Aissa ben Saïd écrit une nouvelle page du cinéma algérien

Le réalisateur et producteur algérien Aissa ben Saïd  est un artiste engagé qui refuse de faire partie du système. (Fournie)
Le réalisateur et producteur algérien Aissa ben Saïd  est un artiste engagé qui refuse de faire partie du système. (Fournie)
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Publié le Jeudi 10 juin 2021

Aissa ben Saïd écrit une nouvelle page du cinéma algérien

  • «J’ai toujours refusé de faire partie du système»
  • «La Nouvelle Vague algérienne, ce n’est pas seulement produire des projets et de parler de l’Algérie d’aujourd’hui, c’est tout un travail d’instruction»

PARIS: Le réalisateur et producteur algérien Aissa ben Saïd a beau préférer se tenir à distance des médias, il n’en reste pas moins un artiste très engagé, aussi bien derrière les caméras que sur le terrain. Arab News en français s’est entretenu avec celui qui a initié un changement important et profond dans la production cinématographique de son pays.

Parcours d’un prodige 

La persévérance est l’une des qualités majeures d’Aissa ben Saïd. Ainsi, lorsqu’il voit les portes de l’École d’art dramatique d’Alger se refermer en raison de ses résultats insuffisants au baccalauréat, il décide de suivre des études de biologie pendant quatre ans, mais son amour du cinéma ne l’a pas quitté. Il prend donc la décision d’intégrer l’École des arts et du cinéma de Tunis en 2007. «J’y suis allé avec l’intention de devenir comédien. En découvrant le monde de l’industrie cinématographique, j’ai commencé à me focaliser sur l’image, le cadre, l’écriture», nous confie-t-il.

Major de sa promotion lors des deux premières années, il se heurte ensuite à un important problème: «J’ai commencé à me rendre compte que j’étais attiré par les sujets de société qui dérangent, par les sujets à ne pas raconter. J’avais décidé, pour le film qui devait valider mon diplôme, de filmer les agressivités policières lors du derby de Tunis entre l’Espérance sportive de Tunis et le Club africain.» Mais, comme il ne reçoit pas d’autorisation, il ne peut achever son film.

Il se rend en Algérie durant l’été 2010 afin de réaliser son premier court métrage, Un cri sans écho, qui évoque des musiciens marginalisés vivant à Souk Ahras, la ville de l’artiste. Le film sera finalement projeté pendant le festival «Doc à Tunis» au mois d’avril 2011, après la fuite du président Zine el-Abidine ben Ali. Le cinéaste reçoit ainsi son diplôme.

Lors de son retour en Algérie, il se heurte à des difficultés, notamment d’ordre financier. «J’ai travaillé avec une multinationale en tant que conseiller de vente, puis comme chef d’équipe. Je profitais de chacun de mes congés pour réaliser un court métrage. J’ai aussi enseigné à l’Office des établissements de jeunes, qui avait produit mon premier film», raconte-t-il. Son deuxième film, Colors, the country and me, brosse le portrait d’un héros de Souk Ahras: Taoufik Makhloufi, unique médaillé d’or algérien des Jeux olympiques de Londres de 2012. «L’histoire évoque cette nouvelle génération qui voit l’Algérie autrement. Il était temps d’écrire une nouvelle histoire de l’Algérie par cette jeunesse», explique-t-il. 

«À chaque fois, ce sont des Français qui font des documentaires sur l’Algérie; il fallait qu’un Algérien fasse un documentaire sur la France.» 

Afin de mettre en lumière une vision différente de celle du système, Aissa ben Saïd  apparaît dans son propre documentaire. «Parler du 50e anniversaire de l’indépendance, cela ne nécessite pas de parler de la révolution algérienne, mais de parler de ce que l’Algérie a vécu, de l’indépendance jusqu’à aujourd’hui», confie-t-il.

Il évoque une autre difficulté, de nature géographique: «J’habite à 650 km d’Alger, dans un petit patelin où il n’y avait pas de salle de cinéma en 2011.»

Il fonde, en 2018, le «Souk Short Festival» («festival du court métrage de Souk»), le premier festival de Souk Ahras: tout un symbole.

En quelques années, Aissa ben Saïd est sollicité par de prestigieuses institutions. Il participe en 2014 au premier laboratoire d’Alger de l’Institut français. Son film Makach Kifach No Way est diffusé sur France 2.

En 2015, il démissionne de son travail avec la multinationale. Il part au Canada pour s’inscrire au laboratoire de Quinomada. Il tourne sa première fiction, We Return to Paradise. «Un film qui présente un rabbin, un prêtre et un imam, avec l’idée principale que l’art fait avancer l’humanité plus que la religion. Je n’ai jamais pensé à le projeter en Algérie, cela reste un tabou», révèle-t-il.

En 2016, il rejoint la célèbre école de la Fémis à Paris à l’occasion de l’université d’été. Il filme la place de la République durant le mouvement «Nuit debout». «À chaque fois, ce sont des Français qui font des documentaires sur l’Algérie; il fallait qu’un Algérien fasse un documentaire sur la France.» 

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«La Nouvelle Vague algérienne, ce n’est pas seulement produire des projets et de parler de l’Algérie d’aujourd’hui, c’est tout un travail d’instruction». (Fournie)

Nouvelle Vague algérienne

Son expérience canadienne lui donne envie de fonder sa propre boîte de production malgré «la bureaucratie étouffante» qui règne en Algérie. C’est en tournant sa deuxième fiction, Un homme, deux théâtres, qu’il reçoit le précieux agrément. «Ce film m’a ouvert les portes de l’international. Il a été vu aux quatre coins du monde. J’ai même reçu un prix à Madagascar», raconte-t-il. 

Lors des Journées cinématographiques de Carthage, en 2017, il croise les membres du ministère algérien de la Culture. «Ils se sont demandé: mais qui est cette personne mystérieuse qui ne côtoie pas nos salons d’Alger, qui se trouve en ce moment à Carthage, mais que nous ne semblons pas intéresser?», se souvient-il.

En participant à l’atelier Chabaka, il rencontre le directeur de la commission algérienne qui attribue des fonds aux projets cinématographiques. Il obtient ainsi un financement pour cinq projets. Il tourne son premier long métrage, Cilima: «Ce film unique en son genre met à l’honneur quatre réalisateurs qui viennent des quatre coins du pays.»

Sa société de production, la Nouvelle Vague algérienne, a pour ambition d’écrire une nouvelle page du cinéma algérien. Son objectif, en effet, est de revitaliser cet art: «Le système s’appuyait sur des films révolutionnaires, subventionnés avec énormément d’argent public. L’âge d’or du cinéma algérien, dans les années 1960 et 1970, atteint son apogée avec la Palme d’or décernée en 1975 à Mohammed Lakhdar-Hamina. Puis est venue la décennie noire, qui a vu le nombre de salles de cinéma tomber de cinq cents à quarante», déplore-t-il.

«Je suis un artiste engagé, un membre du Hirak. J’ai toujours refusé de faire partie du système»

Aissa ben Saïd n’est pas seulement réalisateur et producteur, il s’engage sur le terrain. «Je suis un artiste engagé, un membre du Hirak. J’ai toujours refusé de faire partie du système. Je suis un artiste qui connaît l’énorme potentiel de la jeunesse. La Nouvelle Vague algérienne, ce n’est pas seulement le fait de produire des projets et de parler de l’Algérie d’aujourd’hui; c’est tout un travail d’instruction. On tente de changer les choses», explique-t-il.

Avec deux autres producteurs, il a monté le collectif Basma, dont le but est de développer le cinéma en Algérie. «Nous manquons d’écoles de cinéma en Algérie. Il convient de ne pas brûler les étapes. Nous sommes en train de mettre en place Timi Lab, une résidence de développement d’écriture, à Timimoun, dans le Sahara algérien, avec les fonds les plus importants de l’industrie cinématographique du monde. Nous préparons également un festival africain et arabe qui s’appelle “Timi Film Days”», indique-t-il.

Aissa ben Saïd est actuellement en train de développer une œuvre cinématographique qu’il décrit comme «un documentaire qui va déstabiliser le système, notamment ses relations avec la France».

Et pour cause: il porte sur le village de Reggane, site des essais nucléaires français qui ont se sont officiellement déroulés entre 1960 et 1968. «J’ai décidé de ne pas faire un film historique, mais d’apporter ma touche de créativité. L’histoire est celle d’une association qui contacte un cabinet d’avocats international. Ce dernier porte plainte devant la Cour pénale internationale de La Haye et la Cour européenne des droits de l’Homme de Strasbourg.»

On le voit: la Nouvelle Vague algérienne émerge plus que jamais.


Ouverture du Grand Musée égyptien : le monde réuni au Caire pour son inauguration

Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
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  • Le Grand Musée Égyptien, plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation, expose plus de 57 000 artefacts, dont la collection complète de Toutankhamon
  • Inauguré par Abdel Fattah Al-Sissi, l’événement a rassemblé des dirigeants mondiaux et marque un nouveau chapitre culturel et historique pour l’Égypte

LE CAIRE : Le Grand Musée Égyptien — le plus grand musée archéologique au monde dédié à une seule civilisation — a officiellement ouvert ses portes.

L’événement d’inauguration a réuni de nombreuses personnalités internationales, parmi lesquelles le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le roi Philippe de Belgique et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Les hauts responsables arabes présents étaient menés par le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah, accompagné du prince héritier Theyazin d’Oman et du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré ce musée tant attendu, vitrine d’un milliard de dollars dédiée aux trésors pharaoniques, affirmant que son ouverture marquait « un nouveau chapitre de l’histoire » pour le pays.

« Aujourd’hui, alors que nous célébrons ensemble l’ouverture du Grand Musée Égyptien, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire du présent et de l’avenir de cette patrie millénaire », a déclaré Al-Sissi devant un parterre de princes, reines, chefs d’État et autres dignitaires réunis sur l’esplanade du musée.

Le spectacle fastueux de samedi a illuminé à la fois les pyramides et la façade monumentale du musée, avec de grandes mises en scène musicales et des performances conjointes entre Le Caire et Tokyo, Paris et New York.

Situé à environ deux kilomètres des pyramides de Gizeh, le site s’étend sur 490 000 m². Son design, signé par le cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mêle modernité et histoire.

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Le site, situé à environ 2 kilomètres des pyramides de Gizeh, couvre une superficie totale de 490 000 mètres carrés. (Fourni)

Le musée est le fruit de l’initiative de l’ancien ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosny, qui proposa l’idée en 1992. La construction débuta en 2005, mais fut interrompue trois ans durant les troubles politiques qui suivirent la révolution de 2011.

Le projet a néanmoins surmonté de nombreux défis — bouleversements politiques et pandémie mondiale — qui ont retardé son ouverture à quatre reprises.

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Le Grand Musée égyptien de Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale, Le Caire. (Fourni)

« Dire que le Grand Musée Égyptien est un cadeau de l’Égypte au monde n’est pas une exagération, car l’héritage de la civilisation égyptienne ancienne constitue un patrimoine universel », a déclaré le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly.

Cet héritage sera présenté sur 40 000 m² d’espaces d’exposition, dont 7 500 m² consacrés aux trésors du roi Toutankhamon, tous découverts dans sa tombe sur la rive ouest de Louxor en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter.

Le musée abrite plus de 57 000 artefacts répartis entre les galeries de Toutankhamon, les galeries principales, la Grande Salle, le Grand Escalier et le musée de la barque de Khéops. La barque solaire de 4 600 ans du pharaon Khéops, longue de 43 mètres, découverte dans les années 1950 près de la Grande Pyramide, est l’un des joyaux de la collection.

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Un visiteur visite le Grand musée égyptien à Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale Le Caire. (AFP)

« Ce qui distingue véritablement le Grand Musée Égyptien, c’est la présentation complète de la collection de Toutankhamon — plus de 5 000 artefacts exposés ensemble pour la première fois », a confié à Arab News l’ancien directeur du musée, le Dr Tarek Tawfik.

L’inauguration de samedi comprenait notamment l’ouverture de deux salles consacrées à ces 5 000 pièces exceptionnelles.

« Les visiteurs seront émerveillés par les techniques modernes de présentation du musée, qui racontent l’histoire du roi à travers une approche curatoriale novatrice, différente des styles d’exposition traditionnels », a ajouté Tawfik.

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La statue de la reine Hatchepsout au musée. (Fourni)

Certaines sections du musée sont ouvertes au public depuis 2024, et de nouvelles galeries ouvriront le 4 novembre, dans l’espoir d’attirer visiteurs locaux et touristes internationaux.

Dès l’entrée, le parcours débute par l’obélisque suspendu du roi Ramsès II dans la cour du musée. Les visiteurs peuvent également admirer une statue monumentale du pharaon dans le hall d’accueil avant d’emprunter le Grand Escalier — une statue vieille de 3 200 ans et haute de 11 mètres, déplacée ici après avoir longtemps trôné au centre d’un rond-point encombré devant la principale gare ferroviaire du Caire.

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Les galeries principales traitent de trois thèmes principaux - les croyances, la société et la royauté - couvrant différentes périodes de l'Égypte ancienne, de l'ère préhistorique et des anciens, moyens et nouveaux royaumes jusqu'à la période gréco-romaine. (Fourni)

Les galeries principales explorent trois thèmes centraux — croyances, société et royauté — couvrant les différentes périodes de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.

Le musée abrite aussi un vaste centre de restauration de 32 000 m², le plus grand du Moyen-Orient, comprenant 16 laboratoires spécialisés ouverts au public — une première mondiale.

Présenté comme un pont entre l’héritage antique de l’Égypte et sa vision moderne, le Grand Musée Égyptien offre une fenêtre unique sur l’une des civilisations les plus fascinantes de l’histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.