Hassan Nasrallah défie l'État libanais avec le carburant iranien

Dans cette capture d'écran de la télévision Al-Manar, détenue par le Hezbollah, le chef du parti chiite libanais Hassan Nasrallah prononce un discours dans un lieu tenu secret, le 8 juin 2021. (Photo, AFP)
Dans cette capture d'écran de la télévision Al-Manar, détenue par le Hezbollah, le chef du parti chiite libanais Hassan Nasrallah prononce un discours dans un lieu tenu secret, le 8 juin 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 10 juin 2021

Hassan Nasrallah défie l'État libanais avec le carburant iranien

  • Le député Bilal Abdallah affirme que les souffrances du peuple libanais «ne devraient pas être utilisées afin d’établir des ponts plus solides avec l'Iran»
  • Un expert estime cependant que la suggestion de Nasrallah de collaborer avec le régime iranien est un acte de défi envers ceux qui veulent aider le peuple libanais

BEYROUTH : Dans un discours aux allures de défi envers l'État libanais et les États-Unis, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a insisté mercredi pour que le Liban entame des négociations «avec l'Iran pour acheter l'essence et le diesel avec la monnaie libanaise si les pénuries persistent». 

Visiblement indifférent aux potentielles sanctions internationales qui toucheraient Beyrouth dans ce cas, Nasrallah affirme que «les cargaisons de carburant arriveraient au port de Beyrouth», et met l’État au défi de «leur interdire l’accès au sol Libanais».

Le discours de Nasrallah survient quelques heures après des informations selon lesquelles le gouvernement irakien aurait accepté de doubler une promesse précédente de fournir du pétrole au Liban, de 500 000 à 1 million de tonnes. Ses propos ont suscité des réactions diverses parmi le public libanais. 

Certains ont été surpris, et d'autres ont rejeté l'idée d'acheter du pétrole à l'Iran, compte tenu du risque de sanctions. Washington maintient toujours des sanctions en place contre l'Iran, et a désigné les ailes militaire et politique du Hezbollah comme organisation terroriste.

«Nasrallah a utilisé un ton élevé quand il a parlé d'apporter du carburant d'Iran», fait remarquer le député Bilal Abdallah à Arab News. «Les Libanais souffrent de pénuries de médicaments, de nourriture et de carburant. Leurs souffrances ne doivent pas être utilisées afin d’établir des ponts plus solides avec l'Iran».

Abdallah a affirmé que de telles questions «devraient faire l’objet de discussions au sein de l'État, comme l'ont fait les Irakiens. Quand des choses se passent en dehors du cadre de l'État et du Parlement, je ne suis pas sûr qu'elles puissent être bénéfiques pour le pays».

Il a également ajouté : «La souffrance du peuple ne peut pas être utilisée à des fins politiques qui affectent les relations du Liban avec ses voisins ainsi que la communauté internationale».

Elias Hankhash est un homme politique qui, avec ses collègues du parti Kataëb, a démissionné du Parlement après l'explosion de Beyrouth l'année dernière pour protester contre la négligence du gouvernement. Il a signalé que «Le Hezbollah contrôle tous les actifs de l’État, notamment les passages illégaux des frontières et les installations légales, en plus de servir de couverture à la mafia corrompue». 

Hankhash a blâmé le Hezbollah «pour la faillite, la faim et l'isolement international qui accablent les Libanais». «L'achat du carburant de l'Iran expose sans doute le Liban à des sanctions et à davantage d'isolement», prévient-il.

Il a en outre ajouté : «Il vaudrait mieux pour eux d'apporter le carburant directement en Syrie et d'arrêter la contrebande du Liban vers la Syrie. Nous savons exactement qui se cache derrière la contrebande de marchandises subventionnées par le Liban, et qui a humilié les Libanais qui attendent dans des files d'attente interminables dans les stations-service pour remplir les réservoirs de leurs voitures».

Lors de son discours, Nasrallah s’est voulu empathique. «Humilier le peuple est absolument inacceptable», insiste-t-il.

Nabih Berri, le chef du Parlement libanais, a remercié mercredi le Premier ministre irakien Moustafa Al-Kadhimi, dont le gouvernement a approuvé l’approvisionnement du «Liban en carburant, et augmenté le soutien de 500 000 tonnes à 1 million de tonnes, un geste qui subvient à la moitié des besoins annuels en carburant au Liban».

La Banque centrale du Liban a refusé d'ouvrir des marges de crédit pour payer les importations de carburant, ce qui a entraîné une crise de l'électricité.

Marc Ayoub, un expert des questions énergétiques au Liban et au Moyen-Orient, a déclaré à Arab News qu’en l'absence de «solutions politiques à la crise actuelle, personne ne pourrait s'opposer au recours (de Beyrouth) à des pays étrangers dans le but de se procurer du carburant et surmonter cette période difficile».

Ayoub estime cependant que la suggestion de Nasrallah de collaborer avec le régime iranien est un acte de défi envers ceux qui veulent aider le peuple libanais.

«Le Liban est en état d'urgence, et si nous n'obtenons pas le soutien dont nous avons besoin, le pays plongera bientôt dans l'obscurité totale et sera complètement isolé du reste du monde», a-t-il averti.

Mardi, Nasrallah a indirectement suggéré que la formation d'un nouveau gouvernement prendra encore beaucoup de temps, dissipant les espoirs de succès des efforts de Berri pour assurer la médiation entre le Premier ministre désigné Saad Hariri et le chef du Mouvement patriotique libre Gebran Bassil.

Le précédent gouvernement libanais a démissionné en août de l'année dernière au milieu de la colère du public à la suite de l'explosion du 4 août, qui a effacé le port de Beyrouth et détruit une grande partie de la ville. 

Le président Michel Aoun et Hariri n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur la formation d'un nouveau cabinet, car ils ne s’entendent pas sur la partie qui doit nommer les deux ministres chrétiens. Aoun insiste pour les nommer, mais Hariri affirme que cela va à l'encontre de la constitution, en plus de fournir à Aoun le contrôle par le «tiers de blocage» des portefeuilles.

Mercredi, des rumeurs selon lesquelles Hariri était prêt à abandonner les négociations ont provoqué une nouvelle hausse du taux de change du dollar sur le marché noir, où il se vendait entre 14 500 et 14 600 livres libanaises. Les Libanais en colère sont de nouveau descendus dans la rue pour protester contre la crise économique et leurs conditions de vie déplorables.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les forces israéliennes tuent 13 personnes lors d'une opération dans le sud de la Syrie

Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Short Url
  • Des troupes israéliennes ont arrêté des membres présumés de ce que l’armée a appelé l’organisation Jemaah islamique lors d’une opération nocturne dans le village syrien de Beit Jinn
  • Au moins 10 personnes auraient été tuées lors du raid, selon la télévision d’État syrienne.

DUBAÏ : Au moins 13 personnes ont été tuées et 24 blessées par les forces israéliennes lors d’un raid nocturne sur le village de Beit Jinn, dans le sud de la Syrie, selon l’agence syrienne SANA.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné l’opération comme un « crime de guerre » et accusé Israël de vouloir « enflammer la région ».

« Nous dormions quand nous avons été réveillés à trois heures du matin par des tirs », a raconté le blessé Iyad Taher à l’AFP depuis l’hôpital Al-Mouwassat à Damas.

« Nous sommes sortis pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’armée israélienne dans le village, des soldats et des chars. Puis ils se sont retirés, l’aviation est arrivée et les obus ont commencé à tomber. J’ai été touché au cou par des éclats. »

Un responsable local a indiqué à l’AFP que les forces israéliennes avaient fait irruption dans le village pour capturer trois hommes, déclenchant des affrontements.

« Après les affrontements, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé la zone à l’artillerie et aux drones », a déclaré le responsable du village, Abdul Rahman Al-Hamrawi.

À l’hôpital, Ahmad Kamal a raconté à l’AFP que lui et d’autres « avaient ouvert le feu sur la patrouille israélienne pour se défendre et les empêcher de nous emmener. Mon frère a été tué et j’ai été blessé. »

Les troupes israéliennes affirment avoir arrêté des membres présumés de la Jamaa Islamiya, groupe basé au Liban et allié au Hamas palestinien, lors de l’opération nocturne.

Selon l’armée israélienne, les soldats ont essuyé des tirs et ont riposté avec un soutien aérien, faisant six blessés dans leurs rangs.

L’armée affirme que toutes les cibles recherchées ont été arrêtées et que plusieurs combattants ont été tués, ajoutant que des troupes restent déployées dans la zone.

Israël a mené de nombreuses frappes en Syrie en 2025, visant des secteurs autour de Damas et dans le sud du pays, affirmant vouloir contrer des menaces et protéger la communauté druze proche de la frontière.

Israël dit agir contre des groupes qu’il considère comme hostiles, tandis que les autorités syriennes affirment que les frappes ont tué des soldats.

Depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad en décembre 2024 et l’arrivée d’un nouveau leadership à Damas, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie.

Israël a également envoyé des troupes dans la zone tampon patrouillée par l’ONU, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau du Golan depuis 1974.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale.

Dans une résolution adoptée le 6 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé son ferme soutien à la « souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale » de la Syrie.

Au cours de l’été, des contacts de haut niveau ont eu lieu entre responsables israéliens et syriens, avec l’aide de Paris et Washington.

L'envoyée spéciale adjointe de l’ONU pour la Syrie, Najat Rochdi, a condamné l’attaque israélienne, la qualifiant de « violation grave et inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Short Url
  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.