Produire une fusée comme une voiture, le défi d'Ariane 6

 Un ouvrier du groupe Ariane se tient devant le Vulcain 2.1 d'une fusée Ariane 6. (AFP)
Un ouvrier du groupe Ariane se tient devant le Vulcain 2.1 d'une fusée Ariane 6. (AFP)
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Publié le Dimanche 13 juin 2021

Produire une fusée comme une voiture, le défi d'Ariane 6

  • Vu de l'extérieur, rien ne trahit la destination de l'immense bâtiment aux murs aveugles qui étend sa superficie de trois terrains de football sur le site d'ArianeGroup aux Mureaux, près de Paris
  • L'usine a un objectif de cadence maximale de douze unités (étages) par an, deux fois plus rapide que pour les premiers étages d'Ariane 5 dont l'usine se trouve à deux pas

LES MUREAUX : A priori rien ne ressemble moins à une automobile qu'une fusée atteignant plus de 60 mètres de haut, mais le défi engagé avec la future Ariane 6 est celui d'une véritable chaîne de production en flux.

Vu de l'extérieur, rien ne trahit la destination de l'immense bâtiment aux murs aveugles qui étend sa superficie de trois terrains de football sur le site d'ArianeGroup aux Mureaux, près de Paris. 

Devant une maquette en Lego de l'usine, son directeur Vincent Lavisse parle "séquences de production" où "tout bouge en même temps". Avec au bout de l'immense "chaîne" en forme de U, un conteneur de 30 mètres de long pour accueillir dans quelques jours le premier exemplaire du premier étage de la fusée.

Du quai voisin, il filera doucement par la Seine jusqu'au port du Havre, puis de là jusqu'à Kourou, pour l'assemblage final d'Ariane 6. Avec un vol inaugural prévu au deuxième trimestre 2022.

L'usine a un objectif de cadence maximale de douze unités (étages) par an, deux fois plus rapide que pour les premiers étages d'Ariane 5 dont l'usine se trouve à deux pas.

Mais là où cette fabrication est verticale, elle se fait horizontalement pour Ariane 6. "Cela revient moins cher", résume M. Lavisse.

150 tonnes d'hydrogène 

Illustration avec le contrôle d'étanchéité du colossal réservoir d'hydrogène liquide, un cylindre d'une quinzaine de mètres de long, qui ne tolère aucune fuite avant un remplissage de 150 tonnes d'hydrogène maintenu à -250 degrés Celsius. On le soumet à un test de pression comme une vulgaire chambre à air.

Pour Ariane 5, il faut descendre le réservoir avec un pont roulant dans un puits vertigineux, capable d'encaisser une déflagration si l'étanchéité venait à flancher. Pour Ariane 6, on le roule simplement dans une salle de l'usine, isolée par une porte de 50 tonnes.

Tout est dans la même veine. Là où des hommes collaient à la main des plaques isolantes sur les réservoirs, on y projette maintenant une couche de protection thermique.

Les soudures à l'arc des plaques d'alliage d'aluminium pour Ariane 5 sont remplacées par un procédé de "friction-malaxage", effectué avec une machine sur mesure qui les joint "comme deux pâtes à modeler". Plus fiable, moins cher et plus rapide.

"Tous les gains de coût sont dans la façon de faire", résume Mathieu Chaize, ingénieur systèmes d'Ariane 6, en ajoutant qu'ici, "l'enjeu industriel est de créer une culture de flux". Un atout incontournable pour affronter une concurrence toujours plus féroce sur le marché international des lanceurs, Space X en tête.

Même scénario dans la "salle blanche" où des ingénieurs, coiffés de charlottes, circulent au pied du moteur principal de la fusée, le Vulcain 2.1. On pourra à terme en intégrer trois en parallèle.

Une nouvelle génération 

Ils sont fabriqués à une poignée de kilomètres de là, dans l'usine de Vernon, nichée dans une épaisse forêt des coteaux de Seine, en Normandie. Tout y a été pensé pour accélérer la cadence en facilitant le travail des hommes sur les machines.

Un manipulateur 3D, sorte de robot capable de déplacer ses 14 tonnes sur un coussin d'air, tient fermement dans ses bras un Vulcain 2.1 qui pointe lui à plus de deux tonnes. Commandé sur une tablette tactile, il permet d'orienter le moteur sous tous les angles pour en faciliter l'accès.

Dans un grand hall adjacent, c'est déjà l'après Ariane 6 qui se dessine. Avec le projet Themis, un démonstrateur de premier étage de fusée réutilisable, pour assurer la relève à l'horizon 2030.

Avec en pièce maîtresse un moteur, Prometheus, dont la première mise à feu interviendra d'ici à la fin de l'année. Réalisé à 70% en impression 3D, avec l'objectif d'un coût dix fois moindre que le Vulcain 2.1, pour une puissance équivalente.

Fait nouveau, cet avenir s'écrit en rassemblant dans un même espace des personnels de toute la chaîne, des concepteurs aux commerciaux en passant par le développement et le montage. Parce que si les machines ont toujours le beau rôle, il revient à une nouvelle génération de leur donner vie.

"On a essayé de mettre beaucoup de jeunes, pour qu'ils prennent le pouvoir", explique Emmanuel Edeline, responsable du programme Prometheus, qui cache bien sa soixantaine passée derrière un masque anti-covid.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.