Au Sahel, le pari risqué de la France pour éviter l'enlisement

Dans cette photo d'archive prise le 26 mars 2019, un soldat français sécurise un périmètre lors d'une interruption du voyage du convoi militaire entre Gossi et Hombori avant le début de l'opération de la force française Barkhane dans la région du Gourma au Mali. (Daphné Benoit/AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 26 mars 2019, un soldat français sécurise un périmètre lors d'une interruption du voyage du convoi militaire entre Gossi et Hombori avant le début de l'opération de la force française Barkhane dans la région du Gourma au Mali. (Daphné Benoit/AFP)
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Publié le Vendredi 11 juin 2021

Au Sahel, le pari risqué de la France pour éviter l'enlisement

Dans cette photo d'archive prise le 26 mars 2019, un soldat français sécurise un périmètre lors d'une interruption du voyage du convoi militaire entre Gossi et Hombori avant le début de l'opération de la force française Barkhane dans la région du Gourma au Mali. (Daphné Benoit/AFP)
  • Après huit ans de présence ininterrompue au Sahel où sont aujourd'hui déployés 5.100 de ses militaires, la France veut désormais passer d'une force en première ligne contre les jihadistes à une force d'accompagnement et d'appui
  • L'exécutif attend officiellement d'échanger fin juin avec ses partenaires européens, l'Algérie et l'ONU pour livrer des détails sur le nouveau dispositif

PARIS : Se transformer pour éviter l'enlisement: c'est le choix qu'a fait Emmanuel Macron en annonçant la fin de l'opération française Barkhane au Sahel au profit d'une coalition internationale. Un pari risqué, avec des armées sahéliennes fragiles et des Européens à mobiliser.

Décrue massive

Après huit ans de présence ininterrompue au Sahel où sont aujourd'hui déployés 5.100 de ses militaires, la France veut désormais passer d'une force en première ligne contre les jihadistes à une force d'accompagnement et d'appui (renseignement, drones, avions de chasse...). Une manière de réduire les risques et d'obliger les Etats de la région à prendre de plus en plus en main leur propre sécurité.

L'exécutif attend officiellement d'échanger fin juin avec ses partenaires européens, l'Algérie et l'ONU pour livrer des détails sur le nouveau dispositif.

Mais selon le projet étudié, la France prévoit de quitter des bases du nord du Mali -- Tessalit, Kidal et Tombouctou -- d'ici fin 2021 pour concentrer sa présence sur les emprises de Gao et Ménaka, plus proches de la zone dite des "trois frontières", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, ainsi qu'à Niamey, la capitale du Niger.

La décroissance des effectifs militaires français s'opérera progressivement, avec un jalon à environ 3.500 hommes d'ici un an puis 2.500 personnes d'ici 2023, selon une source familière du dossier. Les commandos d'élite de la task force française "Sabre" devraient être maintenus pour poursuivre la traque des chefs jihadistes.

"L'engagement militaire de la France restera très significatif", a assuré vendredi la ministre française des Armées Florence Parly. "Il nous faut combattre les groupes terroristes, continuer ce travail qui permettra aux forces armées du Sahel d'être en situation de répondre et de riposter".

Coalition d'Européens à consolider

La mue de la présence militaire française au Sahel avait déjà été amorcée dès l'an dernier, avec le lancement, à l'initiative de Paris, du groupement de forces spéciales européennes Takuba, destiné à fournir des petites équipes de cadres pour accompagner les unités maliennes au combat. Un partenariat militaire semblable aux équipes de mentors occidentaux déployées à la fin des années 2000 auprès des troupes afghanes.

Etablie au Mali, à Gao et Ménaka, Takuba rassemble aujourd'hui 600 hommes dont une moitié de Français, ainsi que quelques dizaines d'Estoniens et de Tchèques et près de 140 Suédois. L'Italie a promis jusqu'à 200 soldats, le Danemark une centaine et plusieurs autres pays, dont la Grèce, la Hongrie ou encore la Serbie, ont exprimé leur intérêt.

Mais après le second coup d'Etat intervenu en mai au Mali, la France a pour l'heure gelé toutes ses opérations conjointes avec les forces maliennes, dont Takuba. Une suspension de nature à dissuader les pays européens de se mobiliser si elle devait trop durer.

La France veut croire qu'elle parviendra à réunir un nombre croissant de candidats. "Les Européens sont de plus en plus conscients des enjeux sécuritaires qui se jouent au Sahel, notamment sur le volet migratoire", assure un chef militaire.

Mais les interventions armées sont politiquement sensibles dans la plupart des pays européens, qui ont besoin du feu vert de leur Parlement pour s'engager et imposent parfois des restrictions aux tâches confiées à leurs troupes.

Autre question en suspens: la participation ou non des Britanniques, qui fournissaient jusqu'ici un précieux soutien à Barkhane avec un détachement d'hélicoptères lourds Chinook.

Les armées locales à l'épreuve

Mais avec ce nouveau dispositif sonne surtout l'heure de vérité pour les armées locales, qui vont se retrouver en première ligne de l'effort sécuritaire.

Or, malgré d'importants efforts de formation et d'entraînement ces dernières années, les forces armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso, qui figurent parmi les pays les plus pauvres du monde, demeurent notoirement sous-entraînées, sous-équipées et essuient de fréquentes attaques jihadistes. Elles sont aussi accusées d'exactions envers les populations locales.

"Le moment est venu car les forces armées sahéliennes désormais sont plus en mesure de faire face à leurs ennemis", a cependant assuré vendredi Florence Parly, en évoquant "de grandes opérations" en fin d'année dernière "pendant lesquelles les armées françaises et sahéliennes ont combattu ensemble".

Dans l'esprit de Paris, la balle est dans le camp africain. 

Désormais, "il va falloir que les Maliens, les Nigériens, les Burkinabè et la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie,  Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) nous disent combien d'unités ils sont capables de mettre sur le terrain, pour que nous puissions définir les besoins d'accompagnement au combat", pointe un haut gradé français.

 


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.