Tensions en Méditerranée orientale : chronologie d’une escalade

L’Oruc Reis, vaisseau turc d’exploration sismique et de réserves d’hydrocarbures en Méditerranée. (Ozan Kose/AFP)
L’Oruc Reis, vaisseau turc d’exploration sismique et de réserves d’hydrocarbures en Méditerranée. (Ozan Kose/AFP)
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Publié le Vendredi 28 août 2020

Tensions en Méditerranée orientale : chronologie d’une escalade

  • La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers dans cette région a aiguisé l'appétit des pays riverains et attisé les contentieux entre la Turquie et la Grèce
  • Fin novembre 2019 la Turquie signe avec la Libye un accord controversé de délimitation de leurs frontières maritimes, et la Turquie entame aussitôt des recherches gazières en Méditerranée orientale

ANKARA : Les tensions se sont accrues en Méditerranée orientale depuis la signature fin novembre 2019 d'un accord controversé de délimitation des frontières maritimes entre la Libye et la Turquie, qui a annoncé jeudi la prolongation de ses recherches gazières en Méditerranée orientale.

La découverte ces dernières années de vastes gisements gaziers dans cette région a aiguisé l'appétit des pays riverains et attisé les contentieux entre la Turquie et la Grèce.

Accord maritime et sécuritaire

Le 27 novembre 2019, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj concluent à Istanbul un accord de délimitation de leurs espaces maritimes, qui permet à Ankara de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale, ainsi qu'un accord de "coopération militaire et sécuritaire".

Ce dernier permettra à Ankara de renforcer son soutien armé au GNA, dont le siège est à Tripoli, face aux forces de Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen.

Mais c'est surtout l'accord sur la délimitation des frontières maritimes qui suscite une levée de boucliers.

Le 8 janvier 2020, Chypre, l'Égypte, la France et la Grèce soulignent que cet accord qui "porte atteinte aux droits souverains des États tiers, n'est pas conforme au droit de la mer" et que "ne peut en découler aucune conséquence juridique".

Ces pays condamnent les forages réalisés par Ankara au large de Chypre.

La Turquie, dont l'armée occupe le tiers nord de cette île, a en effet envoyé ces derniers mois trois navires de forage au large de Chypre malgré des avertissements de l'Union européenne. Et en décembre, elle a installé un premier drone armé à Chypre-Nord.

Navire français visé

Le 17 juin, Paris dénonce le comportement "extrêmement agressif" de la Turquie contre une frégate française engagée dans une mission de l'Otan en Méditerranée au cours d'une tentative de contrôle d'un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Libye. Ankara rejette ces accusations.

Le 1er juillet, la France se retire provisoirement de l'opération de sécurité maritime de l'Otan.

Accord entre Le Caire et Athènes

Le 6 août, l'Egypte et la Grèce signent un accord délimitant leurs frontières maritimes.

L'accord autorise ces deux pays à "aller de l'avant en tirant chacun le maximum d'avantages des ressources disponibles dans la zone économique exclusive (ZEE), notamment des réserves de pétrole et de gaz", explique le ministre égyptien des Affaires étrangères.

"Cet accord constitue une violation (de l'intégrité territoriale) du plateau continental et des droits de la Turquie et de la Libye", rétorque son homologue turc.

Déploiement

Le 10 août, Ankara déploie un navire de recherche sismique dans une zone revendiquée par la Grèce, suscitant la colère d'Athènes et la préoccupation de l'UE.

Paris affirme trois jours plus tard avoir "temporairement" dépêché deux chasseurs Rafale et deux bâtiments de la Marine nationale en Méditerranée orientale.

Collision

Le 19, une source militaire grecque annonce qu'une frégate turque et un bâtiment grec sont entrés en collision la semaine précédente en Méditerranée orientale. Un quotidien grec reproduit la photo d'une frégate turque endommagée.

M. Erdogan qualifie de "piraterie" les activités des pays opposés à la Turquie en Méditerranée.

Le 21, il annonce qu'Ankara va accélérer ses recherches avec le déploiement en fin d'année du navire de forage Kanuni.

Manœuvres

Le 25, le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, effectue à Athènes et Ankara une mission de médiation.

Le 26, Paris avertit Ankara que cette région ne peut pas constituer "un terrain de jeu" pour des "ambitions" nationales.

La Turquie ne fera "aucune concession" dans la défense de ses intérêts gaziers, déclare M. Erdogan.

Le ministère grec de la Défense affirme que "Chypre, la Grèce, la France et l'Italie se sont mises d'accord pour déployer une présence commune en Méditerranée orientale dans le cadre de l'Initiative quadripartite de coopération".

Ankara annonce que des navires de guerre turcs ont fait des manœuvres avec un destroyer américain.

Ankara prolonge ses recherches

Le 27, la Turquie annonce la prolongation -et donc l'extension- de la mission de son navire sismique Oruç Reis jusqu'au 1er septembre et l'organisation prochaine d'"exercices de tir" dans une zone située au nord-est de Chypre.

Le ministre turc de la Défense accuse la France de contribuer à l'escalade en envoyant des avions de guerre à Chypre.

Les manœuvres militaires "doivent cesser" pour permettre le dialogue, affirme Heiko Maas au cours d'une réunion des 27 de l'UE à Berlin.


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
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  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.

 


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.