

Oui. De toute façon, même pour les livres précédents, mon travail est de témoigner de l’Histoire du Liban, que j’ai vécue ou pas, d’ailleurs, pour garder une trace, faire connaître des histoires qui sont mal connues, fouiller un peu dans les archives. Dès mon premier livre, Bye Bye Babylone, ma démarche était de refaire vivre le début de la guerre du Liban, que j’ai vécue, enfant. C’était un témoignage de la vie quotidienne, mes souvenirs de petite fille, mais pas seulement, il y avait aussi un aspect plus politique, j’avais fait des recherches pour parler des événements qui avaient eu lieu. Depuis toujours, ma démarche consiste à témoigner, garder une trace, raconter, mais là, c’était la première fois que je le faisais en direct, à chaud, sur un événement en train de se produire. C’était assez dur de faire ça, car je n’avais pas de recul.

lamia
«Depuis toujours, ma démarche consiste à témoigner, garder une trace, raconter.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

De ce fait, comment avez-vous travaillé sur ce livre? Avez-vous travaillé au jour le jour, comme un journal intime?

J’ai commencé à récolter les informations et les photos que j’allais dessiner, car tous mes dessins sont réalisés d’après photos. En même temps, j’ai commencé à écrire et je continuais à faire des recherches sur des informations plus anciennes, dans les archives de L’Orient-Le Jour notamment, car il y a beaucoup de retours dans le passé dans le livre, ou des recherches plus familiales parce que c’est un livre assez personnel. J’ai mené les trois choses de front, dessins, écriture et recherches, jusqu’à la dernière minute.

lamia
«J’ai mené les trois choses de front, dessins, écriture et recherches, jusqu’à la dernière minute.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Le dernier jour, alors que je venais de terminer le livre, j’ai vu cette photo de Sahar Farès, la jeune infirmière de la brigade de pompiers, une photo postée sur Instagram le jour de son anniversaire. Je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas mettre cette photo, que j’allais prendre un jour de plus pour faire ce dessin. Même une fois le livre fini, il y avait encore des choses qui arrivaient, mais je ne pouvais plus continuer.
 

Sahar Farès revient régulièrement dans votre livre. Est-elle la personne qui vous a le plus marquée dans cette tragédie?

En effet. D’abord, c’est le premier visage de victime qui est apparu sur les réseaux. Elle était tellement belle, pleine de vie, elle avait l’air sympa, elle était bénévole chez les pompiers. C’est un personnage de film, une vraie héroïne de roman. Pendant les six mois durant lesquels j’ai travaillé sur le livre, des photos d’elle continuaient à arriver, des photos de son anniversaire, au ski, de ses fiançailles, de Noël. J’avais l’impression de la connaître. Ce n’était pas le cas pour les autres victimes, dont il n’y a pour la plupart qu’une photo; et leur histoire n’est pas aussi incroyable. C’est quand même elle qui a filmé la dernière vidéo de ce qui se passait juste avant l’explosion au port, la photo des trois hommes en train d’essayer d’ouvrir la porte du hangar. Elle est vraiment au cœur du drame. Je ne vois pas quel autre personnage aurait pu être aussi fort. Cette photo dans le camion de pompier, avec le rouge autour, c’est vraiment très fort.

Sahar fares
«Cette photo dans le camion de pompier, avec le rouge autour, c’est vraiment très fort.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Ce livre est né d’une commande de M, le magazine du Monde, puis de votre éditeur. Au début vous ne vous sentiez pas capable d’écrire sur le sujet...

Exactement. Je n’avais pas du tout cette intention d’écrire. Je ne pensais pas que je pourrais faire quelque chose à chaud comme ça. J’étais tellement abattue. Puis, je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre, à part ça. Je me suis dit qu’au moins, je ferai quelque chose de concret, pas forcément utile, mais un témoignage qui reste, et un hommage aussi à toutes les victimes et à Beyrouth.

lamia
«Je me suis dit qu’au moins, je ferai quelque chose de concret, pas forcément utile, mais un témoignage qui reste, et un hommage aussi à toutes les victimes et à Beyrouth.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Concrètement, à quel moment avez-vous pris votre stylo? Votre pinceau?

Le 5 août, Le Monde m’a contactée. Au début, j’ai dit non. Je n’étais pas capable, je n’étais pas bien du tout. Et puis le lendemain, le 6, je me suis dit que 15 pages dans Le Monde, pour parler de Beyrouth, ça ne se refusait pas. J’ai commencé à dessiner. Un mois après, l’article a été publié. Mon éditeur m’a dit qu’il fallait que je pense la chose plus loin, que ça ne pouvait pas rester un article. Alors, j’ai travaillé cinq mois de plus pour en faire un livre.

lamia
«15 pages dans Le Monde, pour parler de Beyrouth, ça ne se refusait pas.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Du coup, on sent vraiment le côté carnet intime dans le livre...

On me dit que le livre est bouleversant car je l’ai fait à chaud. Si je l’avais fait dans cinq ans, il aurait été certainement beaucoup plus froid. Le fait que je le fasse alors que j’étais moi-même complètement bouleversée, se ressent dans l’écriture. Ce n’était pas évident. Le début, je l’ai commencé tout de suite, en racontant concrètement comment j’avais reçu ces messages sur WhatsApp et comprenant qu’il s’était passé quelque chose. Et puis j’ai vu la vidéo de l’explosion et j’ai raconté ça de manière très simple; le reste en a découlé, et j’ai beaucoup réécrit.

explosion
«Et puis j’ai vu la vidéo de l’explosion et j’ai raconté ça de manière très simple; le reste en a découlé, et j’ai beaucoup réécrit.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Tous les Libanais ont été plus ou moins traumatisés par cet événement. Écrire vous a-t-il aidée à surmonter ce traumatisme?

Ça m’a aidée de faire quelque chose de concret, certainement. Inversement, j’étais aussi tout le temps plongée uniquement dans ça. Je travaillais non-stop, 24 h/24, 7 j/7. Je n’avais aucune distraction, je n’ai regardé aucun film, je n’ai lu aucun livre, rien qui pouvait un peu me changer les idées. Je n’ai pas pu m’en échapper.

lamia
«Je n’avais aucune distraction, je n’ai regardé aucun film, je n’ai lu aucun livre, rien qui pouvait un peu me changer les idées.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Continuez-vous à suivre les événements?

Dans mon travail, je suis vraiment passée à autre chose, mais dans la vie, je suis ce qui se passe, bien sûr.

 

Mon Port de Beyrouth : C’est une malédiction, ton pauvre pays!

De Lamia Ziadé

Aux éditions P.O.L


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Short Url
  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A la Fondation Vuitton, «  L'Atelier Rouge  » de Matisse comme un manifeste

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
Short Url
  • "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets
  • L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949

PARIS: Comme un manifeste, il a inspiré d'innombrables peintres abstraits américains, ce qu'Henri Matisse ne savait pas lorsqu'il l'a peint: "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets.

L'exposition réunit en effet pour la première fois toutes les œuvres présentes dans ce tableau, une quinzaine de toiles et de sculptures qui se trouvaient dans l'atelier de l'artiste à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne.

Certaines sont célèbres, comme "Le Jeune Marin II" (1906), exposé en France pour la première fois depuis 31 ans. D'autres moins, comme "La Corse, le vieux moulin" (1898).

L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949 et qui fait partie de ses œuvres les plus prestigieuses, selon Ann Temkin, sa conservatrice en chef.

Des documents d'archives inédits et d'autres œuvres éclairent le contexte de création de ce "tableau-énigme", selon l'expression de la commissaire générale Suzanne Pagé, telles que "La Fenêtre bleue" (1913) du MoMA et "Grand Intérieur rouge" (1948) du Musée d'art moderne du Centre Pompidou.

Révélation

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau".

"Chtchoukine lui a passé commande, a acheté d'innombrables tableaux, dont +La Danse+ et +L'Atelier rose+, mais, cette fois, il refuse", raconte Mme Pagé.

"Dans sa première phase, les murs de l'atelier étaient bleus avec des rayures vertes, le sol rose et le mobilier ocre, représentant un intérieur avec une perspective traditionnelle".

"Matisse l'a laissé reposer pendant un mois et il va le recouvrir entièrement de rouge vénitien très rapidement avec une technique très fébrile", développe-t-elle.

Matisse "ne l'explique pas très bien lui-même. Il a eu une révélation". Le tableau fera "fonction de manifeste pour tous les artistes américains expressionnistes et la génération suivante, du type Mark Rothko puis Ellsworth Kelly. La représentation y est abolie au profit de l'abstraction", ajoute Mme Pagé.

A l'époque, souligne-t-elle, "tout le monde a pensé que Matisse tombait dans une espèce d'errance".

Montré à Londres, il y reçoit un accueil très froid, comme à New York, Boston et Chicago plus tard, au prestigieux Armory Show. Il finira dans un club privé londonien avant d'être revendu à un galeriste new-yorkais en 1940, puis d'entrer au MoMA en 1949.

Tableau « osé »

"L'histoire de l'art n'aurait pas été la même sans lui. C'est l'un des tableaux les plus osés de Matisse, qu'il a fait à l'aube de ses 40 ans, et c'est un moment d'expérimentation dans son travail qui a le plus influencé l'histoire de l'art du reste du XXe siècle", assure Mme Temkin.

"Lorsqu'il est arrivé au MoMA en 1949, c'était au moment où les artistes commençaient à utiliser de très grands formats avec des tableaux plein de couleurs. On raconte que la femme de Rothko se plaignait de le voir aller tout le temps voir +L'Atelier rouge+ au MoMA, ce à quoi il aurait répondu que, sans lui, elle n'aurait pas la maison dans laquelle elle vivait, façon de dire qu'il n'aurait pas eu lui-même la carrière qu'il a eue", confie-t-elle.

Parallèlement à Matisse, la fondation présente une exposition consacrée justement à un artiste américain de l'abstraction, Ellsworth Kelly (1923-2015), la plus grande de cette ampleur organisée à Paris où il vécut plusieurs années, intitulée "Formes et Couleurs", en collaboration avec le Glenstone Museum (Potomac, Maryland).

Connu pour ses œuvres monochromes, à mi-chemin entre peinture et sculpture, Ellsworth Kelly a aussi conçu pour la Fondation Vuitton le décor de son auditorium, juste avant de mourir.


La French touch pour un voyage de renouveau et de bien-être à Dubaï

Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
Short Url
  • La journée commence par un petit déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique
  • Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique

DUBAÏ: Le Retreat Palm Dubai MGallery propose à ses clients un véritable voyage avec le programme intitulé «MGallery Memorable Moments», récemment dévoilé.

Le MGallery fait partie de la chaîne hôtelière française Sofitel Hotels, basée à Paris.

Conçu pour offrir une journée inoubliable de relaxation et de rajeunissement, le MGallery offre aux touristes et aux résidents des Émirats arabes unis une expérience inoubliable de bien-être, loin de l'agitation de la ville et de la vie quotidienne.

La journée commence par un petit-déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique. Qu'il s'agisse de s'immerger dans le royaume de la thérapie «color and sound», de s'adonner à des expériences sportives ou de prendre soin de son visage, la chaîne française offre une expérience qui répond à tous les goûts.

«Ces rituels servent de marqueurs profonds dans votre voyage. Ils revigorent le corps, l'esprit et l'âme», confie ainsi Samir Arora, directeur général de MGallery.

«Chaque moment de ce séjour exceptionnel est soigneusement conçu pour vous laisser un sentiment d'équilibre intérieur et de renouveau», ajoute-t-il.

Le Retreat Palm Dubai MGallery est un hôtel de luxe marqué par la French touch.

Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique et il offre à ses clients un espace serein où ils peuvent profiter d'un service personnalisé et d'expériences culinaires exquises.

Avec son mélange inimitable d'élégance contemporaine, le Retreat Palm Dubai MGallery offre une retraite inoubliable aux voyageurs exigeants qui sont à la recherche d'une expérience unique et enrichissante.